CHAPITRE 79

Je referme la porte du micro-onde et le mets en route puis me tourne vers Matthew qui avale son cachet d'aspirine.

« — Ca va mieux ? » Lui demandais-je.

Il hoche en évitant mon regard.

Il doit être gêné et la drogue doit encore faire effet, je pense.

Je crois que si on m'avait dit que ce week-end je devrais gérer un Matthew drogué et que je danserai avec You, je lui aurai ri au nez, mais en réalité c'est exactement mon week-end.

Je ne sais pas pourquoi je suis restée avec lui mais il m'a raconté ce qu'il se passe dans sa vie de famille la semaine dernière et d'une certaine manière cela m'a touché et je le vois différemment. Certes j'ai un peu pitié mais je ne peux pas gérer ce sentiment, mais j'ai aussi ressenti le besoin de l'aider puis je suis frustrée aussi par le fait que You ne m'ait pas répondu à mon message. Il est sûrement occupé mais d'habitude il me répond au quart de tour et en m'occupant de Matthew je chasse les pensées à propos de You, je les range dans une boite et m'occuperaient d'eux après.

La sonnerie du micro-onde me prévient que le plat préparé est prêt à être mangé, c'est des pâtes au fromage je crois.

J'attrape la boite brûlante et la pose devant Matthew.

« — Mange avec moi. » Me dit-il.

Je secoue la tête négativement.

Je pense que je suis aussi mal à l'aise que lui et je me sens aussi mal par rapport au fait que j'ai fermé la porte au nez de sa petite amie. C'est la deuxième fois que je fais quelque chose qui pourrait être pris à contre-sens.

La première fois ça a été à la fête de la semaine dernière quand j'ai tiré Matthew hors de la fête pour éviter une bagarre et que j'ai joué la fille collante sous les yeux de Tracey.

Et la deuxième fois c'est aujourd'hui, quand son petit ami m'a dit de lui fermer la porte au nez.

Mon estomac qui gronde me sort de mes pensées.

Je croise le regard de Matthew.

« — Bon ok si tu insistes je veux bien manger. » Cédais-je avec une pointe d'hypocrisie dans la voix.

Ma fierté est un poison des fois.

J'attrape une fourchette et pique une pâte.

« — Tu penses que Tracey va me trucider ? » Me demande-t-il inquiet.

Je hausse les épaules.

« — Probablement. » Lui dis-je en masquant un sourire.

Je ne sais pas comment agir avec lui, je l'ai vu tant de fois vulnérable que je ne sais pas si je dois lui parler en prenant des pincettes ou si je peux être franche avec lui. Je pense que le taux de nervosité dans mon sang fait que j'ai penché pour la deuxième hypothèse.

Il me fait un sourire en coin.

« — T'es vraiment étrange. » Me dit-il amusé.

Je tourne ma tête vers lui en masquant l'effet que me fait la pâte brûlante qui descend le long de mon œsophage.

« — Tu ne m'as même pas engueulée. Tu m'as fait tout une scène quand tu as vu le sachet la semaine dernière mais aujourd'hui j'ai l'impression que j'ai juste un rhume et que tu viens m'aider à supporter ma vie de malade. » M'explique-t-il.

« — Je ne suis pas douée pour gérer ce genre de situation, je dirai donc que soit tu tombes bien et je ne suis pas dans ma journée où je veux massacrer tout le monde, c'est tout. » Lui répondais-je.

« — Tu ne m'en veux pas ? » Me demande-t-il.

« — Je peux comprendre que sur le coup tu es trouvé cette idée judicieuse, je ne t'encourage pas à le refaire, enfoncer le couteau dans la plaie n'a aucune utilité. » Lui expliquais-je.

Il hoche la tête.

« — J'aurai dû t'appeler pour que tu dises ça quand mes parents m'engueulaient pour mes conneries. Ca ne sert strictement à rien de remuer le couteau dans la plaie, j'ai compris la leçon et pourtant il te repasse une couche avec leur discours. » Me dit-il en riant.

« — C'est exactement ça ! On dirait que c'est un plaisir pour eux de te crier dessus ! » M'exclamais-je.

Il attrape la télécommande et allume la télévision.

« — Aucun rapport mais pourquoi tu ne voulais pas que Tracey rentre ? » Lui demandais-je.

« — Je n'avais pas envie qu'elle me voit dans cette état là, il y a plein de choses que je peux lui montrer mais je n'ai pas envie de passer ce cap là. » Me répond-il.

« — Y'en a qui ont peur de passer le cap du lit, toi c'est le cap de la journée où je suis défoncé et que je suis tellement déchiré que je veux vomir mes tripes par terre. Je me demande bien pourquoi tu as peur, c'est tellement romantique. » Me moquais-je.

Il lève les yeux au ciel.

« — Parle pour toi célibataire ! » Me taquine-t-il.

« — Attend je suis offensée, cela veut dire que tu n'en as rien à faire de passer le cap de la journée où je suis défoncé et que je suis tellement déchiré que je veux vomir mes tripes par terre ? » M'exclamais-je.

« — Tu m'as vu pleurer, je t'ai poussé dans une fontaine, je t'ai raconté mes problèmes de famille. Et j'oubliais, je t'ai parlé de mes doutes pour Leith. Je pense qu'on a grillé tous les caps. » Me dit-il en riant.

« — N'oublions pas le fait que tu m'es presque obligée à me prostituer pour entrer dans une boite de nuit, que je t'ai ramené chez toi, que j'ai vu de la morve coulée de ton nez quand tu pleurais aussi. » Lui rappelais-je un sourire amusé aux lèvres.

« — Tu mens ! Je n'avais pas de morves ! » S'exclame-t-il en réprimant un rire.

« — On y était presque, je la voyais pendouiller, elle ne demandait qu'à sortir ! » Exagérais-je.

« — Je n'arrive pas à croire qu'on parle de ça, tu veux bien qu'on change de sujet avant que je passe le cap du je te vomis sur le tee-shirt ? » Me demande-t-il.

Je hausse les épaules.

« — On a passé le cap du je t'entends vomir dans les toilettes, je pense qu'on est plutôt pas mal pour aujourd'hui. » Lui rappelais-je.

Il hoche la tête en souriant.

Il est presque 18 heures quand je sors de chez Matthew, malgré un début de journée un peu traumatisant je dois dire, j'ai bien aimé passer la journée avec lui.

Alors que je fouille dans mon pantalon pour trouver les clés de ma voiture, je me rappelle que c'est Tracey qui m'a emmené.

Génial.

Je soupire, je n'ai pas envie de demander à Matthew de me déposer, il est encore drogué selon moi.

Je décide de rentrer à pied et pour faire passer le temps je consulte mon téléphone tout en continuant de marcher.

Mon cœur fait un bon quand je vois que j'ai reçu une réponse de sa part.

« Désolé, la soirée d'hier m'a épuisée, je viens juste de me réveiller »

Je souris.

Rien n'a changé.

Je regarde l'heure à laquelle il m'a envoyé le message, 15h27.

C'est plus une nuit qu'il a dormi, c'est de l'hibernation.

« Pourtant tu es parti tôt hier. » Lui rappelais-je.

« On dirait bien que les soirées ne me réussissent pas » Me répond-il.

« T'es une marmotte »

« C'étais un plaisir de danser avec toi » Me répond-il.

Son message me déstabilise mais me fait plaisir.

Je me revois, dans ses bras.

C'est juste impensable que ça s'est réellement passé.

« Moi aussi, tu sais que j'étais à deux doigts de traquer ton téléphone pour savoir où tu étais et venir te voir tant ma patience avait atteint sa limite mais heureusement pour toi cette danse a repoussé l'échéance » Le taquinais-je.

« Futur Hackeuse ? » Me demande-t-il.

« Méfie-toi, mais j'ai vraiment hâte de te revoir » Lui avouais-je.

« Un soupçon de sentiment ? »

« Arrête de me répondre par une question » Lui dis-je pour éviter de lui répondre.

« Je prends ça pour un oui »

« Crétin » Lui dis-je.

« Idiote »

« Tu sais que grâce à toi se sera le plus beau noël que j'aurai jamais eu » Lui avouais-je.

« J'attends plus qu'une danse cette fois-ci »

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