CHAPITRE 67


Je descends les escaliers en espérant ne croiser personne.

Jane dort encore et je n'avais pas le cœur à la réveiller, j'espère juste ne pas croiser Leith.

Je veux rentrer chez moi puis je dois aller prendre une douche et me débarrasser pour de bon de cette robe vulgaire que je porte.

Quand j'arrive au rez de chaussée, je suis soulagée de voir qu'il n'y a personne.

Je me dirige rapidement vers l'entrée et attrape mes chaussures que j'enfile puis tends ma main vers la porte d'entrée pour quitter cette maison.

« — Tu pars comme une voleuse, à ce que je vois. » Dit-une voix derrière moi.

Je me retourne et déglutis en croisant le regard de Leith.

« — Jane dort encore, je ne voulais pas la réveiller. » Expliquais-je en lui tournant le dos.

« — Tu ne me dis pas au revoir ? » Me demande-t-il.

Je ferme les yeux et prends une bouffée d'air.

« — Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. » Murmurais-je sans me retourner vers lui.

J'entends ses pas se rapprocher puis je sens une main se poser sur mon épaule.

Je l'enlève d'un geste sec.

Il semble surpris par mon attitude.

« — Ecoute, je ne sais pas ce que t'as dit Jane mais je t'assure que tu n'as aucune raison de me fuir comme la peste. » Me dit-il calmement.

Je me tourne vers lui avec l'expression la plus ironique que j'ai en magasin.

« — Et pourquoi je te croirai ? » Lui demandais-je.

« — Parce que je n'ai aucune raison de te mentir, je suis désolé d'avoir été agressif hier mais les disputes entre frère et sœur ça arrive tous les jours. » Me répond-il en souriant.

Je baisse la tête vers mes chaussures et je sens à nouveau sa main sur mon épaule.

Je relève immédiatement la tête en le dévisageant.

« — S'il te plait fais-moi confiance. » Me supplie-t-il.

« — De quoi as-tu vraiment peur ? » Dis-je en essayant de deviner ce qu'il cache.

Il soupire et s'approche un peu plus de moi pour planter son regard dans le mien.

« — Ecoute-moi, tout le monde fait des erreurs mais il faut savoir pardonner. » M'explique-t-il.

Plus la discussion continue, plus il me perd.

« — De quoi est-ce que tu parles ? » Soupirais-je complètement perdue.

« — Tu me promets de toujours essayer de comprendre avant de juger ? » Insiste-t-il.

Je me recule pour atténuer cette emprise qu'il a sur moi.

« — Je ne sais pas à quoi tout ça rime mais si tu flippes vraiment sur ce que m'a Jane, je vais te le dire. » Lui demandais-je.

Il hoche la tête.

« — Elle ne m'a rien dit du tout, je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, juste règle ça avec ta sœur c'est tout puis tu n'étais pas dans ton état normal hier, tu as sûrement fait où dit des trucs que tu regrettes maintenant. » Lui dis-je avant d'ouvrir la porte et de sortir rapidement.

Je me dirige vers l'arrêt de bus le plus proche même si je ne me sens pas à l'aise dans cette tenue je n'ai pas d'autre choix.

Je n'allais pas demander à Leith qu'il me dépose chez moi, il a déjà des choses à régler avec sa sœur et j'ai bien vu que ça dépassait le stade d'une dispute amicale entre frère et sœur.

Mon frère me manque énormément et même s'ils ne s'en rendent pas compte, ils ne devraient pas se faire la tête comme ça alors je leur ai laissé une chance de se réconcilier au lieu de m'immiscer entre eux deux.

J'espère qu'ils réaliseront un jour qu'ils devraient s'épauler au lieu de se rabaisser.

Après avoir ignoré les regards insistants de certaines personnes dans le bus, j'arrive enfin chez moi et je grimpe immédiatement dans ma chambre pour éviter de croiser mes parents.

Je branche mon téléphone pour qu'il charge puis prends ma douche pour oublier la soirée d'hier.

Alors que j'enfile quelque chose de plus confortable à mettre, je me regarde dans le miroir et passe mes mains dans mes cheveux trempées pour les attacher rapidement.

J'ai l'impression d'être différente, il y a quelques mois j'étais l'adolescente la moins sportive du monde qui a des cernes aussi profonds et marqués que les empreintes de Bigfoot qui fait une randonnée. Ne me jugez pas sur cette comparaison mais il faut bien que vous puissiez visualiser le désastre.

Certes, j'ai encore et toujours les mêmes cernes surtout depuis que je bois comme un trou et que mon hygiène de vie est aussi médiocre que mes résultats en sport, oui vous allez vous habituer à ses comparaisons je vous rassure, enfin il le faut mieux pour vous.

Mais maintenant je comprends enfin le sens du mot honnêteté, amitié et du verbe s'amuser.

Simplement à cause d'un sandwich et de pâtes.

C'est vraiment étrange de se dire que notre entourage a une réel influence sur nous, que la vie est tout simplement un couloir sombre que nous traversons aveuglement, en tombant, se relevant pour mieux se repérer. Nous ne pouvons pas savoir ce que nous a prévu l'avenir mais il ne faut jamais le sous-estimé. Peut être que dans 10 ans je me regarderai encore dans ce miroir et que je serai au chômage ou alors que j'aurai fait fortune.

On ne peut pas le prévoir et c'est ce mystère qui peut rendre fou.

Je pense qu'il faut juste savoir en profiter sans trop abuser de ce que nous possédons au risque de tout perdre.

« — Hailey ! » M'appelle ma mère en frappant contre la porte de la salle de bain.

Je sursaute puis secoue ma tête pour me remettre les idées au clair.

Je me précipite sur la porte pour l'ouvrir et voir ma mère qui me sourit.

« — Oui ? »

Elle me tend mon portable en me disant :

« — Il n'arrête pas de vibrer et ça me rend folle. »

Je hoche la tête et le récupère puis la remercie.

Je sors de la salle de bain et m'affale sur mon lit pour ensuite consulter mon téléphone.

Puis soudainement quelque chose m'interpelle.

Je relève la tête et appelle ma mère.

Elle arrive dans ma chambre au quart de tour.

« — Qu'est ce que tu faisais dans ma chambre ? » Lui demandais-je en la jaugeant du regard.

« — J'étais pas dans ta chambre ! » Se défend-elle.

« — Mon téléphone était dans ma chambre a chargé, à moins que tu es une ouïe de chat, je ne pense pas que tu pouvais l'entendre vibrer d'en bas. » Lui dis-je.

« — Je sais que tu n'es pas rentrée cette nuit, je voulais savoir où tu étais mais la seule chose que j'ai trouvé c'est un bout de chiffon qui j'espère ne t'appartient pas. » M'explique-t-elle.

Je baisse la tête quelques secondes puis la relève.

Si tu savais ce que j'avais fait cette nuit, pensais-je.

« — Je t'ai dit, Matthew m'a emmené mangé un morceau et puis ensuite je suis allée chez Jane parce que on avait un truc un réglé, tu sais la dispute mais tout est fini et j'ai dormi chez elle c'est tout. » Lui racontais-je.

« — Matthew... Celui qui t'a emmené à la fête de la semaine dernière ? » Me demande-t-elle avec un sourire en coin.

Je lève les yeux au ciel, voyant déjà les questions typiques venir.

Pourquoi ma mère a-t-elle une si bonne mémoire ?

« — Oui, c'était un gage de toute façon. » Mentais-je.

Elle secoue la tête.

« — Tu penses faire avaler ça à ta vieille mère ? » S'exclame-t-elle en riant.

Deuxième point négatif, elle me connait un peu trop bien.

« — Bon ok, c'était pas un gage mais je te rappelle qu'il a une copine maintenant. Puis il ne m'intéresse pas. Mon Dieu avoir une conversation comme ça avec toi me rend vraiment mal à l'aise, tu ne peux juste pas retourner à l'époque où tu montrais des photos de moi en couche à mes nouvelles amies, c'était moins embarrassant que ça je trouve. » Me plaignais-je en affichant une mine dégoûtée.

Elle éclate de rire.

Je me suis toujours demandée pourquoi je n'avais pas eu beaucoup d'ami mais en fin de compte la cause de cette éternelle solitude se tient juste devant moi.

« — Maman... » Soupirais-je.

Elle s'arrête de rire et je lui fais signe de sortir, elle secoue la tête puis sort enfin de ma chambre.

Je m'allonge sur mon lit et attrape à nouveau mon portable que j'avais laissé à l'abandon.

Je fais glisser mon pouce sur l'écran pour parcourir les différents messages.

J'en ai un de Perla qui me demande quand on se rejoint à la gare.

Je lui réponds que nous pourrions manger le déjeuner ensemble.

J'en ai un de Matthew qui me remercie simplement de l'avoir ramener chez lui puis il y en a une dizaine de Jane qui me menace de mort si je ne lui réponds pas maintenant.

J'aurais peut être dû la prévenir que je partais de chez elle.

Je lui explique que je suis partie mais que je ne voulais pas la réveiller puis je lâche enfin mon portable pour descendre en bas et manger un morceau.

Alors que je croque dans ma tartine, je me rappelle soudainement de ma conversation avec You, je ne peux nier que je tiens un peu à lui.

Je pense qu'il ajoute cette part d'excitation dans ma vie, à petite dose mais assez suffisante pour me donner envie de le connaître encore plus.

Je n'arrive juste pas à croire qu'une personne aussi mature fréquente encore un lycée, à moins que ce soit en réalité une fille puisque les filles deviennent matures plus rapidement que les garçons.

Ce n'est pas juste un cliché, je peux vous le confirmer avec Nate, mon frère qui ramenait encore des coussins péteurs le 1er Avril pour les mettre sur la chaise des professeurs jusqu'en Terminale.

Après avoir mangé, je remonte pour prendre mes affaires et me dirige rapidement vers ma voiture.

Perla m'a demandé d'aller la chercher chez elle.

Quand elle rentre dans la voiture, je lui souris et elle fait de même mais je vois qu'elle est mal à l'aise.

« — Hum, je t'ai apporté un truc. » Lui dis-je.

Elle tourne sa tête vers moi et je lui désigne la plage arrière.

Ses yeux s'écarquillent quand elle voit ses sacs de shopping qu'elle avait laissé chez moi et que j'avais volontairement gardés.

Je ne suis pas si méchante que ça.

Elle se jette sur moi et me sert dans ses bras.

Je ris face à sa réaction et je lâche un soupir en voyant que l'atmosphère n'est plus aussi étouffante que tout à l'heure.

« — Tu veux manger où ? » Me demande-t-elle.

Je lui lance un regard et elle hoche la tête même avant que je ne lui dise ce que j'avais en tête.

En réalité, elle sait déjà où nous allons, rien de mieux que de revenir aux sources.

Après quelques minutes, je me gare sur le parking et nous sortons rapidement comme deux enfants pour entrer dans l'endroit qui peut te permettre de prendre 20 kilos en une bouchée, IHOP. J'y allais tout le temps avec mes parents et je passais la plupart des mes anniversaires là bas puis j'ai fait découvert cette chaine de restaurants à Perla et depuis je ne suis plus la folle accro aux pancakes et aux crêpes, non, nous sommes deux maintenant.

Après avoir commandé ce que nos estomacs nous chuchotent de prendre à l'oreille, nous pouvons enfin discuter.

« — Je me suis réconciliée avec Jane. » Lui dis-je en jouant avec la fourchette disposée devant moi.

« — Je suis contente pour toi alors. » Me répond-elle en souriant.

« — Je veux sincèrement m'excuser pour... » Commençais-je.

« — Tu sais, j'ai pas arrêté de me demander pourquoi tu avais agi comme ça. » Me coupe-t-elle.

En croisant son regard, je sais qu'elle va me dire quelque chose qui lui tracasse l'esprit depuis quelques temps donc je me tais.

« — Puis j'ai compris, tu sais tu ne devrais pas garder cela pour toi, si tu ne te sens pas à l'aise d'en parler avec Jane. Dis-le-moi mais n'est pas peur d'être jugé. C'est normal, tu ne peux pas choisir ce genre de sentiment et c'est tout à fait humain. Si tu nous l'avais dit plus tôt, il n'y aurait pas eu cette histoire inutile. »

Mon cœur bat à la chamade en entendant ce qu'elle me dit.

« — Je... ca me fait très plaisir que tu l'es remarquée, je ne savais pas comment t'en parler sans que tu t'énerves puis c'est un peu toi qui était au premier rang quand on s'est parlé pour la première fois tu sais. » Lui avouais-je.

Elle se penche un peu puis pose sa main sur mon avant bras en me disant :

« — Oh mais ne t'en fais pas, puis c'est normal, tu devais être effondrée après la nouvelle. »

Soudain, une certaine incompréhension m'envahit.

Elle n'était pas en train de parler de la même chose que moi.

Mon Dieu mais comment j'ai pu déjà me laisser penser que je pouvais lui parler de ma relation ambigüe avec Leith.

J'ai envie de me frapper rien que pour ça.

« — Mais c'est du passé maintenant. » Soupirais-je ne sachant plus vraiment quoi dire.

« — Non mais quel culot il a eu de te faire ça ! Pourquoi il enfonce le couteau dans la plaie en plus ! » S'énerve-t-elle toute seule.

Mon téléphone vibre, je regarde le message et m'empresse de répondre rapidement pour revenir à notre conversation.

« — C'était qui ? » Me demande-t-elle.

« — Personne. » Lui dis-je en souriant.

Elle tend sa main vers moi pour que je lui passe mon portable.

« — Allez, dis-moi. » Me répond-elle en tentant d'enfouir son énervement.

Je secoue la tête.

« — C'est juste Matthew. » Avouais-je.

Elle se lève d'un bond et je ne comprends pas sa réaction.

« — Mais c'est vraiment un idiot, ma parole ! » S'exclame-t-elle.

Je tente de la faire rasseoir.

« — S'il te plait Perla, assied-toi, tout le monde nous regarde. »

Je n'aime pas l'idée qu'une trentaine d'enfants de 7 ans et demie nous fixent comme des bêtes de foire.

La serveuse revient avec nos plats et je salive rien qu'en les regardant.

« — Il ne pourra donc pas te laisser tranquille. » Soupire-t-elle.

« — Mais ça ne me dérange, il est sympa. » Dis-je en faisant impasse sur le fait qu'il m'est poussé dans une fontaine et m'ait obligé à jouer la racoleuse pour entrer dans une boite de nuit.

« — Et voilà ! Tu joues à nouveau le martyr, arrête s'il te plait. C'est un con avoue-le un point c'est tout. Ne refais pas la même erreur que tout à l'heure. » Me dit-elle.

La vérité me frappe de plein fouet.

Depuis tout à l'heure, elle me parle de Matthew et je l'ai laissé dire que j'aimais Matthew sans la contredire une seule fois.

« — Oh non, Perla. Je n'aime pas Matthew, tu t'es trompée. » Lui dis-je en riant pour tenter d'atténuer la tension présente.

« — Mais... Mais tu m'avais dit l'autre jour que tu flirtais avec lui. » Me dit-elle complètement perdue.

« — Hein ? Quand est-ce que je t'ai dit ça ? » Lui dis-je en secouant la tête.

« — Mais tu sais, tu avais voulu me faire croire que tu parlais à ta cousine de 5 ans par message. » Me rappelle-t-elle.

Je lève les yeux au ciel, je parlais avec You mais la seule personne qui m'était venu à l'esprit pour éviter de devoir lui expliquer l'histoire, est tout simplement Matthew.

« — Attends, mais j'ai jamais dit qu'on flirtais ! Pourquoi tu dis ça. » Soupirais-je.

« — Et le sourire niais que t'avais aux lèvres quand tu lui parlais, je l'ai pas inventé ! » S'exclame-t-elle.

Je détourne le regard.

« — Ecoute, c'est un malentendu. Je n'ai aucun sentiment pour lui je te le promets. »

« — Donc c'est pas parce que tu étais dévastée qu'il soit en couple avec Tracey que tu as enfermé Jane dans ta voiture ? » Me demande-t-elle.

« — Non, je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, je t'assure. »

Elle secoue la tête en soupirant.

« — Tu ne vas pas me faire avaler cette connerie, c'est peut être passée chez Jane mais pas avec moi. »

Elle me donne son regard le plus sombre et je n'arrive pas à tenir plus longtemps.

« — Il est peut être probable que j'ai joué la protectrice envers Leith parce que il se pourrait que je me sois un peu attachée à lui. » Lui dis-je en évitant son regard.

Je m'attends à ce qu'elle saute de joie, crie mais elle ne fait rien de tout ça.

Elle exagère souvent sa réaction quand je lui avoue que j'ai des sentiments pour quelqu'un mais cette réaction, je ne l'aurais jamais imaginée.

Son visage livide ne laisse plus aucune trace de joie et elle me regarde comme si elle avait vu un fantôme.

« — Et merde. » Soupire-t-elle dans un murmure avant de quitter la table.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top