CHAPITRE 63


Je me penche pour allumer la radio mais il me frappe la main pour m'en dissuader.

Je soupire et tourne ma tête vers lui puis remarque quelque chose.

« — Mais c'est pas ta voiture ! » M'exclamais-je.

« — Non, c'est celle de Jane. » Me répond-il en restant concentré sur la route.

C'est vraiment bizarre déjà d'être encore sobre à cet heure là, je veux dire que la plupart du temps quand je suis réveillée à cette heure là je suis souvent très fortement alcoolisée alors je suis plutôt fière de moi.

Je tripote d'un geste nerveux mon téléphone portable qui est vidé de son énergie.

« — En faite, merci d'être venu me chercher. » Lui dis-je en souriant.

« — Je ne voulais pas Jane conduise bourrée c'est tout. » Me répond-il toujours de façon aussi neutre.

Je vois, en faite il va simplement m'ignorer. Je pensais qu'il n'allait pas prendre compte de ma dispute avec sa sœur mais en faite je me suis trompée. De toute façon, je m'attendais à quoi ?

C'est tout à fait compréhensible mais ce petit espoir en moi c'était réveillée tout à l'heure en le voyant sortir de la voiture.

« — C'est gentil de ta part, alors. » Lui fis-je remarquée.

Il hoche rapidement la tête sans réellement m'accorder d'attention.

Je tire sur le bas de ma robe pour tenter de dissiper ce mal-être qui m'accable depuis le début de la soirée.

Je me demande même pourquoi Leith ne m'a pas demandé pourquoi j'étais chez Matthew, ni pourquoi je suis habillée comme ça ?

Après tout, pourquoi ça l'intéresserait ? Il fait juste le bon samaritain qui évite à sa sœur chérie de provoquer un accident.

Je suis sûre qu'il est alcoolisé aussi.

Rien que d'y penser j'ai envie de me jeter de la voiture, la sobre qui se fait ramenée par le bourré.

« — Je suis désolée si j'ai coupé ta soirée. » Lui dis-je en tentant d'être sympa.

Je pensais vraiment qu'il m'avait pardonné ce que j'avais fait.

« — Je n'avais pas vraiment le choix de toute façon, même si t'as foiré avec ma sœur elle n'aurait pas lâché le morceau tant que tu ne serais pas rentrée chez toi. » Me répond-il sur le même ton mais je peux deviner quelques reproches.

Je déglutis et m'enfonce dans le siège de la voiture.

Moi qui voulais tenter de planter le drapeau de la paix, j'ai l'impression de m'enfoncer plus qu'autre chose à chacune de mes interventions.

« — C'est bien pour ça que je m'excuse. » Lui dis-je en tentant de masquer mon agacement qui ne fait que grandir.

« — J'espère bien. » Crache-t-il.

Je sers les poings et mords ma langue pour éviter de l'insulter.

Qu'est ce qu'il peut être con quand il s'y met ! Je comprends qu'il n'est pas apprécié ce que j'ai fait à sa sœur mais je m'en veux déjà assez et d'après les dernières nouvelles ce n'est pas lui qui a été enfermé.

Jane a mieux réagi que lui, enfin si on oublie les paroles venimeuses complètement justifiées.

Plus rancunier, tu meurs.

« — Tu peux arrêter d'être méchant, s'il te plait ? » Lui demandais-je.

Mais pourquoi je rajoute le « s'il te plait » ? J'ai vraiment perdu le peu de fierté qu'il me restait.

« — Tu peux juste te la fermer ? » Me répond-il.

J'écarquille les yeux, choquée par ce qu'il vient de me dire.

Je peux accepter qu'il soit énervé mais il n'a pas droit de me parler comme ça, je ne lui ai rien fait.

Je tente de réprimer un cri de colère et lui dis d'un ton sec :

« — Arrête-toi. »

« — Alors là même pas en rêve, j'ai lâché mes potes pour toi, ce n'est pas pour rien. » S'énerve-t-il.

« — Alors arrête d'être méchant ! » M'exclamais-je.

« — Je ne vais pas obéir juste parce que tu le veux ! »

Je lève les yeux au ciel.

« — Alors explique-moi pourquoi ! »

Un lampadaire éclaire brièvement son visage et je remarque que ses yeux sont injectés de sang.

Génial, il est juste défoncé.

« — Leith, tu peux t'arrêter s'il te plait ? » Lui demandais-je plus calmement.

Pour toute réponse, il accélère en ricanant.

Je lâche un cri de surprise et lui tire le bras.

« — C'est pas drôle ! Ralentis ! »

Il ricane de plus belle, se délectant de ma réaction.

Il zigzague sur la route en riant aux éclats et je me fige alors que je vois des phares qui se rapprochent de nous.

Leith continue de rire à gorge déployée en roulant à contre-sens.

Je le secoue mais il chantonne sans prendre compte de ce que je lui dis.

La voiture roule droit vers nous.

Je crie de toutes mes forces « Leith » et tourne le volant pour le remettre sur la bonne voie.

Quand la voiture nous dépasse, je respire bruyamment et fige le pare-brise complètement abasourdi.

Un silence de couvent s'installe dans l'habitacle.

Leith ne s'arrête pas mais je remarque qu'il n'a plus cette expression niaise au visage.

Il se racle la gorge et s'apprête à me dire quelque chose mais je murmure d'une voix brisée :

« — Arrête-toi tout de suite. »

Il ralentit progressivement alors que je me calme.

A peine a-t-il arrêté le véhicule que j'ouvre la portière et quitte la voiture d'un pas lourd sans me retourner.

J'ai eu ma dose de mecs inconscients pour la soirée.

Je veux juste rentrer chez moi, dormir.

Toute cette pression, cette mauvaise peur me font craquer.

Je respire lourdement et tente d'essuyer les larmes qui coulent le long de mes joues.

Je ne peux gérer plus que ça, la fatigue me rend beaucoup plus émotive et je n'en peux plus.

Je ne sais pas si Leith est reparti, s'il est sorti de la voiture mais je n'en ai rien à faire.

J'ai peut être agi comme une idiote avec sa sœur mais jamais je ne jouerai ainsi avec le danger et la mort.

D'un côté, je sais qu'il n'est pas conscient de ses actes car il n'est pas lui-même mais il y a des limites à avoir.

Je frissonne lorsqu'un souffle chaud s'abat sur ma nuque.

J'écoute sa respiration et ferme les yeux.

« — Ne me dis pas que tu es désolé. » Lui dis-je d'un ton sec.

Je me tourne vers lui et plonge mon regard dans ses yeux noirs.

Il parait décontenancé et cherche ses mots.

« — Je ne vais pas t'engueuler, je veux juste comprendre pourquoi tu as été le plus con des cons avec moi tout à l'heure ? » Lui demandais-je calmement.

Il soupire et passe une main dans ses cheveux.

Je n'ai pas la force de me disputer avec quelqu'un cette nuit.

« — Il se passe quelque chose entre Matthew et toi ? » Me demande-t-il en me scrutant du regard.

« — Pourquoi tu me demandes ça ? » Lui répondais-je surprise par sa question.

« — Je ne sais pas, tu es partie avec lui après qu'il est tenté de jouer le petit copain fort et je dois venir te chercher après car tu es chez lui ! » M'explique-t-il.

« — Non rien du tout, j'ai juste dû lui rendre un service et c'est fini. Mais pourquoi ça t'intéresse au juste ? »

« — Déjà que je n'ai pas vraiment approuvé ce que tu as fait à ma sœur, je n'avais pas vraiment envie de te coller l'étiquette « catin » parce que tu fouines avec le copain de mon amie. » Me répond-il en arquant un sourcil.

« — Amie qui est aussi ton ex. » Lui dis-je.

Je ne le crois pas, j'ai vu que la question à propos de Matthew le démangeai mais cette raison est tellement absurde, depuis quand Leith se préoccupe de savoir si le couple de son ex va tenir la route ou non ?

« — Ecoute, on est fatigué tous les deux alors je vais conduire vu que je ne suis ni bourrée ni défoncée. » Lui dis-je pour mettre fin à cette discussion.

« — Tu vas rentrer chez toi avec la voiture de ma sœur ? Tu sais que si elle ne voit pas sa voiture devant la maison quand elle va rentrer elle va réellement péter un câble et ça m'étonnerait qu'elle soit contente quand elle saura que c'est toi qui l'a. » Me fait-il remarqué.

Je soupire et hausse les épaules.

« — Et tu proposes quoi alors ? » Lui demandais-je.

« — Tu dors chez moi. » Me répond-il en souriant.

Ce mec est lunatique.

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