CHAPITRE 61
Je déglutis et décolle mon téléphone de mon oreille pour voir que j'ai effectivement appelé son numéro.
Mes yeux regardent ensuite le 2% qui se change en 1% et je n'ai pas d'autre choix que de prier celle que j'ai enfermé durant une journée dans ma voiture de m'aider.
Espérons que sa bonté naturelle prendra le dessus.
Je respire un bon coup puis lui dis :
« — Salut Jane, c'est Hailey. »
Je sens mon cœur qui bat plus rapidement, il faut absolument qu'elle m'aide.
« — Sans blague, je suis pas aveugle, ton nom s'est affiché sur mon écran ! » S'exclame-t-elle d'un air agacé.
Je serre les dents.
« — Alors pourquoi tu as répondu si tu savais que c'était moi ? » Lui demandais-je d'un ton provocateur.
Bien Hailey, bonne façon d'utiliser les dernières minutes de batterie de ton portable !
Je ne risque pas de l'avoir dans ma poche si je commence à me laisser emporter par mes émotions négatives.
« — Demande ça aux deux verres de vodka que j'ai bu. » Me répond-elle d'un air détaché.
Génial, elle ne pourra pas me reconduire chez moi.
Je me rassois sur le banc où j'étais il y a quelques minutes puis prends mon courage à deux mains.
Je ne vais pas tourner autour du pot, je n'ai de toute façon pas le temps et je n'ai pas envie de dormir dehors en robe vulgairement courte.
« — Ecoute, tu ne vas sûrement me prendre pour une égoïste qui se fout de toi mais j'ai besoin de ton aide. C'est juste une dernière faveur, après je ne t'embêterai plus. Je te serai redevable à mon tour si tu acceptes mais j'ai vraiment besoin que tu m'aides s'il te plait. Je suis devant chez Matthew. Est-ce que tu pourrais m'aider à rentrer chez moi ? » Lui demandais-je en frissonnant à cause du froid.
Un long silence s'installe et je peux entendre ma respiration ainsi que les battements de mon cœur, j'ai l'impression que ce sont les secondes les plus longues de ma vie mais elle coupe finalement ce malaise pour me répondre.
« — C'est une blague j'espère ?! Déjà qu'est ce que tu fous là-bas ensuite pourquoi je t'aiderai et pour finir va te faire voir ! » S'énerve-t-elle.
Je prends sur moi car je comprends totalement sa réaction et lui réponds mais je finis par mes moyens rapidement :
« — Tu es ma seule chance, je n'ai plus de batterie et je suis habillée comme une... Mon Dieu mais qu'est ce que je fous là ! De toute façon c'était idiot de croire que tu m'aiderais, salut. »
Pendant un instant j'ai pensé qu'elle me dirait d'attendre, qu'elle me demanderait l'adresse mais elle m'a simplement répondu « salut ».
Je peux comprendre qu'elle soit encore énervée contre moi mais si j'avais été à sa place j'aurais mis mes différends de côté et je l'aurai aidé au nom de notre amitié passée.
Ma gorge se serre et je commence à avoir du mal à respirer en réalisant que je vais passer la nuit dehors.
Je fixe la maison de Matthew juste en face de moi, j'hésite à aller lui demander de l'aide mais il est soul.
Il pourrait peut être m'héberger ?
Je secoue la tête négativement face à cette idée, je ne dormirais pas dans sa maison.
Une soirée passée avec lui m'a largement suffis et je commence à saturer de voir son visage de blond adorable avec un esprit complètement dérangé.
Je suis juste fatiguée de ne pas pouvoir agir normalement, j'ai l'impression que les gens autour de moi ne sont que des imposteurs.
Matthew qui est juste fou et Jane qui est tout simplement fidèle à son fort caractère.
Je croise mes jambes pour tenter de me réchauffer mais c'est un échec total.
Je m'apprête à regarder l'heure sur mon téléphone mais à peine ai-je appuyé sur le bouton pour l'allumer qu'il s'éteint, me confirmant que je suis maintenant seule au monde.
Quand on est seul, on pense souvent beaucoup trop, on réfléchit et notre cerveau se compresse et se tord sous l'effet des nombreuses questions qui fusent.
Je tente pour ma part de rester lucide, même sans avoir bu d'alcool je peux très bien tomber dans la folie à force de laisser cette solitude et ce froid m'envelopper comme une couverture pour qu'ensuite elle se resserre et m'étouffe.
Je tente de retrouver le trajet que j'ai fait avec Matthew mais j'étais tellement dans mes pensées que je n'ai même pas réfléchi, je me suis seulement laissée guider par la voix du GPS.
Avec le peu de force qu'il me reste je décide d'essayer de chercher une manière de retrouver mon chemin.
Je me redresse et commence à marcher en serrant contre moi ma robe.
Oui j'ai toujours la robe que j'ai mis avant que Matthew ne vienne me chercher et je pense que je vais la mettre par-dessus le morceau de tissu de sa sœur parce que je ne me sens pas à l'aise et j'ai tout simplement froid.
Mes chaussures claquent contre le goudron et le silence qui m'entoure est loin d'être rassurant.
Je maudis mon amour pour les livres clichés quand une dizaine de scénarios me reviennent en mémoire, le principale étant celui où la jeune fille va se faire violer mais qu'un belle homme l'aide.
Dans mon cas je pense remplir toutes les caractéristiques attendues mais avec la chance que j'ai le belle homme ne sera pas au rendez-vous.
Je tente malgré tout de me rassurer en me rappelant qu'il n'y pas de vandale de ce genre dans le quartier de Matthew qui est une résidence plutôt aisée.
Je marche sans savoir où je vais, longeant les maisons et tentant de marcher droit.
Des phares de voitures m'aveuglent subitement et je fais un pas en arrière en cachant mes yeux avec ma robe pour récupérer mes capacités visuelles.
Des pas se rapprochent de moi un peu ma robe pour voir une silhouette éclairée par les phares qui s'avancent vers moi.
Je tente de dissimuler la panique qui m'habite pour montrer un visage calme.
« — Bon tu viens ? » Me dit une voix que je connais bien.
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