CHAPITRE 59
Je suis assise sur un banc et je fixe les feuilles des arbres qui gigotent et dansent dans tous les sens au gré du vent. Je baisse mes yeux sur la robe de Lily, complètement trempée et fort heureusement ce n'est que de l'eau.
Le soleil va sûrement se lever dans quelques heures mais j'ai l'impression d'être clouée sur place, de ne plus pouvoir faire un seul mouvement sans me rappeler des évènements précédents.
Je déglutis et soupire.
Je ne sais vraiment pas pourquoi j'ai fait ça, peut être à cause des ses larmes qui m'ont laissé un souvenir amer et m'ont poussé à agir mais encore une fois, je ne devrais pas écouter cette pitié qui m'encourage à agir de la sorte.
Si je ne l'avais pas écouté, je ne serais pas trempée jusqu'aux os en pleine nuit au beau milieu d'un parc où l'on pourrait m'arrêter pour racolage à cause de cette tenue vulgaire et provocante.
J'ai soudainement envie de parler avec You, de lui dire que plus jamais je n'accepterai d'aider des quasi-inconnus à se fournir pour satisfaire leur envie de nicotine.
Alors que je m'apprête à le faire, j'entends des pas qui se rapprochent de moi.
Je me tourne et croise le regard bleu de Matthew.
Ses iris ont l'air rongé par les remords et aussi très incertain, il n'a plus cette aura de confiance en soi autour de lui et il parait tellement vulnérable mais je passe au-delà de ça. Ma pitié n'est plus en position d'être écoutée, je laisse seulement cette colère s'accaparer de mon corps et dicter mes actions.
Il s'approche de moi en hésitant puis s'assoit sur le banc en fixant un point en face de lui.
Je sais ce qu'il va dire, c'est tellement typique, tellement cliché pourtant j'ai dit la même chose tout à l'heure et je sais que dans ce genre de position où l'on est complètement perdu on essaye de trouver quelque chose à dire.
Il inspire un bon coup et je sais qu'il va dire ses trois mots.
Non, pas je t'aime.
« — Je suis désolé. » Marmonne-t-il en passant une main dans ses cheveux.
Je glousse et souris en remarquant que j'avais raison.
Finalement nous sommes juste des clichés ambulants.
Mais malgré que je sais qu'il ne pourra pas dire mieux, j'agis comme une égoïste car j'ai largement dépassé mon seuil limite de patience.
Je tourne ma tête vers lui puis lui dis :
« — Ca ne suffira pas. »
Je m'apprête à me lever mais il m'attrape le bras et me dit :
« — Je vais t'expliquer. »
Je me tais et l'incite à parler.
Je crois que c'est la nuit la plus longue de ma vie, elle ressemble beaucoup à celle de la fête de Travis d'un certain point de vue.
Mais d'ailleurs je ne vous ai pas expliqué pourquoi je suis trempée de la tête au pied.
|FlashBack|
Je fronce les sourcils, incertaine puis referme la portière pour ouvrir celle du conducteur.
Je me penche et d'une voix hésitante, je lui demande :
« — Ca va ? »
J'ai préféré lui poser cette question idiote plutôt que de lui demander s'il pleure car je sais que ça doit être déjà assez humiliant pour lui alors je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie.
Oui, fichu pitié.
Il ne répond pas et je ne peux pas me résoudre à le laisser repartir dans cet état là.
Je jette un coup d'œil à ma maison puis soupire et me réinstalle sur le siège conducteur.
« — Tu habites où ? » Lui demandais-je.
Pour toute réponse, il redémarre la voiture et tape une adresse sur le GPS.
Je vois, il est aussi aimable que moi lorsque je me réveille.
Je suis donc les indications du GPS puis me gare devant une maison qui ressemble un peu à la mienne.
Je sors de la voiture et attrape ma robe puis me dirige vers sa maison d'un pas décidé.
Je ne sais pas pourquoi je parais si confiante d'un seul coup mais je ne peux le laisser ainsi alors je me dis que si on m'accuse d'être entrée par effraction dans la maison, je dirais que c'était seulement pour l'aider.
Ok, j'ai encore du progrès à faire je sais.
Je jette un coup et suis ravie qu'il me suive malgré son humeur massacrante.
Je suis troublée de le voir comme ça mais je le cache pour éviter de faire un faux pas, si j'ai conclu une chose durant cette soirée c'est que Matthew est très instable, sentimentalement parlant.
Je le laisse passer devant lorsque nous arrivons dans le couloir et il monte les escaliers rapidement.
Je ne sais pas si je dois le suivre mais je le fais.
Lorsque j'ouvre la porte qu'il vient de claquer, je le retrouve avachi au sol en train de fumer une cigarette.
« — Si tu essayes de te tuer, tu es bien parti en tout cas ! » Lui dis-je.
Très bien Hailey ! Bonne méthode pour entamer une discussion avec l'homme le plus étrange de la planète.
Il me fixe puis expire doucement la fumée de ces lèvres en me regardant d'une manière provocante.
Comment peut-il avoir envie de me narguer alors qu'il pleurait il n'y a même pas 10 minutes ?
Je m'assois à côté de lui et le fixe.
« — Pourquoi tu es bizarre ? » Lui demandais-je sans masquer le fait que je sois complètement perdue.
Il ne me répond pas.
« — Pourquoi t'es un con en dehors du lycée ? » Continuais-je.
Toujours aucune réponse de sa part.
« — Pourquoi tu te la joues adolescent meurtri et incompris maintenant ? »
Je continue de lui poser une multitude de questions sans aucune réponse de sa part en retour jusqu'à ce qu'il finisse sa cigarette.
Lorsqu'elle est complètement consommé, il se lève et quitte sa chambre sans un mot.
Je le suis, décidée de passer mes nerfs sur lui après cette soirée.
Il marche à grand pas vers la porte d'entrée et l'ouvre puis quitte la maison sans la fermer, devinant sûrement que je le suivrai.
Il traverse la route et je remarque qu'il se dirige vers un parc juste devant chez lui avec une magnifique fontaine qui trône au milieu.
Je m'empresse de le rattraper et pose ma main sur son épaule pour le stopper.
« — Quoi ! » S'écrit-il.
Finalement, je crois que je préfère quand il se tait.
« — Arrête de crier. » Lui dis-je en fronçant les sourcils.
« — Pardon ! Tu ne me donnes pas d'ordres. »
« — Mais c'est quoi ton problème ? Tu te montres exécrable avec moi sans aucune raison. » Lui dis-je.
« — Mais mêle-toi de tes affaires ! » S'énerve-t-il.
« — Je me demande même ce que je fais à t'aider alors que t'es juste un égoïste ! » M'énervais-je à mon tour.
« — T'as dit quoi ! »
« — Et sourd en plus ! » Complétais-je en lui lançant un regard provocateur.
Je remarque qu'il commence à perdre patience et dans un moment de folie je lâche le seul mot qui lui a fait perdre la raison tout à l'heure.
« — Et un menteur. »
J'ai à peine fini de prononcer le mot que je le vois se jeter sur moi pour ensuite me pousser en arrière.
Une fraicheur me frappe en pleine figure et je me rends compte qu'il vient de me jeter dans la fontaine.
Je ne pensais pas que j'étais aussi près que ça.
|Fin du FlashBack|
Vous savez maintenant pourquoi nous nous retrouvons dans un parc au beau milieu de la nuit et que je suis trempée jusqu'aux os.
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