CHAPITRE 56
Je jette un regard vers la table à ma gauche pour voir Jane et Perla rirent à gorge déployée.
Je détourne la tête et me concentre sur mon plat.
« — Tu sais, tu devrais aller leur parler. » Me suggère Paris en me regardant d'un air inquiet.
Je soupire puis mange un morceau de mon sandwich.
« — Je sais bien, mais le problème c'est que je n'ai rien à leur dire tu vois. J'ai agi comme une idiote et je ne pense pas que mes excuses pourront leur suffire. Tu te rends compte ! Je l'ai enfermée dans ma voiture ! Je comprends totalement qu'elle m'en veuille. » Lui expliquais-je.
« — Il reste quelque cours et tu pourras y réfléchir à tête reposée ce week-end. » Me répond-elle.
Je lui souris et finis mon repas.
Alors que je m'apprête à sortir du réfectoire, j'entends quelqu'un m'appeler.
Je me retourne pour voir Matthew qui me fait un signe de la main pour que je vienne.
Je jette un regard à Paris qui m'intime d'y aller puis quitte la cantine.
Je me tourne vers Matthew qui me sourit puis me dirige vers lui.
Il se décale et je m'assois à côté de lui sous les yeux de ses amis.
Je remarque parmi les têtes, Tracey qui me sourit de ses dents blanches.
Je lui rends son sourire et me tourne vers Matthew.
Il se penche vers moi et me chuchote à l'oreille :
« — Tu n'as pas oublié ? »
Je fronce les sourcils et écarte un peu ma tête.
En voyant mon air surpris, il se penche à nouveau et me donne un peu plus de précision.
« — Ce soir, en boite pour les clopes. »
J'écarquille les yeux et me tourne complètement vers lui.
Je ne sais vraiment pas pourquoi j'ai accepté un tel truc, c'est presque dangereux, « presque » parce que je sais que Matthew est quand même quelqu'un de sérieux, enfin j'espère.
En plus je le connais à peine, j'espère vraiment que je n'aurais pas de mauvaise surprise.
« — Oh, oui c'est vrai ! Alors ça se passe comment ? » Lui répondais-je.
« — On peut aller parler ailleurs. » Me murmure-t-il en se levant.
Il attrape son plateau et traverse à grand pas la pièce pour se débarrasser de son repas.
Je le suis et nous sortons pour aller nous asseoir sur un banc.
Je fixe un point devant moi alors qu'il s'apprête à prendre la parole.
« — Je viendrais te chercher pour 20 heures puis ensuite on ira manger un truc, et après on ira chercher les clopes. » M'explique-t-il.
Je me tourne vers lui.
« — Matthew tu es sympa mais je veux seulement aller chercher tes clopes et c'est tout. Je ne vais pas te mentir je ne suis pas totalement rassurée. » Lui dévoilais-je.
Il arque un sourcil un peu surpris.
« — Je voulais aller manger un morceau parce que je ne sais pas à quel heure il vient dans la boite alors j'avais pensé que le temps qu'on mange cela lui laisse une marge pour arriver. » Me répond-il.
« — Attends, tu ne sais pas quand il va venir ? » M'exclamais-je.
Il secoue la tête négativement.
« — Tout va bien se passer, ok. Je vais juste chercher des clopes pas des armes. » Tente-t-il de me rassuré.
Je détourne le regard.
Matthew n'est vraiment pas la personne que je pensais, j'ai l'impression que le garçon gentil, attentionné et intelligent n'est qu'une image.
Mais il me coupe dans mes pensées en se levant.
« — 20h chez toi. » Résume-t-il avant de me sourire et de partir.
Je passe une main dans mes cheveux et tente de me rassurer.
J'essaye de faire rentrer mon téléphone dans la ridicule pochette que m'a prêtée ma mère.
Je jette un coup d'œil pour m'assurer que je suis dans les temps mais quand mon portable qui refuse de se ranger, vibre et affiche le prénom de Matthew je sais que je suis définitivement en retard.
Je décroche et cours vers la porte d'entrée.
« — T'es prête ? » Me demande-t-il.
« — Euh... Ouais, j'arrive là. » Dis-je en essayant d'être confiante.
Je sautille en enfilant mes chaussures et ouvre la porte d'entrée pour voir la voiture de Matthew.
Je marche d'un pas plus assuré vers lui.
J'ouvre ensuite la portière et lui souris alors qu'il détaille ma tenue sans aucune retenue.
J'ignore ce détail et m'installe à ses côtés.
« — Je t'ai ramené une robe à ma sœur. » Me dit-il d'un ton plus autoritaire.
Je fronce les sourcils alors qu'il démarre.
« — Je suis déjà en robe. » Lu fis-je remarquée en me rappelant qu'il m'analysait il y a à peine une minute.
« — Je rectifie, je t'ai ramené un bout de tissu qui vient de ma sœur parce que ta robe ne va pas convenir pour la boite. » Rétorque-t-il.
Je le fixe en essayant de déceler une trace d'humour mais j'ai l'impression de me prendre une gifle en voyant qu'il est sérieux.
Je me tourne pour voir le morceau de tissu qui gise sur la plage arrière.
Effectivement, on ne peut pas faire plus court.
« — Je ne porterai pas ça. » Dis-je d'un ton dur.
Ma remarque n'a pas l'air de le toucher puisqu'il me répond d'une voix confiante :
« — Hailey, je t'ai demandé une seule chose. Que tu m'aides à rentrer dans cette boite, cette robe fait partie de la condition. »
Il se moque de moi j'espère.
Je savais bien que rien n'allait se passer comme prévu.
« — Matthew redescend sur Terre ! Je te signale que c'est toi qui a besoin de moi et non l'inverse alors je peux très bien me casser. » M'énervais-je.
Il lève les yeux au ciel.
« — Je t'en pris. » Me dit-il en faisant un signe vers ma portière.
Il appuie sur l'accélérateur tout en me lançant un regard provocateur.
Je soupire et m'enfonce dans le siège.
Après un trajet plutôt silencieux, il se gare devant un petit restaurant.
Un Mcdonald m'aurait suffi.
Il sort de la voiture et attrape la robe à l'arrière puis m'attend.
Je le rejoins rapidement et quelques minutes après je lorgne la carte comme une affamée.
Un serveur s'approche et nous demande ce que nous souhaitons.
Je demande des pâtes et Matthew des brochettes de poulet.
Après l'arrivée de nos plats je remarque qu'il ne fait que me regarder.
« — Tu peux... arrêter de me fixer. » Lui dis-je en baissant la tête.
J'ai l'impression d'avoir un autre Matthew devant moi, c'est perturbant.
« — Pourquoi tu as voulu m'aider ? » Me demande-t-il soudainement.
« — Je ne sais pas, enfin sûrement parce que tu avais l'air si perdu, en détresse que je me suis dit que tu valais la peine d'être aider. Tu es quelqu'un de bien alors je ne vois pas pourquoi je ne t'aiderai pas. » Lui expliquais-je en me disant intérieurement que mon jugement à son égard a un peu changé.
Il hoche la tête.
« — Tu vas mettre la robe n'est ce pas ? » Me demande-t-il incertain.
Je suis vraiment choquée par son attitude, j'ai l'impression de passer la soirée avec deux Matthew différent.
Le Matthew agressif, autoritaire et celui qui est hésitant et qui ne masque pas ce qu'il ressent.
« — Sincèrement, je suis sûre que je vais le mettre et ne me demande pas pourquoi, je ne sais pas. Mais je n'ai vraiment pas apprécié ton attitude dans la voiture, j'avais l'impression que tu n'étais pas toi. » Lui expliquais-je.
J'ai l'impression de parler comme une mère à son fils.
« — Je suis désolé, je suis juste sur les nerfs. J'attends ses cigarettes depuis si longtemps que je ne veux pas prendre de risque pour rater mon coup ce soir. » Me dit-il.
« — Je ne veux pas paraître indiscrète ou quoi que ce soit mais pourquoi tu as besoin de fumer ? » Lui demandais-je.
« — Je te l'ai déjà dit. » Me dit-il plus froidement.
« — Je ne suis pas idiote, « on n'a pas besoin de raison pour fumer », tu me prends pour qui ? » M'exclamais-je.
Il soupire, je suis sûrement en train de l'énerver mais je n'en ai strictement rien à faire.
« — Mais sérieux, t'es psychologue ou quoi ? » Me répond-il d'une voix tranchante.
Je le fixe, nullement déstabilisée par son ton.
« — Tu peux arrêter de te montrer si désagréable, juste dis moi que tu ne veux pas en parler c'est tout, pas besoin d'être sur le défensive comme ça ! » M'exclamais-je.
Il me dévisage puis détourne le regard.
Le repas se termine en silence et alors que je me lève pour aller aux toilettes, il me tend la robe.
J'ai vraiment envie de le claquer.
Je lui arrache la robe des mains et me précipite dans les toilettes.
Je me change et essaye de ne pas regarder mon reflet en sortant de la cabine mais je peux quand même avoir un aperçu du coin de l'œil.
Je peux sentir l'air passé sur mes jambes et je tente de la baisser mais cela ne fait qu'augmenter le décolté.
Je grogne et décide de relâcher mes cheveux pour cacher au maximum ma gorge complètement dévoilée.
Malgré qu'elle soit noire, je n'ai pas l'impression qu'elle ne soit pas moins provocante et j'ai vraiment honte de sortir dans cette tenue pour traverser le restaurant.
J'enfile ma veste et attrape ma robe pour rejoindre mon ignoble camarade de classe.
Il est en train de payer l'addition lorsque j'arrive à sa hauteur et il me jette un bref coup d'œil pour s'assurer que je lui ai obéi.
Je ne comprends même pas pourquoi je continue à l'aider alors qu'il est juste devenu insupportable.
On retourne dans la voiture et il démarre sans m'adresser la parole.
« — Tu me déçois Matthew. » Lui dis-je en fixant la route.
« — Et pourquoi ? » Me demande-t-il.
« — Je comprends que tu sois dépassé à cet instant, que tu veuilles à tout prix tes clopes maintenant mais je crois que j'ai le droit à un minimum de respect. Tu veux savoir l'impression que j'ai ? J'ai l'impression de n'être qu'une catin ! » M'exclamais-je.
« — On va juste chercher ses putains de clopes et je te lâcherai ensuite ! Ca te va ? » Me demande-t-il.
Je hoche la tête.
On s'approche de la discothèque et j'aperçois déjà plusieurs personnes éméchées qui chantonnent.
Je frissonne et maudis Matthew qui m'a obligé à retirer ma veste.
On arrive à l'entrée et Matthew passe un bras autour de ma taille.
La videur fronce les sourcils et m'examine.
Je déteste ce sentiment de n'être qu'un simple objet, j'ai l'impression d'être sale rien qu'en voyant ses yeux me détailler.
Matthew m'arrache la pochette des mains et la jette par terre.
Je lâche un cri, surprise par son geste puis me tourne vers lui.
« — Mais t'es complètement malade ! Y'a mon téléphone. » M'exclamais-je.
Il se penche vers moi et me murmure à l'oreille :
« — Ramasse-là. »
Je fronce les sourcils.
Il se moque de moi j'espère.
Le videur nous fixe et j'entends des gens grogner derrière.
Je croise le regard de Matthew et mon sang se glace, mieux vaut ne pas le provoquer.
Je me penche et sens l'air passer alors que ma robe se remonte un peu.
Je grogne et la baisse en attrapant ma pochette.
Quand je relève la tête, le videur a le regard plongé en direction de mon buste pour ne pas paraître grossière.
Je rêve, il ne détourne même pas le regard.
Je me relève alors qu'il se décale pour nous laisser passer.
Matthew m'attrape par la taille alors que nous entrons enfin dans la discothèque.
« — Tu le savais c'est ça ? » Lui demandais-je.
A son sourire je devine que la réponse est positive.
J'ai honte, même si ce n'était pas volontaire j'ai l'impression d'avoir acheté notre entrée dans cette boite avec mon corps.
Je frissonne rien qu'à cette pensée.
Je joue du coude pour avancer sans me faire écraser et Matthew se dirige d'un pas sûr vers une banquette dans un coin.
Il s'arrête et salue un homme qui sirote son verre, avachi sur le petit canapé.
J'ignore son regard qui amplifie ce dégoût constant qui m'habite depuis tout à l'heure.
Il s'assoit à côté de lui et je me retiens de lui dire que il doit seulement prendre les clopes, pas papoter avec lui.
Ils discutent quelques instants et je reste debout puis ils se lèvent finalement et s'approchent de moi.
Je les fixe et je vois Matthew tendre sa main pleine de billet à l'homme qui lui rend quelques paquets de clopes.
L'homme me jette un coup d'œil et glisse ensuite un petit paquet de poudre blanche à Matthew qui hésite quelques instants, me jetant un regard avant de finalement la fourrer dans sa poche.
Mes yeux s'arrondissent sous cette scène et je tente de rester calme.
Est-ce que j'ai rêvé ?
Alors qu'ils se quittent, Matthew m'attrape le bras et nous sortons rapidement de la discothèque.
Quand nous atteignons une rue un peu plus calme et moins fréquentée, je ne me retiens plus.
« — Est-ce que tu te fous de ma gueule ! » M'exclamais-je.
Il parait surpris par ma remarque.
« — Mais de quoi ? » Nie-t-il.
« — Déjà que j'ai enfin vu le vrai visage de Matthew ce soir, je connais aussi tes vraies activités ! Mais t'es complètement malade ma parole ! » M'énervais-je.
« — Mais tu parles de quoi ? » Me demande-t-il.
Son air perdu m'énerve plus qu'autre chose.
« — Mais le putain de sachet de drogue qu'il t'a donné ! » Criais-je
Il arque un sourcil et m'attrape le bras avant de me tirer vers la voiture.
Je rentre à l'intérieur et le dévisage quand il s'assoit à côté de moi.
« — T'es vraiment un con, tu te rends compte que je suis impliquée la dedans maintenant ! Déjà que du trafic de clopes ce n'était pas rassurant mais alors ça ! » Eclatais-je.
« — Mais c'est pas ce que tu crois ! » Rétorqua-t-il.
Je lâche un rire ironique avant de me tourner vers lui.
« — Vraiment ? C'était de la drogue ! Tu fais du trafic de doliprane en poudre c'est ça ? » Lui dis-je en arquant un sourcil.
Il soupire.
« — Ce n'était pas prévu, je ne savais pas que ce mec était dans ce buisness je te jure. Il m'a juste dit que c'était offert par la maison. » Se justifie-t-il.
« — Wow, et toi tu l'as pris comme un idiot. » Concluais-je.
Il me fixe, essayant trouver quelque chose à dire.
« — Juste ramène-moi chez moi. » Lui dis-je d'un ton sec.
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