CHAPITRE 55

Je me répète sans cesse le dernier message de You dans ma tête « seule ta sincérité te permettra de passer cette étape ».

Je me tourne dans tous les sens dans mon lit, essayant de trouver une position agréable mais les paroles de You me frappent le crâne comme un marteau et je n'arrive pas à me vider l'esprit.

Je n'ai jamais été douée pour les devinettes alors il va falloir qu'il soit plus explicite pour m'aider parce que là je suis au point mort.

J'ai l'impression que ma vie est une série télévisée tirée par les cheveux.

Je ne suis vraiment pas fière de mon comportement avec mes deux amies, si je peux encore les appeler ainsi.

Certes elles n'ont pas non plus été gentilles avec moi mais j'ai largement dépassé les bornes.

Qu'est ce qui m'a pris de l'enfermer dans ma voiture ?

Des fois je regrette de me laisser emporter par mes émotions parce que souvent je regrette mes actes par la suite.

Je fixe le plafond en essayant de démêler mes pensées mais mes paupières deviennent lourdes et je repousse mes problèmes le temps d'une nuit.

Lorsque le réveil sonne dans toute la pièce, je grogne et me redresse pour l'éteindre.

Courage, c'est le dernier jour de cours avant le week-end.

Je m'habille rapidement et grogne en remarquant que je n'aurais peut-être pas dû chanter sous la douche vu que je suis maintenant en retard.

Je dévale les marches des escaliers puis enfile mon manteau et attrape un pain au chocolat qui me fait de l'œil.

J'ouvre la porte d'entrée et sors de chez moi avant de remarquer qu'il me manque quelque chose.

Je grogne et retourne chez moi, je monte quatre à quatre les marches puis attrape mon sac de cours, oui c'est possible d'oublier son sac !

Je cours et essaye de rattraper le temps que j'ai perdu quand je baisse les yeux vers mes chaussures, ou plutôt mes chaussons.

Je lâche un long soupir.

Suis-je la seule personne sur Terre qui ne se rend pas compte qu'elle a oublié de mettre ses chaussures ?

Je reviens sur mes pas pour la deuxième fois et enfile mes baskets en jurant après avoir croiser du regard l'horloge murale.

Alors que je m'apprête à sortir de chez moi, c'est le moment que ma mère décide pour émerger de son sommeil et descendre les escaliers avec la grâce d'un cachalot.

Elle hoquette en me voyant puis jette un coup d'œil à l'heure.

« — Tu devrais pas être en cours ? » Me demande-t-elle en baillant sans aucune retenue.

« — Effectivement, je devrais... » Dis-je en soupirant.

« — Tu veux que je t'emmène ? » Continue-t-elle.

« — Non ça ira, je suis déjà en retard et t'es pas prête. » Lui rétorquais-je en attrapant mon sac que j'avais laissé tomber à mes pieds.

« — Et ? Je peux très bien te conduire en pyjama. » Me répond-elle en arquant un sourcil.

Je la fixe surprise par le fait qu'elle insiste.

« — Pourquoi tu as soudainement envie de m'emmener en pyjama à l'école ? » Lui demandais-je en gloussant.

« — Ca fait un peu tâche de se dire que je ne sais même pas à quoi ressemble ton lycée, non ? » Me répond-elle en passant une main dans ses cheveux.

Je souris.

« — Tu culpabilises un peu de m'interdire d'utiliser ma voiture, c'est plutôt ça. » Ricanais-je avant de sortir.

Alors que je sors de la maison, je l'entends crier :

« — C'est un pari pas une interdiction ! »

Je lève les yeux au ciel alors qu'elle me rejoint et déverrouille sa voiture.

Je m'assois du côté passager.

Hier, lors de notre soirée pizza entre mère et fille nous avons décidé de nous lancer un pari chacune après avoir débattu sur la maturité des adolescents.

Oui, je l'avoue nous avions bu puisque ma mère a bien voulu que je prenne une bière mais c'était exceptionnelle selon elle, si elle savait que je m'étais descendue pratiquement à moi toute seule le reste des bières de Nate au début de la semaine...

Je pense qu'elle s'en doute vu qu'il n'y a que moi dans la maison en ce moment mais j'apprécie le fait qu'elle ne me fasse pas la morale.

Donc je disais, nous avons fait un pari chacune, que je n'arriverais pas à utiliser me passer de ma voiture pendant une semaine et qu'elle est incapable d'arrivée à l'heure à son travail pendant une semaine.

Dans la famille nous avons vraiment un problème au niveau de la ponctualité, on ne va pas vous le cacher.

Je lui indique la route et elle décide de profiter pour me soutirer à nouveau des informations sur ma vie d'adolescente bornée et flemmarde.

« — Il s'est passé quoi avec Perla ? » Me demande-t-elle.

Je lève les yeux au ciel et ignore sa question mais j'avais oublié que cette femme qui n'est d'autre que ma mère est une femme déterminée et têtue, quand elle veut quelque chose, elle l'a.

« — Je te rappelle que j'ai toujours les clés de ta voiture, je peux toujours retirer le frein à main et elle va malencontreusement s'écraser en bas de la route ou alors tu réponds à ma question. Et bien sûr, vu que ce sera de ta faute car tu n'auras pas bien mis le frein alors on ne paiera pas les frais de réparation. » Me dit-elle d'une voix sûre.

« — Je sais que tu ne le feras pas. » Rétorquais-je avec un sourire amusé.

« — C'est vrai, mais n'oublie pas qui je suis. » Me rappelle-t-elle.

Sa manière de parler me rappelle soudainement celle de You, solennelle, sérieuse mais chaleureuse en même temps.

« — Bon tu m'énerves, la seule raison pour laquelle je ne veux rien te dire c'est que c'est idiot et que c'est juste une petite embrouille comme ça. » Lui dis-je.

« — Et tu m'avais parlé d'une autre fille non ? » Continue-t-elle.

« — Jane. » Lui répondais-je.

Un long silence s'installe dans l'habitacle et alors que le lycée se dessine sous nos yeux, je remarque Leith et Tracey qui marchent aussi vers le lycée.

Je n'arrive pas à détourner mon regard d'eux mais c'est la voix de ma mère qui me remet en place.

« — Je sais ! C'est une dispute à cause d'un garçon ! » S'exclame-t-elle avec des yeux pétillants.

Je ne réponds rien mais un petit sourire se dessine sur mes lèvres.

« — Hailey ! Etant une mère exemplaire je me dois de t'harceler de questions jusqu'au restant de tes jours. » Me dit-elle d'un air sérieux.

J'arque un sourcil en me tournant vers elle.

Elle ralentit puis s'arrête devant l'entrée du lycée.

« — T'es si enthousiaste que ça que ce soit à cause d'un garçon ? » Lui dis-je d'un air surpris.

« — Sincèrement ? Non, je voulais juste essayer de comprendre l'attitude sur-exagérée de ses ménagères qui sautent de joie en apprenant que leurs filles ressentent de l'attirance se.. »

« — Maman, ok, c'est bon. De toute façon ce n'est pas vraiment pour un garçon, enfin ce n'est pas ce que tu penses. Nous ne nous sommes pas disputées parce qu'on aimait la même personne, tu vois. C'est un peu plus étrange. » Lui expliquais-je avant de sortir de la voiture et de claquer la porte.

Je commence à partir quand ma mère m'appelle à nouveau.

Je soupire et retourne au point de départ, elle baisse la fenêtre de la portière et me tend de l'argent.

Je fronce les sourcils.

« — Pour ton bus ce soir. » Me dit-elle d'un air angélique avant de partir rapidement.

Je reste figé quelques instants puis secoue la tête et fourre l'argent dans ma poche.

Merci de me rappeler ce stupide pari.

Alors que je me tourne vers le lycée, je vois Leith et Tracey qui arrivent, bras dessus-dessous.

Tracey me sourit et je fais de même mais j'ai l'impression que de recevoir une claque lorsque je remarque que Leith m'ignore.

Je déglutis, j'aurais préféré qu'il me crache à la figure mais pas qu'il fasse comme si je n'étais pas là.

Voilà, je redeviens égoïste.

Je remarque qu'il est bientôt l'heure du prochain cours alors je me dirige vers ma salle de cours et attends comme une idiote.

Une dizaine de minutes plus tard, Tracey me rejoint en souriant.

« — T'étais pas en cours avant ? » Me demande-t-elle.

Je secoue la tête.

« — J'étais en retard et toi pourquoi t'étais avec Leith ? » Lui demandais-je en essayant de ne pas être trop agressive.

« — On a voulu séché c'est tout. » Me répond-elle en souriant.

Je fronce les sourcils.

« — Comme... avant ? » Lui demandais-je incertaine.

Son expression change et elle parait surprise par ma remarque.

« — C'était si évident que ça ? » M'interroge-t-elle.

J'ai l'impression qu'on vient de me pousser du haut d'une falaise à cet instant précis.

« — Hein ? » Dis-je.

« — Que on séchait les cours pour ça. » Précise-t-elle.

« — A vrai dire, il n'y avait pas vraiment de place pour l'imagination, tout le monde connait votre réputation. » Lui répondais-je en essayant de paraitre neutre.

« — Il connaissait notre réputation, ce n'est plus le cas maintenant. » Me dit-elle passant une main dans ses cheveux.

« — Mais... tu viens juste de me dire que vous veniez de sécher pour... » Commençais-je.

Son rire me coupe dans ma phrase et j'essaye de comprendre sa réaction.

« — C'est peut-être difficile à croire mais Leith et moi sommes réellement amis, dans le vrai sens du terme. On a jugé bon d'arrêter parce qu'au final ce n'était pas sain pour nous. Nous détruisions notre amitié pour nos hormones. » M'explique-t-elle.

Je n'ai pas le temps de dire quoi que soit d'autre car la sonnerie retentit et les élèves quittent les salles en comptant dans leurs têtes le nombre d'heures qu'ils leur restent.


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