CHAPITRE 4
La semaine passe beaucoup trop lentement à mon goût. Je me retrouve le vendredi, à 14h, à fixer l'horloge murale en priant pour que 17h30 arrive. Des mains qui se plaquent sur mon bureau me réveillent brusquement.
- Tu en es où ? Me demande abruptement Chris.
Je lève mes yeux vers elle. Elle me dévisage, attendant que j'ai la même énergie qu'après 48h de sommeil alors qu'on est vendredi. Je me redresse sur ma chaise, jette un oeil à ma tasse de chocolat désormais vide, qui aurait pu me donner du courage puis me saisis de ma souris.
- J'ai bien avancé sur la partie conception. Si j'ai bien compris, Riley a une présentation la semaine prochaine avec les clients pour expliquer les premières idées ? Commencé-je.
Chris reste silencieuse un instant, ce qui me fait douter quant au fait qu'elle était réellement en train de m'écouter puis elle se racle la gorge.
- Oui, la semaine prochaine. D'ailleurs, j'aimerais que tu l'accompagnes. Je ne sais pas dans quel état elle sera et vu que tu as mis la main à la pâte, vous pourrez vous entraider, m'annonce-t-elle.
Je fronce les sourcils et elle reprend la parole avant même que je puisse digérer ses informations.
- Je réponds à tes questions avant même que tu les poses. Cela sera un voyage de deux jours, vous partez mercredi soir, la présentation est jeudi et vous revenez le jeudi soir. C'est à Boston alors prend un petit blouson on ne sait jamais et non tu n'auras pas de couverture des frais supplémentaires, m'explique-t-elle avant de se redresser.
Une certaine déception s'empare de moi alors que je pensais réellement pouvoir passer plus de temps avec Leith. Pour certain, voyager dans le cadre de son travail est une vraie aubaine mais vu la situation actuelle, j'aurais préféré ne pas avoir à quitter Seattle avant les vacances.
- Je t'envoie tout ça par mail, et je veux une présentation lundi matin à 9h dans mon bureau alors pitch Riley avant, m'annonce-t-elle avant de s'éloigner.
Je fixe l'écran de mon ordinateur quelques instants puis prends mon courage à deux mains pour travailler un peu. En fin de journée, je reçois le fameux mail qui me propose de manière autoritaire de participer à la présentation à Boston la semaine prochaine. Je suis partagée entre l'envie de sauter de joie et de m'agripper au fauteuil. En effet, quitter mon bureau pour quelques jours ne peut me faire que le plus grand bien mais cela apporte aussi beaucoup de travail et une organisation infernale à mettre en place avant mon départ. Je me demande d'ailleurs si je vais avoir le temps d'annoncer mon départ à Leith avant le fameux départ. Nous nous sommes croisés dans les couloirs cette semaine et avons dormi dans le même lit mais nous avons des horaires tellement décalés que le week-end me parait si court à côté.
Je fais défiler les photos en pièce-jointe du mail pour atténuer les effets négatifs. Boston a l'air d'être une plutôt belle ville et je suis persuadée qu'en été, cela ne peut être désagréable. Je finis par éteindre mon ordinateur, j'enfile ma veste et jette un dernier coup d'oeil pour quitter le bâtiment dans lequel j'ai passé 80% de mon temps ses quatre derniers jours.
Le vendredi soir a toujours été la meilleure partie de la semaine. Le week-end est juste au bout, si proche, et la semaine est un lointain souvenir. On a l'impression de pouvoir faire tout et n'importe quoi. Pour ma part, cela se résumé généralement à dormir dans mon lit et profiter d'une bonne série mais cela me fait autant d'effet que la nuit de noël. C'est le moment où l'on ne pense pas encore à la semaine qui arrive. C'est juste magique. J'en profite donc pour me faire plaisir et me dirige d'un pas enjoué vers la pizzéria la plus proche. Leith m'a dit qu'il finirait assez tôt aujourd'hui pour éviter les bouchons du week-end et le connaissant, il n'aura pas encore préparé le dîner.
Vingts minutes plus tard, je me retrouve à l'arrêt de bus, deux boîtes de pizzas fumantes dans les mains. Mon estomac gargouille d'impatience alors que j'aperçois le bus au loin. Je lâche un soupir de soulagement. Mon téléphone se met alors à vibrer. Je fixe les deux pizzas et espère inconsciemment qu'un troisième bras puisse m'attraper mon téléphone mais il est hors de question que j'abandonne mes pizzas. Le répondeur sert bien à ça. Je finis par m'installer dans le bus et regarde qui a tenté de m'appeler. La surprise se lit sur mon visage lorsque je fixe le nom affiché sur mon téléphone : Nate.
Mon frère est de retour parmi les vivants ! Ce petit chenapan ne m'a pas donné de nouvelles depuis des mois. Il prétexte que c'est à cause de son déménagement et de la dépression post-front mais je doute fort de cela. La curiosité s'empare de moi alors que je relève la tête pour balayer du regard le bus. J'ai fortement envie de l'appeler. Il ne prendrait jamais la peine de m'appeler sans raison, pour papoter et parler de beau temps. Je suis donc sincèrement intriguée, au cas où vous ne l'auriez pas compris. Ma curiosité a été titillée. Je suis agréablement surprise et une forte envie de découvrir la raison de cet appel me chatouille le bout du nez. Bon je pense que vous avez eu l'idée.
Je prends mon mal en patience et récupère les pizzas assises sagement sur le siège à mes côtés pour rejoindre avec une vitesse qui me surprend, le seuil de mon appartement. J'appuie sur la poignée et suis soulagée de voir qu'elle s'ouvre. Leith est donc là.
- Je suis rentrée ! M'exclamé-je en déposant les pizzas sur la table.
Leith surgit de nulle part, reniflant la bonne odeur. Je suis presque vexée de voir qu'il fait son plus beau sourire aux pizzas et me regarde à peine. Il s'approche à pas de loup vers la table, ne sachant pas réellement s'il s'agit d'un mirage. Il ouvre le premier carton et lâche un cri.
Je sursaute et le regarde faire. Il est tellement bizarre ma parole.
- Merci inventeur des pizzas ! S'exclame-t-il à la limite du gémissement. Il s'apprête à prendre une part mais je me racle la gorge pour lui rappeler qui est la personne formidable qui a eu l'idée de lui apporter ce mets délicieux.
Il tourne sa tête et m'aperçoit.
- Hailey ! Je suis aussi content de te voir ! Se rattrape-t-il mais je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel.
- Tu as eu la flemme d'aller manger ce midi, c'est ça ? Lui demandé-je.
Il hoche doucement la tête.
- Je peux ? Me dit-il d'une voix douce et faible.
Je lâche un soupir puis finis par acquiescer. Il se jette sur la pizza et prend une première bouchée. Il lâche un hurlement qui en ferait fuir plus d'une puis se met à danser dans le salon, sa part de pizza à la main.
Vendredi est réellement le meilleur moment de la semaine.
Je troque rapidement mes vêtements serrés pour mon pyjama, et le rejoins sur le canapé alors qu'il choisit un film sur la télévision. Nous regardons attentivement les dix premières minutes, mais l'envie de se parler prend rapidement le dessus.
- Ta journée s'est bien passée ? Me demande-t-il en posant sa main huileuse sur ma cuisse.
- Oui ça va, je continue de travailler sur le projet de Riley, lui dis-je.
Il hausse un sourcil.
- Le projet de Riley ? Répète-t-il confus.
Je hoche la tête.
- Je ne t'avais pas dit que j'avais repris les rênes en raison de son absence ? Répondé-je.
- Non pas réellement, et ça va ? Tu m'avais dit que ce n'était pas la reine de l'organisation, me dit-il.
J'esquisse un rapide sourire.
- En effet, et elle ne s'est pas améliorée sur ce point. Mais j'ai été aidée par Patrick, le stagiaire. Tu sais celui qui est arrivé le mois dernier, lui rappelé-je.
Il acquiesce.
- Oui celui qui s'est fait plus d'amis que toi en l'espace d'un mois que toi en six mois ? Me demande-t-il avec un rictus moqueur aux lèvres.
Je lui lance un regard noir et me penche pour attraper le dernière part de sa pizza.
- Je n'avais plus faim de toute façon, marmonne-t-il.
J'arque un sourcil.
- Dommage, parce que je vais me faire un plaisir de déguster ce poulet cuit à point, cette sauce délicatement assaisonnée et ne parlons pas ce fromage coulant ! M'exclamé-je en fixant la part avec envie.
- Ok, rend-la moi espèce de monstre, cède-t-il d'une voix calme mais qui se veut menaçante.
- Retire ce que tu as dit alors, lui dis-je en secouant la part devant ma bouche.
- Je plaisantais, c'était une boutade, me répond-il en parlant calmement pour m'encourager à faire de même.
- N'utilise pas tes trucs de psychologues avec moi ! M'exclamé-je.
Ses yeux s'écarquillent.
- Tu ne t'en rends même pas compte, continué-je indignée.
Il baisse ses yeux quelques instants et j'estime que je l'ai assez torturé.
- Bon je te la rends, lui annoncé-je. Il relève immédiatement sa tête et son regard s'illumine comme si je venais de lui annoncer que son meilleur ami était en ville.
J'esquisse un sourire puis éternue dessus avant de lui tendre.
Il me dévisage, partagé entre l'envie de rire et pleurer.
- Tu es un monstre en fait ! S'indigne-t-il en reculant un peu.
- Tiens je te la donne, continué-je avec un sourire angélique.
- Arrière démon ! S'exclame-t-il avant de se lever du canapé.
Je lève les yeux au ciel.
- Tu me fatigues vraiment jeune fille, continue-t-il avant de sourire et de me rejoindre.
Il finit par déposer un baiser sur ma joue alors que je déguste la dernière part de sa pizza. Et je ne pourrais pas rêver mieux comme vendredi soir.
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Prochain chapitre : La semaine prochaine !
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