CHAPITRE 38

La voiture de Leith ralentit alors que j'aperçois ma maison à quelques mètres.

Mon cœur se compresse en réalisant que c'est déjà la fin de cette journée mais je ne peux m'empêcher de sourire.

Cela m'a tout simplement prouvée que c'est ce que je veux, je veux être avec lui demain, après demain et pour le reste de ma vie.

Je veux me réveiller dans son lit canapé et boire dans sa cafetière bon marché (nda : c'était pour la rime), parce que peu importe où il m'emmènera, je le suivrai.

Je ne sais pas s'il a conscience du pouvoir qu'il a sur moi et je devrais en être effrayée, j'ai toujours été effrayée de devoir confier une partie de mon cœur à quelqu'un car il peut me blesser.

Mais avec Leith c'est différent, je serais même honorée que ce soit lui qui me brise, c'est paradoxale et légèrement masochiste mais c'est la réalité.

Sa main qui se pose sur la mienne me sort de mes pensées et je déglutis en croisant son regard éclatant me sourire avec tant de chaleur et de sincérité.

Il arrête la voiture et je jette un regard rapide pour vérifier que mes parents ne sont pas derrière les rideaux à nous épier.

« — Tu as été très silencieuse au retour, est-ce que t'as plu au moins ? » Me demande-t-il.

« — Bien sûr, c'était la meilleure journée de ma vie, enfin la deuxième meilleure. » Lui dis-je en souriant de toutes mes dents.

Il fronce légèrement les sourcils.

« — La deuxième meilleure ? » Répète-t-il incertain.

J'acquiesce.

« — Oui, la première étant la journée où je vais annoncer à mes parents que je vais dans la même université que toi et que pour des raisons économiques et sentimentales, je me dois de quitter le cocon familiale pour me rapprocher de toi. » Expliquais-je d'un air solennel.

Son froncement de sourcils s'accentue.

« — Ah, oui ce jour n'est pas encore arrivé, mais il est prévu, donc je le laisse en première classe dans mon classement en prévision. » Ajoutais-je alors qu'il secoue sa tête d'un air « mais dans quoi je me suis embarquée ».

« — Ne t'en fais pas, pour ne pas t'importuner, je vais aller chez un pote, il habite dans le même quartier que toi. » Lui dis-je d'un ton rassurant en posant ma main sur son bras.

« — Un pote ? » Répète-t-il en accentuant sur le premier mot.

Je hoche la tête.

« — Oui, il s'appelle You, peut-être que tu le connais ? » Lui demandais-je d'un air innocent.

Un léger sourire prend naissance sur ses lèvres et j'essaye de rester neutre mais c'est difficile.

« — Oui, c'est mon colocataire, en fait. » Me dit-il avec un sourire en coin.

« — Vraiment ?! Mais c'est génial, je le trouve tellement séduisant. » Lui avouais-je.

Il arque un sourcil et se rapproche un peu de moi.

« — Ah bon ? Explique-moi. » Me murmure-t-il d'un ton plus suggestif.

Je déglutis.

« — Il est très intelligent, et en même temps très réservé. J'aime beaucoup sa vision du monde et je trouve que c'est dommage qu'il s'exprime moins à ce sujet. A mon avis, c'est ce qui le rend très séduisant, bien entendu, il est très charmant aussi physiquement et le sourire qu'il fait quand il sait qu'il gère la situation. C'est le combo parfait. » M'exprimais-je en levant les yeux au ciel d'un air rêveur.

Je repose mes yeux sur Leith qui me fixe intensément.

« — Intéressant, et est-ce qu'il te fait rire comme je le fais ? » Me demande-t-il en ayant conscience qu'il vient de rentrer en compétition avec lui-même.

« — Absolument, il est parfait. » M'exclamais-je en exagérant légèrement.

Il se penche un peu plus vers moi alors que les battements de mon cœur s'accélèrent.

« — Vraiment ? Alors permet-moi de vérifier. » Me susurre-t-il avant de se pencher d'un geste vif pour que nos lèvres se rencontrent.

Un frisson me parcourt l'échine lorsque sa main glisse dans mes cheveux pour me rapprocher.

Je savoure la tension qui s'accumule et sa bouche contre la mienne alors que nos souffles se mélangent.

Je pose une main sur son torse alors qu'il m'embrasse avec plus de passion.

Mon cœur frappe contre ma cage thoracique alors que mon souffle se fait de plus en plus court.

Je frémis lorsque sa langue rencontre la mienne et je ne peux m'empêcher de me pencher un peu plus, pour profiter de cette alchimie, de ce moment et la merveilleuse personne qui est avec moi.

Je romps le contact pour quelques secondes, prends une grande bouffée d'air frais et ouvre les yeux pour croiser un regard qui fait chavirer mon cœur.

Il retire sa main de mes cheveux mais je prends son visage entre mes mains et plaque mes lèvres contre les siennes.

Il semble surpris mais me rejoint dans le mouvement alors que je me concentre sur les sensations qu'il me procure.

Je ferme les yeux alors qu'il se recule, je sens une légère frustration face à cette perte de contact.

Il dépose un chaste baiser sur mes lèvres puis retourne se mettre face au volant.

« — On a des spectateurs. » Me dit-il alors que je tourne la tête pour voir ma mère nous fixer d'une manière peu discrète.

Je suis sûre qu'elle est à deux doigts de sortir les jumelles.

« — Merci pour cette journée, c'était géniale. » Lui dis-je en lui adressant un sourire avant de sortir de la voiture.

Je me penche une dernière fois à l'intérieur.

« — Tu embrasses mieux que You. » Lui confiais-je avant de claquer la porte pour me diriger vers ma maison, sous le regard insistant de ma mère.

Lorsque je pénètre à l'intérieur de la pièce, je m'attends à voir ma mère rouge de colère, les bras croisés mais ce n'est pas le cas. C'est mon père qui m'attend, il fronce les sourcils et je réalise que je vais passer un mauvais quart d'heure mais je ne sais pas pourquoi.

Nous ne sommes pas rentrés après 19h30 et il ne s'est sûrement pas que nous sommes allés chez Leith.

« — Est-ce que ça t'arrive de regarder ton téléphone ? » Me demande-t-il d'un ton froid.

Je pose ma main sur ma poche mais elle est vide.

Je réalise alors que j'ai laissé mon téléphone chez Leith, je l'ai mis de côté lorsqu'on était sur le lit et qu'il a sonné.

« — Je... Il était déchargé, je suis désolée. » Mentis-je d'un air coupable.

« — Ca ne t'es pas venue à l'esprit de le charger en sachant que tu allais sortir ? » Insiste-t-il.

Pourquoi en fait-il tout un plat ?

Il ne va quand même pas me punir parce que j'ai oublié de « charger » mon portable.

Il soupire puis disparait dans le salon.

Je le suis et découvre ma mère au téléphone, les mains tremblantes et le visage pâle.

Je fronce les sourcils alors qu'un mauvais pressentiment s'installe en moi.

Ma mère n'était pas en train de nous épier par curiosité, et maintenant que j'y pense, elle semblait préoccuper.

« — Je vous remercie. » S'acharne-t-elle à répéter de manière désespérée.

Mon père se tourne vers moi, il semble s'être un peu calmé.

« — Nous avons reçu une nouvelle lettre de l'Armée. » Dit-il en se penchant pour attraper une feuille et me la tendre.

Je déglutis et attrape la lettre.

« — C'était le baratin habituel, il maintenait la statut de disparue mais le supérieur de Nate est partie sur le terrain. Apparemment, ils veulent arrêter de le rechercher mais son supérieur ne baisse pas les bras. Il dit qu'il sait où il est. » M'explique mon père.

J'acquiesce, une boule se formant dans ma gorge.

« — Ta mère essaye de joindre le supérieur de Nate mais personne n'a de nouvelles de lui. » Ajoute-t-il.

Je baisse ma tête et essaye de contenir mes émotions mais je n'arrive pas.

Mon cœur se serre et je m'apprête à fondre en larmes en réalisant que les chances de le retrouver ont diminué considérablement puisque le seul homme à savoir où est Nate ne donne plus signe de vie.

Les bras de mon père m'encerclent et m'apaise, il caresse mon dos dans un geste qui se veut réconfortant alors que ma mère lâche un cri de surprise.

Je me détache rapidement pour la regarder.

« — C'est bien vous ! » S'exclame-t-elle.

Je m'approche alors qu'un sourire se dessine sur ses lèvres.

Elle retire le téléphone collé à son oreille puis active le haut parleur.

« — Oui, vous êtes la mère de Nate ? » Demande-t-il.

Sa voix est entrecoupée et j'arrive à peine à entendre ce qu'il dit, j'en déduis qu'ils ont réussi à établir le contact avec le supérieur.

« — Je ne sais pas si vous m'entendez mais je vais vous expliquer ce qu'il se passe actuellement. Je suis dans un camp de secours que nous avons installé il y a deux ans lors de notre première mission sur ce terrain. J'ai donné à chacun de mes hommes une indication qui va leur permettre de retrouver ce campement s'il se passe quelque chose. Je sais que Nate va le trouver. Mais mes supérieurs font pression pour que je revienne et abandonne. Ils ont accepté que je reste encore 3 jours, si je n'ai aucun signe qui prouve qu'il est encore vivant d'ici là, je suis dans l'obligation de rentrer. » Nous explique-t-il.

Il ne reste plus que 3 jours à Nate pour se manifester.

3 jours et tout sera fini.

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