CHAPITRE 32

Lorsque j'arrive dans la cuisine, encore en pyjama après une bonne nuit de sommeil, je croise le regard de ma mère qui boit son café en silence, son magazine dans la main.

Je me rappelle soudain de l'incident de la veille et prends mon air le plus froid que j'ai en magasin.

« — Bien dormi ? » Me demande-t-elle calmement.

Je décide d'ignorer sa question et ouvre un placard pour en sortir une tasse.

« — Il va bien falloir que tu me parles Hailey. » Me rappelle ma mère et j'ignore à nouveau.

« — Si tu ne réponds pas, tu es privé de sortie et de téléphone jusqu'à la rentrée. » Me menace-t-elle.

« — Tu n'as pas le droit ! » M'exclamais-je en me tournant vers elle pour voir son sourire satisfait.

« — Tu vois, ce n'était pas si compliqué que ça. » Me dit-elle avec insolence.

Je lève les yeux au ciel.

« — Mais la punition tient toujours si tu agis comme hier. » Me prévient-elle.

« — J'avais le droit d'agir ainsi. » Rétorquais-je d'un ton sec en versant du lait dans ma tasse.

« — Peut-être mais tu as du culot de nous reprocher de t'avoir menti alors que tu n'es pas mieux. » Me répond-elle.

Je claque violemment la porte du micro-onde après y avoir glissé ma tasse puis prends tout mon temps pour le mettre en marche.

« — De quoi tu parles ? » Lui demandais-je.

« — Je parle de ton copain. » Me lâche-t-elle.

J'arque un sourcil pour lui montrer que c'est absurde mais elle semble tout à fait sereine comme si elle savait quelque chose qui prouvait ses dires.

« — Ne me prends pas pour une imbécile. Tu crois que je n'ai pas compris pourquoi ta chambre était fermée à clé hier ? » Me demande-t-elle avant de prendre une gorgée de sa boisson.

« — J'ai fermé ma porte à clé parce que j'étais en train de me remettre de la lettre que je venais de trouver dans ton sac. » Lui annonçais-je agressivement.

« — Bien admettons, mais tu m'expliques pourquoi Judy est devenu un homme aux cheveux courts samedi dernier ? » Me demande-t-elle.

« — Quoi ? »

« — Samedi, quand tu as annoncé que Judy était arrivée pour aller au festival. Je vous ai regardé quitter la maison et quelle était ma surprise quand Judy était un homme. » Me raconte-t-elle.

On aurait dû être plus vigilant.

« — C'était Watson. » Lui dis-je et elle éclate de rire.

« — Désolé de te décevoir mais je ne vais pas croire à ce mensonge. » Me répond-elle.

« — Mais c'était lui ! Comment tu ne peux savoir que ce n'était pas lui si tu ne l'as jamais vu ? » Lui demandais-je alors que la sonnerie du micro-onde me fait sursauter.

Je récupère ma tasse alors que ma mère me répond.

« — Parce que j'ai déjà rencontré Watson, il est venu un après-midi en pensant que Judy et toi vous étiez ici, je lui ai dit que vous étiez chez Judy. »

Je jure entre mes dents.

« — C'est normal d'avoir un petit copain. » Me dit-elle comme si je trouvais cela étrange.

« — Je sais, je suis pas bête. Mais ce n'était pas mon copain ! » Mentais-je.

Elle secoue sa tête avant de finir sa tasse de café.

« — J'aimerai bien le rencontrer, d'ailleurs il me parait familier. » Me dit-elle.

« — Pas intéressée. » Lui répondais-je avant de me diriger vers la porte de la cuisine.

« — Hailey ! Ne réagis pas comme ça, s'il te plait. »

Je me tourne vers elle une dernière fois.

« — Alors je suis censée réagir comment après avoir découvert qu'en plus de m'avoir caché que la vie de mon frère est en danger, je n'ai plu de vie privée. Désolé maman de réagir ainsi, vraiment, c'est injustifié n'est-ce pas ? » Lui dis-je avant de quitter la pièce.

Je sais que j'ai sûrement été un peu dure avec elle mais si jamais elle venait à découvrir que c'était Leith, je suis sûre et certaine ne de plus jamais pouvoir le voir.

En parlant de lui, je décide de l'appeler en me jurant de ne pas me comporter comme une imbécile avec lui.

« — Hailey ! » S'exclame-t-il.

Je ne peux m'empêcher de me sentir coupable. Comment j'ai pu être si méchante avec quelqu'un comme lui ?

« — Leith, ça va ? » Lui demandais-je.

Il me répond positivement et je décide de prendre mon courage à deux mains.

« — Je voulais m'excuser pour hier. Tu avais raison, je n'étais pas raisonnable et surtout je n'aurais jamais dû te parler comme ça. Tu n'as rien fait de mal. » M'excusais-je.

« — Je ne pensais pas un jour que tu me dirais que j'ai raison, c'est le plus beau jour de ma vie. » Plaisante-t-il.

« — Leith... Je suis sérieuse, je suis vraiment désolée, je ne sais pas ce qui m'a prise. » Lui dis-je.

« — Après ton appel, je ne savais pas si je devais être énervé, ou heureux. » Me dit-il soudainement.

Je fronce les sourcils.

« — Pourquoi tu devrais être heureux après ça ? » Lui demandais-je confuse.

« — Parce que tu t'es enfin montrée comme tu étais. La vraie Hailey, pas la Hailey heureuse et souriante que tu me montres sans arrêt. Tu m'as montré volontairement celle que tu es vraiment. Hailey dans toute sa splendeur. » M'explique-t-il.

« — Tu m'avais déjà vu dans toute ma splendeur hier, à cause de la lettre. » Lui rappelais-je.

« — Oui, mais c'est moi qui t'aies poussé, tu ne voulais pas me montrer ta peine. Or, hier soir, tu as choisi de me faire confiance et tu ne t'es pas caché et je ne sais pas pourquoi mais j'étais fier de toi. » Me dit-il avant de rire.

Un sourire se visse sur mes lèvres alors que je réalise qu'il a raison.

C'est la première fois que je me relève comme je suis, que je montre mon vrai tempérament sans prendre de gants.

« — Et non je n'ai pas de brune dans mon lit et j'ai toujours eu une préférence pour les blondes aux yeux bleus du nom de Hailey Pears si tu veux tout savoir. » Ajoute-t-il alors que mon sourire s'agrandit.

« — Est-ce que tu penses que je devrais pardonner à mes parents ou les laisser mijoter encore un peu ? » Lui demandais-je subitement.

« — C'est à toi de voir mais avant de prendre une décision, essaye d'abord de te mettre à leur place et d'ignorer la colère que tu éprouves. Tu les fais souffrir aussi. » Me conseille-t-il.

« — Ma mère nous a vu samedi. » Lui annonçais-je.

« — Il y a toujours un truc qui se passe, jamais une journée tranquille. » Constate-t-il.

Je ne réponds pas.

« — Attend, tu viens de dire quoi ? » S'exclame-t-il.

« — Ma mère nous a vu samedi soir. » Répétais-je.

« — Elle a réagi comment ? » Me demande-t-il.

« — Elle ne sait pas que c'est toi, mais je pense qu'elle va faire son enquête vu que je n'ai rien voulu lui dire. » Lui expliquais-je.

« — Bon, je peux dire adieu à mes paires de couilles et peut-être même ma vie. » Me répond-il d'un ton tragique.

Je lève les yeux au ciel.

« — Elle n'oserait pas, au pire des cas elle brûlerait ton immeuble. » Plaisantais-je.

« — Ouf, tu me rassures. » Me répond-il et je ne peux m'empêcher de sourire stupidement.

« — On fait quoi alors ? » Reprend-il.

« — Tu peux toujours venir dans ma chambre quand tu veux mais cela sera plus délicat. Honnêtement je n'ai aucune idée de ce que s'apprête à faire ma mère mais d'un côté j'aimerai bien qu'elle sache la vérité. J'en ai marre de me cacher. » Lui dis-je.

« — C'est toi qui vois, tu connais tes parents mieux que personne mais ma dernière rencontre avec ton père ne s'est pas très bien passé, elle a fini avec une porte claquée au nez. » Me rappelle-t-il.

« — Puis je me dis qu'ils connaissent à peine le tiers de l'histoire, comment réagiraient-ils en apprenant la totalité ? Mais je suis prête à aller à l'encontre de leur avis, je n'ai pas besoin de leur bénédiction pour te fréquenter. » Dis-je.

« — Mais tu aimerais qu'ils approuvent pour ne plus avoir à te cacher. » Continue-t-il.

« — C'est exact. »

« — Faisons un repas alors ! Un dîner dans un restaurant comme ça si cela tourne mal ils n'oseront pas faire un scandale dans un lieu public et on pourra se sauver. » Me propose-t-il.

« — C'est pas bête mais mes parents ne sont pas très restaurants. » Lui dis-je.

« — Ils vont bien faire un effort pour le copain de leur fille. Il faut mieux être en terrain neutre pour cette rencontre. » Me dit-il et il n'a pas tort.

« — Je vais leur proposer après avoir réfléchis si oui ou non je leur pardonne puis je te donnerai des nouvelles. » Concluais-je.

« — Ça me va. » Acquiesce-t-il.

Un dîner avec Leith et mes parents, cela va être mortelle.

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