CHAPITRE 2
|Point de vue de Leith|
Samedi Soir.
La musique fait vibrer mes tympans et la chaleur environnante ainsi que la transpiration des autres me donnent la nausée mais je continue de danser comme si mon corps était possédé et que j'avais besoin de me défouler.
Je cherche des yeux un visage familier pour m'assurer qu'ils ne m'ont pas laissé, si je fais acte de présence tous les samedis au fêtes où ils veulent aller c'est seulement pour leur faire plaisir, je n'y éprouve aucun enthousiasme ou excitation et pourtant je continue d'accepter d'y aller.
Fred est en train de ratisser le fond de la bouche de Paris alors que Travis danse beaucoup trop langoureusement avec ma sœur.
Je fronce les sourcils et repousse les quelques sangsues qui s'avèrent être des filles complètement déchirés pour me diriger vers mon meilleur ami.
Je lui attrape le bras pour qu'il se décolle de Jane et il comprend instantanément qu'il a franchi la limite.
Je sais bien qu'ils font plus que cela, mais ils le font dans mon dos, or dans ce cas précis, c'est juste de la torture de voir sa sœur se faire frotter par quelqu'un, peu importe que ce soit un ami ou non.
Je suis peut-être trop possessif mais je m'en fous, je m'ennuie comme tous les samedis soir et c'est bien la seule activité qui me permet de tenir jusqu'à la fin de la soirée.
« — Vas t'amuser Leith. » Me propose Travis en me tapotant l'épaule.
Je secoue la tête négativement puis lui arrache son gobelet des mains pour le boire cul sec.
Je grimace et lance son verre contre le sol.
« — Ah, c'est quoi cette merde ! » M'exclamais-je.
« — C'est de l'eau. » Me répond-il en soupirant.
Il tente de m'approcher mais je le repousse.
J'ai chaud, j'ai mal à la tête, je veux juste partir et m'enfermer dans ma chambre comme je le fais les 6 autres soirs de la semaine.
Au début, je trouvais cela amusant de faire la fête tous les samedis mais c'est redondant, ennuyant et juste épuisant.
Il n'y a rien d'amusant à se déchirer la gueule pour finir la tête au dessus de la cuvette à vider ses tripes.
Je décide de prendre l'air pour m'aérer l'esprit et effacer ce sentiment d'oppression.
Je joue des coudes et trouve enfin la porte d'entrée.
Je prends une grande bouffée d'air frais lorsque la musique cesse de m'agresser les oreilles pour devenir un simple bourdonnement.
Je fouille dans la poche de ma veste pour en sortir un paquet de clope, j'en extirpe une puis range le paquet où il était.
Mon regard se pose sur une fille qui joue avec un briquet en l'allumant et l'éteignant comme si c'était un acte irréel.
Je me penche vers elle, lui arrache l'objet des mains puis coince la cigarette entre mes doigts pour faire brûler le bout du rouleau de nicotine.
J'ignore les protestations de la demoiselle puis range le briquet dans ma poche.
De toute façon, elle risquait de se blesser.
Je prends une taffe et ferme les yeux pour mieux savourer la chaleur et l'odeur familière.
J'en avais besoin.
Je glisse ma main libre dans ma poche et ma mâchoire se crispe en me rappelant de ce que cette poche contient.
C'est la photo de ma mère qui était affichée au dessus de mon lit, depuis un certain temps je préfère la garder près de moi, je ne sais pas pourquoi mais cela me rassure.
Je sais bien que dans ce cas précis elle me regarderait de travers et me demanderait de jeter ce mégot.
Je ne fais que la décevoir comme j'ai déçu Hailey il y a quelques mois maintenant.
Rien que de repenser à elle j'en ai le cœur lourd.
Je ne sais pas où elle est, ni si elle m'a oublié mais s'il y a une chose que j'espère c'est qu'elle va mieux.
La raison pour laquelle je déteste les soirées du samedi c'est que je sais que je vais finir à nouveau dehors une clope à la bouche en train de repenser à la façon dont j'ai tout gâché avec Hailey.
Dans deux mois, c'est les examens de fin d'année, je ne sais même pas si je vais réussir à trouver une faculté qui va bien vouloir m'accepter mais je suis plus préoccupée par le bien être de quelqu'un qui est parti que par mon futur.
De toute façon c'est ce qu'il fallait faire, partir. Elle a eu l'audace de le faire mais en partant elle m'a fait réaliser à quel point j'ai été le dernier des idiots avec elle.
Elle va probablement rencontrer un mec sympa, tout le contraire de moi puis ils vont finir par parler mariage et enfants et rien que cette idée me donne la nausée mais c'est mon côté égoïste.
Je prends sur moi depuis qu'elle est partie mais en réalité elle me manque, même savoir qu'elle me détestait pouvait me suffire puisqu'au moins elle pensait à moi, peu importe la manière alors que maintenant elle est partie et c'est sûrement pour m'oublier.
« — T'en a une pour moi ? » Me demande Jack qui s'arrête à côté de moi.
Je hoche la tête et ressors mon paquet pour lui donner.
Il ouvre sa bouche mais je lui tends le briquet, il me remercie et c'est en silence qu'il savoure cette cigarette.
« — Tu penses encore à elle ? » Me demande-t-il.
Je pense que ces derniers temps, c'est avec Jack que j'ai passé le plus clair de mon temps, Travis est devenu un vrai canard avec ma sœur et ne parlons même pas de Fred et Paris.
« — C'est si évident ? » Demandais-je en tentant de plaisanter.
« — La question c'est plutôt quand ne penses-tu pas à elle ? » Me répond-il en me fixant avec insistance.
Je cherche du regard la fille à qui j'ai pris le briquet, et je la vois en train de chanter sur le toit d'une voiture.
Je lève les yeux au ciel puis reprends une taffe de ma clope en baissant mon regard vers mes chaussures.
« — Jack ? » L'interpelais-je.
« — Mmh. » Me répond-il.
« — Imaginons que quelqu'un blesse une autre personne et que celle-ci part, est ce que c'est mieux pour la personne qui l'a blessé de la laisser reconstruire sa vie sans elle ou alors de persévérer parce qu'il devrait écouter son côté égoïste et se dire que l'autre ne doit pas l'oublier. » Lui dis-je en évitant de le regarder.
Il sait exactement de qui je parle mais je n'aime pas parler de moi or j'ai besoin d'un avis extérieur.
Il se gratte son menton quelques instants en réfléchissant puis finit par me répondre.
« — Je pense que c'est mieux que la personne qui l'a blessé tente le coup plutôt qu'elle vive toute sa vie avec le regret de n'avoir jamais essayé. » Me dit-il.
Je souris face à sa réponse.
« — C'est dommage que demain je vais avoir une énorme gueule de bois et que je ne me rappellerais pas de ça. » Lui dis-je en ricanant.
« — Crois-moi, au fond de toi tu le sais déjà. » Me répond-il avant de jeter sa clope sur le sol et de l'écraser.
Fred et Paris font irruption dehors, main dans la main et je décide de profiter du fait qu'elle ne soit pas sobre pour avoir le plus d'information possible.
« — Paris ! » L'appelais-je.
Elle plisse ses yeux dans ma direction puis finit par s'approcher.
« — Quoi ? » Me demande-t-elle méfiante.
Cette fille a vraiment pris de l'assurance depuis qu'elle fréquente Fred.
« — Où est Hailey ? » Lui demandais-je sans passer par quatre chemins.
Elle me fixe quelques secondes pour s'assurer que je sois sérieux puis éclate de rire.
« — Tu peux toujours rêver. » Me répond-elle sèchement.
« — J'ai besoin de lui parler, elle ne répond pas à mes messages et m'a bloqué sur tous les réseaux sociaux. » Lui dis-je.
« — C'est parce qu'elle est occupée à autre chose. » Me dit-elle avant d'attraper le bras de mon ami et de quitter les lieux.
Je soupire et passe une main dans mes cheveux.
Elle est occupée à autre chose ?
Est-ce que cela veut dire qu'elle a trouvé quelqu'un ?
Je grimace rien qu'à cette idée.
Elle n'a pas intérêt.
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