CHAPITRE 16

Je suis réveillée par ma mère qui me secoue doucement l'épaule.

Quand j'aperçois son visage, je me frotte les yeux à plusieurs reprises pour m'assurer que je ne rêve pas.

« — Qu'est ce que tu fais là ? » Marmonnais-je en plissant les yeux pour m'habituer à la lumière de ma chambre.

« — Il faut qu'on parle. » M'annonce-t-elles sérieusement.

Je soupire et repose ma tête sur mon oreiller.

« — Pourquoi maintenant ! » M'exclamais-je en constant qu'il est à peine 8 heures et qu'on est dimanche.

« — Tu ne te rappelles pas ? Je pars en déplacement jusqu'à mercredi. » Me dit-elle en s'asseyant sur mon lit.

Je me redresse et me penche pour attraper un élastique et nouer rapidement mes cheveux dans un chignon.

« — On va dire que niveau communication on n'est pas au top. » Lui rappelais-je, ne comprenant toujours pas pourquoi elle a la soudaine envie de me parler.

Elle aurait pu m'appeler pendant son voyage ou tout simplement m'ignorer comme elle le fait si bien.

« — Tu sais quand j'ai rencontré ton père, j'étais un peu plus vieille que toi, ça s'est très bien passé avec nos parents, enfin tes grands-parents. Je suis directement allée voir ma mère et je lui ai parlé de ton père, qu'il m'intéressait. » M'explique-t-elle sur le ton de la confidence.

« — Ou tu veux en venir ? » Lui demandais-je.

Ma mère n'a pas l'habitude de me raconter des choses de son passé, elle ne m'a jamais expliqué ce qu'il s'était passé entre elle et mon père, je ne connais rien de leur histoire et même si cela ne m'a jamais dérangé, je ne comprends pas pourquoi soudainement elle a envie de m'expliquer tout cela, presque 30 ans après.

« — Ce que je veux dire c'est que je ne te comprends pas Hailey, j'essaye vraiment mais je n'arrive pas. Tu ne me dis jamais rien et si au début j'ai pensé que c'était à cause de la drogue, maintenant ...3 » Commence-t-elle mais je la coupe à l'entente du mot « drogue ».

« — Tu pensais que je me droguais ? » Demandais-je surprise.

Elle hausse ses épaules.

« — J'ai envisagé la possibilité que oui. Tu étais toujours sur les nerfs, je pensais que Leith était le receleur mais je me suis trompée sur toute la ligne. Pour moi c'était la dernière idée à laquelle j'aurais pensé. » Me dit-elle en souriant.

Donc, elle n'est plus énervée je présume.

« — Comment j'ai pu loupée que ma propre fille est amoureuse de quelqu'un. » Soupire-t-elle en prenant ma main.

J'essaye de prendre mon expression la plus choquée et la dévisage.

« — Tu dis n'importe quoi ! » M'énervais-je.

Je ne sais pas pourquoi je réagis comme cela, c'est une chose que j'admette l'aimer mais que ma propre famille soit au courant me dérange et je ne sais pas pourquoi. Enfin si, je n'aime pas que l'on puisse percevoir mes émotions, j'ai peur qu'on les utilise à mauvais escient. Peu importe que ce soit ma mère ou non, je suis très pudique sentimentalement parlant et je ne sais pas me dire qu'il n'y avait que moi et lui dans notre relation me rassurait, j'ai juste cette impression que cette relation appartient désormais aussi à ma mère. Et dans un sens c'est vrai puisque elle a encore l'autorité parentale pour me stopper.

« — Pourquoi tu ne m'as rien dit ? » Me demande-t-elle.

« — Donc si je te l'avais dit tu ne te serais pas énervé à Noël ni quand j'ai passé la nuit dehors avec lui ? » La questionnais-je en connaissant la réponse.

« — Bien sur que si mais on aurait pu s'arranger. » Me dit-elle sincèrement.

Je la dévisage, éberluée par sa réaction, elle est coopérative, moi qui pensait qu'elle allait me renier à jamais ou m'interdire que je le vois.

Alors que je saute intérieurement de joie, son visage s'assombrit.

« — Qui y'a-t-il ? » Demandais-je.

« — Pourquoi tu as voulu quitté la Californie ? » Me répond-elle.

Je détourne le regard et serre les dents.

« — Et ne t'avise pas de me mentir Hailey ! Tu m'as vraiment inquiété, tu étais vraiment perturbée et blessée, tu m'as presque suppliée, tu te rappelles. » Me dit-elle en voyant que je n'ai pas envie de répondre.

Je ne me vois pas lui mentir, je pense qu'elle a besoin de connaitre la vérité et j'ai besoin de libérer ce poids de mon cœur une bonne fois pour toute.

Je sais bien qu'elle ne va pas bien réagir à ce qu'il s'est passé, elle va même avoir envie de pourchasser Leith mais je ne sais pas pourquoi mais j'ai besoin qu'elle me rassure ou non.

Il n'y a qu'elle qui arrive à me conseiller, à me dire quoi faire et même si j'ai passé un moment agréable avec Leith, il n'y a pas une journée qui passe sans que je me demande si j'ai bien fait d'être allé le chercher à la gare.

Je sais bien qu'il n'est pas un mauvais garçon, je sais qu'il regrette profondément ce qu'il a fait mais je me demande à chaque fois si cela ne devrait pas me servir de leçon, au lieu de lui laisser une deuxième chance.

J'ai littéralement changé d'état pour ne plus le voir, il y a bien une raison à cela.

Peut-être que finalement nous ne sommes pas fait pour être l'un pour l'autre.

Vu le nombre de personne sur Terre, je suis sûre qu'il trouvera quelqu'un d'autre qui lui conviendra, alors pourquoi essayer à nouveau en sachant que notre passé nous hantera à jamais.

Je l'aime, c'est un indéniable mais j'ai peur d'être blessé à nouveau, c'est égoïste je sais, mais j'ai peur.

J'étais au plus bas il y a à peine quelques mois, je ne voulais plus jamais le revoir et c'est peut-être une bonne chose qu'il ne m'a pas envoyé de message depuis qu'on s'est vu.

Puis j'ai peur qu'au final mon amour pour lui ne soit pas suffisant pour faire taire ce passé.

La main de ma mère essuie une larme sur ma joue et je réalise que je suis en train de pleurer.

Je renifle et passe rapidement mes mains sur mes deux yeux pour essayer les larmes avant de relever la tête.

Ma mère me regarde, inquiète.

Elle ouvre ses bras et je m'y loge puis ferme les yeux et profite de son corps chaud contre le mien pour me rappeler les nombreuses fois où elle me consolait quand j'étais plus petite.

Cela doit bien faire 3 ans qu'elle ne m'a pas fait de câlin et je me rends compte à quel point je me suis éloignée d'elle.

Elle caresse doucement mes cheveux et me chuchote que tout va bien alors que je me laisse bercer par ses battements de cœur.

Après un moment en silence, je quitte ses bras et plonge mon regard dans le sien, prête à lui expliquer toute l'histoire.

« — Tout a commencé à la cantine... » Narrais-je en fermant les yeux pour me concentrer sur le moment et non sur la réaction de ma mère.

Je lui explique tout, des mots jusqu'à il y a peine deux semaines et lorsque je prononce le point final de l'histoire, je réalise que je suis essoufflée et que les battements de mon cœur se sont considérablement accélérés.

Je me sens libérée même si j'attends que ma mère réagisse, j'ai l'impression d'avoir bien fait de lui avoir tout dit.

Elle passe une main dans ses cheveux et je comprends alors que ce tic que j'ai de passer mes mains dans mes cheveux vient de ma mère.

Je m'empêche de sourire en me rappelant que c'est un moment sérieux.

« — Donc tu as vécu tout cela et je n'ai même pas remarqué à quel point tu étais mal en point. » Soupire-t-elle.

Je la regarde puis pose ma main sur son épaule.

« — J'ai gardé tout pour moi, il n'y avait aucun moyen pour toi pour le deviner. » La rassurais-je.

« — Je comprends pourquoi tu as voulu t'éloigner de lui, tu aurais dû m'en parler, et j'aurais dû savoir qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas quand tu m'as demandé de partir. » Me dit-elle.

« — Je ne t'en veux pas, tu n'as rien fait de mal dans l'histoire. »

Elle se relève de mon lit puis se tourne vers moi.

« — Finalement ton père avait raison, il n'est pas bien pour toi et si jamais je croise ce morveux, il aura bien plus qu'une simple porte claquée à son nez. » Me dit-elle avant de quitter ma chambre en trombe.

Je reste bouche bée face à la réaction de ma mère, ça je ne l'avais pas vu venir.

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