CHAPITRE 12

|Point de vue de Hailey|

Lorsque je me gare devant ma maison je souffle un bon coup puis jette un coup d'œil vers l'heure indiqué sur mon tableau de bord.

Il est minuit passé.

Je sens que mes parents ne vont pas laisser passer cet écart, enfin si on peut appeler cela un écart.

Je consulte mon téléphone mais Leith ne m'a pas envoyé de message, après tout on s'est quitté il y a peine 15 minutes.

Je décide de prendre quelques minutes à réfléchir à ce qu'il vient de se passer, à cette nuit fabuleuse.

Je suis toujours aussi émue qu'il soit venu jusqu'ici pour venir me chercher mais par moment j'ai toujours cette peur qui ressurgit en moi, cette peur d'avoir fait le mauvais choix.

Je ne sais pas si c'est mon amour pour lui qui m'aveugle parce que comme on dit, l'amour rend aveugle m'a poussé à lui pardonner.

Je ne suis pas habituée à gérer ce genre de problème, et pourtant même si sur le moment cela paraissait évident de lui pardonner sur le moment, je ne peux m'empêcher de douter.

Douter, je déteste ce sentiment, car je sais qu'un moment d'hésitation peut engendrer de graves conséquences.

Et ça me tue à petit feu, c'était évident pour moi, son regard plantait dans le mien, il était sincère je n'en ai aucun doute mais c'est aussi ce que je pensais depuis le début de notre relation.

J'étais persuadée qu'il était sincère avec moi, hors je m'étais trompée sur toute la ligne.

Leith est devenu maître dans l'art de l'illusion et du mensonge.

Il m'a menti avec You, même si je dois dire que ce mensonge ne m'a réellement blessé, mais je n'aurais jamais douté que c'était lui. Il l'a masqué avec tellement de facilité, m'a menti sous le nez sans un clignement d'œil que j'ai dû mal à démêler le vrai du faux.

Je constate avec horreur que je n'arrive plus à lui faire confiance.

J'ai envie, je prends comme prétexte le fait que je l'aime, et c'est vrai. J'admets que je l'aime comme il a osé me le dire avant de me quitter tout à l'heure.

Mais l'amour et la confiance sont deux choses bien différentes.

J'essaye de trouver des éléments pour me pousser à lui faire confiance mais la confiance ne surgit pas du jour au lendemain, il faut l'apprivoiser comme une bête sauvage.

Je ne doute pas de ses sentiments à mon égard, je suis même flattée qu'il m'aime, je ne pensais pas que ce serait le cas un jour.

Je me voyais déjà en vieille fille avec ma horde de chat en train de marmonner dans ma barbe à quel point j'avais été stupide de laisser un si bel homme filler entre mes doigts.

Le futur nous réserve bien de surprise et au lieu de me forcer la main à essayer de lui faire confiance, je vais laisser le temps agir et voir ce qu'il en est.

Je ne vais pas lui en parler, je peux revoir son sourire et son regard comblé quand je lui ai dit que je lui pardonnais, ce sourire qui m'a hypnotisée pendant toute la soirée.

Il avait l'air si heureux et je ne peux pas me permettre de gâcher sa joie avec mes doutes et mon manque de confiance.

Cela se trouve j'ai simplement un manque de confiance en moi, ce n'est peut-être pas lui le problème mais je préfère repousser ce problème dans un coin de ma tête pour me concentrer sur l'instant présent.

C'est-à-dire affronter mes parents.

Je doute qu'il soit en train de dormir, ils sont sûrement en train de se resservir une tasse de café en jurant, tout en maudissant à quel point je suis une fille ingrate et désobéissante.

Je quitte ma voiture, la verrouille puis entre à pas de loup dans la maison.

Il fait sombre, je m'immobilise pour m'assurer que je n'entends aucun bruit puis commence à enlever mes chaussures.

Cela étant fait, je passe devant la cuisine et la lumière de la pièce s'allume.

Je me tourne et vois avec horreur mon père qui me dévisage, il a des cernes qui lui pendant sur les joues et son regard est loin d'être bienveillant.

Je grimace et tente de sourire mais il fronce les sourcils et me fait signe de m'approcher.

Je jette un coup d'œil rapide autour de moi pour trouver une échappatoire mais je ne trouve rien.

Je capitule donc et m'approche de lui en évitant de le brusquer, comme si je m'approchais d'un animal sauvage à apprivoiser.

C'est la première fois que je me retrouve dans cette situation, enfin plutôt la deuxième fois, la première était lorsque j'ai quitté le repas de famille pour rejoindre You.

Leith est donc vraiment la seule personne à me pousser à faire des choses aussi stupide.

Mais je ne regrette pas, je me remémore notre soirée et je me rappelle que je n'ai pas fait cela inutilement.

Ma mère arrive quelques secondes plus tard, elle était sûrement au toilette ou je ne sais où.

Quand elle me voit, son regard passe de mon père à moi pendant quelques secondes puis elle réalise la situation et adopte la même expression que mon père.

Je réprime un soupir d'agacement.

« — Mais où étais-tu passée ! » Commence ma mère en resserrant son peignoir autour d'elle.

Elle est dans le même état que mon père mais elle ne semble pas en tenir rigueur, elle n'a pas l'air énervé mais je pense que cela ne va pas tarder.

Je constate avec horreur que je vais être complètement lessivé pour les cours d'aujourd'hui.

« — Leith a fait tout le trajet, il a payé un billet pour me voir et papa l'a laissé partir sans aucune raison valable. Tu m'étonnes que je sois seule si vous m'empêchez d'avoir une vie sociale ! » M'exclamais-je comme si c'était eux qui étaient en tort.

Mon père se pince l'arrête du nez comme si j'étais une idiote de première et ma mère me dévisage quelques instants.

« — Tu te moques de nous ! » S'exclame mon père en plaquant son poing sur la table ce qui me fait sursauter.

La colère fait partie intégrante de sa voix et elle me glace le sang immédiatement.

J'écarquille les yeux et comprends que j'ai dépassé les bornes.

Je pense qu'il doit se remémorer la dernière fois où j'ai agi comme cela et j'ai fini par le traiter de pédophile.

« — Tu sors dehors sans nous prévenir et tu rentres en plein milieu de la nuit ! C'est comme ça qu'on t'a éduqué ? » Demande ma mère en montrant sa déception.

Je baisse la tête et évite leurs regards.

« — Non. » Marmonnais-je.

Mon père soupire puis prend une gorgée de son café.

« — Tu comptes nous désobéir encore longtemps ? Tu te rends compte que depuis que tu fréquentes cette personne tu enchaines connerie sur connerie ! » S'exclame mon père.

Mon père ne cède pas souvent à la colère, il est plutôt du genre passif quant à ma mère, elle n'arrive pas à se contenir lorsque ce sont les personnes qu'elles aiment qui sont impliquées.

Mais là, c'est une première, il a l'air excédé, comme si j'avais volé un magasin et que j'avais été prise en flagrant délit en train de fumer un joint. Je trouve qu'il exagère un peu.

« — T'en fais des tonnes, je suis sortie dehors voir un ami c'est tout, un ami que tu as foutu à la porte par simple méchanceté. Si tu regardais plus loin que le bout de ton nez tu comprendrais peut-être pourquoi je réagis ainsi. » Lui dis-je en essayant de ne pas me laisser impressionner.

« — Tu es sortie en pleine nuit voir une personne qui a une mauvaise influence sur toi Hailey ! Nuance ! On ne t'oblige pas à rester toujours cloitrer à la maison mais on a des règles que tu dois respecter, pour te protéger pas pour t'embêter et sortir en pleine nuit est tout bonnement interdit, surtout ici ! On ne connait personne et tu sors tellement peu que tu pourrais te perdre tant tu ne connais pas les environs. » Me répond ma mère.

J'essaye de ne pas montrer à quel point ces propos m'ont blessé.

Elle me considère comme une associable, un ermite qui passe son temps dans sa chambre et qui est incapable de se diriger correctement dans une ville alors que cela fait déjà 5 mois qu'on y est.

Je peux comprendre que sortir en pleine nuit est inquiétant, en temps normal je ne l'aurais pas fait mais c'était pour Leith et nous sommes restés dans la voiture.

« — J'avais besoin de le voir, ok ! Je ne sais pas si l'opportunité se représentera à nouveau, et si je suis partie en pleine nuit c'est à cause de papa, s'il ne l'avait pas viré, on serait resté à la maison tranquillement au lieu de devoir errer dans la nuit. » Lui rappelais-je.

« — Il est nocif pour toi ! » Me dit mon père.

Je lève les yeux au ciel.

« — Au contraire, maman me considère comme une associable, et vous m'empêchez d'avoir une quelconque vie sociale, je ne comprends pas. » Soupirais-je en croisant mes bras sur ma poitrine.

« — On ne t'empêche pas de faire quoi que ce soit, on te protège, si on estime qu'il n'est pas bon pour toi alors contente toi de ça. » Me répond ma mère.

Je serre ma mâchoire et essaye de garder mon calme.

« — Pardon ! Vous me protégez ! Leith est loin d'être dangereux, en quoi vous me protégez ! » M'énervais-je.

« — Pourtant c'est à cause de lui que tu nous as supplié de déménager. » Constate mon père d'un air mauvais.

Je le dévisage.

« — N'importe quoi. » Mentais-je avant de quitter la pièce.

J'ignore leur protestation et me dirige directement dans ma chambre avant de m'enfermer.

J'essaye de m'endormir mais je n'arrive pas.

Je ne sais pas combien de temps s'écoule avant que mon téléphone ne vibre.

Je réalise que j'étais en train de dormir mais manque de peu la personne qui m'appelle.

Je constate que c'est Leith et qu'il m'a laissé un message vocal.

Lorsque j'entends sa voix, un sourire se dessine sur mes lèvres, il est le seul à pouvoir égayer mes journées.

Je m'endors à nouveau, le cœur léger, en pensant que Leith valait le coup que je me dispute avec mes parents.

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