CHAPITRE 110
|Point de vue de Hailey|
Je fixe Paris rire avec Perla sans pour autant écouter leur discussion.
Elles ont l'air si heureuses, leurs regards rieurs et leurs sourires sincères devraient me faire sourire et le rire de Perla me faire éclater de rire mais je n'y arrive pas.
Je suis complètement vidée de mes émotions, je ne sais pas où j'en suis.
J'ai juste l'impression que mon corps est présent mais mon esprit s'est fait la malle.
Quand Jane fronce les sourcils en me regardant, je reprends mon jeu d'acteur et lui souris accompagnée d'un clin d'œil pour la rassurer.
Je n'en ai parlé à personne, je ne préfère pas.
Durant le trajet du retour, je suis passée par tous les stades émotionnels possibles et inimaginables.
Je pourrais les énumérer sans aucun problème mais les admettre c'est une autre histoire.
C'est si confus dans ma tête que je ne sais pas si je suis en phase de déni, d'acceptation ou tout simplement perdue.
Pour ne plus y penser j'ai essayé de m'intéresser à l'histoire de Paris, apparemment elle a rencontré un garçon et je suis heureuse pour elle.
En suis-je réduite à me nourrir de la joie des autres pour me construire un semblant de sourire ?
Je suis si perdue que j'arrive à détester et apprécier l'attitude de mes amies au même moment.
Je leur en veux de ne pas réellement s'être aperçue que ce n'était pas la joie de mon côté mais en même temps je n'aurais pas eu la force de supporter des regards inquiets et des questions auxquelles je ne veux pas répondre.
Puis, à force de prétendre que tout va bien, les gens finissent par y croire alors je ne peux pas les blâmer pour ne pas voir l'invisible.
Seule Jane a des doutes mais j'ai préféré lui inventer une histoire à dormir debout, comme quoi Leith m'avait tout expliqué et que ce n'est pas à lui la planche avec ma photo mais au frère de Fred, Chris et que j'avais décidé de couper les plombs avec Leith car je trouvais cela impoli ou quelque chose comme ça.
Le pauvre Chris, je l'ai embarqué dans une nouvelle histoire alors qu'il n'a rien demandé.
« — Je vais à mon casier, je reviens. » Dis-je subitement.
Jane me propose sa compagnie mais je refuse et Perla et Paris hochent la tête sans vraiment écouter, beaucoup trop concentrées par leur propre discussion.
Je me relève, débarrasse mon plateau puis traverse le réfectoire alors que ses paroles me reviennent en mémoire.
Je me sens si minable, si naïve.
De plus, en mentant je deviens comme LUI.
Alors que je pousse la porte pour arriver dans le couloir presque désert, je sens que mes nerfs vont lâcher.
Je ne comprenais pas toutes ses personnes qui pleuraient de chagrin d'amour, mais je n'ai pas perdu que celui qui m'a volé mon cœur mais aussi un ami.
Sa présence m'a apporté beaucoup mais quand il m'a révélé la vérité, j'ai tout perdue.
J'ouvre la porte de mon casier puis pose mon regard sur cette petite boite.
Je ne sais pas pourquoi je l'ai ramené au lycée, j'avais juste besoin de me rappeler de lui.
C'est sûrement le seul souvenir que j'ai de lui et il me manque.
Il aurait su quoi faire dans ses conditions.
Je n'arrive juste pas à croire que tout ce en quoi je croyais s'est juste effondré en une fraction de secondes et à cause de cette même personne qui a su me redonner confiance en moi pour me la voler par la suite.
J'ouvre délicatement la boite et me mords la lèvre pour ne pas me laisser submerger par mes émotions alors que mon regard se pose sur ses petits morceaux de papier blanc.
J'en saisis un et le relis, il n'existe peut-être pas mais ce n'est pas pour autant que je l'oublie.
You.
Je lui aurais tout dit, et je déteste Leith encore plus pour l'avoir créé, il m'a aidé, m'a rendu forte et en même temps je suis vulnérable, dépendant de sa présence, alors qu'il n'existe pas.
C'est pathétique de se dire que je me suis attachée à un être fictif.
J'aurais juste voulu lui envoyer un message et qu'il me réponde, parler avec lui, je déteste tellement Leith pour m'avoir fait espérer qu'un tel être existait.
Juste dire à You qu'il avait raison, on est capable de s'attacher sans connaître physiquement la personne.
Mais pourquoi a-t-il fallu qu'il disparaisse ?
J'ai besoin de lui.
« — Tu fais quoi ? » Me demande soudainement Matthew en surgissant de nulle part.
Je sursaute et referme immédiatement ma boite puis referme mon casier violemment après avoir reposer la boite à l'intérieur.
Matthew me dévisage face à mon geste.
« — Détend-toi on a tous déjà caché de la drogue dans son casier. » Essaye-t-il de plaisanter.
Je lève les yeux au ciel.
« — Ne fais pas le malin, tu veux que je te rappelle ce qui est arrivé quand tu en as pris ? » Lui demandais-je.
Il lève ses mains en l'air en signe de défaite et même si je ne suis pas la personne la plus agréable en ce moment, la présence de Matthew me redonne un peu le moral.
« — Depuis le début de la semaine tu fais une tête d'enterrement, il se passe quoi ? » Me demande-t-il curieux.
« — Rien d'intéressant. Juste le coup de blues du mois. » Lui dis-je en souriant.
« — Oh je vois, la période rouge. » Me répond-il suivi d'un clin d'œil qui ne fait que rendre sa phrase plus embarrassante.
Je grimace en comprenant ce qu'il veut dire.
« — Oh non, pas ça c'est... » Commençais-je mais il ne m'écoute pas.
« — Chut, ne t'en fais pas je ne le dirais à personne. » Me répond-il en me tapotant l'épaule amicalement.
C'est très malaisant, enfin si ce mot existait c'est à peu près ce que je ressens.
« — En fait, si t'as besoin de tampons, j'en ai dans mon casier. » Me chuchote-t-il à l'oreille.
Je le dévisage.
« — C'est une longue histoire, enfin non, mon ancienne copine avait souvent besoin de mettre deux épaisseurs mais elle avait perdu le code de son cadenas donc... »
Je lui couvre sa bouche avec ma main, ne voulant pas en entendre plus.
« — J'apprécie, merci mais ça ne sera pas nécessaire. » Lui dis-je pour mettre un terme à cette discussion.
Mon regard se pose sur Jack et quand il m'aperçoit, il commence à se diriger dans ma direction.
Il s'arrête à côté de moi et Matthew décide de partir à ce moment là, j'apprécie le soutien.
« — Salut ! » Me dit-il en souriant.
C'est un peu étrange de parler seul à seul avec lui mais de toute façon j'étais si obnubilée par Leith que je n'ai jamais pris le temps de m'intéresser à autre chose.
« — Salut » Lui répondais-je en souriant à mon tour.
Je n'avais jamais remarqué son accent, c'est plutôt amusant.
« — Leith nous a expliqué qu'il t'avait dit la vérité. » Commence-t-il.
En réalité, j'avais fait une croix sur Travis, Fred et Jack parce que pour moi c'était eux qui avaient eu l'idée du pari, je ne vois pas qui d'autres auraient pu le faire.
Leith connait pas mal de monde mais il ne se serait pas senti obligé de faire le pari si c'était un simple ami sans importance.
« — C'était l'idée de qui ? Travis ? » Demandais-je.
Il fronce ses sourcils, ne comprenant pas ce que je veux dire.
« — De quoi tu parles ? » Me dit-il confus.
« — Leith ne t'a pas dit de qui est l'idée du pari ? » Ajoute-t-il.
Je secoue la tête négativement.
« — Apparemment la sincérité n'est pas son point fort. » Constatais-je d'un ton amer.
Le Diable en personne décide de faire son apparition.
Il attrape le bras de son ami sans me jeter un regard puis commence à lui parler à voix basse, ne faisant qu'augmenter la rancœur que j'éprouve à son égard.
Le reste du groupe ne tarde pas à arriver et j'aperçois Jane qui est au près de son copain.
Leith pose finalement son regard sur moi et une soudaine chaleur s'empare de moi.
Je déglutis alors que ses yeux me fouille, me détaille et que mon cœur s'accélère.
Il m'a brisé le cœur mais mon cœur est assez naïf pour tomber à nouveau dans ses filets, il fonce tête baissée sur une porte ouverte, tend le bâton pour se faire frapper.
Je ne cache pas ce que je ressens, je lui laisse juste contempler ce qu'il a fait de moi, ce qu'il a provoqué, un dialogue silencieux s'installe entre nous, qui rompra le contact le premier.
Il finit par détourner le regard et alors que je regarde sa silhouette disparaitre au fond du couloir suivi de ses amis, me laissant le cœur battant et les mains moites, j'extirpe mon portable de ma poche.
Le cœur lourd mais le désespoir me guidant, j'envoie ses quatre caractères « You ? » Espérant avoir une réponse.
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