CHAPITRE 108

Je sors de la chambre de Leith, troublée, perdue, je ne sais pas réellement comment décrire mon état émotionnelle mais il est digne d'un ascenseur émotionnelle, je suis passée par toutes les étapes.

Je ne sais plus qui est la personne que j'ai clamée aimé depuis quelques mois maintenant, parce que oui c'est effrayant mais je l'aimais et je ne sais même pas qui est-il.

Jane pose sa main sur mon épaule pour sûrement essayer de me rassurer mais je n'arrive même pas à réaliser que c'est réel.

Ce que j'ai vu dans sa chambre a remis en question tout ce en quoi je croyais.

« — Tu as besoin que je te dépose chez toi ? » Me propose-t-elle.

Je secoue la tête négativement, incapable de prononcer le moindre mot.

Je fais un faible sourire à mon amie qui dévale les marches des escaliers au rythme des battements de mon cœur.

Quand l'air frais de cette soirée me frappe de plein fouet, c'est bien la première fois que j'apprécie le fait d'être glacé sur place.

J'ai bien peur que tout ce qui me ramène à la réalité n'est que souffrance, une bonne claque et je suis de retour.

Je commence à marcher en direction du petit parking où j'ai garé ma voiture quand un véhicule passe devant moi à toute allure et se gare maladroitement devant la maison de Jane.

Quand Leith en sort, j'ai reçois enfin cette claque qui me ramène sur Terre.

Je cligne des yeux à plusieurs reprises et des images de ce que j'ai vu dans sa chambre ainsi que les nombreuses fois où il a agi comme le dernier des imbéciles refait surface dans ma tête.

Je ne perds pas plus de temps, l'adrénaline montant en moi, pour me diriger vers lui.

Il marche d'un air détaché et consulte son portable quand j'avale une grande bouffée d'air pour me donner du courage.

« — Leith ! » L'appelais-je en adoptant un ton qui ne laisse pas beaucoup de place à l'imagination.

J'en ai marre de tourner autour du pot, qu'il me fasse attendre comme une idiote alors qu'il veut simplement se débarrasser de moi.

Mais il m'a blessé, et maintenant je suis plus que confuse et j'ai besoin de réponses.

Il lève brièvement sa tête et quand il aperçoit, il accélère le pas mais je fais de même tout en continuant de l'appeler, libérant la rage et la colère qui m'étranglent depuis quelques temps déjà.

Quand j'arrive à sa hauteur, j'ai le souffle court et j'hésite quelques secondes mais son attitude désinvolte me tape sur les nerfs.

Je lui attrape le bras violemment, il se retourne et me surplombe de toute sa hauteur mais ma colère a atteint un niveau beaucoup trop important pour que je sois impressionnée.

« — Tu veux quoi ! » S'exclame-t-il agacé, comme si j'étais une simple folle furieuse qui le colle.

« — Tu te moques de moi c'est ça ? » Lui demandais-je irritée par son attitude.

« — Qu'est ce que tu veux Hailey ? » Me répète-t-il plus calmement, comprenant que je ne rigole pas.

Il continue d'éviter de poser son regard sur moi et fixe des points derrière-moi sûrement pour me montrer que ma crise est ridicule mais j'attends ce moment depuis si longtemps que ses techniques d'intimidations n'ont aucun effet sur moi.

« — Je peux savoir ce qu'il s'est passé Dimanche, et tous les autres jours qui ont suivis ? » Demandais-je, repoussant ma fierté et ouvrant mon cœur grand ouvert, lui tendant pratiquement le couteau et mon bras pour me faire une saignée.

Je ne peux être plus vulnérable que cela mais j'ai appris qu'il n'y a qu'en me mettant en danger sentimentalement parlant que j'ai des résultats.

Il porte plus d'attention à son portable qu'à moi mais je fais abstraction de ce détail, prenant mon mal en patience.

« — Ecoute, c'était sympa mais c'est du passé, arrête de vivre en arrière. » Me dit-il, ne faisant qu'écrabouiller mon cœur que je lui tends comme une idiote.

Je déglutis.

« — Tu me dois des explications, je mérite au moins cela. » Lui dis-je en croisant les bras sur mon torse pour lui montrer que je ne suis pas prête à lâcher l'affaire.

« — Je ne te dois rien du tout. » Rétorque-t-il en levant les yeux au ciel.

Et voilà le vrai visage de Leith.

« — Tu es en train de me dire que tu me fais la tête parce que je suis partie comme ça Dimanche, c'est ridicule. » Me dit-il en riant.

Ces mots ont l'effet de couteau qu'il me plante en plein poitrine en me regardant droit dans les yeux.

Il tapote sur l'écran de son téléphone alors que j'accuse le coup.

Même son téléphone a le droit à plus de respect que moi.

« — Pourquoi tu as parlé avec tes amis avant de me connaitre ? » Lui demandais-je.

Bon cette question devait sonner plus intelligente mais finalement elle est ridicule et il ne va sûrement pas me louper sur ce coup là.

« — Tu te moques de moi j'espère ? Sérieusement ? Je parle de qui je veux quand je veux, tu ne vas pas faire ta jalouse en sachant que je parlais de toi en plus. » Me dit-il.

« — Je ne parlais pas de jalousie. » Lui répondais-je.

Il lève les yeux au ciel, trouvant mon accusation pathétique.

« — Bien, et ce qu'il y a dans ton armoire, ça n'a pas l'air d'être l'attitude d'une personne qui n'en a rien à faire. » Lui dis-je en arquant un sourcil.

« — De quoi tu parles ? » Me demande-t-il.

« — T'as besoin d'un dessin ou tu préfères que je t'espionne puis colle une photo de toi sur une planche entourée de toute ta vie privée, ou ce n'est pas assez ? » Lui demandais-je

Son sourire satisfait s'évapore peu à peu mais il finit par reprendre de l'assurance.

« — C'était juste un jeu stupide. » Me répond-il.

« — Leith, je veux la vérité, plus vite tu me la diras, plus vite tu seras débarrassée de moi. » Lui dis-je.

Il ne me répond, il considère juste ma proposition, mon état mental ne tenant qu'à un fil.

Il ouvre puis referme à plusieurs reprises sa bouche.

« — Tu es un psychopathe c'est ça ? Tu veux me tuer ? » Lui demandais-je naïvement.

Il ne prend même pas la peine de répondre, me fixant comme si j'étais bête.

« — Tu n'as jamais eu l'intention de devenir mon amie ? » Réessayais-je alors que je le vois hésiter à répondre.

Son regard en dit long et même s'il n'a encore rien dit, je sens déjà le ciel s'abattre sur ma tête pour venir écraser la dernière miette de dignité qu'il me reste.

« — Je... Pas au début. » Me dit-il.

Je sens ma gorge se nouer et ainsi que ma colère s'évaporer, je suis tout simplement blessée et ça fait mal.

Ca fait tellement mal de se dire que la seule personne en qui j'ai reposé tous mes espoirs n'est en fait qu'un imposteur.

Mes yeux s'humidifie alors qu'il continue, il m'avoue tout.

« — C'était un stupide pari où je devais essayer de voir si mon charme pouvait marcher sur des premières, un idiot pensait que j'étais hors jeu mais j'ai voulu lui prouver le contraire et on cherchait dans l'album de Jane puis on t'a trouvé. Et finalement je ne suis pas si hors jeu que cela. » Me dit-il en riant à la fin de sa phrase.

Son sourire ne fait qu'augmenter mon mal-être.

« — Et la planche avec ma photo. » Lui rappelais-je.

Il répond à mes questions sans aucun remord, aucun regret, comme si ce qu'il me disait était normal.

« — Oh, c'était tactique, pour augmenter mes chances de réussites. »

« — Donc je n'étais qu'un vulgaire but et dimanche tu avais fini, tu avais atteint ton but. » Dis-je plus pour moi que pour lui.

Il acquiesce comme si je le félicitais d'avoir réussi.

Je relève doucement mon regard vers lui mais mes larmes m'empêchent de voir clairement son visage.

J'en vois néanmoins assez pour comprendre que la personne en face de moi est un pur mensonge, une ordure de première et je ne pourrais même pas décrire ce que je ressens.

C'est dur de décrire réellement ce que je ressens mais avoir un cœur brisé est un des sentiments les plus ignobles du monde, on y laisse sa fierté, sa dignité et aussi son cœur.

L'amour est un traitre, il te tient en haleine et te laisse imaginer une belle histoire jusqu'au jour où réalité arrive, te place une planche en pleine tronche et que tu tombes à terre, couper dans ta course contre l'amour.

Et le monde parait différent, on a littéralement l'impression d'avoir vécu dans un mensonge perpétuel et réalité fait peut-être mal mais elle permet de rendre la chute moins douloureuse.

Mais putain que ça fait mal quand même.

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