CHAPITRE 106

La dernière sonnerie des cours de cette semaine retentit enfin et je fourre mon 5 sur 20 de mercredi dans mon sac sans manquer de dévisager le professeur en sortant de la salle.

Qui aurait su que le cheval blanc d'Henri IV est blanc !

Bon techniquement c'était une question si simple que mon cerveau n'a pas vu que la réponse était sous mes yeux mais j'ai une trop grande fierté pour admettre que c'était ma faute.

Je consulte mon portable tout en sortant alors que les discussions fusent sur les prochaines soirées, leur week-end mais je n'y fais pas attention.

Quand je relève la tête, je repère immédiatement Leith qui est appuyé contre une rangée de casier et discute avec Travis.

J'ai essayé de repousser ce problème dans le coin dans ma tête mais apparemment dès qu'il est dans les parages, mes yeux se connectent immédiatement à sa silhouette pour mon plus grand malheur.

La plupart du temps il ne me remarque, ou alors il le fait exprès mais l'admettre me fait encore plus mal.

Je recommence petit à petit à me refermer sur moi-même, Paris n'ose pas réellement me demander pourquoi je ne suis pas dans mon assiette mais je préfère cela plutôt que d'avoir à admettre à voix haute les idées et pensées qui traversent mon esprit torturé.

Perla quant à elle le voit mais je l'ai stoppée la première fois qu'elle a mentionné son nom sachant où la discussion allait.

Je ne passe plus trop de temps avec Jane ce qui est un peu égoïste en sachant qu'elle a besoin de ses amis, elle a encore quelques problèmes à digérer le fait d'avoir revu son ancien petit ami, il s'appelle Preston je crois.

J'ai compris que le voir venait d'ouvrir une plaie à peine cicatrisée mais j'ai préféré la laisser plutôt que devoir prendre le risque de croiser Leith.

Jane lui a dit qu'elle avait vu Preston et depuis son frère passe la plupart de son temps auprès de sa sœur.

Je suis une mauvaise amie et j'en ai conscience mais j'ai essayé de l'aider tout en ayant Leith avec mes côtés mais le voir m'ignorer ouvertement était beaucoup trop à supporter en plus des différentes questions qui me brûlaient la langue.

Alors j'ai agi comme une lâche et je suis partie en courant, enfin pas littéralement parlant, j'ai juste passé plus de temps avec Paris et d'un côté ça m'a permis de plus connaître.

Mais j'ai toujours ce sentiment de remords qui me ronge en sachant que j'ai tourné le dos à Jane.

Elle m'avait prévenue que cela n'allait pas bien se passer avec son frère et pourtant j'ai joué avec le feu.

Je pourrais tout simplement aller lui parler mais je n'en ai même pas le courage, son attitude m'a tellement assommée que j'ai tout bonnement l'impression d'être revenu à la case départ.

« — Tu as quelqu'un pour venir te chercher ? » Me demande Perla à mes côtés alors que nous arrivons devant le parking.

Je cligne des yeux pour revenir à la réalité et me tourne vers mon amie qui ne fait aucune remarque alors que c'est sûrement évident que je passe plus de temps dans mes pensées que dans le monde réel.

Quand elle a vu ma note du contrôle de mercredi, son regard en disait long mais j'ai préféré utiliser la carte du lendemain de soirée plutôt que celle du Leith qui s'enfuit sans aucune raison.

« — Oui c'est bon, Nate vient me chercher, il va sûrement être en retard mais c'est pas grave. » Lui répondais-je en souriant.

Je ne comprends pas pourquoi il est à chaque fois en retard, quand il est à la maison il ne fait rien et pourtant il arrive toujours à avoir au moins une dizaine de minutes de retard.

Elle hoche la tête puis fait signe à une personne, je suis son regard pour voir son petit ami qui lui sourit amoureusement.

Je déglutis alors qu'elle rejoint pour l'enlacer puis je finis par dévier mon regard pour reporter mon attention sur quelque chose de plus neutre.

« — A lundi. » Me dit Paris en passant à côté de moi, je lui réponds par un bref hochement de la tête et un sourire alors qu'elle se dirige vers une voiture que je ne connais pas.

Elle s'arrête devant celle-ci et son visage s'illumine quand elle semble apercevoir quelqu'un et ce n'est d'autre que Fred, coïncidence, je ne crois pas.

Pourquoi j'ai l'impression que tout le monde trouve chaussure à son pied en ce moment ?

Des rires qui proviennent de derrière moi attirent mon attention alors que Fred quitte le parking au volant de sa voiture, suivi de Blake et de Perla.

Je me sens soudainement beaucoup plus seule, le bus scolaire vient de passer et les rires derrière moi s'intensifient.

Je pourrais les reconnaitre entre mille.

Il y a d'abord Tracey et je n'ai même pas besoin de me retourner pour savoir qui est avec elle.

Le combo parfait.

Alors qu'ils arrivent à ma hauteur, une voiture arrive à toute vitesse, les vitres baissées et la radio au maximum, je souris en sachant pertinemment qui est ce casseur de silence.

Je m'approche alors que Nate se penche de mon côté et me sourit.

Il ne réduit pas le volume de la musique malgré tous les regards braqués dans sa direction et j'en viens à me demander s'il n'aime pas être le centre d'attention.

Je me glisse à l'intérieur de ma voiture.

J'ai prêté ma voiture à Nate, mes parents ne lui en ont jamais acheté, enfin si, ils lui ont acheté celle que j'ai mais quand il est partie à l'armée il m'a donné sa voiture en guise de cadeau et j'ai décidé de lui prêter du moment qu'il vient me chercher à la fin des cours quand je lui demande.

« — Alors ça va ? » Me demande-t-il alors que je fixe les nombreuses bouteilles de bières à mes pieds.

J'écarquille les yeux et relève ma tête pour le dévisager.

« — Oh c'est quelques boissons, rien d'alarmant ! » S'exclame-t-il en se moquant ouvertement de mon expression faciale.

Je me penche pour réduire le volume de la radio et je peux presque entendre les soupirs de soulagement des lycéens encore présent.

Quand je me tourne vers l'entrée du lycée, je sursaute quand je tombe nez à nez avec Tracey.

Elle me sourit amicalement, accoudé à l'encadrement de ma vitre complètement ouverte.

J'aperçois la silhouette de Leith derrière qui évite tout contact visuel avec ma voiture.

« — C'est ton frère ? » Me demande-t-elle sans aucune discrétion.

Je hoche la tête, un peu surprise qu'elle agisse comme si nous étions de bonnes amies.

Elle me sourit puis se recule.

« — Matthew me doit 50$. » Déclare-t-elle à l'attention de Leith.

« — Pourquoi ? » Demandais-je surprise.

« — Tu sais quand Matthew a eu sa période où il parlait constamment de toi, j'étais tellement agacée qu'on a fait un pari. Il m'a assuré tout savoir à ton sujet et donc si je trouvais ne serait-ce qu'un détail sur toi qu'il ne connait pas alors il m'a promis de me filer 50$. » M'explique-t-elle, heureuse.

Je hoche la tête, n'essayant pas de comprendre le fonctionnement de leur relation.

« — Hailey, il faut qu'on y aille, je dois acheter la nourriture pour sac à puce, le chien. » Me dit-il.

Je le dévisage mais je comprends qu'il cherche un prétexte pour partir.

Je cède et nous quittons le parking, laissant Tracey, la joie incarnée et Leith, la dépression en personne.

« — Pourquoi tu voulais partir absolument ? » Le questionnais-je, curieuse.

« — Tu traines encore avec l'autre ? » Me demande-t-il à son tour.

Je fronce les sourcils.

« — Leith ? » Demandais-je surprise.

Il hoche la tête.

« — Non pas vraiment, surtout en ce moment on est en froid. » Lui expliquais-je.

Il ne me répond pas mais je comprends immédiatement.

« — Maman t'a expliqué ce qu'il s'est passé, c'est ça ? »

Il déglutit et je devine qu'elle lui a fait promettre de ne rien dire.

Je serais même prête à imaginer qu'elle l'a fait venir jusqu'ici pour l'aider à résoudre la « Mission Leith » mais ça m'étonnerait que son supérieur lui ait accordé cela alors qu'il n'a pas pu venir à Noël.

Je pensais que c'était du passé, que l'affaire était classée mais en réalité j'avais faux sur toute la ligne.

Je pensais réellement que la présence de Nate allait effacer toutes les tensions présentent à la maison mais c'est tout le contraire.

Mon portable sonne alors que j'essaye d'avaler ce sentiment de trahison qui me serre la gorge.

Mes yeux se posent sur le prénom de la sœur de Leith qui est affiché sur l'écran de mon téléphone.

Machinalement je décroche et quand sa voix à peine audible me parvient aux oreilles, tous mes sens sont en éveils.

« — Hailey, est ce que je peux te parler ? » Me demande-t-elle.

J'hésite à lui répondre qu'elle est déjà en train de le faire mais elle a l'air si troublé que j'évite d'être hypocrite, elle ne le mérite pas.

« — Oui bien sûr, tu veux me parler d'un truc en particulier ? » Lui demandais-je.

« — J'ai besoin de toi maintenant en fait. Est-ce que tu peux venir à la maison ? »

Je jette un regard vers mon frère qui conduit en direction de la maison.

De toute façon, qu'est ce que j'ai à faire ce soir à part dormir ?

« — Oui j'arrive. » Lui dis-je ce qui attire l'attention de Nate.

Quand il croise mon regard, il comprend ce que je vais lui demander.

« — Je suis pas taxi ! » S'exclame-t-il.

Je réprime un sourire moqueur et le supplie du regard ce qui le fait céder.

« — Je veux 10$. » Me prévient-il alors qu'il fait demi-tour.

Ok, je ne l'ai pas vu venir !

Je soupire sans pour autant accepter sa condition et commence à lui indiquer le chemin à prendre.

« — C'est chez qui ? » Me demande-t-il.

« — Jane, une amie. »

Il hoche la tête et augmente le volume de sa musique.

Quand nous arrivons devant chez elle, je m'apprête à sortir de la voiture mais Nate me stoppe dans mon élan.

« — Hailey, je n'aime pas qu'on me prenne pour un idiot. » Me dit-il d'un ton dur.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas pourquoi il me parle si froidement.

Il me désigne d'un coup de menton, une personne qui se dirige vers la maison de Jane.

Quand je reconnais Leith, je soupire et ferme les yeux.

« — Leith est le frère de Jane. » Lui dis-je en riant.

Il plisse ses yeux et me fixe quelques instants avant de me lâcher le bras.

Je ne perds pas de temps et emprunte le même chemin que Leith il y a quelques secondes.

Elle m'a dit d'entrer sans toquer et même si je ne suis pas vraiment à l'aise avec ce genre de chose je préfère obtempérer plutôt que de sonner.

Pour mon plus grand soulagement, Leith n'est pas dans les parages, je retire donc mes chaussures et grimpe rapidement pour rentrer dans la chambre de Jane.

Elle est vide mais la porte de sa salle de bain est ouverte.

Je retrouve Jane assise dans la baignoire, les jambes repliées contre son torse et ses cheveux lui couvrant son visage.

Quand elle relève sa tête, son visage est crispé mais je peux voir le soulagement dans son regard, et je me sens mal.

Je l'ai laissé tomber et elle a été obligée de venir me chercher pour que je puisse jouer mon rôle d'amie.

Je lui attrape le bras et la relève pour qu'elle sorte puis je l'assois sur son lit.

« — Parle-moi Jane. » L'encourageais-je, devenant de plus en plus inquiète.

Elle renifle et elle parait si faible.

« — Je... Je suis perdue Hailey. » Me dit-elle.

Je m'accroupie devant elle et lui prends ses mains.

« — Depuis que je l'ai vu, je ne pense qu'à lui, je n'arrive pas à l'oublier et puis y'a Travis. » Commence-t-elle.

J'essaye de comprendre ce qu'elle raconte.

« — Je crois que je l'aime encore Hailey. » M'avoue-t-elle en plongeant son regard meurtri dans le mien.

« — Tu aimes encore Preston ? » Lui demandais-je.

Elle hoche doucement sa tête.

« — Pourquoi tu dis ça ? »

« — Je ne pense qu'à lui, l'avoir revu à fait ressurgir des sensations enfouies. Et puis il y a Travis. »

« — Jane, il t'a frappé, il ne mérite pas que tu penses à lui. Qu'est ce qu'a Travis ? » Lui demandais-je.

« — Quand on est sorti du lycée, il m'a offert le collier que sa mère lui a demandé d'offrir à la personne la plus importante à ses yeux. J'ai paniqué, il me l'a offert sûrement parce qu'il voyait que j'étais plus distante mais je ne sais pas quoi faire. Il ne mérite pas ça et je ne sais plus où j'en suis. » Me dit-elle en passant une main dans ses cheveux.

Mes yeux se posent sur le collier qu'elle porte, il est vraiment magnifique.

« — Si tu portes le collier Jane c'est que tu aimes Travis, tu penses encore à Preston parce que le revoir t'a rappelé la violence de votre relation, quelque chose qui te marque à jamais mais ce n'est pas de l'amour que tu ressens pour lui. » Lui dis-je en caressant sa main.

Elle respire irrégulièrement et Leith fait irruption dans sa chambre.

Quand il remarque l'état de sa sœur et ma présence, il devient gêné et quitte immédiatement la pièce.

Je suis dans de beaux draps.

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