CHAPITRE 105

|Point de vue de Hailey|

Je plisse les yeux pour essayer de mieux comprendre les questions du contrôle mais rien ne parait avoir du sens pour moi.

« Quel est la couleur du cheval blanc d'Henri IV »

Je relis la question puis je hausse les épaules avant de sauter à la prochaine question.

Mon mal de crâne ne fait qu'empirer, je n'ai pas beaucoup bu hier mais le fait d'avoir dormi à peine 4 heures n'aide pas. Je suis restée après pour aider Matthew à ranger mais bien vite je me suis retrouvée seule quand Tracey a fait irruption et l'a entrainé dans sa chambre.

J'ai juste allumé la musique au volume maximum en essayant de ne pas imaginer ce qu'il se passait plus haut.

Le quart de la classe a l'air d'être sorti d'une apocalypse, de l'extérieur ça peut paraitre amusant mais quand tu commences à réfléchir plus de 1 minute pour remplir la case nom, prénom, il faut s'inquiéter.

La sonnerie me coupe dans ma réflexion alors que tout le monde essaye de gratter quelques minutes supplémentaires mais le professeur n'est pas de cet avis.

Seul Matthew se lève, confiant puis quitte la salle après avoir rendu sa copie.

Je rêve, il n'a pas intérêt à avoir une bonne note au contrôle sinon il va m'entendre.

Mais bon c'est Matthew de toute façon, quoi qu'il fasse, il est fait pour réussir à l'école.

Je lui lance un regard quand il franchit le pas de la porte et il me sourit, amusé par la situation.

« — Bon dépêchez-vous, ce qui ne me rendent pas leurs copies maintenant ont un zéro. » Nous avertit le prof.

Je lève les yeux au ciel, cette fameuse menace qu'il ne met jamais en exécution.

Je remplis rapidement quelques réponses alors que le professeur se poste au dessus de moi, je déteste quand ils font cela.

Je relève la tête avec un sourire puis lui tends ma copie.

Il la récupère sans me lancer un regard puis refait de même pour l'élève derrière moi.

Quand je sors de la classe, j'aperçois Matthew et Tracey qui se regardent en se chuchotant je ne sais quoi mais je décide d'aller chercher Perla et Jane.

Surtout Jane, puisque depuis qu'elle a vu son ancien petit ami, elle est un peu en panique.

Je consulte mon portable pour voir si elles ne m'ont pas envoyé de message, Perla n'est pas venue pour le contrôle mais elle m'a dit qu'elle viendrait pendant la récréation juste après.

Je me dirige vers la sortie et me faufile entre les personnes pour arriver devant le parking.

J'aperçois Perla et Jane qui discutent en plein milieu de celui-ci.

Je les rejoins rapidement et Jane me fait un sourire gêné alors que Perla parait en pleine forme.

« — Alors le contrôle ? » Me demande Perla curieuse.

« — C'était horrible, tu as raison de ne pas être venu. » Lui dis-je.

« — T'as dormi cette nuit ? » Me demande Jane.

« — Pas vraiment, et toi ça va mieux ? » Lui demandais-je à mon tour soulagée que nos mésententes appartiennent au passé.

« — Je suis un peu encore sur le cul on va dire. Ca m'a fait vraiment bizarre de le revoir. » M'avoue-t-elle.

« — Et vous savez pourquoi il est venu ? » Nous questionne Perla curieuse.

Je hausse les épaules.

« — Matthew ne le connait même pas mais bon il y a sûrement des dizaines d'inconnus qui se sont faufilés hier soir. » Constatais-je.

« — En tout cas il a dû partir parce que je ne l'ai pas revu après. » Conclut Jane alors que nous commençons à marcher en direction de l'entrée du lycée.

« — Tu devrais peut-être en parler à Leith ? » Propose Perla.

Je frissonne à l'entente de ce prénom.

« — Non, je ne vais pas l'embêter avec ça, surtout qu'il le connait à peine. » Refuse Jane.

Les cours s'enchainent et je peux enfin souffler quand je rejoins ma voiture.

J'essaye de chercher quelque chose pour atténuer mon mal de tête, je me baisse pour fouiller dans ma boite à gants et soupire lorsque ma recherche n'aboutit pas.

Une personne frappe contre la fenêtre de la portière passagère et je peux voir Fred qui plisse ses yeux pour essayer de voir à l'intérieur.

J'ouvre la fenêtre et il me sourit quand il m'aperçoit enfin.

« — Tu sais où je peux trouver Paris ? »

Je n'étais même pas au courant qu'ils se connaissaient.

« — Elle prend le bus, je pense que tu peux la rattraper facilement. » Lui dis-je.

Il hoche sa tête et me remercie puis s'apprête à partir au quart de tour mais il se fige pour rentrer à nouveau sa tête à l'intérieur.

« — T'étais à la fête hier ? » Me demande-t-il.

« — Oui j'y étais, vas-y dépêche-toi avant de la louper. » Le poussais-je en riant.

Il hoche sa tête puis recule lorsque je referme la fenêtre et commence à courir en traversant le parking en direction de l'arrêt de bus.

Je souris en voyant ce clown crier le nom de mon amie.

Mais mon sourire s'évanouit quand mes yeux se posent sur Leith et Tracey qui discutent tranquillement fumant une clope qu'ils se partagent.

Je ne comprends vraiment pas son comportement mais quelque chose a l'air de le préoccuper, il fume rarement, comme sa sœur bien sûr son premier reflexe est de m'ignorer alors que je l'ai laissé dormir avec moi.

Pas qu'il me soit redevable, seulement j'avais l'impression qu'il s'était réellement passé quelque chose alors qu'en réalité, c'est sûrement sa routine, dormir dans le lit d'une fille pour l'embrasser et partir en courant comme un voleur.

Je suis un peu rancunière, je ne vais pas vous le cacher.

Ce qu'il s'est passé dimanche me reste en travers de la gorge mais en même temps je n'arrive pas à pas m'inquiéter.

J'aimerai qu'il me parle, qu'il m'explique ce qui ne va pas, et j'en reviens à me demander si ce n'est pas moi qui a fait un faux pas.

Si le baiser, les bières, tout cela n'était pas un test, mais je me dis qu'il n'est pas si tordu pour me faire passer un stupide test.

Je me suis vraiment attachée à lui et je me suis en quelque sorte montrer vulnérable, je l'ai laissé m'atteindre et je sais que cela sera plus dur que jamais pour effacer mes sentiments à son égard.

Je le vois rire avec Tracey, sa partenaire de lit d'autre fois.

Il a néanmoins changé, le Leith qui est là n'est pas celui que j'ai rencontré, il s'est assagi en quelques sortes, il est devenu un peu plus You.

Mon portable qui vibre me sort de mes pensées.

C'est un message de ma mère qui me signale qu'elle est à la sortie du lycée et qu'elle m'attend.

Je lui réponds que je suis dans ma voiture.

Je ne comprends pas pourquoi est-elle là.

Il y a encore quelques tensions entre nous deux et bizarrement lié à un certain Leith mais tout cela est de ma faute et si on oublie son attitude minable de vendredi, il est resté avec moi, il m'a réconforté et c'est un très bon ami.

Mais sa présence me manque énormément aussi malheureusement et je ne pensais pas dépendre autant émotionnellement parlant d'une personne.

Il a fallu que cela tombe sur Lui.

Quelques minutes plus tard, ma mère se pointe devant ma voiture.

Je sors de celle-ci pour aller lui parler, ne comprenant pas la raison de sa présence.

« — Qu'est ce que tu fais là ? » Demandais-je.

« — Je me suis dit qu'on pouvait aller manger ensemble, j'ai pris ma pause du midi plus longue. » Me dit-elle comme si c'était normal.

« — D'accord, je te suis. » Cédais-je en retournant dans mon véhicule.

C'est sûrement sa manière de me dire qu'elle ne supporte plus l'état de notre relation, surtout qu'elle est seule, Nate n'est pas là, mon père est en Floride.

Elle se gare devant un restaurant en plein centre-ville, après avoir trouvé une place je la suis et un serveur nous installe à une table.

Je n'ai pas l'habitude de manger dans un restaurant, surtout seule avec ma mère.

Je relis à plusieurs reprises le menu sans prendre compte du silence plutôt gênant qui s'est installé puis finis par relever la tête quand je juge qu'elle a eu le temps de choisir un plat.

« — Tu as choisi ? » Me demande-t-elle alors qu'elle fait signe au serveur de revenir.

Je hoche la tête et après nos commandes prisent, je peux lire dans son regard qu'elle compte avoir une conversation mère-fille, le genre que je déteste.

Avant je pouvais lui parler de n'importe quoi mais plus je grandis et plus j'ai peur d'être jugé, oui d'être jugé par ma propre mère mais au fil des années ma fierté a pris de plus en plus de place et m'étouffe quasiment.

« — Alors c'était qui ce garçon ? » Me demande-t-elle en souriant.

Je peux voir qu'elle fuit un peu mon regard, elle est sûrement aussi gênée que moi d'aborder des sujets comme cela mais cela me suffit pour lui répondre.

« — Celui qui est venu me voir dans la voiture ? » Lui demandais-je, je ne savais pas qu'elle était déjà là.

« — Oui, il est brun. » Ajoute-t-elle.

« — Oh, c'est Fred, un ami, qui est aussi ami avec Leith. » Lui dis-je sans pouvoir m'empêcher de prononcer le prénom de celui qui torture mon esprit.

« — Tu as beaucoup plus d'amis qu'avant, la dernière fois tu n'avais que Perla. » Constate-t-elle.

Je m'en veux un peu de ne plus me confier autant mais je n'aurais pu lui parler de You par exemple.

« — Oui, c'est grâce à Leith. » Lui dis-je en me mordant la langue après avoir à nouveau dit son nom.

Elle fronce légèrement ses sourcils.

« — Tu ne m'as jamais dit comment tu as rencontré Leith, on entend beaucoup parler de lui mais je ne sais pas d'où vient-il. » Me dit-elle, une pointe de curiosité dans la voix.

Un soupçon d'enthousiasme prend place en sachant que je vais parler de Lui.

« — C'est parti d'un plat de pâtes, il m'avait demandé où était les pâtes et le même jour j'ai fait la connaissance d'une amie à Perla, elle s'appelle Jane et c'est en fait la sœur de Leith donc à force de passer du temps ensemble on a fini par devenir ami. » Lui expliquais-je brièvement en occultant le fait qu'il m'a fait un suçon, et que je l'ai embrassé deux ou trois fois.

« — Je vois, et si tu me parlais un peu de tes amis. » Me propose-t-elle.

« — Oui bien sûr, alors Perla, tu la connais. Ensuite Jane la sœur de Leith. Le meilleur ami de Leith qui s'appelle Travis sort avec Jane. » Commençais-je.

Elle m'écoute attentivement, essayant de suivre parmi la foule de prénom que j'énonce.

« — Ensuite on a Jack, il est écossais, après on a Fred, celui que tu as vu. Ensuite Matthew, tu sais celui qui m'a emmené à la fête de Travis, il est en couple avec Tracey, qui je crois est en sorte la meilleure amie de Leith. Et pour finir Paris, je ne la connais pas depuis longtemps mais elle est sympa. » Concluais-je.

Elle lève ses yeux vers le haut en essayant de comprendre ce que je viens de dire puis pose à nouveau son regard sur moi.

« — Ca fait beaucoup de couple et de personne. » Constate-t-elle alors que nos plats sont déposés sur la table.

Je hoche la tête en lorgnant mon assiette fumante.

« — Et donc tu es la seule avec Perla qui n'a pas de... vous appelez ça copain c'est ça ? » Me demande-t-elle.

Je repose ma fourchette alors que mon estomac se tord.

« — Perla est en couple, oui on appelle ça copain, n'importe. Fred et Jack ne sont pas en couple non plus. » Ajoutais-je.

« — Leith aussi. » Me dit-elle en arquant un sourcil.

« — Leith et moi ne sommes pas en très bon terme en ce moment. » Lui confiais-je en avalant une bouchée de ce met succulent.

« — A cause de ce week-end ? » Me demande-t-elle.

Je hoche la tête sans lui préciser que ce n'est pas à cause de l'incident de samedi soir mais vaut mieux ne pas rentrer dans les détails.

Nous discutons pendant tout le repas et finalement j'apprécie ce genre de moment, j'ai l'impression que le temps est arrêté et cela fait du bien de se débarrasser de certaines choses qui me pesait depuis un petit moment.

Lorsque nous arrivons enfin à la maison, j'aimerais que mon père soit là, il me manque même s'il revient les week-ends ce n'est pas la même chose.

Ce repas m'a permis de réaliser la chance que j'ai d'avoir une famille, peu importe où elle est, j'ai quelque chose gravé à jamais dans mon cœur qu'on ne pourra jamais m'enlever.

Je m'affale sur le canapé et me penche pour allumer la télévision.

« — Qui a bu mes bières ! » S'exclame Nate depuis la cuisine.

« — Elles étaient périmés ! » Mentais-je pour ne pas me prendre une seau d'eau sur la tête.

Je souris face à l'obsession qu'à mon frère pour cette boisson.

Mais je me fige quand je réalise qu'il est là.

Je jette la télécommande et cours jusqu'à la cuisine pour voir sa silhouette élancé penché dans le réfrigérateur.

Je reste bouche bée.

Je me tourne vers ma mère qui me sourit, appuyée contre l'encadrement de la porte.

Quand Nate se tourne vers moi, il me sourit et mon corps se réchauffe, il m'a tellement manqué.

Je me jette sur lui et le sers contre moi.

Il ne sait pas à quel point son métier me fait stresser, j'ai tellement peur qu'un jour ne recevons un appel pour nous dire de préparer l'enterrement de Nate Pears.

Il est là, contre moi en chair et en os.

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