la vie d'Isaac Clément
Certains d'entre vous ne se rappelleront pas de qui je parle et je les comprends. Je ne l'ai que très peu évoqué dans le chapitre précédemment, le seul moment où l'on entend parler de lui est lorsqu'Anne s'intéresse à la couverture de magazine que lit Lucius Malefoy où l'on apprend qu'il a été arrêté pour la deuxième fois pour s'être échappé de prison.
Si certains d'entre vous y verront un simple détail sans importance, ce que je suis obligée de reconnaître, il a tout de même un rôle. Dans une histoire, chaque élément apporte quelque chose. L'évocation d'Isaac Clément dans la vie d'Anne Niffleur.
Pourtant, vous ne connaissez rien à sa vie, alors que ses crimes ne peuvent vous laisser de marbre. Je vais vous raconter sa terrible histoire grâce à toutes les recherches que j'ai mené, celle qui parviendra à tous vous toucher quelque part au fond de votre cœur.
Votre narratrice préférée :)
UneBestSister : La narratrice ne l'a pas dit, elle ne pouvait pas le savoir, mais je tiens également à ajouter que cette histoire provient d'un jeu à la base et que certains mini aspects ont été totalement inventés.
Isaac Clément avait une vie totalement ordinaire. Trop ordinaire peut-être, me direz-vous. Iel était né.e à Paris, en France, d'un père trop peu présent (sur qui je n'ai pas trouvé énormément d'informations) et d'une mère, Lana Andre. A sa naissance celle-ci avait trente-cinq ans, son père en avait vingt-huit de plus.
J'ignore ce qui a poussé les parents d'Isaac à se mettre ensemble mais il était certain qu'ils n'éprouvaient rien l'un pour l'autre depuis longtemps. Nous pouvons supposer une union arrangée par les familles ou, suite à un rapport sexuel qu'ils ont eu, ils ont été forcés de se marier afin de respecter les mœurs familiales. Nous ne savons même pas s'ils ont été réellement mariés, je ne fais là que des suppositions.
A peine quelques années après la naissance d'Isaac, ses deux petites sœurs Lyna puis Michelle ont vu le jour. Iel était sage à cette époque, gentil.le avec sa famille, ne faisait quasiment aucune bêtise (mis à part la fois où iel reconnaît avoir redonné.e la liberté à Achilles son chien).
Sa mère avait toujours été présente pour lui mais son père avait été plus distant. Mr Clément ignorait son enfant et quittait de plus en plus la maison. Isaac souffrait de l'absence de son géniteur. Ils quittèrent la France pour s'installer au Canada la même année.
Iel entra à l'école primaire. Iel était apprécié.e de tous, ses notes étaient bonnes, on lui suggérait des tas de métiers d'avenir. Ce fut lorsqu'iel s'inscrit à la chorale et à l'option théâtre qu'iel découvrit sa véritable passion : le chant.
Iel voulait devenir chanteur.euse, tout le monde l'en dissuadait. Son père, ses camarades, ses professeurs, ses deux amies. Seule sa mère continuait de le.a convaincre de poursuivre son rêve. Mais les remarques des autres lui résonnaient en tête. Chaque soir à la maison, chaque jour à l'école. Le soir, seul.e dans son lit, iel chantait en regardant la nuit.
Son père décéda l'année suivante. On se rendit à l'enterrement. Isaac était triste de ne pas avoir pu profiter de lui, de leurs moments ensemble mais ses absences habituelles lui permettaient de se dire que Mr Clément reviendrait un jour. Iel attendait, continuait de chanter, de travailler et d'encaisser les remarques sur son avenir.
Aux équivalences du collège et du lycée au Canada , iel garda contact avec ses deux amies, surtout avec une qui devint sa meilleure amie. Iel continua le chant et abandonna le théâtre. Pourtant, les remarques désobligeantes de ses professeurs n'avaient pas changé.
"Chanteur ? Toi ? Avec tes résultats ? Tu devrais viser plus haut !"
En plus de le.a mégenrer, ils se moquaient. En effet, Isaac était non-binaire et iel le savait l'affirmait depuis l'école primaire. Celui lui avait valu de nombreuses critiques de tout le monde. Mais iel les ignorait.
Son professeur d'anglais lui en faisait le plus, des remarques, persuadé qu'Isaac pourrait facilement faire une faculté d'anglais après les examens finaux. Iel se souvint parfaitement du regard de son professeur lorsqu'iel lui annonça qu'iel chanterait. Isaac lut dans son regard qu'il ne le lâcherait pas. Iel n'avait pas d'autre solution, iel voulait juste qu'on le.a laisse tranquille.
Le lendemain, Isaac revint au collège avec du poison dans son sac.
Personne ne le.a suspecta de la mort de son professeur, on organisa une cérémonie à laquelle iel se rendit. Iel se souvint vaguement du regard troublé et baignant de larmes de ses camarades. Ellui ne comprenait pas leur tristesse.
Puis tout le monde oublia le professeur d'anglais et tout recommença comme avant.
"Chanteur ? Toi ? Avec tes résultats ? Tu devrais viser plus haut !"
Isaac rencontra un garçon de son âge qu'iel fréquenta. Iel l'aimait, sûrement plus qu'ellui, mais iel s'en fichait. Iel allait mieux mais ce fut de courte durée.
La pression sociale lui était insupportable et, sans en être vraiment conscient.e, iel tua deux autres de ses professeurs. Le même schéma se répéta. Iel prenait de plus en plus de distance avec sa famille, ses amies, son copain. Si seulement on pouvait le.a comprendre.
Un camarade de classe le.a insulta. " De sale pédé ! D'anomalie ! De merde ! Il ne réussirait jamais à devenir chanteur". Ce fut la goutte de trop. Isaac tenta de l'étrangler mais il se libéra et appela la police.
Tout se passa si vite. Iel subit un procès et fut reconnu coupable de la tentative de meurtre d'un adolescent. Il ne leur fallut pas longtemps pour comprendre l'origine de la mort des trois professeurs. Isaac ne disait rien, le scénario se répétait dans sa tête. Tic tac tic tac.
Sa mère fut la seule à le.a défendre mais la sentence tomba. Trente-trois ans de prison pour Isaac Clément. Iel ne protesta pas, iel comprenait enfin. Iel aurait dû entrer dans le système, dans ce qu'on voulait de lui.
Iel voulait juste chanter et vivre heureux.euse. Iel pourrirait en prison et mettrait une croix sur son avenir. Iel ne pourra jamais passer d'examens et travailler.
Les meurtres qu'iel avait commis tournait dans sa tête depuis son premier jour en prison. Le temps était long, très long. Iel revit les regards d'horreur de ses victimes, de ses camarades. Si iel avait suivi le chemin qu'on lui avait tracé, iel ne serait pas là.
Iel pleurait beaucoup, passait son temps à l'infirmerie. Iel essaya de soudoyer les gardes plusieurs fois, de s'échapper mais iel fut pris.e la main dans le sac. Iel se prit des années de prison en plus.
On lui envoyait des lettres. Sa mère seule lui en envoyait. Ses sœurs ne lui répondaient pas. Elles devaient avoir honte.
Un jour, son petit-ami lui annonça qu'il le.a quittait. Il ne voulait pas l'attendre après trente ans de prison. Isaac savait qu'il avait honte de sortir avec un meutrier.
Parmi les lettres de sa mère le rassurant, iel trouva celle de sa meilleure amie. Elle mettait fin à leur amitié. Son monde s'effondra. Ses sœurs, amies, famille ne lui répondaient pas. Iel les perdait peu à peu. Sauf sa mère qui continuait toujours de lui écrire.
Au bout d'un certain temps, iel parvint à s'échapper une première fois. Iel se trouva un petit travail et rencontra un certain Jack. Ils s'aimèrent. Peu de temps après, la police canadienne l'arrêta et iel reprit de la prison.
Ses années en prison lui avaient paru longues. Jack venait le.a voir tous les ans, et même plusieurs fois à certains moments. Il avait continué à l'aimer, malgré tout. Isaac lui en serait à jamais reconnaissant.e .
Vingt ans passèrent. Iel était un prisonnier exemplaire. Malgré quelques tentatives de corruption et la création d'émeutes. Sa mère et Jack continuaient de lui envoyer des lettres. Ses sœurs de temps en temps. Son amie ne lui répondait toujours pas. Tous avaient construit une vie de famille stable mais ellui restait là, à chanter tous les soirs dans sa cellule (ce qui avait, apparemment, le don d'énerver les autres prisonniers).
J'ai recueilli le témoignage d'un des gardes. Il m'a confiée que les chants d'Isaac étaient d'une beauté sans pareille, qu'ils témoignaient de ses regrets, de sa tristesse, et de son amour pour Jack et sa mère Lana, les seuls l'ayant réellement soutenu malgré ce qu'iel avait fait.
La nouvelle lui était apparu comme un choc. Un gardien était venu le.a trouver dans sa cellule pour lui apprendre le décès de Jack, quarante-six ans dans un séisme. Il s'était pris des débris d'habitations sur le crâne. Il était mort sur le coup. Isaac avait quarante-neuf ans quand la mort revint dans sa vie soudainement. Iel comprenait enfin ce qu'iel avait commis.
La nouvelle, lorsqu'elle atteignit le cerveau d'Isaac, le.a percuta comme si iel venait de chuter d'une falaise avant de sombrer dans un océan froid, glacial, impitoyable. Jack, l'homme qu'iel avait aimé durant plus de vingt ans, et réciproquement. Celui qui était venu à chaque fois le.a voir dans sa cellule et qui n'avait jamais cessé d'attendre sa sortie de prison. Maintenant il n'était plus là.
On racontait qu'Isaac avait passé trois jours sans boire, manger, dormir à chanter pour Jack. Les gardiens avaient reconnu que c'était le plus bel hommage qu'ils avaient vu et ils ne parvenaient pas à comprendre comment cet homme avait pu commettre trois meurtres. Ellui-même ne savait pas.
Il réussit une deuxième évasion, au nom de Jack, et réussit à se reconstruire une vie instable, cachée. Sa mère l'avait aidé.e, c'était bien la seule. Depuis la disparition de Jack, elle était la seule personne importante à ses yeux.
Puis un jour, une femme se fit agressée dans la rue, devant les yeux d'Isaac. Iel appela la police mais iel restait conscient.e qu'iel retournerait en prison. Cela lui était complétement égal à présent. Son retour en prison avait été très médiatisé partout, même chez les sorciers. C'est pour cela qu'Anne Niffleur avait vu l'article sur le journal de Lucius.
On l'arrêta et Isaac ne chercha même pas à se défendre. Iel accepta son destin. Iel reprit neuf ans de prison. Iel ne tenta plus rien pour s'échapper, corrompre. Iel chantait juste et attendait patiemment. Sa mère croyait en son innocence et l'aidait à garder le courage qu'iel avait perdu. Tout s'arrangerait.
Le décès de Lana Andre fut appris à Isaac un matin. Elle était morte naturellement à quatre-vingt dix ans, iel en avait cinquante-cinq. On raconte qu'elle avait tout fait pour rester en vie pour voir son enfant quitter la prison mais que la mort l'avait rattrapée.
Isaac lui rendit le même hommage que pour Jack. Les gardiens s'inquiètaient pour sa santé sans savoir qu'iel attendait la mort avec envie. Retrouver Jack et Lana, sa mère était ce qu'il souhaitait le plus. Iel songeait encore aux visages de ses professeurs avant de mourir. Iel avait pensé tous les jours à eux, il lui arrivait de chanter pour eux.
Iel fut libéré.e au bout de sept ans sur neuf. Iel ne pouvait plus travailler, iel continua donc à chanter afin d'honorer la mémoire de Jack et Lana.
Lyna, sa sœur, prenait régulièrement de ses nouvelles et passait beaucoup de temps avec ellui. Michelle, elle, ne lui parlait plus. Son amie restait distance mais ils faisaient des sorties de temps en temps. Iel aimait ces personnes même si iel savait que c'était plus au moins réciproque mais rien ne pourrait remplacer celui qu'iel éprouvait pour sa mère et Jack.
Iel partit en vacances à Edimbourg. La mélancolie de cette ville lui permettrait de passer ses dernières années dans un endroit loin de tout avant de retourner au Canada. Dans un café, il se mit à chanter inconsciemment sur tout. Les meurtres, la prison, Lana et Jack.
Trois jeunes femmes s'approchèrent.
Anne le reconnut. Elle avait vu son visage plus jeune dans le journal à Paris. Tess et Olive écoutaient silencieusement sa voix. Elles pleurèrent inconsciemment. Même le plus meurtrier des hommes pouvait avoir l'âme la plus pure du monde.
Iel leur raconta tout, dans ses chansons, sans le savoir. Elles écoutèrent tout. Leur voyage à Edimbourg entre amies les avait surprise plus d'une fois, celle-là étant la plus spéciale de toute.
Isaac avait les traits marqués par la vie, les regrets, la mort, la tristesse. Son chant le témoignait. Anne, Olive et Tess ne pouvaient oublier les horreurs qu'avaient faites cet homme. Isaac Clément, meurtrier. Mais comme tous les criminels du monde, il y avait des traumatismes indétectables que l'on ne pouvait voir. Cet homme en avait, et iel n'en avait jamais parlé à personne.
La dernière vision que les trois jeunes femmes eurent fut le départ du vieil homme qui continuait de chanter doucement en murmurant les noms de Lana et de Jack. Cette chanson, jamais elles ne l'oublieraient.
Iel rentra au Canada. Ses sœurs et son amie moururent. Malgré tout, iel se rendit à leurs enterrements. Il finit par s'éteindre paisiblement de vieillesse à quatre-vingt quinze ans, après une vie de quarante-quatre années de prison, des morts sur la conscience qui l'empêchaient de réaliser ses rêves, des chansons qui résonnaient encore dans sa tombe et la pensée de Jack et Lana qui toujours continuaient de le hanter.
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