Epilogue 2/2



Alex me tira dans un couloir au sol carrelé. Marchant dans le couloir silencieux du tribunal, je sentais l'atmosphère solennelle nous entourant. Les murs austères et les portes massives reflétaient l'importance des décisions à venir, dont la très potentielle peine de mort qu'encourait Johnson.

Au fur et à mesure que l'on se rapprochait de la salle d'audience, l'air semblait s'alourdir autour de nous. Le couloir était silencieux, malgré les personnes se promenant autour de nous et il y avait quelque chose d'oppressant dans cette atmosphère. Les murs délavés paraissaient refléter les vies misérables qui avaient été détruites ou rétablies ici.

En franchissant la porte de la salle d'audience, je fus frappée par le décor imposant. Les boiseries sombres et les bancs durs pour le public témoignaient de l'importance des événements qui se déroulaient ici. Le podium, trônant au centre, était le lieu où les destins étaient scellés.

Les regards tendus des avocats, des juges et des familles reflétaient l'attente anxieuse qui régnait dans la pièce. Le silence était assourdissant, comme si chacun retenait son souffle en attendant le dénouement.

En dépit de l'ambiance solennelle, je ressentis une détermination profonde en moi. C'était ici, dans cette salle, que je me battrai pour la vérité, pour la justice envers ceux qui avaient subi à cause de Paolo. Le décor austère semblait intimidant, mais il ne ferait pas vaciller ma détermination à rendre justice notamment et surtout à Jane. Je ne voulais pas qu'on l'oublie. Je voulais que tout le monde sache. Je voulais qu'il paie pour le mal qu'il avait fait. Je voulais que les blessures d'Ace puissent enfin se refermer...

Chaque fois que je croisais le regard de ceux qui souffraient, je ressentais leur détresse comme si c'était la mienne. Leurs visages marqués par la peine me hantaient et je ne pouvais m'empêcher de me demander pourquoi tant d'injustice pouvait frapper des personnes si innocentes.

Leur peine me laissait un goût amer dans la bouche. La vie pouvait être si cruelle, si injuste, et je me demandais si le bonheur était réservé à quelques privilégiés, laissant les autres se débattre dans leur quête de bonheur et de justice.

Je refusais cependant de me laisser submerger par le désespoir. Nous allions gagner.

Matthew se leva et se précipita vers nous avant d'être rapidement suivi de près par Ace.

- Je vous ai pris des cafés, nous attendons les juges

Ace me tendit un petit gobelet, que je serrai afin de réchauffer mes mains.

- Merci, dit timidement Alex

Je savais qu'elle était encore un peu mal à l'aise par cette toute nouvelle réconciliation. Je vis Matt se rapprocher d'elle, discrètement, mais sans dire un mot. L'angoisse monta alors, me faisant quitter mes analyses comportementales, et comme si Ace l'avait senti, il m'attira à lui, et me guida jusqu'à leur place. Je m'assis entre Ace et Michael qui n'avait pas bougé à notre arrivée. Alex s'assit, elle, entre son frère et Matthew.

Je regardais doucement Michael. Il était pâle. Il n'avait même pas l'air de respirer. Matthew, lui était silencieux et je pouvais voir des larmes perler au bord des yeux maquillés de celle qui devenait de plus en plus ma meilleure amie. Une vague de tristesse m'envahit. J'avais la boule au ventre. On disait qu'on refaisait le monde avec des " si ", mais... et si l'on échouait.

Scotten me prit la main. Une partie de la pression s'en alla alors. Je me sentais un peu plus légère. Comme s'il réussissait à tout régler, rien que d'un toucher.

- C'est un macchiato. Le médecin m'a dit que tu devais limiter ta consommation de café pour les prochains neuf mois, alors j'ai demandé qu'ils te fassent un macchiato.

Je lui chuchotais un remerciement avec un sourire, charmée par cette attention. Je pouvais presque me sentir rougir. Je portais le gobelet à mes lèvres, et savourai doucement la boisson. Il me fit un clin d'œil avant de se lever. Je l'imitais en voyant qu'il n'était pas le seul.

Toutes les personnalités importantes firent leur entrée :

Ce fut d'abord Johnson qui se montra, accompagné de deux paires de policiers, dont l'une était une femme. Par la suite, ce fut au tour de l'avocat de la partie plaignante, qui aujourd'hui n'allait pas avoir son mot à dire puisque leur phase durant laquelle ils pouvaient témoigner. Aujourd'hui c'était à nous. Puis, nous aurions le verdict. Après l'avocat de la partie plaignante, ce fut à notre avocat, Spencer, d'apparaître. Seul...

Finalement, ce furent les experts, puis les greffiers et enfin la juge qui vinrent.

L'on finit par tous se rasseoir et je sentis tous les corps autour de moi se tendre... C'était difficile. Difficile à expérimenter. Mais, il fallait passer par là.

Le temps me sembla être long. Entre les sanglots, les soupirs et les départ précipités de la pièce, j'étais lessivée. Je fus finalement appelée à la barre. Je sentis un encouragement collectif me pousser face à la juge. Je ne lui souris pas. Je ne voulais pas l'amadouer, je voulais qu'elle lise la douleur de ma victime à travers mes mots.

- Présentez-vous madame

J'inspirais alors et reculai afin d'avoir tous les membres de la cour devant moi. Je les regardais un à un avant de déglutir.

- Aujourd'hui, je viens en tant que remplaçante de l'une des victimes de Monsieur Paolo Johnson - ci présent

Je ne le regardais même pas. Je ne faisais qu'être un robot, obéissant aux consignes de Spencer qui lui aussi me regardais.

- Veuillez lever la main droite. Vous affirmez solennellement que les déclarations que vous allez faire devant ce tribunal seront la vérité, toute la vérité et rien que la vérité partant du simple point de vue de la victime que vous représentez. Jurez-vous de dire la vérité ?

Je levai alors la main droite.

- Oui... Je jure de dire la vérité...

La salle se tut... Je ne sortais plus un seul son de ma bouche... J'expirais doucement, voyant la juge se questionner

- Je jure de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité

Cette fois-ci, je souris, heureuse d'avoir réussi à surpasser mon stress

Elle hocha la tête avant de me dire d'y aller.

- La victime, voulant conserver son anonymat, veut se faire appeler Gabriela.

Tout le monde hocha la tête, mon cœur se lança alors à un battement extrêmement rapide.

- Je vous soumets aujourd'hui une affaire m'ayant personnellement touchée et concernant l'accusation de viol contre l'accusé, Paolo Johnson, qui était autrefois coach de plusieurs adolescentes, dont moi-même et ma défunte amie Jane... Les parties principales de ce procès sont Ace, frère de Jane, ainsi que moi-même, Gabriela, tandis que les témoins secondaires comprennent Michael, partenaire de Jane à l'époque, Matt et Alex, amies de la victime.Je me présente en tant que victime, et c'est à travers mon point de vue à la première personne que je vais vous narrer cette histoire douloureuse qui a conduit au drame du suicide de mon amie Jane et à celui qui me conduit aujourd'hui à recourir, à la suite de mes traumatismes, au suicide assisté.À cette époque-là, Paolo Johnson était notre coach, un homme en qui nous avions confiance pour nous guider dans notre parcours sportif et personnel. Cependant, nous ignorions qu'il avait en fait d'autres intentions qui se cachaient derrière sa façade charismatique de coach bienveillant et proche de ses élèves.

Je marquais une pause. Regardant les stylos s'agiter devant moi. Je sentis Johnson irradier d'une sorte de contrariété. Pour la première fois, j'osais le regarder. Je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir profondément dérangée en sa présence. Il se complaisait dans le jeu de la manipulation, cherchant à obtenir ce qu'il voulait sans se soucier des conséquences pour les autres. Son manque d'empathie et son égoïsme m'indignaient, et je ne pouvais pas supporter l'idée d'être aussi proche d'un tel humain.

- Au fil du temps, Paolo a abusé de son pouvoir et de son influence sur nous, les adolescentes qu'il encadrait. Il nous a manipulées, gagnant notre confiance avant de franchir les limites inacceptables en nous demandant des faveurs spéciales en dehors des entraînements. J'ai moi-même été victime de ses actes ignobles, mais j'ai gardé le silence, submergée par la peur et la honte, mais aussi l'angoisse du rejet des autres et du renvoi de l'équipe.

Cependant, un jour, j'ai découvert que mon amie, Jane, avait également été victime de Paolo. Dévastée par ce qu'elle avait vécu, Jane s'est débattue, mais elle n'a pas pu supporter le poids de ce terrible secret. Le fardeau était trop lourd à porter, et elle a finalement choisi de mettre fin à ses jours, ne supportant plus les conséquences dévastatrices des actes de Paolo.Son décès a brisé notre cœur et nous a conduits à briser le silence. Ensemble, nous avons rassemblé le courage de confronter Paolo et de révéler ses actions criminelles aux autorités compétentes.

Au cours de l'enquête, d'autres jeunes filles ont également témoigné contre Paolo, confirmant qu'elles avaient également été victimes de ses abus inhumains. Les preuves accumulées ne laissent aucun doute à la culpabilité de l'accusé !

Aujourd'hui, nous cherchons justice pour les traumatismes que nous avons subis, ainsi que pour la mémoire de notre amie, dont la vie a été détruite à cause de ces événements traumatisants.Nous demandons que la cour prenne en considération les faits établis et les témoignages présentés lors de ce procès, et qu'elle prononce une peine appropriée pour Paolo Johnson, afin de garantir que justice soit rendue en notre nom et au nom de toutes les adolescentes qui ont été victimes de ses actes criminels.

- Bien

Elle inspira profondément. Je vis Paolo s'agiter, essayant de contester, je ne sais quoi, mais son avocat lui conseilla d'une tape sage, que ce n'était pas dans son intérêt. J'étais troublée, je me mordis la lèvre, craignant la femme en face de moi.

- Quant à vous... Quelles ont été les dommages que vous avez subis ?

Je souris, calme :

- Vous avez tout sous vos yeux dans le dossier que notre avocat vous a soumis... Mais, si je devais rentrer dans les détails... Je dirais que... J'ai vécu avec lui une série de viols, durant lesquels, j'ai été roué de coup qui ont conduit à plusieurs commotions. Si on devait compter les blessures physiques visibles... J'ai, lors d'un de ces viols, perdu l'un de mes tétons, mais, j'ai aussi eu un violent choc, dans la zone de l'arrière de mon crâne, qui m'a instantanément fait perdre une forte quantité de sang et qui m'a conduite à subir plusieurs interventions qui à terme ont touché mon cuir chevelu. Toutes les photos sont sous vos yeux, avec les rapports médicaux

J'essayai de contenir mon émotion, parce que je savais que je n'avais pas fini. J'étais au bord des larmes...

- Depuis je vis avec les cauchemars et les traumatismes... J'ai déjà fait plusieurs tentatives de suicide. J'aimerais vraiment que vous vous rendiez compte. J'ai perdu une grande partie de ma dignité. J'ai été humilié, j'ai été blessé et j'ai perdu toute ma fierté féminine quand j'ai perdu ce que mon corps avait encore pour lui. Maintenant, je ne nage plus... Je ne fais qu'attendre

- MENSONGE !!

Paolo se leva en hurlant, faisant tomber sa chaise derrière - lui. Tous les gardes se précipitèrent vers lui et son avocat sembla le supplier de la fermer.

- Du calme, s'énerva la juge

- Je n'ai plus rien pour moi...

- Je suis sincèrement désolée pour vous

Elle me dit cela, en me fixant, d'un air trouble, en agitant compulsivement la tête.

- Vous avez parlé du fait que vous ne faisiez qu'attendre ?

- Je ne fais qu'attendre la mort, madame... Je ne serai plus là dans quelques mois...

Johnson lutta de nouveau et hurla en se débattant :

- Je me souviens de cette vie que j'ai ôtée... Le jour de son suicide, je m'en revenais pas, madame la juge, dit-il d'une voix tremblotante, soyez clémente... Je demande pardon à tout le monde. Il tenta de m'approcher, mais Spencer me poussa à me rasseoir

La juge ne contesta pas le geste de Spencer qui ne lui avait pas demandé la permission. Personne ne se préoccupait de Johnson et c'était tant mieux comme ça. La juge s'arma de son maillet et frappa sur son petit bloc en bois juste devant lui.

Une demi-heure plus tard :

Je poussais un soupir de soulagement : enfin. J'étais heureuse que tout ceci soit terminé. Elle remercia tout le monde, y compris Johnson sans même le regarder et s'en alla se rasseoir. Je commençais à jubiler en le regardant, lui qui me tournait le dos, assis, là-devant, et qui était devant toute cette audience d'ancienne victime. Ça devait être leurs présences qui avaient joué : la pression. Et puis même, que ce soit cela ou non, ce n'était pas mon problème. Je voulais juste savoir ce qu'il écoperait et c'était triste à dire, mais je priais le verdict le plus dur, et étrangement mes prières furent exaucées quand la juge commença d'un air calme :

- Monsieur Paolo Johnson ici présent, accusé d'abus d'autorité sur mineurs dans le cadre de sa profession, de harcèlement, d'homicides volontaires dans le cadre d'activités illégales, de coups et blessures prémédités, de viol sur mineures, perpétrés à de multiples reprises, ainsi que d'atteinte à l'intégrité humaine, levez-vous

Paolo se leva. Je jubilais de le voir dans cet état. Je pris la main d'Ace et la serrai dans la mienne.

- Au vu des accusations allant à votre encontre... Et du contexte actuel ne pouvant vous rendre service, la cour vous condamne donc... à la peine capitale

La femme, remplie de charisme, frappa trois fois sur son bloc. C'était fini... Nous avions gagné. Tout cela me semblait iréel. On se regarda tous les trois. Alex fondit en larmes et embrassa son frère et ex-copain de sa meilleure amie. Je souris à Ace qui avait l'air de ne pas réaliser ce qu'il se passait.
Nous avions battu Johnson. Le verdict était donc bel et bien tombé. Nous avions réussi haut la main.

Je souris à notre avocat, Spencer.

IL. ALLAIT. MOURIR.

Un sursaut emplie toute la pièce. Tout le monde sauta de joie. Toutes les victimes autour de nous éclatèrent en sanglots, certains juraient. Chacun s'embrassa...

C'était donc ça que ça faisait... Le bon goût de la victoire. J'étais aux anges. Je me tournais vers Michael et Matt qui m'embrassèrent tous deux. Alex me serra aussi dans ses bras, le visage inondé de larme. J'avais des frissons sur chaque parcelle de ma peau. Je me tournai vers Ace. Il baissa lentement son regard sur moi, avant de laisser échapper sa peine. Ses épaules chutèrent, ses sourcils semblèrent enfin plus légers.

- Ça va ?

Je le fixai, en plein désarroi, mais avant que je ne puisse pousser mes réflexions, mes pieds quittèrent le sol. Il me fit tournoyer autour de lui.

- Bordel de merde !! ON A RÉUSSI

J'explosai de joie avec lui... Nous avions bien vengé sa sœur. Hudson était mort, que pouvait-il nous arriver de mieux ? J'avais le sourire jusqu'aux oreilles. Spencer se joint à nous à l'instant où je retouchais le sol, et Ace le gratifia d'un hochement de tête fier. Je souriais, même intérieurement... Nous avions réussi à mener ce combat que ses parents avaient refusé de mener pour elle.

Les larmes me montèrent alors. Je l'imaginais de là où elle était, heureuse d'avoir enfin son nom, retrouvant sa dignité perdus et éloigné de tous mensonges.

Un peu plus tard :

J'étais avec Ace. Nous avions fini de profiter des premiers moments de fête en l'honneur de ce procès remporté avec tous les autres. Il se faisait à présent très tard et je commençais vraiment à fatiguer, mais heureusement Matt, Alex et Michael avaient su partir à temps.

Je dépliai le courrier que nous avions reçu... J'avais été claire. Je ne comptais pas vouloir savoir le sexe sans savoir de qui était l'enfant qui grandissait à moi.

Je déroulais le long papier.

À chaque instant de ma vie, j'avais été craintive. J'avais tout fait pour rester éloignée de ce genre de situation...

Je fermais les yeux, sincèrement apeurée. Ace était comme moi. Il parlait peu, mais m'observait. Sur ce papier, sur ce papier, reposait, soit mon futur bonheur... Soit le début d'une longue descente aux enfers. Je voulais très clairement que les fois durant lesquelles je n'avais pas fait attention avec Ace, se révèle à l'origine de tout... ceci. Mais comment en être sûre sans test de paternité, surtout en tenant compte de mes dernières aventures avec ce malade.

J'avais la bouche pâteuse quand je finis par oser poser mes yeux s-

- Ace...

Il leva la tête vers moi, sa mâchoire contractée. Je n'osais pas le regarder. Je n'osais rien faire. J'étais tétanisée.

Je lisais une fois de plus, me sentant rempli d'un sentiment effrayant et perturbant :

- Tu es le père !

J'explosais de joie. Je m'attendais à tout, sauf à ça. J'avais eu énormément de chance. Une vague d'émotion me submergea, et mon cœur a bondi de joie. C'était comme si le monde s'était arrêté pour un instant, laissant place à un tourbillon d'enthousiasme et de bonheur. Je dus relire le résultat plusieurs fois pour m'assurer que je ne rêvais pas. Mais, chaque fois, les chiffres ne bougeait pas, ils étaient toujours là, confirmant que la suite allait être radieuse. Ace m'embrassa à pleine bouche, sur le lit, écrasant de tout le poids de ses muscles, le reste des papiers.

Ce soir-là, on fit l'amour, on baisa, on gémit, on hurla, savourant nos victoires respectives. Ce n'est que plus tard que l'on finit par découvrir ce que révélait le reste des feuilles. L'une d'elles me fit, au début, paniquer... Je vis qu'il y avait d'ailleurs une note que j'avais finie par lire avec Ace qui me confia être au courant de tout. La réaction d'Alex un peu plus tôt dans la journée, lors de mon échographie, était légitime. Elle avait vu que je n'attendais, non pas un, mais deux enfants. Le mot d'Ava expliquait le petit cliché sur lequel j'avais pleuré sans m'arrêter en voyant deux petits fœtus. C'était une fille... et un garçon. Ils étaient deux. Là-dedans.

C'est comme ça que je me rendis compte du chemin que j'avais fait, de celui d'une pauvre petite étudiante mexicaine à l'accent mexicain, à celui d'une future mère, profondément amoureuse de l'homme qui l'aimait en retour. J'étais heureuse, et rien ne pouvait me l'enlever. C'était comme ça que je finis par m'endormir, sans vêtements, dans les bras d'Ace, un sourire aux lèvres, pensant déjà au futur.

~ Fin ~

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