Épilogue 1/2




LUCIA


3 mois plus tard :

Les mois qui suivirent mon enlèvement furent intenses. J'avais dû réapprendre à correctement me servir de mes muscles inférieurs. On avait aussi enchaîné les procès. Le premier, étrangement, avait été celui durant lequel Matthew devait être innocenté. On l'avait gagnée sans accrocs.

À peu près sur la même période, j'avais tenté de pousser Alex à revenir dans son groupe d'amis et je l'avais même surprise en pleine discussion plutôt chaude avec Matthew qui, ma foi, n'était pas du tout traumatisée par son geste meurtrier, le moins du monde.
Les garçons prenaient tous les trois soins de moi du mieux qu'ils le pouvaient. Certains jours, c'était à Michael de m'accompagner en rendez-vous médical, d'autres jours, c'était la corvée de Matthew qui s'amusait de plus en plus ces derniers temps à venir, la tête dans le brouillard à cause de ses cuites. Il essayait cependant d'arrêter depuis le retour de mon amie.
Pour Ace, il travaillait toujours autant sur cette histoire de procès, mais moins qu'avant. Il se faisait aussi disponible que possible pour m'accompagner chez ma psychiatre, car sans surprise, j'étais sortie de cette histoire avec quelques séquelles psychologiques.

À côté de cela, je travaillais toujours sur mes propres projets . Je pouvais donc dire avec une immense fierté que mon idée de centre culturel plaisait fortement et que j'avais le soutien de nombreuses personnalités.


Je m'étais levé ce matin avec une migraine atroce. Il devait être treize heures et quelques d'après ce que mon téléphone avait affiché après avoir sonné une bonne dizaine de fois. Je me tortillais alors dans tous les sens.

- Mademoiselle, votre médecin est là. Est-ce que je la fais rentrer ?

- Merde !

Bridget me sourit avant de se retirer et de dire en fermant la porte:

- Elle va patienter.

Ce n'était que le début, et pourtant, je n'en pouvais déjà plus. Je me levais, la tête dans le brouillard. Je regrettais déjà cette sortie nocturne avec les autres, dans l'état de fatigue dans lequel j'étais. J'avais même rêvé de nos mésaventures avec Matthew qui s'était chargé du fardeau de la mort de son ami. Heureusement que nous avions avec nous, la légitime défense qui jouait en ma faveur... mais aussi en la sienne.

Je me frottais alors les yeux, afin d'éclaircir ma vue, et me dirigeais vers la salle de bain attenante à la chambre d'Ace. Il ne me lâchait plus et j'en étais bien fière. J'avais été la bonniche de service, j'avais tout supporté, alors, il me devait bien ces petits moments de plaisir.

Je m'étais réveillé ce matin, plongée dans un état de fatigue profonde qui semblait imprégner chacune de mes cellules. Mes paupières semblaient si lourdes, comme si j'avais vécu une nuit blanche agitée. Pourtant, j'avais bien dormi, du moins j'avais rattrapé mes heures perdues. Chaque pas que j'avais fait pour m'approcher de la salle de bains était un véritable effort. J'avais l'impression de traîner mon corps à contrecœur, comme si mes jambes refusaient tout à coup de coopérer. Une fois arrivée devant la douche, je me laissai glisser contre le mur, laissant l'eau tiède s'écouler sur moi. La sensation de l'eau m'apporta un certain réconfort, mais même cela ne fut pas suffisant pour me libérer complètement de cette écrasante fatigue. Je me laissai aller sous le jet d'eau, essayant de rassembler mes pensées et de trouver un moyen de me réveiller. Mes mains glissaient doucement sur ma peau, le savon émettant une agréable odeur. Je fermais alors les yeux. Je pensais au médecin qui m'attendait, et tout à coup un sourire réapparu sur mon visage. Mon cœur s'emballa. J'étais fiévreuse, et ne contrôlait plus rien. Après quelques minutes, je sortis finalement de la douche, me sentant prête à tout affronter. Je m'étais certes levé un peu tard, mais je n'avais rien oublié... Que ce soit ce rendez-vous médical à domicile, ou alors ce procès. J'enroulai une serviette autour de moi et me dirigeai vers le miroir. Je me souriais, car tout était en train de s'arranger. Ce soir, dès seize heures, je rentrerai dans ce tribunal. La tête haute et les idées claires.

Je m'habillai alors, inspirant profondément. Mon esprit était embrumé et perdue, tout me semblait si étrange. Tout tombait à pic. Je finis par quitter la salle de bain, vêtue d'une longue robe aux tons clairs. J'observais le lit qu'Ace avait déserté plusieurs heures avant moi.

Aujourd'hui était un jour très spécial pour lui et il m'avait déjà expliqué qu'il aurait besoin d'un peu de temps... Ce jour marquait la fin d'une ère, la fin d'un combat. Johnson avait été incarcéré en attente de jugement, et c'était aujourd'hui qu'il allait payer pour ses crimes. J'inspirais entre l'angoisse, mais aussi le bonheur. Il avait été si bon envers moi... Il m'avait laissé récupérer avant de nous lancer dans cette histoire. Il s'était occupé de moi, dans tous les sens du terme, même sexuellement parlant pour être honnête. J'avais pu voir les meilleurs spécialistes de l'état et avait aménagé avec lui afin de reprendre dans un environnement sain et entouré de bonnes personnes. Je souris en pensant à lui, déjà avec Spencer, ou Spency, ce n'était pas très clair, en train de trier maints papiers. J'étais bien heureuse de ne plus avoir à subir ces coachings, car très franchement... c'était barbant... Je ne comprenais rien et j'étais perdue... et comme Ace s'était peut-être adouci, mais n'avait pas changé, je gardais quelques ordres à respecter. Ce qui menait bien souvent à des disputes.

- Bonjour, riais-je à l'aise face à mon médecin ;

- Tu vas bien ?

Elle se précipita vers moi pour me saluer. Elle était en blouse comme à son habitude, un plaquage bien réalisé sur le dessus et des cheveux ondulés tombant dans son dos. Ava, Ava Wilson était très jeune, mais était celle que j'avais préférée pour s'occuper de moi.

- Comment est-ce que tu te portes ?

- Parfaitement bien

Je m'asseyais sur le lit de mon ancienne chambre de kidnapping. C'était drôle de se retrouver ici, mais dans une situation tout autre.

- J'ai cru comprendre qu'aujourd'hui est le grand jour ;

Je souriais alors la fixant. Elle enfilait ses gants en latex. Mon cœur accéléra. Je souriais à la fois apeurée par ce rendez-vous mais heureuse

- Détends-toi, Lucia

C'était comme ça. Ava était presque une amie maintenant. Elle était au courant de tout, et ça ne me gênait pas... Je m'allongeais quand elle tira sa grande machine vers nous.

- Tu vas devoir faire attention

- Oui... Andrew veille déjà à ça. Nous étions censés aller voir l'avocat tous les deux, mais vu mon état, il veut que je me repose.

- Et il a raison ! Je ne veux pas avoir une fausse couche sur les bras

Je riais. Je devais même peut-être rougir. Il m'arrivait de ne pas en revenir. De ne pas réaliser que j'allais être mère... Je n'avais rien prévu de tout ça. Vous direz certainement que c'est trop, que mon histoire va trop loin, et je vous l'accorde bordel... Tout ça me dépassait. Je baissais les yeux sur mon ventre encore plat.

- Tu n'as toujours pas commis d'écarts, n'est-ce-pas

- Toujours pas cheffe ;

- Bien

Je ris, elle s'assit alors à mes côtés et lança son échographe.

- Tu vas à ce procès DE-TAN-DUE, elle articula en criant presque. Mange. Mange beaucoup, il te faudra des forces et ton corps en a besoin... Et ne baisse pas les bras. Normalement, tu devrais recevoir les résultats de tes examens de la semaine dernière. J'ai tout fait pour te mettre au-dessus de la pile

- Merci à toi

- Ne me remercie pas, c'est normal d'accompagner une jeune maman. Et je suis sûre que ce sera le vôtre

L'échographe bipa deux fois. Je levai alors ma robe et Ava me souris, installant un sourire de connivence.

- Tu ne veux toujours pas voir ?

Elle fit couler un peu de gel qui me fit frissonner sur mon bas-ventre et approcha sa sonde avant de commencer. Elle pouffa en me voyant fermer les yeux, au même moment Alex rentra dans la pièce. C'était elle mon accompagnatrice, car oui, maintenant, j'avais aussi interdiction de conduire...

- Tiens... mademoiselle Berrington, vous allez bien ? Ava ne se tourna pas vers elle, trifouillant mon utérus à travers les images.

Je saluais d'un geste lointain de la main, Alex.

- Tu vas bien poulette ?

- Parfaitement bien. J'étais avec Matt et mon frère, voir cet avocat. Ils n'ont pas terminé et ça commençait à être long

- Donc tu t'es enfuie

- Exactement

Elle éclata de rire et se tint derrière Ava.

- Matt me harcèle d'appels

- Tu aurais dû faire comme moi

- Tomber enceinte ?

J'acquiesçais.

- Et ne pas savoir qui est le père ? Non merci

On hurla de rire. J'avais donné à chacun la consigne de rire de ma situation s'il voulait que je continue de voir une psychologue et une psychiatre. Je voulais que l'on voie tout ça comme quelque chose de léger, pour éviter de me jeter d'un pont. J'étais comme ça. Je voulais être normale et j'avais mal vécu le premier mois qui avait suivi ce drame pour deux raisons, la première était évidente. Je le revoyais partout, mais la seconde était que tout le monde avait pitié de moi... Et comment oublier un malheur si tout le monde te le rappelle ?

La salle devint tout à coup calme puis tout redevint à la normale. Alex ne dit rien. J'avais l'impression que quelque chose se tramait.

- Il va bien

Je tournai inévitablement la tête vers elle, prenant soin de ne pas jeter un regard sur l'écran.

- Merci

La seconde consigne que je leur avais donné avait été qu'il ne devait absolument pas essayer d'établir un lien entre moi et ce qu'il y avait dans mon ventre. J'étais peut-être enthousiaste et excitée à l'idée d'avoir un enfant dans mon ventre, mais le test de paternité allait tout changer. Alors, ils avaient tous le devoir de ne pas l'appeler comme étant mon enfant, mais comme étant « le bébé ».

J'attrapais, les mouchoirs qu'Ava avait mis à ma disposition un peu plus tôt, et me nettoyais le ventre.

- Bon ! elle souffla, en se levant. Je crois que j'ai tout. Je vais maintenant te poser des questions

- Je vous laisse, je vais dans la cuisine Lu', tu me rejoins après et on y va ?

- Bien - sûr

Je me redressais et faisais face à mon médecin qui avait sorti son calepin.

- Sérieux...

- Honnêteté et mémoire, je sais

- D'accord, alors quels ont été tes derniers symptômes ?

- Rien de spécial sauf la fatigue, mais disons que je n'ai jamais été du matin

- Je vois... Pas de nausées, pas de vertiges, pas de bouffées de chaleur ?

- Non, rien de tout ça, Ava. Je te promets que je me porte à merveille

- Tu es sûre d'être enceinte ? ironisa t - elle

Je lui offrai une grimace. J'espérais que ce soit non malgré tous mes dires. Être potentiellement enceinte d'Hudson, allait être un véritable cauchemar pour moi . J' espérais donc secrètement que - même si c'était trop tôt -, cet enfant soit de Scotten.

- Tu manges bien ?

- Pas plus que d'habitude

- D'accord... Fais quand même attention, et pour les médicaments ça

- Bien !

Je me levai alors d'un pas décidé et sûre de moi. Je ne comptais pas me faire materner plus longtemps.

- Bon, n'oublie pas, elle commença en rangeant toutes ses affaires, tous les résultats arriveront ce soir. En attendant, appréhende ce procès avec calme et n'aie pas honte de reprendre rendez-vous avec la psychologue et la sage-femme au cas où tu souhaiterais avorter. Tu as encore un peu de temps

- Non... je ne sais pas si j'y arriverai

Elle haussa alors les épaules :

- Je suis ce que tu feras comme choix ;

- Accoucher sous X m'irait mieux, mais bon. Reste à déterminer le sexe

- Oui.

Elle m'adressa un sourire apaisant avant de me forcer à accepter son étreinte. Je la serrai alors volontairement dans mes bras... J'aimais l'avoir avec moi, avoir quelqu'un qui pouvait me donner des conseils m'enlevait un poids qui me permettait certainement de survivre à tout ça.

Je ne demandais pas non plus qu'on m'impose comment réagir à tout ça. J'étais moi. Lucia. J'étais grande et n'avais besoin de rien ni de personne pour me dire que j'avais l'air de bien le vivre, car je le vivais bien évidemment mal. Mais, je savais gérer ma douleur à ma façon, et sachant que j'étais maniaque, j'avais déjà tout planifié...

Je descendis un peu après son départ, rejoindre Alex qui se leva immédiatement. Elle tapa dans ses mains tout récemment remanucurés. On quitta la maison avec appréhension. Aujourd'hui, tout devait se passer comme prévu.

On arriva par la suite au tribunal. J'avais le cœur battant la chamade à l'idée de faire face à ce violeur... Lui qui avait détruit des vies, les vies de familles... d'adolescentes lui faisant confiance.

En regardant autour de moi, je sentais mon cœur se serrer face à tant de malheur. Le monde qui m'entourait était empreint de tristesse et de douleur, et je me sentais impuissante devant les épreuves traversées par ces jeunes filles dans le passé, mais je ne comptais pas ne rien faire pour leur avenir.

Je pénétrai le tribunal, tout de marbre, aux côtés de mon amie. J'avais peur, je paniquais, je ne pouvais plus tenir en place.

- Viens, c'est par là

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