9.
Alors que ma vue se floutait de plus en plus, je sentis la place à mes côtés vide.
Je fini par m'effondrer de fatigue.
Je lâchai alors mon crayon, ça ne servait à rien de résister, ou du moins, je pouvais me lâcher mais juste pour quelques minutes.
J'entendis un petit rire s'éloigner et je finis par fermer les yeux, emportée par cette fatigue soudaine.
Ace devait être parti à présent.
C'était ça de ne pas profiter de sa nuit complète, pour dormir. Et ça, je l'admettais, c'était l'un de mes problèmes. Plus jeune, j'avais toujours eu un sommeil normal. Comme toute enfant normale, j'avais mes neuf heures de sommeil. J'imagine que c'était grâce au fait que mes parents me surveillaient de ce côté-là. Mais ensuite, quand j'avais été en âge de contester mes horaires de coucher, je n'avais pas hésité. C'était donc comme ça qu'à partir du début du lycée, mes nuits duraient assez rarement neuf heure.
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- Eh oh ! Luchita !! Gronda quelqu'un au-dessus de moi
- Lucia... corrigeais-je en baillant les yeux encore fermés avant de me redresser
- J'ai eu le temps d'aller à l'un de mes seuls cours de la journée, puis de revenir et tu n'as pas bougé... en UNE heure lança t - il agacé avant de jeter un sac sur la table
- Qu'est-ce que c'est ? L'interrogeais - je
- Une canette de ces merdes sucrées que vous adorez tous pour que tu puisses te réveiller plus vite et finir ce truc dit-il en pointant mon dessin du menton avant de s'asseoir, en face de moi cette fois-ci
- Euh... merci ?
- Oui, tu fais bien de me remercier
- Je n'ai rien demandé tu sais, levais - je les yeux au ciel
- Je la reprends ? S'énerva t - il. Si tu veux, là en bas, une fille l'accepterait volontiers
- C'est bon soufflais-je avant d'ouvrir la petite canette rouge
Cependant, avant d'y poser mes lèvres, je posai mon regard sur Ace. Pourquoi était - il tout à coup si attentif à moi. Pourquoi voulait - il que je me réveille et que j'avance ? Pourquoi est-ce qu'il avait eu le soin de penser à me prendre un truc à boire.
Je souriais alors en plongeant mon regard dans le sien avant de reposer le petit objet en aluminium devant moi.
- Tu connais l'histoire de Blanche - Neige, Ace ?
- Je t'avouerai que je ne suis pas trop Disney assena t - il froidement même si je pouvais sentir une pointe de curiosité de sa part
- Eh bien aujourd'hui c'est ton jour de chance, moi j'adore ça.
Il sourit narquois un sourcil levé
- Je t'écoute
- Blanche - Neige, était la plus belle fille de la contrée, ce qui avait pour effet de rendre jalouse la méchante reine qui était obsédé par son apparence
- Tu vas vraiment me raconter un conte pour enfant ?
- Ça t'intéresse oui ou non ?
- Continue soupira t - il
- Un jour, La méchante reine, partie à sa recherche afin de mettre fin à la cause de sa jalousie, et donc d'en finir avec Blanche - Neige qui s'était réfugiée dans les bois afin de lui échapper. Elle toqua à chaque chaumière, à la recherche de Blanche - Neige.
- Laisse moi deviner, elle finit par la trouver ? Dit-il agacé
Son exaspération marquée commençait cependant à m'énerver mais je n'allais pas m'arrêter. Il devait voir où j'allais en venir.
- Oui bravo, tu vois que tu t'y connais '' Monsieur l'insensible. Elle finit bien par la trouver et lui offre même un cadeau qu'elle lui avait réserver
- Un cadeau ?
- Une pomme. Mais celle-ci était empoisonnée. Elle pensait que tuer Blanche - Neige, la rendrait plus belle ou alors mettrait fin à sa contrariété
- Je vois... et donc ? Où est-ce que tu veux en venir Lucia me demanda t - il sèchement
- Pourquoi est-ce que tu m'as acheté cette canette ?
- Non mais tu es sérieuse là ? Tout ça pour me poser une simple question cracha t - il agacer
- Tu viens de me perdre cinq précieuse minute pour une histoire de reine à la con
- Tu penses que me faire boire ce truc va régler tes problèmes ?
Il éclata alors de rire face à ma question.
- Non mais tu t'entends Luchita ?! Tu as quel âge bordel ?
- Répond ! Tout à coup, tu es gentil, tu m'achètes à boire pour que je puisses travailler donc excuse-moi mais venant de toi, ça peut paraître louche alors permet moi de douter
A peine ma phrase terminée, il attrapa la canette qu'il vida d'une traite en quelques secondes.
- Tu ne finiras pas empoisonné puisque maintenant tu n'as plus rien à boire Lucia
- J-
- Je ne mendie pas la confiance tu sais, rentre le toi dans le crâne dit - il en me regardant les yeux dans les yeux
Je regrettais en quelque sorte ma réaction. J'avais été ridiculement méfiante, et cela s'était retourné contre moi. Il voulait juste être bienveillant, et je le lui avais simplement fait regretter.
Je me sentis alors tout à coup gênée, une boule se forma dans mon ventre.
Je rompis ce contact visuel oppressant et reprenait mes crayons et gomme en main.
Le son de la mine se frottant contre la feuille, dans cet espace que nous seuls occupions était presqu'embarrassant, mais aussi chaleureux ?
Ace sortit son portable, un IPhone - bien sûr - et se mit à taper sur celui-ci, un léger sourire aux lèvres et même s'il paraissait tout de même s'ennuyer, il avait l'air d'aimer sa conversation. Fin, j'imaginais que ça devait en être une. Ce qui avait l'air de m'ennuyer pour une raison qui m'échappait.
Après plusieurs pauvre petites minutes dans le silence, il leva la tête, avant de se pencher vers moi.
- Je ne savais pas que les serveuses aimaient bien dessiner des culs
- Je ne dessine pas un '' cul ''
- Et comment tu appelles ça toi ?
- C'est juste une femme c'est tout
- Oui... une femme à poil. Et on voit son cul
- Si tu le dis
- De qui est-ce que tu t'inspires Luchita ? Me demanda t - il, une lueur malicieuse dans le regard
Je ne dis rien, il recommençait à se foutre de moi. Et je n'allais pas rentrer dans son petit jeu. Jouer à « on verra qui sera le plus méchant » ne m'amusais pas plus que ça alors j'allais prendre sur moi.
- C'est ton cul que tu dessines Luchita ?
Je l'ignorai de nouveau.
- Ça t'excite de dessiner des culs c'est ça ? Me fixa t - il
Il le faisait exprès... Il adorait provoquer c'est tout essayais-je de me calmer.
- Tu adores voir ce genre de chose c'est ça ?
Je poussai un soupire plus que bruyant en continuant de faire apparaître de nouvelles lignes grisâtres sous mes coups de poignet
- Ça te fais mouiller ? D'imaginer que ça pourrait être le tient ? Ou juste le fait d'en voir un te rend humide ? Dit - il avant de passer la pointe de sa chaussure le long de ma jambe la caressant alors doucement avant d'écarter lentement mes jambes.
- Tu mouilles en ce moment Luchita ?
- Ça suffit ! M'exclamais-je à bout de nerf, le rouge jusqu'aux oreilles avant de ranger mes affaires
- Tu m'abandonnes ? Ricana t - il amusé par ma réaction tandis que j'attrapais mon sac, mon téléphone et mes écouteurs.
- Laisse - moi tranquille !
Je dévalai alors les escaliers en m'accrochant le plus possible à la rampe en fer de peur de manquer une marche et que ma colère soit remplacée par une gêne énorme.
- Luchita qu'est-ce qu'il y'a ? Riait-il dans mon dos
Je me retournai alors violemment les yeux noirs de colère.
- QU'EST-CE QUE TU NE COMPRENDS PAS DANS ''FOUT MOI LA PAIX'', VA JOUER AVEC QUELQU'UN D'AUTRE ! lui hurlais-je alors que je courrai vers l'extérieur avec lui à mes trousses
Je faisais éruption à l'extérieur en enfonçant mes pas dans la pelouse parfaitement taillée.
Il pleuvait à présent. Des cordes même. C'était comme si la météo s'était coordonnée à mes émotions.
Ma colère était torrentielle, tout simplement.
Il m'énervait. J'avais pris sur moi, avait laissé ses remarques passer mais c'en était trop !
Il avait dépassé les bornes, et l'entendre me suivre derrière moi n'arrangeait rien. Surtout quand je l'entendait rire à gorge déployée de ma colère. Pour moi, la colère était le sentiment à respecter le plus. Il fallait comprendre pourquoi la personne était dans cet état, depuis quand, et comment arranger la situation ; pas en rire ! C'était frustrant et au contraire ça aggravait tout !
- Luchita !! Ria t - il aux éclats
L'évocation de ce simple surnom me mit hors de moi. Mon sang ne fit qu'un tour et je rebroussai chemin pour lui faire face.
Sans qu'il ne puisse réagir, ou qu'il ne réalise quoi que ce soit, je lui mis une claque qui moi - même me fis peur. Le son que fit le contact de ma paume contre sa joue, raisonna autour de nous.
Je voulais qu'il ressente ce que je ressentais actuellement. C'était injuste de me sentir autant en colère tandis que l'origine de ma colère était tout simplement en train de rire !
Et il se figea alors face à mon geste...
- Tu vas regretter d'avoir fait ça Luchita assena t - il froidement après quelques secondes de silence
Et sans que je ne m'en rende compte il me tirait par le bras.
Il était en train de nous faire quitter le campus. Et moi, impuissante et bien trop faible comparé à lui, je n'avais pas d'autres échappatoires à son emprise.
- Lâche - moi ! Lui criais-je avant de me débattre violemment mais sans résultats
- ARRÊTE TU ME FAIS MAL !
J'avais le poignet en feu, j'avais l'impression qu'il allait me le broyer d'une minute à l'autre. Il était comme déconnecté et ne m'écoutait plus. Et j'avais beau m'agiter, cela m'était inutile.
- ACE !! Lui criais-je de nouveau mais il était fermé. Ses yeux brûlaient de colère, il avait un air plus que renfrogné et sa mâchoire était crispée comme elle ne l'avait encore jamais été.
Il était décidé. Et malgré mes mouvements, il ne me lâchait pas.
On traversa le portail et avec chance je pus m'accrocher à l'une des barres de fer avant de dégager violemment mon poignet de sa prise.
Je m'éloignai alors rapidement, avec lui à présent derrière moi, mais sans que je n'aie le temps de m'en rendre compte, mon pied glissa sur le bord du trottoir, et je faillis tomber dos contre la chaussé, mais au même moment, je sentis une main attraper la mienne.
Je restai alors suspendu là, tandis qu'Ace tenait ma main, m'empêchant de tomber. Au même moment, une voiture me dépassa klaxonnant bruyamment avant de freiner quelques mètres plus loin.
Mon cœur battait la chamade, quand je croisais le regard d'Ace.
Pour mon plus grand malheur.
Il avait une lueur indéchiffrable dans le regard.
Et alors que j'attendais qu'il m'aide à me redresser, je sentis tout à coup sa main ferme lentement s'ouvrir.
Non...
Il n'oserait p-
La seconde suivante, il me lâcha. Et mon corps rentra en contact avec la chaussée dure.
Je geins alors tandis que je sentais mon pantalon commencer à s'imbiber d'eau de pluie... sale.
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