66.
LUCIA
Hudson était appuyé contre la porte et me regardait triomphalement. Il boutonnait son jean tandis que j'étais encore paralysée. J'avais les joues, les pommettes, les tempes, les cheveux humides. Il me rit au nez puis tenta de dire quelque chose, avant de se taire, et de reprendre.
- Tu vas adorer notre destination : tu y finiras tes jours
Il s'en alla sur ces derniers mots. Je ne voulais pas savoir ce qu'il avait en tête, mais j'avais déjà une idée et pitié, je ne voulais pas que cela m'arrive à moi. J'aurais tout donné pour que ça ne m'arrive pas, mais je ne pouvais être certaine de quoi que ce soit. Je ne voulais pas que ma vie se termine dans une eau salée, ou même, simplement dans de l'eau.
- En tout cas, je comprends maintenant mieux pourquoi, Ace est devenu si faible, me cracha - t - il tandis que je fixai le sperme qu'il avait laissé sur mon ventre
Je fixai ce liquide visqueux et collant. Il comprit et me dit :
- Estime-toi heureuse, c'est pour Ace que j'ai préféré t'épargner
J'étais paralysée de peur et je n'avais que mes yeux pour pleurer. Il s'approcha de moi et agita une clé en argent sous mon nez.
- Regarde ça
Je l'ignorai par haine. Il ne me restait plus que ça. Je n'avais plus aucune envie. Je n'avais plus aucun désir. Il m'avait tout pris et la seule chose qu'il me restait était ma colère. Il se jeta sur moi et me foutu une claque en plein visage.
Je sursautais, surprise. J'étais comme absente, en tout cas, c'est ce qu'il devait penser.
- Je te montre un truc, tu le regardes !
Je lui jetais un regard haineux et le regardait dans les yeux. Il agita la clé, comme on pouvait agiter un drapeau rouge sous le nez d'un taureau.
- Cette clé pourrait te libérer, mais il faudrait déjà que tu puisses bouger
Il ricana. Je fermai les yeux et une goutte de larme roula sur ma tempe. Il s'avança et posa la clé sur la tête de lit en cuir :
- Je suis content de voir cette détresse dans tes yeux. Tu n'auras jamais cette clé, tout près soit-elle
Il quitta la pièce et je poussais un soupir, de soulagement, ou de désespoir, je ne savais pas. Je finis alors par m'endormir.
Ce fut seulement plus tard, peut-être trois quarts d'heures, que je me réveillai. J'avais repris un peu de vitalité et j'en venais même à en être surprise. Je m'attendais à ce que je meurs toujours dans cet état de paralysie, mais non. Je sentais mon estomac, et bien qu'il me semblait lourd, j'avais la sensation qu'au fond, il était bien là, je sentais de nouveau mon corps. Mon visage était douloureux. Je saignais même aux endroits où Hudson s'était déchaîné.
J'avais froid, et une envie dérangeante de vomir me faisait la cour, ce qui n'était bien évidemment pas facile à gérer avec les mouvements du bateau. On n'était plus au même endroit. On avait pénétré le genre d'endroit où seul une personne déterminée à me retrouver serait venu. Et c'est là que les regrets vinrent. Je n'avais pas parlé à ma famille récemment, j'avais été trop déprimé pour ça, et quand j'avais pu parler à ma sœur et à Dani, j'avais été distraite par le '' cas Andrew '' ou encore pire, j'étais occupé avec ce gala au lieu de...
Je soupirais, les yeux fermés.
Il fallait que je fasse un truc, je m'en fichais, peu importe ce que ça pouvait être, du moment que je me sortais de cette merde.
Je le revoyais alors fier de lui. Je revoyais Hudson me pénétrer. Je le voyais me sourire d'un air triomphant. Je le voyais jubiler au-dessus de moi.
- Super
Je levai les yeux jusqu'à la douleur dans l'espoir d'apercevoir la clé de ma délivrance. La clé était mal posée sur cette chose contre laquelle je frappais ma tête depuis trois minutes. Je rouvris mes yeux juste au moment où elle tomba.
- Oh
Je poussai un son étrange, mais je m'en fichais, la clé était tombée jusqu'à côté de mon avant-bras. Je gigotais sur mes côtés, de gauche à droite dans l'espoir de prendre assez de hauteur dans le lit pour attraper la clé gisant à ma droite. Je glissai mon auriculaire dans l'anneau de l'objet de la libération, une larme m'échappa de nouveau à cause de la vive douleur que m'infligeaient ces horribles menottes.
Au bout de longues minutes de lutte, je finis par être enfin libre. Je me levais rapidement quand un énorme vertige accompagné d'un joli mal de crâne me firent m'écrouler. Je fixais mes chevilles en attendant que le malaise passe.
- Putain
Je saignais. Beaucoup.
- Allez
Je réessayais, mais inutile. Mes jambes ne m'obéissaient plus, je m'écroulais. Ça devait être dû au fait que le changement de position avait dû agiter mon sang et que le poison ne devait pas s'être parfaitement dissous. Je poussais alors un lourd soupir et me retournai du mieux que je pouvais. Cette situation était ridicule, on aurait dit que j'étais dans ce genre de jeu télévisé où les candidats se retrouvaient dans une pièce sombre, avec des obstacles comme des objets, ou des animaux étranges les privant l'accès à la sortie, sauf que là, mon seul obstacle était ce poison de merde et donc mon corps lui aussi.
Je me faisais avancer à la force de mes bras, les traînants sur ce parquet reflétant la lumière extérieure, et jamais je n'aurais cru être aussi épuisée. Je finis par arriver dans un endroit qui s'avéra être la cuisine.
Pas d'Hudson.
Je m'accrochais au plan de travail qui au touché, était en pierre. J'avais froid, mais j'ignorais vite toute sensation désagréable. Je m'accrochais et finis par me relever complètement quand, au même moment, ma main se posa sur un couteau et au même instant, la porte derrière moi s'ouvrît. Je serrai fermement le couteau et me tournait vers mon kidnappeur.
- Lucia.... Lucia... Lucia
Il répéta mon prénom plusieurs fois en fermant sa braguette. Il me sourit comme s'il n'était pas surpris de me voir sur pieds.
- Recule
Je gardai mon dos en appuie sur le plan de travail pour me tenir et pointais de mes deux mains, le couteau vers lui.
- Qu'est-ce que tu crois pouvoir faire de ça ?
Il s'avança vers moi, en relevant son pantalon qu'il avait fermé.
- RECULE J'AI DIT
D'un coup rapide, il m'offrit une nouvelle claque, ma tête valsa, mais je coordonnais le geste avec mon bras. J'étais prête à tout. Tout. Malheureusement, moi qui avais visé son cou, je ne touchais que sa joue. Une giclé de sang s'échoua alors sur mon épaule. Je le fixais. Ses yeux se voilèrent d'un noir intense. Je me précipitai loin de lui le long du plan de travail. Mais, je n'étais pas assez rapide. Il jeta sa main dans mes longs cheveux et me balança par terre. Le couteau m'échappa, il s'en empara.
- Tu vas me le payer
Je sentis le bateau taper contre ce qui me sembla être un quai d'amarrage, et alors que mon regard cherchait l'extérieur, une vive douleur me surprit. Il venait d'enfoncer la lame du couteau dans mon muscle. Je hurlais jusqu'à ne plus avoir de souffle.
- Tu vivras toujours pire que moi, tas de merde
Il projeta le couteau derrière lui, ma cuisse commença à s'entourer d'une flaque de sang, et je me demandais de plus en plus quand est-ce que ce cauchemar toucherait à sa fin ?
- Bienvenue sur ton lieu de décès.
Je pressai ma cuisse douloureuse. Il se dressa devant moi, me donna un coup de pied dans les côtes, et agrippa de nouveau ma tignasse, douloureuse à force de subir la colère de ce Dieu de la haine.
Il me tira sur toute la surface du bateau. La flaque de sang me suivit. On était bel et bien arrivés, et le bateau s'était amarré tout seul : super. Rien ne retardait mon décès. Vraiment rien. Hudson me traîna hors du bateau et je sentais ma plaie frotter contre le sol.
- Hudson ! hurlais-je
- Ferme ta gueule sale connasse
Je me tournais sur ma cuisse encore bien portante et acceptais de me la faire broyer par le bois du ponton sur lequel on venait d'amarrer. Il balança la clé du bateau sur celui-ci, sans même se retourner. Je m'accrochais à sa cuisse en souffrant le martyre, espérant qu'il reprenne conscience de ses actes.
- C'est enfin fini
Je me demandais comment est-ce qu'il faisait pour voir cela comme une libération. J'étais la libération de ses amies, et lui, il allait m'empêcher de les aider en me tuant, et il voyait ça comme quelque chose de positif. Je voulus lui crier à quel point il était égoïste, mais un petit espoir qu'il ait de la peine pour moi me fit me taire.
Je sentais le froid fouetter mes joues humides. J'essayais de me relever en voyant la pente devant nous. Il n'y avait ni escaliers, ni porte d'accès à quoi que ce soit, juste une grande MONTAGNE...
Je tirai sur son bras et me relevai tandis qu'on avançait ou plutôt, tandis qu'il me faisait avancer.
Ma cuisse me lança dès le premier pas en forêt.
- On aurait pris le chemin le plus facile de l'autre côté de l'île si tu n'avais pas décidé de me faire chier comme ça, dès le début de la soirée
Toute ma cuisse était maculée de sang. Je hurlais de toutes mes forces qu'il me laisse partir, mais rien à faire. La lune était pleine, mais pas pour me faire plaisir aujourd'hui, elle l'était, pour me faire voir à quelle hauteur il me faisait monter. On atteint rapidement la moitié du trajet et la vue était aussi belle qu'effrayante. Je n'avais plus de souffle, plus du tout. J'avais beaucoup de mal à inspirer. Je me traînais littéralement, m'accrochant encore à un maigre espoir quand la vie finit par me sourire de nouveau. Je me tournais vers le bruit que nous venions tous les deux d'entendre en contre-bas.
- Scotten
Mon sourire disparu. Hudson se crispa lui aussi. Pour la première fois, nous étions sur la même longueur d'onde.
- Hudson
Je secouais son bras comme pour le faire l'oublier. J'avais mal vu, je pensais que c'était les secours ou quelque chose comme ça, mais non. C'était Ace. Ace en personne. Il était venu. De lui-même.
- Ne lui fais pas de mal
Il me toisa comme si ma bienveillance le répugnait. Il frappa dans l'un des arbres autour de nous. On poursuivit notre route, mais hors de question que je le laisse, ici, seul avec Ace, cependant j'étais à bout de force. Je n'avais aucun moyen de défense, c'était impossible. Qu'allait-il se passer ? Pourquoi est-ce que ce genre de chose n'arrivait qu'à moi.
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