62.




J'étais épuisé de ma journée. Je n'avais pas cessé de courir dans tout New-York, et j'avais de plus en plus de mal à tenir le rythme. C'est donc épuisé que je remontais à mon appartement. J'aurais bien voulu passer voir Luchita, mais je n'en avais pas la force. La porte de l'ascenseur s'ouvrit, je levais les yeux devant moi, en voyant une forme se détacher du mur en face de moi.

- Isy...

J'inspirais me demandant ce qui n'allait pas chez cette gonzesse.

- Bonjour mon chou

Je m'arrêtai devant elle, n'en revenant pas. Elle portait des espèces de cuissardes noires qui remontaient jusqu'à sa mi-molet. C'était la seule partie de son corps véritablement couverte, le reste était le passage de tissu de fin, qui cachait ses hanches et le début de ses cuisses, ainsi que sa poitrine. Très joli robe, mais avec la neige qui était pour bientôt, c'était très surprenant de voir aussi peu de vêtement sur une personne.

- Tu as passé une bonne journée ? Je demandais histoire d'être gentil avant de lui demander de ficher le camp

J'insérais mon empreinte et ouvrait ma porte. Isy me suivit à l'intérieur.

- Évite les banalités ;

- On aurait cru m'entendre

Je fis tinter le bruit de mes clés de voiture dans mes poches. Allen me les avaient remises dans la journée. Il partait en vacances et Bridget aussi. Ils s'étaient tous les deux occupés de remettre en état la résidence dans le New Hampshire, et la villa de Long Island, ils méritaient donc bien ces deux semaines et demie de vacances.

- Ça fait longtemps que je ne suis pas venue ici

- Ça fait longtemps que tu n'es pas venue foutre la merde, oui...

- Ne sois pas aussi dur... Tu sais très bien que tu me manques

Je jetai mes clés de voiture sur le plan de travail et me tournai vers la baie vitrée que je ne quittais plus.

- L'époque où cet immeuble disposait de clé, me manque

Elle se laissa tomber sur le canapé, et croisa immédiatement les jambes. J'aimais très peu la façon avec laquelle elle prenait des libertés, cette qualité ou plutôt ce défaut qu'elle avait de toujours se sentir à son aise partout.

- Tu la reluques encore ?

Je quittai la fenêtre et me retournai vers elle en retirant ma montre.

- Quoi ?! Ne me dis pas que tu l'aimes

Elle me rappelait Hudson... Elle me tapait sur le système.

- Tu ne me connais pas si bien que ça

- Oh que si je te connais Scotten... Je t'ai baisé pendant longtemps, tu sais, je sais voir ce qui te plaît ou non et ce que tu convoites

Elle m'arracha un petit rire. Je m'avançai vers mon plan de travail et y laissait ma Rolex, avant de me servir un verre d'eau.

- Elle est tellement...

Elle ne termina pas sa phrase.

- Tellement quoi ?

Elle s'approcha de moi, lentement, mais sûrement.

- Basique...

- Ah bon

- Oui... trop basique

- Et toi, tu es trop tout. Voilà pourquoi tu n'auras jamais ce qu'elle, elle a réussi à avoir

- Et qu'est-ce qu'elle a de plus que moi ?

Elle le faisait exprès. Je n'allais pas m'avancer sur ce terrain-là.

- Alors tu n'es pas décidé

Elle se plaça devant moi. Je n'avais pas remarqué, mais cette fois-ci, son maquillage était moins prononcé. Son rouge, n'était plus rouge justement, mais rose. Ses yeux étaient maquillés, mais avec mesure. Si je ne l'avais pas connu avant, elle aurait pu me plaire, sauf que je la connaissais.
Je me détournais d'elle, mais elle me suivit, avant d'à nouveau se poster devant moi.

- On pourrait retrouver ce qu'on avait avant. Pas besoin de changer l'accès aux appartements, pour la protéger de je ne sais quoi, ça ne m'empêchera pas de monter jusqu'à toi

- Tu es vraiment malade

Elle inclina la tête, l'air d'accepter mon commentaire comme un compliment. Elle passa sa main derrière ma tête, tel un boa en train d'entourer sa proie avant de l'avaler.

- Tu ne me rejetterais pas pour elle n'est-ce pas ?

Je la regardais. Elle faisait pitié. Je me demandais bien à partir de quel moment, les choses avaient aussi mal tournées.

- Je te veux, toi...

- Isy

Je posai mes deux mains sur ses épaules, à mesure qu'elle descendait ses mains sur le col de mon costume.

- Elle ne te mérite pas

Toi encore moins...
Elle tomba sur ses genoux et se précipita sur ma braguette.

- Isy

Elle tira ma ceinture et la jeta derrière - nous

- Isy

Elle se mit à déboutonner mon pantalon :

- Bordel, Isy ! Ressaisis-toi !!

Je la relevai en l'attrapant par les épaules et la secouais. Elle n'avait jamais été comme ça. À chaque fois que l'on pensait voir une fille chaude et excitante dans la rue, elle devait se rabaisser à ce genre de comportement.

- J'ai toujours été la bonne

- TU NE L'ES PAS !

- Comment est-ce que tu peux oser ?

- Tu aurais dû te contenter de mon amitié, depuis longtemps

- Cette Mexicaine à quoi de plus ?

Je me mettais dans une rage folle. Qu'avait-il tous à me rappeler son origine. Lucia ne se limitait pas qu'à cela. Elle était bien plus qu'une nationalité, et quand j'y pensais, avec leurs mentalités, Isy, et Hudson était certainement fait pour s'entendre. Elle retira les deux bretelles de sa robe, et laissa balloter ses deux gros seins.

- Rhabille-toi, et arrête de faire l'enfant

- Tu n'as pas envie de voir à quel point je mouille ?

Elle prit ma main, qu'elle glissa entre ses cuisses.

- Qu'est-ce que tu fous sale pute

Elle rit :

- Je te fais te rendre compte de ce à côté de quoi tu passes.

Je la repoussais, dégoûté. Elle avait toujours eu un grain. Je la regardais de haut, ne la reconnaissant pas.

- Si tu me rejettes, je vais avoir du mal à le supporter

- Qu'est-ce que tu as encore sniffée

Au même moment la porte s'ouvrît. Lucia venait de traverser le pas de ma porte, visiblement heureuse, si je devais en croire le cri qu'elle avait poussé en prononçant mon nom.
J'étais à la fois heureux, mais aussi complètement absent quand je réalisais qu'elle venait de pénétrer le salon et qu'Isy était en train de m'embrasser. Je n'eus même pas le temps de cligner des yeux, que Lucia perdit son sourire, fit demi-tour et fit claquer la porte d'entrée derrière elle.

- Je te jure que si tu ne t'es pas barré à mon retour Isy... Je te fous en tôle pour trois ans et crois-moi ça ne va pas être bien compliqué



LUCIA



C'était la deuxième fois maintenant. Deuxièmement fois que cette salope se retrouvait dans son putain d'appartement. La première fois, elle était loin de lui, mais cette fois-ci, elle était devant lui, seins nus ! Elle avait son visage dans ses mains. Elle avait ses lèvres sur les siennes. Je hurlais de colère. Ce salaud m'avait bien eu.

- QUELLE CONNE !!!

Je hurlai en claquant la porte du frigo derrière moi. Je vidai une bouteille d'eau directement au goulot. J'aurais pensé que je pleurerais, mais non ! Je m'étais faites avoir, et en beauté, alors je n'allais pas pleurer. C'en était assez de pleurnicher, il y en avait marre. Une porte claqua.

- Tu n'as quand même pas osé passer par cette porte d'entrée ?

- Lucia

Il me rejoint dans la cuisine. Je remarquais qu'il avait perdu sa veste de costume. Je le fixai abasourdi, par son audace. Je n'aurais jamais pensé qu'il se pointerait là. La dernière chose que j'aurais faite aurait encore moins été de l'ouvrir.

- Je te déteste

L'ancien homme que je pensais aimer, l'ouvrit :

- Non ! Ne dis pas un mot ! TU N'ES PLUS PERSONNE POUR MOI

- Lucia, il ne se passe rien avec elle.

Je ne dis rien, peut-être étais-je curieuse d'entendre ce qu'il avait à me servir comme excuse.

- Elle est venue à l'improviste ! C'était une ancienne amie

- Ferme-la !

J'avais l'impression que j'allais devenir folle, je n'avais jamais ressenti ça. Ce sentiment d'être trahie, de n'avoir jamais compté. Je n'avais jamais ressentie une telle colère. Tout me semblait bruyant. Tout me semblait en même temps plus clair. Je ne voulais plus l'entendre.
Je persévérais et lui accordais mon attention, encore une fois, mais il ne faisait en fait que me mentir. Je n'avais pas besoin d'avoir une preuve pour savoir qu'il mentait. C'était toujours comme ça avec lui, il était malhonnête et je n'y pouvais strictement rien.
Je le savais parfaitement, il allait encore tirer avantage de ma sympathie, et me la mettre à l'envers. J'en étais certaine.

- Je vais continuer ce que j'ai commencé. Je vais tenir ma promesse de réussir à mettre cet homme sous terre, puis sache que tu seras le prochain sur ma liste

Il tenta de se rapprocher.

- Ne fais pas un pas de plus !

Je fis voler la bouteille d'eau que j'avais reposé, d'un geste brutal. Elle explosa et se brisa. Les tessons s'éparpillèrent. Je détestais me sentir aussi mal. J'avais l'impression d'être chacun de ces petits morceaux de verre : insignifiante.

- Elle a essayé, mais je la repoussais quand tu es rentrée et elle m'a embrassé

Je l'ignorais me sentant brassé de l'intérieur. Je partais vers les tessons de bouteille et commençaient à les ramasser un à un. Il y avait au moins une vingtaine de ces petits objets tranchants. Ils étaient transparents aussi transparents que ce qu'Ace ressentait pour moi, c'est-à-dire, rien. Il voulait que je lise en lui le fameux : « Qu'est-ce que tu croyais ? ».

- Putain

Je venais de me couper. La coupure était profonde, le tesson bien que petit, s'était enfoncé dans mon doigt. Ace se précipita vers moi. J'attrapai le goulot, tranchant, je me levai, me tournais vers lui, oubliant complètement ma douleur.

- La prochaine fois, que tu te retrouves dans les parages, je te prive de ce qui motive ton cœur à battre, et je t'assure que ce n'est pas joli de se vider de son sang

- Je n'ai pas peur de toi Lucia

Son émotion avait changé, maintenant, je voyais qu'il arrêtait de faire semblant, comme s'il était plus vrai :
Je posai le goulot tranchant sur son cou :

- Tu devrais... car cette volonté qui veut te nuire actuellement, est la même qui a voulu t'aider

Mon cœur battait à tout rompre. Je revoyais cette fille, sur la pointe des pieds, comme moi, je revoyais cette fille prendre son visage entre ses mains, comme moi, je la revoyais ses lèvres sur les siennes, encore une fois, comme moi.

- Si tu pensais que j'allais venir te dire que je t'aimais, tu te mets ton putain de doigt dans l'œil. Je viens rétablir une vérité : Je n'aime. Aucune. De vous deux.

J'affichai un sourire. J'avais ma réponse. Ça faisait mal. Très mal. Mais je l'avais.

- Je me suis toujours demandé si tu te servais de moi depuis le début

- À quoi est-ce que tu t'attendais ?!

Ses mots résonnaient en moi. Je revoyais cette fille, à moitié nu. Elle en train de l'embrasser, lui en train de lui rendre se baiser aussi sexy que destructeur à mes yeux.

- Ne joue pas avec moi

Il attrapa mon poignet, le serrait et éloignait mon arme de sa jugulaire. Je le regardai dans les yeux.

- Ce n'est pas dans ton intérêt, il rajouta

Je fixai le point de sang qui coulait de son cou.

- Dieu ne se doutait pas que Lucifer qui lui était tant fidèle, allait un jour monter une armée contre lui, alors ne soit pas si sûr de toi Andrew... Les choses changent, et les relations aussi.

Je prenais la mesure de mes mots. Je savais parfaitement que ce que je ressentais et ce n'était rien de positif. Celui qui se tenait là, en face de moi, une expression rude et les sourcils froncés, n'étaient pas celui avec qui j'étais allée dans le New Hampshire. J'avais pensé pouvoir dire : « je le connais bien », mais non. C'était n'importe quoi tout ça. Je ne le connaissais pas, qu'avait-il bien pu m'arriver entre-temps.

Pourquoi est-ce qu'il avait été si bon dans son rôle, que moi, j'avais baissé ma garde. J'avais oublié le mal qu'il m'avait fait. J'avais oublié les traumatismes qu'il m'avait infligés. J'avais oublié ce qu'il avait fait à mon chez-moi. Je le haïssais du plus profond de mon être pour tout cela car malgré tout le mal qu'il m'avait fait, j'étais tombé amoureuse de lui au point où il m'avait rendue amnésique quant aux souffrances passées.

Je m'en voulais. Je m'en voulais, d'avoir permis qu'une telle situation m'arrive, je venais de me faire avoir, et ça, c'était certainement le plus humiliant. Je le revoyais m'embrasser, en se disant dans son for intérieur : « Bordel, quelle imbécile », et il avait raison ! J'avais été sacrément conne, ça, c'était sûr, j'avais cru pouvoir changer le mal incarné. J'avais cru pouvoir transformer l'homme le plus noir de cette ville. Mais non.

- Quelle idiote j'ai été de te faire confiance

Il me fixa dégoûté et s'en alla sans rien dire de plus.

Une larme roula le long de ma joue.

Je redescendais enfin de mon petit nuage d'illusions.

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