61.



ACE

Lucia était repartie complètement traumatisée de cette pseudo-réunion. Je lui avais demandé de m'attendre à l'extérieur, mais finalement, j'avais pensé qu'il était préférable pour elle qu'elle rentre et se repose. De toute façon, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire.

- Je pense que nous avons tout pour passer

- Lucia veut aller jusqu'à la peine de mort

Spencer fit une pause.

- Ça va être difficile... Mais si le juge est de notre côté, nous pouvons espérer

La discussion se prolongea un temps, puis je finis par demander à Spencer de se retirer. Lucia m'avait demandé quand elle était sur son départ, pourquoi est-ce que j'étais comme ça avec lui. Et la réponse était évidente. Il avait défendu un violeur, rejeté la faute sur une adolescente, et par là, je voulais dire, qu'il avait été le premier avocat de Paolo. Alors, il allait me les lécher jusqu'à ce que j'en aie assez.
Une fois Spencer parti, je me retrouvais avec ceux qui me servaient d'amis et collègues.

- Nous n'avons jamais été aussi près du but

Michael s'appuya sur l'îlot de la cuisine, en se servant un verre de whisky.

- Rien ne doit foirer, je dis en lui volant son verre qu'il avait posé, le temps de fermer la bouteille

Je vidais le contenant d'une traite et le reposais devant lui. Hudson l'ouvrit, à mon grand désespoir.

Il avait le don de m'énerver en ce moment, et je supportais de plus en plus mal, ses petites remarques, qui tournaient toujours autour de la même personne.

- Comment est-ce que tu la gères ?

- Je n'aime pas avoir à rendre des comptes

- Comme cette affaire nous appartient à nous tous, la façon dont tu t'occupes d'elle aussi. Elle m'a l'air de trop s'être habituée à prendre certaines libertés si tu veux mon avis

Il s'approcha de moi. Matt, suivit, sa bouteille toujours dans la main.

- C'est bien... Tu as bien précisé « si tu veux mon avis », et justement, je ne me souviens pas de te l'avoir demandé, je dis en glissant mes mains dans mes poches, ne me souciant pas du cas Hudson

Il sembla outré, mais quand il voulut répondre, l'alcoolique le coupa :

- Eh... Chill les mecs

Il rit avant de roter :

- Détendons-nous un coup

- Ferme-la, dit Hudson

Michael posa son verre violemment. Lui non plus ne supportait plus le comportement de ces deux-là, et encore moins celui d'Hudson.

- Je sens que cette histoire commence à aller au-delà du plan prévu

- Comment ça ? Demanda Matt à Hudson qui venait de parler

- Tu ne l'aimes pas... N'est-ce pas ?

- Je gère mes relations comme je l'entends Hudson

- Vous voyez... il ne répond pas !

- Qu'est-ce que ça peut bien te faire ?, s'énerva Michael

- Ça me coûte, que je ne peux pas me voir cette connasse, bordel de merde !

Mon sang ne fit qu'un tour, je bondissais sur lui en l'attrapant par le col.

- La prochaine fois, garde tes commentaires pour toi Hudson. N'oublie pas que dans cette pièce, tu n'es rien de plus qu'un petit emmerdeur de première, qui a une vie tellement merdique, qu'il la passe à haïr des gens qui n'en ont rien à siffler de lui

- Répète - ça

Matthew se glissa entre nous deux avant de nous séparer :

- Chicos... Chicos... Calmate

Quelle belle idée de parler espagnol, Matt.

Hudson fit valser sa bouteille d'un revers de la main. Le verre résonna bruyamment. Matt détestait plus que tout ce genre de geste désinvolte, il tomba sur lui et lui asséna un coup de poing en plein dans la mâchoire.

- Bordel, qu'est-ce que tu as ce soir ?! Tu as décidé de tous nous faire chier c'est ça ?

Il s'écria, en postillonnant sur le visage de notre ami à terre, ayant un mélange de surprise et de douleur sur le visage.
Michael inspira bruyamment, je me détournais du spectacle que les deux bouffons étaient en train de nous offrir. Au bout d'un moment, Matthew se redressa, avant de récupérer sa bouteille, qui étrangement avait tenu au choc de l'impact. La seule chose qui était gênante, était le fait qu'elle était à présent de moitié moins pleine.

- Désolé pour ton sol

- Pas de problème, je dis

Hudson se redressa, le visage froissé.

- Tu devrais foutre le camp Hudson, dit Michael

- Vous me mettez à la porte ?

Je me massais les tempes, personne ne répondit. Matt, était bien trop occupé à nettoyer les bêtises de Hud'.

- J'ai compris ;

Il essuya le coin de sa lèvre, qui ne saignait peut-être pas, mais qui devait être très douloureux. Matthew avait toujours eu une bonne cogne, ça ne m'étonnait pas.

- Mais je veux que cette fille sorte de nos vies à chacun de nous tous, une fois ce procès terminé. Je ne veux plus entendre parler d'elle par la suite, jamais.

Il m'amusait.

- Ferme derrière toi en sortant, je dis

LUCIA

Je nettoyais ma chambre, en attendant que ça décroche. Ça faisait déjà trois fois que j'essayais et je me demandais si ma mère avait simplement oublié son téléphone dans un endroit insolite ou si elle ne voulait toujours pas me parler.
Finalement, je raccrochai, ennuyée. Je continuais de tirer sur ma couette, fatiguée de ma journée d'hier. En rentrant, j'avais sculpté. J'imagine que l'inspiration venait dans les pires moments.
Alors que j'allais quitter ma chambre, mon petit téléphone acheté au Mexique se mit à sonner. Je ne me précipitais pas pour répondre. C'était ma mère, mais elle allait aussi un peu attendre.

- Hola mamá !

- Finalmente piensas a tu pobre madre ( Tu penses enfin à ta pauvre mère )

Je ris.

- Oh, sé que mi madre tiene muchos recursos, así que no me necesitaba tanto ( Oh, je sais que ma mère est pleine de ressources, donc elle n'a pas tant eu besoin de moi que ça )

Je pouvais la voir lever les yeux au ciel. J'étais persuadé que c'était d'elle que je tenais ça. La voix de Sofia retenti derrière. Elle était surexcitée :

- ¿Qué tal? ( Comment vous allez ? )

- Bueno, ¡ hoy es un día muy especial ! Somos en familia. ( Eh bien, aujourd'hui est un jour très spécial ! Nous sommes en famille )

- Ah bon ?

- Buenas, Lu' ( Salut Lu')

Qu'est-ce que Daniela faisait avec ma mère, et ma sœur. Mon rêve se réalisait seulement quand je m'en allais. J'avais toujours voulu que l'on soit, avec ma mère, toutes les quatre proches, mais rien n'y faisait, ma mère ne l'aimait pas.

- Hola, mija ( Coucou ma chérie )

- Papa ?!!

Qu'est-ce que mon père faisait avec ma mère ! Ils se détestaient à mon départ. J'avais l'impression d'être dans un autre univers que celui dans lequel j'avais toujours vécu.

- Tiens toi bien que ta mère a voulu faire un effort ;

- Para qué ? ( Pour quoi ? )

- Tu hermana se ha inscrito en una competición de gimnasia, veremos los resultados juntos. ( Ta sœur s'est inscrite à une compétition de gymnastique, nous attendons les résultats ensemble )

Je me souviens que Sofia m'avait parlé de cette compétition. Elle s'était apparemment bien déroulée d'après le ton de leurs voix, mais elle attendait tout de même les résultats afin de voir pour la suite des épreuves de gym. J'étais fière d'elle. Ce n'était pas sa passion à proprement dire, mais je savais qu'elle avait un vrai soucie avec les certifications et les honneurs. Elle aimait collectionner les trophées et les médailles. Je me laissais tomber dans ce lit que j'avais fait, mais je m'en fichais, j'étais là seule à avoir accès à cette pièce, alors ça allait.

- Nunca nos llamas ( Tu ne nous appelle jamais )

Je ris mal à l'aise. Depuis que j'étais partie. Je m'étais tellement faite à cet endroit, que j'en perdais le vrai sens de la famille.

- Recibo noticias frecuentemente personalmente ( Je reçois des nouvelles assez fréquemment personnellement )

- Papá !!

Il voulait mettre ma mère en colère. Je le connaissais, lui et ses défauts ! Sa précision était très clairement pour souligner mes préférences, qui n'étaient même pas là.

- Pourquoi Dani est là ?

- Maman s'est enfin rendu compte qu'elle était une bonne personne

J'entendît mon amie rire fièrement.

- Les résultats seront là quand ?

- Dans quelques heures

- Et vous vous êtes réunis aussi tôt ?

- Hace algunos días que somos juntos ( Ça fait déjà quelques jours, que nous sommes ensembles)

Le message de ma sœur était clair. Mes parents s'étaient réconciliés.

- ¿ Es la verdad mamá ? ( C'est vrai maman ? )

- Sí... Sí, Sí, es la verdad ( Oui, c'est vrai )

Son ton de résiliation montrait très bien, qu'elle était encore pleine de fierté, mais c'était déjà un grand pas qu'elle faisait. Elle acceptait Daniela et se remettait avec mon père. Mon départ avait dû la toucher, j'imagine.

- Nous t'enverrons les résultats quand nous les aurons, esta competencia no es tan importante, no hay necesidad de hacer de eso una ceremonia familiar ( Cette compétition n'est pas si importante, pas besoin d'en faire une cérémonie familiale )

- Comprendo...

- Mamá, sabes que puedes decir que me extrañaste a tu ? , j'éclatais de rire ( Maman, tu peux dire que je te manque, tu sais)

Elle rit aussi avant de cracher le morceau.

- Quiero volver a verte, mi niña ( J'ai envie de te revoir ma fille )

Je souris touchée. Je lui retournai cette démonstration verbale d'amour et la conversation dévia rapidement sur mes études, à ma vie ici, et à ce que je voyais, certaines personnes n'avaient pas réussit à la fermer quant au sujet Andrew.
Ma mère me posa une multitude de questions sur qui étaient mon copain selon l'une des versions de l'histoire ou mon harceleur selon l'autre. Je ris en confirmant qu'il n'était aucun des deux.
Mon père me demanda comment est-ce que j'avais rencontré ce '' personnage ''. Il était moins détendu que ma mère, et son inquiétude se portait moins sur mon amour pour un quelconque garçon, comme ça l'aurait été habituellement. Il m'interrogea sur la façon qu'il avait de me traiter.
Finalement, je compris qu'il était évident que personne ne me croyait quand je disais que je n'avais rencontré personne de spécial. Je leur expliquais ma relation avec lui. Il valait mieux qu'il le sache, que je ne reçoive une centaine de messages me posant des questions sur la famille d'Ace, sur son travail, son entourage qui par ailleurs, était très peu recommandable.
Ma mère était inquiète. Elle voulait que je fasse attention et me précisa, que rien ne justifiait une quelconque violence physique. Je validais ses paroles, en écoutant à peine. Tout ce qu'elle me disait là, je le savais déjà. Mes parents finirent par me faire une liste de recommandations afin de me dire comment économiser le peu d'argent que j'avais, ne sachant pas la vie que je menais en fait. Je fermai les yeux et revoyais le building dans lequel je vivais. Je touchais presque le ciel, et ça, seules quelques personnes le savaient.

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