56.




Notre discussion avait ensuite dévié. Elle me proposa de la rejoindre un de ces jours lors de l'une de ses soirées sur son yacht. Elle m'avait promis alcool et nourriture illimité.
Sur le retour, je racontais notre discussion à Ace. Il m'expliqua que la mort de Jane avait aussi beaucoup touché son groupe d'amis. Michael, son copain de l'époque, Matt qui avait eu une obsession pour elle avant qu'elle ne se mette en couple avec Mick et Hudson son ami qui lui donnait les pires conseils.
Il se faisait tard quand nous étions reparties. Elle m'avait remis son autorisation de témoigner à sa place.
Quand elle avait appris que je peignais, elle m'avait demandé un tableau et m'avait assuré qu'elle me paierait. J'avais ris quand elle l'avait précisé. Elle me dit qu'elle était sérieuse, et qu'elle en voulait en fait cinq. J'allais m'y mettre dans l'immédiat, dès que possible.

- On y est ;

Je sortis de mes pensées et rassemblais mes affaires. J'attachais mes cheveux et sortis. On était en plein centre-ville et les voitures n'arrêtaient pas de klaxonner à l'arrière. On arriva devant un édifice aux allures de gratte-ciel. Ace tenait son attaché-case d'une main et ses clés de voiture de l'autre. J'avais envie de lui tenir la main, mais je me retins. On passa par une porte tambour. Leurs sons m'avaient d'ailleurs toujours fait rire : « Kum - Tchak - Tchak Kum - Tchak - Tchak Kum - Tchak - Tchak Kum - Tchak - Tchak ».
C'était donc en souriant que je les traversais. On s'arrêta devant un ascenseur et je fus surprise quand je vis qu'il se servit son empreinte pour appeler la cage en fer. On rentra et les portes se refermèrent sur cette entrée luxueuse. Quelques personnes y étaient assises et discutaient. Une hôtesse d'accueil nous avait saluée en inclinant la tête. Tout était couleur rouge velours et or. J'avais hâte de voir comment était son appartement. Il se faisait déjà un peu tard, et j'étais épuisée, et puis, toutes ces histoires m'avaient vidé de mon énergie.
J'avais les yeux à peine ouverts quand il poussa les portes de son appartement.

- Il n'y avait pas de boutons dans l'ascenseur lui fis - je remarquer comme s'il était étranger à ce lieu

- Ton empreinte mène à l'étage de ton appartement ;

- Et si je veux me déplacer dans l'immeuble ? Dis-je en riant.

Je trouvais cette idée absurde.

- Eh bien, tu peux. Mais tu dois partir de ton étage pour te rendre chez ton voisin Luchita. J'ai d'ailleurs mis ton empreinte comme seconde empreinte de mon appartement. Tu pourras venir si besoin, et vice-versa

Je ne dis rien et le suivi, une fois notre ascenseur arrivé.

Quand il ouvrit, on tomba sur une sorte de hall d'entrée, séparé du reste de l'appartement. C'était assez simple, moderne, avec du carrelage blanc effet marbré au sol, mais tout de même simple. Il se déchaussa.

- Ne fais surtout pas comme chez toi

Je ris, amusée

- Compte sur moi, je n'aime déjà pas ton appartement

- Je ne suis pas sûr que tu diras la même chose quand tu auras vu le reste

Il poussa à la porte et alluma immédiatement la lumière. Je m'avançai pour voir, c'était très spacieux. En face de moi, il y avait un grand canapé d'angle en U faisant face à une télé incrusté dans le mur. Je caressais le cuir du canapé, du bout des doigts et gardais mes remarques pour moi, car c'était vraiment décoré avec beaucoup de goût. Je me tournais vers lui, il était en train de poser son attaché-case sur le plan de travail de son îlot central en pierre.

- Tu as décoré cet appartement ? L'interrogeais-je en me rapprochant de lui, de quelques pas

- Je savais que tu allais le trouver magnifique

Il y avait une touche de noir effectivement, mais aussi beaucoup de tons clairs. Il devait aussi aimer les fleurs, car il y avait énormément de vase contenant des espèces florales de toutes sortes, certaines plus fleuries que d'autres. Je m'éloignais de lui pour observer la vue. C'était magnifique. Tout était magnifique. Tout, du sol au plafond, en passant par la décoration et la vue. D'ici, il avait une vue plongeante sur Manhattan.

- Tu vis ici ?

- Oui, c'est ma résidence principale. Si tu me cherches, je suis toujours là

- Je vois...

Je vis sur son balcon, qu'il y avait une piscine avec une terrasse à côté. C'était rare que ce genre d'immeuble fasse des piscines pour leurs appartements privés. Une piscine qui n'était véritablement présente que pour cet appartement. Je secouais la tête.

- C'est magnifique, j'avouais

- Je sais, dit-il, en retirant sa montre

Je ne dis rien. À quoi bon ? Il était sûr de lui, je n'y pouvais rien.

- Le tien, est moins beau que le mien, mais je pense que ça te conviendra

- Tu m'as pris un appartement ?

Je me disais que pendant longtemps, j'allais encore un peu vivre avec lui, mais apparemment, il avait déjà pensé à tous.

- Tu es au 152, au quinzième

- Et toi cinq étages plus haut, au 202

Il rit :

- J'ai envie de te faire l'amour quand tu es intelligente comme ça

- Je suis épuisée, je vais aller me reposer

- Évite de sortir dans les jours avenirs, encore moins sans moi

J'acquiesçais et m'en allais.

Je n'avais posé aucune question, quant au loyer, étant donné que je savais déjà qu'il avait pris encore une fois les devants. Ça faisait déjà depuis longtemps que je ne décidais plus de rien. Alors maintenant, je faisais avec, et me retirai sans poser plus de questions. Sa phrase m'avait vraiment touché donc, pour ne pas avoir à sourire bêtement devant lui, il fallait que je parte au plus vite.
Je rentrai dans l'ascenseur qui se ferma aussitôt et appuyais sur le bouton correspondant au lecteur d'empreintes digitales.

- La technologie...

Je ris, quand l'ascenseur s'ouvrît devant moi. Je fus surprise que les portes s'ouvrent immédiatement sur la porte du 152, deuxième appartement du quinzième étage. J'avais hâte de voir à quoi ressemblait mon intérieur à moi. C'est donc méfiante que je posai de nouveau mon doigt sur le lecteur d'empreintes de ma porte, porte qui faisait d'ailleurs deux mètres de plus que moi.

À peine l'avais-je ouverte que je tombai sur un salon qui s'illumina grâce à des luminaires fixés au plafond. Je retirai mes chaussures, en découvrant l'endroit. Un grand canapé lui aussi en U, comme chez Ace, faisait face à une grande télévision. Je dépassais le canapé et me postait face à la baie vitrée qui faisait office de mur. Il y avait assez d'espace pour peindre devant une vue imprenable pendant ce qu'on appelait des vacances anticipées.

- Pas mal... Andrew

Je tenais encore mon sac quand je me dirigeais vers la cuisine, aux mêmes allures luxueuses. J'observai autour de moi quand un objet attira mon attention. Mon sac s'écrasa contre le sol, et mon cœur manqua de justesse un battement.

Ce n'était pas possible... Je devais rêver.

« TU AS BRÛLÉ MON APPARTEMENT, ET LE BUSTE D'ABUELA AVEC ».

Elle était là. Je m'approchai de cette petite étagère décorative et l'attrapai. Je le tournais dans tous les sens, ému par ma découverte. Je souris jusqu'à en avoir une crampe. Nom de Dieu.

- Abuela... Ace...

J'explosais de joie dans la cuisine.

- Il ne l'a jamais brûlé !?

Je reposai le buste sur l'îlot et sautai dans toute la pièce. Je le l'avais pas perdu. J'avais retrouvé cet objet qui m'était si cher... Je savais qu'Ace avait un minimum de bon fond.

- Merci, Merci

Je sautai sur moi-même en hurlant me sentant comblée.

- BORDEL, TU ES INCROYABLE QUAND TU VEUX

Je sortis la tablette. J'allais nous commander un champagne pour lui et moi, à défaut de pouvoir sortir. Nous allions fêter notre nouvelle entente, notre accord d'entraide, mes retrouvailles avec mon buste chéri et sa sortie d'hôpital.
J'avais un doute sur le fait que l'on puisse commander une bouteille, mais finalement, j'y arrivai en me servant de la Black Card et de ses avantages. En attendant, je courus sous la douche. La douche à l'italienne et son jet douche effet pluie m'avait permis d'enfin me détendre. J'étais restée une bonne demi-heure en prenant bien soin de me laver les cheveux en profondeur. C'est à peine sorti de la salle de bain, je me rendis dans la dernière pièce que je n'avais pas encore vue, la chambre. Il y avait toutes mes affaires et surtout, mes affaires de peinture provenant de mon ancien appartement et que j'installai juste devant la baie vitrée.

J'étais émue. Tout était là... Devant mes yeux. Je tournai sur moi-même :

- Le luxe...

Je découvrais peu à peu ce qu'Alex vivait au quotidien. Les bals, les grandes villas et les voitures de luxe, les penthouses aux portes hautes de dix mètres.
Ma bouteille finit par arriver et à peine, je l'avais récupéré que je montais chez Ace. J'étais enthousiaste à l'idée de partager ma joie avec lui. Je sautillais presque en montant à son étage. J'avais envie de faire la fête, de chanter, de danser. Je n'avais pas été d'aussi bonne humeur depuis très longtemps et retrouver ce buste et mes affaires, avait suffi à me donner l'impression que la plupart de mes problèmes étaient réglés.
Comme Ace me l'avait dit, j'avais accès à son appartement, alors c'est tout naturellement que j'enfonçais mon doigt sur le lecteur d'empreintes de l'ascenseur.
Deux bips résonnèrent dans le couloir sombre, je regardai autour de moi et rentrai. En arrivant dans son couloir de palier, une odeur très légère m'accueillit, mais je ne sus pas dire laquelle exactement. Elle flottait dans l'air et était très discrète. Peut-être parce que sa source n'était pas à proximité.
J'étais suspicieuse, cette odeur était surprenante.
Une fois face à la porte d'entrée, je baissais la poignée, quand je me rendis compte qu'elle ne cédait pas.

- Ace ?

Je toquais, mais aucune réaction ne vint.

- Ne me dit pas que tu dors ?

Je réessayais en donnant trois coups sur la porte, un grand sourire aux lèvres. J'étais pressée qu'il m'ouvre. Je voulais célébrer avec quelqu'un.
Alors que la déception commençait peu à peu à me gagner, la porte s'ouvrît brusquement.

- Luchita ! S'écria t - il en ouvrant la porte

Je sursautais.

- Oh... Je croyais que tu dormais

J'essayais de passer, mais il me bloquait le chemin. L'odeur que j'avais sentie plus tôt... C'était le parfum qu'il avait sur lui... Un parfum inconnu. Je baissai les yeux sur son corps. Il était torse nu.

- Qu'est-ce que tu faisais ?

Il me regarda de haut, d'un air étrange, sans me répondre.

- J'ai du champagne !! J'AI VU TON CADEAU ! Allez, va t'habiller

Je le poussais et rentrai. Il se cogna contre le cadre de la porte, et je rentrai. L'odeur sur lui devint encore plus clair. C'était l'odeur d'un parfum féminin... Je pénétrais le salon. Une femme était là, assise, jambes croisées. Je me tournais sur Ace, qui détourna le regard et je me retournai de nouveau sur la fille.
Elle m'offrit un salut de sa main manucurée avant de tirer une bouffée de sa cigarette, et je repensais à la tenue d'Ace en voyant celle de la fille. Elle était vêtue d'un porte-jarretelle noir très sexy qui s'accordait bien à son rouge à lèvres. Et lui, était torse nu. Je fixais la fille et son regard triomphant. Elle me reluquait comme la dernière des pouilleuses.

Je hochais la tête :

- Désolée, je vous laisse

Message passé, me dis-je, en retournant à mon appartement. Il ne m'aimait pas, il ne m'avait jamais aimé. Il m'avait simplement fait m'attacher à lui, pour vivre en paix. Il ne tenait pas à moi plus que ça. Les larmes ne me montaient pas aux yeux. Bien sûr que j'étais contrariée, j'étais de si bonne humeur, mais au moins... j'avais ma réponse. Il n'y avait pas et il n'y aurait pas d'Ace et de moi. J'allais dormir et garder cette belle bouteille pour plus tard. J'avais fait demi tour déçue, mais au moins je revenais certaine d'une chose : il était une perte de temps pour moi.

~~~

Le lendemain :

- LUCIA !!!

J'étais encore secoué et déçue par rapport à hier. Je n'avais plus de force pour pleurer. A part être extrêmement triste, je ne ressentais plus ce trop-plein d'émotions qui me poussait aux larmes. La voix d'une fille en train de crier résonna de nouveau dans ma tête.

- Humm

Je me cognais contre quelque chose avant de chercher mon drap.

- Bordel, qu'est-ce que tu fais endormie par terre ?

J'ouvrais mes paupières lourdes et me redressai avant de me cogner une fois de plus.

- Aïe ! Je gemissais, en me rallongeant

- Pourquoi est-ce que tu dors par terre ?!

- Laiche-moi dormir, je me plains

Pourquoi est-ce qu'il y avait autant de lumière dans cette chambre.

- Tu dors dans ton salon, lèves - toi ! Me tira t - elle

J'avais obtenue ma réponse, comme si Alex lisait dans mes pensées.

- J'ai dû m'assoupir sur le canapé et tomber

- J'espère bien, sinon ça voudrait dire que tu t'es volontairement endormie là, et ça craint. Allez lève-toi !

- Fais chier

Je me levais, la tête lourde... Je ne sais pas combien de temps j'avais dormi, mais j'avais vachement mal au cou.
Je me redressais sur une Alex bien habillée, comme d'habitude, en train de me pointer un machin sur la table. Je me levais en me frottant le cou.

- Qu'est-ce ce c'est ?

- Tes cours bébé

- Oh...

- C'est ça de se faire à la vie qu'offre Ace

Elle rit

- Ne me parle pas de lui

- Que s'est-il passé ?

- Rien, justement, il ne s'est jamais rien passé

- Hum Hum

Elle prit un air mystérieux.

- Je vois... Vous vous êtes disputées hier ?

- Non

Je me levais, pour boire. J'avais cette haleine putride dans la bouche alors, il fallait que je la fasse passer. Alex se leva et replia la couverture que j'avais sur moi à mon réveil.
J'avais l'impression de ne pas avoir d'émotions, j'étais vide... je ne réagissais pas à ce qu'il s'était passé, un peu comme si je m'y attendais.

- Explique-moi dans ce cas...

- Oublie ça, je n'ai pas envie d'en parler, dis-moi plutôt comment tu as fait pour rentrer ici

Elle agita son pouce vers moi.

- Quoi ? Toi aussi tu as accès à mon appart ?

- Oui, on y a tous accès

- Comment ça « tous » ?

- Eh bien... Mon frère... Moi... Les garçons

- Je ne veux pas en savoir plus, je bu, me disant que je devais être en pleine hallucination auditive

- Qu'est-ce que tu as décidé de faire ? S'approcha t - elle de moi les bras croisés, son sac à la main

- Je vais l'aider, soupirais-je

...

- Et après, je disparais

Elle agita la tête sans rien dire :

- Je suis désolée pour ce qu'il s'est passé entre les garçons et toi, Alex

- Il t'en a donc parlé ?

- Oui...

Elle inspira profondément :

- Elle était ma meilleure amie... mais malgré tout, j'ai réussi à faire mon deuil et en parlant de ça !

- Oui dis-moi tout, je m'esclaffais

- J'ai commandé auprès je Meori et de Yori, le nouveau design de ma prochaine collection qui s'appellera Janish

- Jane et « ish » ?

J'étais curieuse.

- Oui, tu sais l'acronyme qui veut dire qu'on donne un ordre d'idée sur quelque chose ou quelqu'un.

- Mais encore ? Je ris

- On le traduit par « Vers » où « À peu près » « Comme »

- Je vois le genre, je ris... eh bien, c'est une très bonne idée

- Quand on pourra, je t'enverrai les photos et les concepts

- Tu as d'autres bonnes nouvelles de ce genre ?

Je m'éloignais d'elle, avant d'installer mon matériel d'art près de la baie vitrée. J'avais tout laissé là par terre hier, sans ranger. Il était tant que je range tout et surtout que je m'organise pour peindre.

- J'ai aussi reçu les premières pièces des premiers designs !!!

- Je suis tellement fière de toi

Je me relevai avant de lui sauter dans les bras.

- Merci, me serra t - elle très fort en retour

- Je voudrais les voir en vrai

- Quand tu auras fini avec cet enfer...

- Volontiers, la serrais-je de nouveau

- Bon... Je vais devoir y aller. J'étais venue pour tes cours n'oublie pas, s'éloignait vers la sortie

- Tu n'es venue que pour ça ?

- Oui... c'était sur la route et comme j'ai jugé que j'avais du temps, me voici

Je la regardais perdue par le voile d'incompréhension dû au sommeil à même le sol, et de plus, elle avait cette dévotion et cette gentillesse envers moi, qui était à peine comprenable.

- Merci beaucoup Alex, tu n'étais pas obligée

- Je me suis aussi dit que c'était peut-être un bon moyen de te sortir de cet enfer même si cela ne te divertie pas forcément.

Elle s'éloigna, presque ennuyée par mes mots.

- Je t'aime, criais-je

- Moi encore plus Lu' !!

La porte claqua et je ris en baillant. Je retournai vers la cuisine ouverte et fouillai dans le frigo à la recherche du champagne que j'avais commandé hier. Je me dirigeai ensuite vers la télé en essayant de l'allumer du mieux que je pouvais. Il y avait beaucoup trop de boutons sur cette pseudo-télécommande...

Au bout d'une dizaine de minutes, je finis par trouver Spotify. Je lançai la musique, en ouvrant ma bouteille de champagne que j'allais vider de moi-même. Je me mis à danser, cette bouteille d'alcool dans la main, avec seulement mon T - Shirt pour vêtement. Je sentais le rythme, les mots, la mélodie m'envahir. Je cessais de danser et m'installai derrière l'une des toiles que j'avais à terminer, en buvant de nouveau.

- Va te faire foutre, m'exclamais-je rageusement

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