55.




La semaine qui suivit l'accident ne fut pas de tout repos. Le lendemain de mon arrivée, Ace avait été mis en assistance respiratoire, car il disait avoir des difficultés à ouvrir ses poumons.
J'avais appris en regardant ses radios, que la balle visait son cœur. Mais puisqu'il bougeait à cause de la perte de son stylo, le tireur avait manqué sa cible. Il avait touché la base du poumon et le diaphragme.

On avait d'ailleurs retrouvé le tireur. C'était un Sanchez et il était en instance d'un procès pour voir s'il allait simplement être expulsé du pays, ou avoir recours à une lourde peine.
On avait fini par quitter l'hôpital. Le personnel avait été très bienveillant et m'avait même donné une couchette pour rester avec lui. Allen avait fait tout son possible pour me faire partir, mais j'avais plus de ressources qu'il n'y paraissait.
Une fois sa rééducation en kinésithérapie respiratoire terminée, on rentra à Long Island, mais pour un court séjour, car après seulement quelques jours là-bas, on finit par reprendre la route pour un retour définitif à Manhattan.

- Tu as bien veillé à prendre tes médicaments ce matin ?

Il leva les yeux au ciel. Je frappai sa main qui était posée possessivement sur ma cuisse. Il rit. Il avait refusé de voir une infirmière plus longtemps que nécessaire alors j'étais en charge de ses traitements. Je le surveillais et faisais attention à ce qu'il les prenne bien. Ce matin, je n'avais cependant pas pu, nous nous étions levés tard et ça m'était sorti de la tête.

- Ne t'en fais pas, je suis grand

- Pas tant que ça

- Et pourtant quand je suis entre tes jambes, tu ne te plains pas.

Il retira sa main et ouvrit la boîte à gant.

- Ouvre cette enveloppe

- Qu'est-ce que c'est ? C'est pour la fille ?

On était en route pour que je rencontre l'autre victime de ce Paolo. Il fallait que je fasse sa connaissance. Que je discute avec elle avant le procès. J'avais appris un peu plus tard d'ailleurs que si j'avais dû partir de Manhattan pour Long Island, c'était parce que ce violeur était au courant de l'implication que j'allais avoir dans cette histoire.

- Ouvre et tu verras bien

J'étais curieuse. Je pris alors l'enveloppe blanche avant de le regarder. Il avait les yeux rivés sur la route et même si ses gestes de conduites me semblaient douloureux pour lui, il ne se plaignait pas, et c'est ça qui me plaisait.

- C'est un billet aller sans retour au Mexique ?

Il rit légèrement.
Je trouvais très curieux cette façon qu'il avait de se comporter. Il riait toujours, mais jamais trop. Toujours à petite dose. Il m'arrivait d'espérer qu'il soit plus démonstratif, mais vu tout ce qu'il avait vécu, j'acceptais maintenant.
Je baissais les yeux sur le petit objet. On aurait dit qu'elle contenait une lettre ou un papier important vu son épaisseur.

- Fait attention, me dit-il

Je commençais alors à l'ouvrir. Elle était bien collée. Une fois complètement ouverte, je le regardai puis regardai de nouveau l'enveloppe.

- Ce n'est pas grand-chose, me dit-il tandis que je sortais un courrier

Je dépliais le texte et lis. À la fin de ma lecture, je la retournai et vis qu'y était collé une carte noire. Une carte bancaire noir.

- C'est une vraie ?

Il rit.

- Tu veux savoir si c'est une vraie Black Card ou si c'est une vraie carte bancaire ?

Il se mit à rire sans s'arrêter. Je le contemplais alors se moquer ouvertement de moi. Il finit par en avoir assez et reprit :

- Tu as une application qui va avec. Télécharge - la sur ta tablette. Tu pourras faire des achats en ligne et chaque semaine, tu auras de l'argent

- Je n'ai pas besoin d'argent

- Considère cela comme un paiement pour tes services conchita (bonne à tout faire)

- Continue et tu te débrouilleras tout seul, je ris

Il afficha une mine neutre sans me répondre.

- Je ne peux pas accepter... C'est trop

Il ne dit toujours rien

- Et qui sait quels crimes tu as faites pour que je sois membre Black. Il faut avoir une certaine fortune que je n'ai pas

- Mais que moi j'ai Luchita, alors profite

Je soupirai en rangeant la lettre dans l'enveloppe. Je refermai la boîte à gant et observai la carte.

- Tu n'as pas peur que je me serve de toi ?

- En l'occurrence, c'est plutôt l'inverse

- ¡ Cállate ! ( Ferme-la ! )

Je rangeais la carte dans l'une des poches de mon nouveau sac adoptif, celui qui m'avait suivi lors de cette nuit-là.
Le trajet se poursuit sans encombre. On arriva dans l'après-midi. Devant une belle maison. Elle avait des allures de maisons construites dans les pays chauds. Je fermai la portière de la Cadillac noire et le suivi.

- Je suis venue tellement de fois qu'ils m'ont donnés le code. Elle nous attend

- Tu devrais presque t'installer ici, ça t'évitera les allers-retours

Bien - sûr que je ne le pensais pas. J'étais gênée par le fait qu'il soit venu tellement de fois qu'il avait obtenu le code d'entrée.
On fit le tour de la grande maison, et l'on finit par arriver sur une sorte de cour. Un grand arbre nous accueilli. On aurait dit un olivier, mais avec la saison, il ne produisait plus aucun fruit.
Une fille était au bord d'une piscine allongée sur un transat vert, elle était entourée d'une multitude de couverture et à ses pieds, une petite table sur roulettes, pleine de friandises. Elle lisait, mais on pouvait voir son ordinateur sur le second transat qui, lui, était vide.
Elle se redressa en nous voyant arriver. L'une de ses couvertures tomba et elle s'excusa alors qu'on se rapprochait.

- Je n'ai encore pas vu le temps passer, je lisais Monsieur le président

Ace rit.

- Arrête de t'excuser alors que ce sera la même chose la prochaine fois

Je lui souris. Elle me regarda timidement avant de me proposer de m'asseoir sur le transat qu'elle débarrassa de son ordinateur.

- Je préfère que l'on reste à l'extérieur

- Je vais vous laisser, dit Ace

Il se retira en me faisant un clin d'œil, je souris alors en rougissant presque.

- Je vais à l'intérieur

- D'acc', dit la fille

Je l'observai.
Ses mouvements étaient lents. Elle s'assit en observant Ace partir. Bizarrement j'avais l'impression qu'elle l'aimait beaucoup. Pas d'une manière romantique, mais d'une autre manière qui n'était pas non plus amicale.

- Alors... C'est toi qui va me représenter ?

Elle leva ses sourcils épais, d'un air impressionné.

- Si j'ai bien compris oui, j'affirmai en riant

Je l'observais. Elle était très fine, avec une jolie corpulence. Elle se présenta rapidement. À l'époque, elle était très proche de Jane.

- On avait entraînement cinq fois par semaine et nos groupes étaient toujours aléatoires, et jamais les mêmes de sorte à ce que nous puissions tous nous côtoyer. Mais, étrangement, nos noms étaient assez souvent sur la même liste

- Ça faisait combien de temps que tu faisais de la nage ?

Elle sembla réfléchir un instant.

- J'ai commencé par prendre des cours comme tous les enfants, pour apprendre à nager, puis c'est vite devenu une passion

Elle éclata de rire pour une raison qui m'était inconnue. Un rire doux et légèrement timide.

- Je me souviens qu'une fois, nous nous amusions avec les filles en attendant le coach. Elles me couraient toutes après, et j'avais glissé

Elle continua en me disant qu'au début, elle avait voulu prendre sur elle et s'était relevée sans montrer un quelconque signe de douleur. C'est seulement durant l'entraînement que ça avait commencé à être insupportable. Elle ne pouvait plus nager pendant un moment, mais elle ne regrettait pas cette blessure.

- Ce soir - là, depuis longtemps, je n'avais plus autant ri

- Ah bon ?

- Je suis l'une de ces filles soumises qui respecte la volonté de ses parents alors le rire et moi...

J'avais déjà des idées de ce dont elle voulait parler. J'étais d'ailleurs surprise qu'elle le dise de la sorte, sans tabou.

- Je n'étais pas libre. Mon père avait été violent durant mon enfance. Ma mère se pliait à ses volontés. Et moi avec.

- Tu n'as jamais eu envie de partir ?

- J'aurais voulu.... J'ai même essayé

- Je vois

- Un jour, je m'étais opposé à lui, et avait tenté de m'enfuir. Mais rien à faire, il m'avait retrouvé. Il avait frappé ma mère en lui disant que c'était elle qui m'avait mise des idées pareilles dans la tête

Je lui souris tristement

- Désolée

Elle continua :

- J'avais seize ans à l'époque. J'ai retenu la leçon. À quoi bon vouloir partir quand on a tout ça.

Elle me montra sa maison en ouvrant ses mains vers la demeure qui siégeait dans mon dos.

- Beaucoup n'ont pas des maisons un peu partout dans le monde, beaucoup n'ont pas de quoi manger, beaucoup n'ont pas l'occasion de participer à des rallyes

Je la comprenais. Son argumentaire n'était pas mauvais, mais si on retournait le problème, beaucoup n'avait pas des parents violents non plus. Cependant, en l'écoutant, je m'apercevais d'un mensonge auquel j'avais toujours cru, et auquel elle répondait toute seule : est-ce que toutes les victimes de violences familiales voulent-elles toutes quitter leurs quotidiens, ou de temps en temps acceptent leur sort à cause du train de vie qu'elles ont et même peut-être par peur de le perdre ? J'avais ma réponse.

- Certaines ont un courage que je n'ai pas

Elle me fit de la peine. Elle avait raison. Ça demandait du courage de partir de chez-soi sans rien, ça demandait aussi du courage de partir tout en sachant qu'on laissait sa mère seule, mais parfois, certains risques méritaient d'être pris. Je secouai la tête en désapprouvant son choix.

- Et tes études ? Tu aurais pu continuer et t'en aller, ou alors évoluer en tant que professionnelle dans ton sport ?

Elle soupira.

- J'aurai pu... mais avec ce qui m'est arrivé, j'ai développé des crises d'angoisses compulsives dès que je mets les pieds dans un vestiaire

- Je suis sincèrement désolée

- Ce n'est pas le pire

Je la regardais curieuse, le regard attristé.

La jeune femme rit.

- Je ne peux plus avoir d'enfants.

Avait-elle vraiment ri avant de me dire ça ? J'écarquillai les yeux sous le choc. Elle avait une capacité à se confier qui était extraordinaire. Elle s'ouvrait facilement à moi, ce que je trouvais impressionnant et curieux en même temps.

- J'ai eu de nombreux traumatismes internes. Il a été violent et ce n'est pas arrivé qu'une seule fois. Maintenant que je vais mieux mentalement, même si j'évite les hommes au grand dam de mon père, mais sinon, je fais la fête un maximum et je profite de l'argent de ma famille

- Et tes études ? requestionnais-je

- Je trouve que la vie m'en a déjà trop demandé. Je ferai sans les études, affirma t - elle d'un ton tranchant

- Ta mère vit encore ici ?

- Ma mère a divorcé depuis, mais je la vois tout le temps

- Et tu vas mieux ? Fin je veux dire, comment est-ce que tu fais pour vivre avec ?

- Non, je ne vais pas mieux. Je n'irais jamais mieux

Je n'osais plus la regarder. Elle se leva, me regarda de haut avant de déboutonner la chemise qui la couvrait

- Regarde-moi...

Elle avait la voix tremblante.

Je reculai le transat pour avoir une meilleure vue sur ce qu'elle me montrait. Son corps était défiguré. Elle avait une grande cicatrice qui fendait son bas ventre dans sa largeur.

- J'ai eu le téton arraché, je ne peux plus me regarder dans la glace

- C'est horrible, je me cachais la bouche en réprimant une grimace de peine à son égard. Non pas seulement à la vue de ce que cet homme avait fait à son corps. Mais à la simple pensée qu'un être humain ait pu faire ça à une jeune fille...

Elle avait vécu ça... La fille qui se tenait en face de moi, avait vécu tout cela.

- Il m'a mordu pendant l'acte et mes blessures se sont infectées. Pas moyen de le soigner on me l'a retiré

- Je suis tellement désolée

Je ne relevais pas les traces visibles de mutilation qu'elle avait sur son ventre, entre ses seins, ses cuisses, son pubis. Tous les endroits potentiels que touchait un violeur.
Elle se tourna et se mit à genoux. Elle passa sa main devant la racine de ses cheveux, à l'avant et tira. Elle avait un bonnet couleur chair, qu'elle retira lui aussi de sous sa perruque.

- En voulant m'échapper une fois, j'ai malheureusement glissée et me suis déchirée l'arrière de la tête, micro traumatisme crânien. J'ai l'arrière de la tête rasée maintenant avec cette affreuse cicatrice, et étrangement, à cet endroit-là, plus rien n'a poussé. Et je déteste tout ce qu'elle m'apporte. Je n'aime pas les regards que j'ai quand j'ai mes cheveux attachés en queue de cheval. Le regard de ces gens, de ces enfants, de ceux que je fréquente qui se demande « Quelle est cette chose à l'arrière de son crâne ? ».

Elle se leva et se retourna sur une Lucia choquée, et presqu'au bord des larmes.

- Malgré le sang qui coulait ce jour-là, il me viola encore. Cela a été la dernière fois qu'il me toucha

Je hochais la tête.

- C'est grâce à Ace d'ailleurs. Quand il a perdu sa sœur, il a appris grâce à la vidéo que moi aussi, j'avais subi le même sort. Il m'a contacté et m'a poussé à voir un médecin

Elle me sourit en refixant le bonnet de sa perruque.

- Mon père ne voulait pas faire de vague, alors je ne leur en avait pas parlé plus tôt

- Je vois...

- J'ai eu du mal... Vraiment. Les premières séances, je les passais à m'arracher les peaux autour de mes doigts, sans parler... Puis écoute, à force d'y aller, j'ai finis par parler

- J'ai une question, tu as parlé d'une vidéo ?

- Oui. Sa sœur a avoué son viol dans sa lettre de suicide, quand Ace a voulu enquêter, il s'est donc rendu au lycée. C'est là qu'il a appris que des caméras espionnaient les élèves dans les vestiaires. Mais, comme on dit, un mal pour un bien, grâce à cela, le viol de sa sœur a été filmé

- Et le tien par la même occasion j'imagine ?

Elle secoua la tête :

- Non. J'étais souvent dans son bureau la plupart du temps ou ailleurs comme près des bassins

- Ma pauvre...

- J'ai perdu goût à tout

- Et qu'a dit ton médecin sur ta santé ?

Elle arrangea sa perruque et me sourit de nouveau. Elle souriait beaucoup.

- J'ai encore des traumatismes, j'ai vu que tu avais remarqué les cicatrices de mes mutilations pouffa t - elle, c'est toujours comme ça, les gens remarques, mais n'osent rien dire

- Excuse-moi

- Oh... Ce n'est rien


Elle agita la tête.

- Ta politesse m'amuse

Je ne dis rien, mal à l'aise.

- À chaque fois que j'essaye d'arrêter, les cauchemars reprennent

Elle m'expliqua qu'elle avait le sentiment qu'en arrêtant, sa douleur ne s'échappait pas. Elle restait à l'intérieur, alors, elle était obligée de se scarifier pour ne pas avoir à revoir ses viols en rêve.

- Tu sais, quand en tant que femme, tu perds ta capacité à enfanter, tu n'as plus envie de grand-chose, alors je n'ai plus aucune passion. Même l'envie de liberté et d'indépendance que nous les femmes pouvons habituellement ressentir, je ne l'ai plus. Voilà pourquoi je ne fais pas d'études

- Et tes amis ?

Elle haussa les épaules, et dit :

- J'en ai des milliers étant donné que je voyage tout le temps. Je bois. Je me saoule au martini, au whisky, à plein de choses, je ne fais pas l'amour ou quand j'essaye, je ne ressens aucun plaisir sexuel

- J'ai envie d'être là pour toi, et t'aider à réellement aller mieux. Je sais que tu en as l'impression, mais tout ne s'est pas arrêté à ce viol-là

- À CES viols, précisa - t - elle en riant

Je ris avec elle, il valait mieux réagir comme ça que de s'effondrer. Cela devait être le choix qu'elle avait fait. Elle avait d'ailleurs beaucoup de courage de prendre ses problèmes avec autant d'autodérision. Je finis par regarder vers l'eau de la piscine qui m'avait l'air si calme et paisible avant de dire :

- Ça te dérangerait que je te représente au tribunal ? Que je parle de ton histoire ?

- Ces derniers temps, plus rien ne me dérange. Si je peux aider quelqu'un avant de mourir...

Elle prit une bouteille d'eau posée sur sa petite table et bu une gorgée. Sa gorge se rétrécit plus, elle avalait.

- Je risque de contracter un cancer

- Comment ça ?

- Je n'arrive pas à arrêter de m'auto-mutiler

- Et à force de malmener ta peau qui cicatrise trop, tu risques d'en devenir malade

Je ne voulais pas reprendre exactement ses mots. Sa vie était extrêmement triste.

Je pouvais comprendre le geste qu'avait eu Jane.

Comment supporter des choses aussi violentes ?

- Je vais détruire cet homme, je conclus

Elle se leva et je l'imitais.

- Tu as intérêt, je me suis laissé sept mois. Je veux que tu venges Jane, je veux que tu fasses ça pour moi qui n'ai pas le courage.

Une larme roula sur ma joue. Je l'attirai vers moi et la prit dans mes bras.

- Je n'ai qu'une parole, et je la respecterai. Je vais me battre pour que l'homme qui t'a fait subir ça, finisse six pieds sous terre. Je veux qu'il perde tout

J'articulai parfaitement mes mots, pour qu'elle perçoive leurs impacts.

- Ce genre d'hommes n'ont plus rien à perdre

- Contrairement à ce que l'on dit des mafieux... ils ont souvent peut-être tout perdu, mais il leur reste toujours une chose : La vie

J'allais me lancer dans ce procès dans un but précis, que ce Paolo Johnson écope de la peine de mort.

- Je vais recourir au suicide assisté Lucia

J'acquiesçais. Je n'allais pas lui dire de réfléchir encore un peu. Cela faisait des années qu'elle avait dû réfléchir depuis ses dix-sept ans jusqu'à maintenant.
La façon avec laquelle elle parlait de ses mutilations me semblait même être un sujet léger pour elle. C'était dire à quel point elle devait être vraiment décidée. C'était facile pour moi. Moi qui n'avais rien vécu, moi qui n'avais pas ses traumatismes de lui dire : « Courage. Tout finira par s'arranger. N'abandonne pas maintenant », mais pour elle c'était une tout autre histoire, elle en faisait des cauchemars. Elle se mutilait et ses mutilations pouvaient même la conduire à de graves maladies. Elle ne devait plus avoir goût à grand-chose. Alors la seule chose que je pouvais et voulais lui apporter c'était tout mon soutien, mon amitié, durant ses derniers mois de vie et une vengeance digne de ce nom. Je ne pouvais pas la juger et même si je mourrais d'envie de la dissuader de faire cela, même si je mourrais d'envie de faire d'elle une amie proche afin de lui faire oublier tous ses malheurs, je savais que certaines choses dépassaient souvent les questions de raisons et d'amitié. Les traumatismes inoubliables et souvent insoignables, ne pouvaient pas faire l'objet de discussions. J'allais donc rester près d'elle, autant que je le pouvais, priant de tout mon cœur afin qu'un miracle, lui permette de changer d'avis.

- Tu viendras me voir sur ma tombe et tu me diras fièrement : j'ai réussi, il ne fera plus de mal à personne, elle s'esclaffa

Je le lui promettais, en en faisant mon affaire personnelle. Il ne pouvait pas être un violeur et se balader fièrement dans les rues de l'un des États les plus peuplés de ce pays.

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