48.



- Je ne suis pas lâche ;

- Ce n'est pas de la lâcheté, que de passer à autre chose !

- Contre de l'argent, ça l'est. TU T'ES LAISSÉ ACHETER ! VOUS VOUS ÊTES LAISSÉS ACHETER PUTAIN

- J'aurais dû être plus sévère

- Tu aurais surtout dû sauver ta fille !

Je sentais ma jugulaire pomper dans mon cou. Je me levais violemment.

- TA FILLE UNIQUE BORDEL. ELLE ÉTAIT TA FILLE UNIQUE !

Je fixais ma mère. Elle avait refusé tout procès. Elle n'avait pas voulu se battre pour Jane. Elle avait baissé les bras, avait quitté l'état avec son époux, pour se terrer à Miami.

- Andrew-

Sa phrase fut interrompue quand la porte s'ouvrît derrière moi. Une silhouette verte s'approcha. Fais-chier.

LUCIA

J'étais restée quelques secondes à la porte, hésitante. J'avais vaguement entendu des voix. Je poussais alors la porte quand un homme, le même que tout à l'heure me fixa, les sourcils froncés, quand un peu comme s'il avait revêtu un masque, détendis ses traits. Je souris maladroitement quand Ace se tourna vers moi. Je l'avais trouvée.
J'avais prévu de faire croire que je cherchais les toilettes quand je me rendis compte que le couple, discutant avec Ace n'était autre que l'homme qui m'avait proposé son aide pour investir dans mon centre culturel, car lui aussi était dans l'art et la justice. La femme assise sur le canapé en face de la porte par laquelle je venais de passer, était celle qui l'avait accompagné plus tôt. Mon excuse ne marchait donc pas, ils étaient là, plus tôt, quand j'avais dit que je me rendais déjà une première fois aux toilettes.
Ace avait l'air furieux.

- Excusez-moi de vous avoir interrompu ;

Je refermais rapidement, mais doucement la porte avant de me retirer précipitamment quand j'entendis quelqu'un m'interpeller.

- Lucia !

Je me retournais pour voir la femme. Elle me souriait de toutes ses dents. Ni Ace, ni son mari n'était sorti pour venir voir. Et sans même le voir, je savais qu'Ace était actuellement en train de m'en vouloir.

- Oui ? Dis-je à une distance correcte

- Venez avec nous. Il ne faut pas partir comme ça, enfin

Je rebroussais alors chemin. Un malaise planait dans l'air. Je n'avais jamais voulu interrompre quoi que ce soit putain.

- Non, ne vous en fait pas. Je sais attendre. Je ne voulais pas vous déranger

J'analysais la femme. Ses traits. Elle m'avait l'air peinée d'après la forme de ses rides, mais elle était plutôt bien conservée. J'étais presque sûre qu'elle ne dépassait pas les cinquante-cinq ans. Elle avait les mêmes yeux que ceux d'Ace. Ou plutôt, Ace avait les mêmes yeux qu'elle... Se pourrait-il que cette femme soit sa mère ? Il y avait aussi une légère ressemblance au niveau des pommettes, hautes et saillantes. Bien marquées, comme celle d'un mannequin.

- Entrez, me força t - elle

Elle passa son bras dans mon dos, sans pour autant me toucher, en m'effleurant, et j'étais avec eux. Quelques instants plus tard, c'est son père qui se leva, il me proposa sa place, que je n'osais pas refuser. Je me sentais mal dans cette pièce. Je regardais alors un peu partout, quand Ace s'installa à mes côtés sans même me regarder un seul instant. Son père resta debout, les bras croisés en me souriant. Sa mère me proposa à boire, mais je refusais poliment.
Comment se faisait-il qu'une pièce puisse être aussi sombre ? Ma robe verte n'était pas d'un grand éclat, pourtant on pouvait clairement dire qu'elle était la seule chose qui ramenait de la couleur ici.

- Il n'y a pas de mal, vous avez le droit de rester avec nous, dit l'homme

- Non, mais si vous étiez en pleine discussion, je me voyais mal vous déranger

- Oui effectivement, mais ce n'était pas une discussion de grand intérêt

Je sentis comme une légère réaction de la part d'Ace. Il lança un regard mauvais à celui qui se tenait en face de lui. Je me sentis mal quand la femme assise à ma droite reprit le fil de la discussion :

- Alors ? Ça se passe bien avec mon fils ?

Ils étaient donc ses parents. Je ne sus pas comment réagir de prime abord. Je souris. Sans mots.

- Andrew ne vous l'avait pas dit ?

Andrew ?

Je pensais à regarder Ace dans l'incompréhension quand je me dis que je devais continuer à jouer. Il m'avait même caché son vrai prénom. Je ne m'étais doutée de rien puisque pour moi, c'était la dernière idée qu'il pouvait avoir, en plus, de nombreux parents appelaient leurs enfants de la sorte, pourquoi avait-il fallu qu'il change ?

- Quand on s'est rencontrés pour la première tout à l'heure, je pense que l'on a été tellement pris par la conversation qu'il n'a pas eu le temps, c'est de ma faute

Je lui pris tout de même la main en la serrant. Ma journée ainsi que ma soirée avaient été éreintante, alors je n'imaginais pas la sienne, dans cette pièce sombre. Je passais mon pouce sur le dos de sa main en souriant à ses parents.

- Enchantée pour la deuxième fois

Je ris entrelaçant mes doigts dans les siens. Il ne me repoussa pas, bien au contraire. Il sembla accepter mon geste.

- Nous de même

Un silence s'installa quand je repris.

- J'ai beaucoup apprécié la soirée, et notre discussion plus tôt

- Dites-nous en plus sur vos origines d'ailleurs, nous étions à la recherche d'un nouvel endroit à visiter, mon mari et moi-même, alors si vous nous vendez bien la chose...

- Je n'ai pas grand-chose à dire, vous savez...

L'homme me coupa, ce qui me sembla étrange. Ace ou si je devais maintenant dire Andrew, croisa ses longues jambes d'un air sûr de lui.

- Nous étions tellement pris par la soirée que ça a été compliqué de correctement faire connaissance, alors reprenons, dit-il

Je m'enfonçai dans mon siège, curieuse. Ace agita la tête avant de lâcher un rire moqueur. Son père l'étudia discrètement, mais pas suffisamment pour que même une personne qui commençait à se faire à l'ambiance de la pièce ne le perçoive pas.

- Il vous a parlé un peu de lui ?

- Bien sûr que je lui ai parlé de moi !

Je trouvais sa question étrange

- J'ai posé la question à quelqu'un qui n'est pas toi

Pour la première fois, je voyais enfin son vrai visage. Je regardais la mère, mais elle avait la tête baissée, comme si elle ignorait ce qui était en train de se passer.

- Naturellement, oui, il m'a parlé de lui

Son père sembla surprit. Il croisa ses bras :

- Ah bon ? Vous m'en voyez ravie Lucia. Et sa sœur ?

Ace se redressa puis se figea. Il lâcha ma main. Plus rien ne semblait exister pour lui.

- Pardon ?, Dis-je en regardant Ace, puis celui qui se tenait en face de lui sans ne rien dire

- Mon fils vous a - t - il parlé de sa sœur ? Se répéta t - il

- Sa sœur ?

Ace sembla consterné.

- Ça suffit ! Tu vas trop loin !

- Qu'y a-t-il ?

Il rit, mesquin. Ace/Andrew... avait une sœur ? Je le regardai en colère quand je vis que ce qui brillait dans ses yeux étaient une envie plus que meurtrière.

- Elle s'appelait Jane, affirma la mère

En y pensant, je commençais à recoller les pièces de ce puzzle géant. J'étais presque sûre que la fille dont Alex ne voulait pas me parler était cette Jane. Et Jane était la sœur d'Ace, raison pour laquelle, ils la détestaient tous. Restait plus qu'à déterminer la cause de cette haine.

- On s'en va !

Ace me tira le bras me faisant violemment quitter ma place. Je ne pensais pas qu'il irait aussi loin. Ses parents n'avaient pourtant rien dit de mal. Je me sentais mal pour eux, surtout pour sa mère qui semblait au bord des larmes.

- Attends !

Il continua de me tirer de plus belle. Pourquoi sa mère avait-elle dit « Elle s'appelait » au passé ? Il n'avait plus de sœur ? Était-elle morte ? Cette histoire me faisait de plus en plus froid dans le dos. Qu'avait fait Alex, qui aurait conduit la fille des Scotten à la mort, au point où Ace et les autres la détestait ?

- Je suis sincèrement désolée ;

Je présentais tout de même mes excuses. Je me sentais mal pour eux. Il réagissait si abruptement.
On finit par quitter la pièce quand je me dégageais.

- LÂCHE-MOI. Je ne suis pas ton chien, me calmais-je en essayant de mesurer mon ton. Le gala n'était toujours pas terminé, et puis, il était tellement en colère que je ne savais pas sur quel pied danser

Il me laissa derrière et malgré cette envie pressante de lui poser mille et une questions, je la fermai. J'imaginais que la fête était terminée.

Quand on sortit, un homme différent de celui de tout à l'heure nous rendit les clés de la voiture, voiture qui était revenue au même endroit que tout à l'heure, c'était à se demander s'ils n'avaient pas tout prévu.

Beaucoup de couples, comme nous, s'en allait déjà. Il se faisait très tard quand je m'installai a ma place. Je grelotais de froid. La lune éclairait le ciel et cela me rappela que ça faisait longtemps que je ne l'avais plus vu. Je soupirais quand Ace ferma ma portière, montrant un dernier effort dans son rôle de compagnon parfait. J'avais les pieds en feu alors, je me déchaussais. J'agitais mes orteils douloureux quand il fit rentrer une nouvelle vague de fraîcheur avec lui.
Cette lune dans le ciel me rappelait aussi autre chose. La fin de la liberté pour moi. On retournait dans ma cage dorée. Cage me privant de la vue sur cette belle pleine lune. Ace quitta la place, place reprise immédiatement après par la voiture de quelqu'un d'autre.
La radio raisonnait dans l'habitacle, signe que le chauffeur précédent avait dû s'amuser. La température externe en cette nuit de fin novembre était de moins sept degrés. Ace la coupa et on entame notre début de trajet.

- C'est très impoli au Mexique de s'en alla comme ça et de s'adresser de la sorte à ceux qui nous ont mis au monde

- Tu ne dirais pas ça si tu avais l'histoire en entier

Il tourna son volant à l'extrême et on quitta le rond-point sur lequel nous étions, et qui était plein à craquer.

- C'est grave à ce point-là ?

Il ne dit rien

- Ta mère m'a peiné, lui dis-je. Elle avait l'air si triste, au Mexique je...

- ON N'EST PAS AU MEXIQUE

Je sursautais surprise. Je n'avais pas la force de me disputer avec lui. J'étais exténuée. Entre ce que j'avais entendu ces filles dire sur moi, feindre une quelconque relation, mentir toute la soirée... ça forçait l'esprit à rester en éveil pour ne pas dire autre chose qu'un mensonge, alors oui, désolée, mais là, j'étais fatiguée.

- J'essayais juste d...

- T'ESSAYAIS JUSTE DE QUOI ?!

- Pourquoi est-ce que tu t'acharnes sur moi Ace ?

- ÉTAIS- TU VRAIMENT OBLIGÉE DE TE POINTER À CE MOMENT - LÀ ?!

- Je te cherchais simplement

- TU AURAIS PU ATTENDRE

Il hurla d'un cri que je ne lui avais encore jamais reconnu. Je voulus répondre, mais je sentis mon nez commencer à me piquer. Je ne voulais pas qu'il ait ce sentiment qu'il m'avait touché, et pleurer ne servait à rien. Il ne pensait qu'à lui, alors je n'obtiendrais rien avec ces quelques larmes. Je me tus alors.
Ça en valait mieux comme ça...

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