47.
- Je crois que quelqu'un arrive, dit-elle
J'étais à la fois très contente, de ne pas avoir à mentir cette fille, mais également très mal à l'aise, car Ace ramenait derrière lui, cinq personnes à qui j'allais certainement devoir raconter des histoires !
Je ramenai mes mains suantes devant mon bas-ventre, en me tenant droite. Victory se tourna vers Ace.
- Ah ! Dit-elle en affichant le même sourire que moi
Ace se plaça à côté de moi. Je levai légèrement la tête en souriant, mais mes yeux exprimaient tout autre chose.
- Oh, ma princesse, Victory, dit-une femme, menue et petite
La femme devait avoir au moins soixante ans, elle passa son bras derrière le dos de la fille et lui sourit chaleureusement.
- Madame..., dit Victory en retour
- Tu as fait bon voyage, depuis la Silicon ?
- Oui, parfait
Ace se pencha sur mon oreille :
- Elle est présidente d'un grand conglomérat immobilier
Mes yeux se reportèrent sur la vieille femme. Si vieille, mais si puissante. Victory, avait la chance d'avoir quelqu'un comme elle dans la poche.
- Et tu dois être la compagne de Scotten ?
L'homme qui me posa la question avait la même taille que moi, avec vingt kilos de muscles en plus. Il m'attira brusquement à lui, et me serra dans ses bras.
Pour une raison étrange, ce que je ressentis cette fois-ci, fut un intérêt bienveillant. Il devait être du genre à vouloir mettre tout le monde à l'aise.
- Oh, excuse mon impolitesse, je ne t'ai pas immédiatement saluée, me dit la vieille qui relâcha sa prise sur Victory
L'homme s'éloigna. Je ris maladroitement avant de m'incliner devant la femme.
- Pas de problème. Je sais ce que font sur nous des retrouvailles envers des personnes auxquelles nous tenons
- Ah bon ? Demanda t - elle tandis que je saluais les autres personnes autour de notre petit cercle restreint
- Il y a quelques semaines, des personnes de sa famille, sont revenus, me coupa Ace comme s'il ne voulait pas que je parle de moi, par moi-même.
- Elles venaient de loin ? Demanda une autre femme, blonde, au chignon bas, parfaitement plaqué sur le dessus.
- Du Mexique, répondit de nouveau Ace en me coupant alors que je m'apprêtais à répondre
- Laisse donc cette enfant s'exprimer, dit toujours la vieille femme avant de faire rire tout le monde, moi y compris
- Pourquoi du Mexique ? Vous n'êtes pas d'ici ?
Celui qui me posa la question avait une femme à son bras, que j'examinais de la tête au pied. Elle avait une forte allure d'escorte. Elle me dévisagea avant de hausser les sourcils.
- Je travaille ici. Le reste de ma famille vit encore là-bas, dis-je en sentant Ace mal à l'aise
- Super ça ! Dit une autre personne
Victory acquiesça avant de dire :
- Ça doit être difficile de travailler dans un pays sans sa famille comme soutient
- Vous êtes vaillante, mademoiselle, me dit une autre femme
- C'est pour cela que je suis fier d'elle
Ace glissa cela, sur un ton trop neutre pour quelqu'un de fier. Il accompagna sa remarque d'un petit baiser sur ma tempe. Un léger blanc s'installa par la suite, quand Victory me posa de nouveau une question :
- Et qu'est-ce que tu fais ?
- Dans la vie ?
- Oui, me sourit-elle en avalant sa boisson
- Eh bien...
Il me fallait réfléchir rapidement. Je n'y avais pas pensé du tout ! Je n'avais pas eu le temps ! Rien ne m'avait préparé à cette question, alors qu'il était évident que j'allais l'avoir au moins une fois au cours de la soirée. Je regardais les six personnes autour de moi.
Victory, et son sourire parfait.
La Vieille Femme et son pouvoir qui irradiait notre cercle.
L'homme chaleureux qui m'encourageait silencieusement à me lancer.
L'homme bien entretenu et son escorte au regard malveillant.
La quinquagénaire et son mari qui me regardait d'un air sérieux.
Je n'osais pas terminer sur Ace. Je le sentais angoisser. Il avait sa main autour de ma taille, mais son geste n'était pas naturel. Il me tenait de façon machinale ce qui n'avait pour résultat que de me faire me sentir encore moins bien.
- Je suis dans l'art, dis-je en retenant mon souffle
Je ne savais pas d'où me venait cette réponse. Je n'y avais même pas pensé, mais la réaction de mes interlocuteurs me fit plaisir.
- Vraiment ?! L'homme sérieux s'anima enfin
Je me détendis face à son enthousiasme soudain.
- Oui...
Ace me regarda, mais je ne le lui rendis pas son coup d'œil. Je sentais qu'il espérait fortement que je sache ce que je faisais. Mais je n'allais pas le rassurer, car moi-même, je ne savais pas.
- En ce moment, je travaille sur l'ouverture d'une galerie d'art
- Et qu'y exposeriez-vous ?
« Fais-toi un nom, ma belle »
- Mes créations. Je peins, je sculpte, je fais aussi de la poterie
- Comme Frida ?
La remarque de Victory me surprit. Je l'adorais. Frida Kahlo était mon artiste préférée. Elle peignait si bien et malgré son état de santé lamentable, avait réussi à transmettre son art avec beaucoup d'espoir à côté.
- Je l'espère pour un futur proche, ris-je aux éclats
- Elle est souvent modeste, mais si vous voyiez ce qu'elle faisait, dit Ace d'un ton, un peu plus convaincant cette fois-ci
- Et qu'est-ce que votre galerie d'art aura de plus que les autres ?, Me redemanda l'homme qui avait fait taire tous les autres avec son regain d'énergie
- Elle sera à mon image je pense. Je veux qu'en y ressortant, le visiteur sache qui j'étais. Je veux être familière à tous et surtout accessible
- Tu as déjà une idée de comment est-ce que tu comptes t'y prendre, ma petite ? Me dit la vieille en tendant sa coupe de champagne à Victory qui la reposa sur la table à en-cas
Je ressentis un petit pincement au cœur pour la fille, la femme ne lui avait même pas accordée un regard en lui tendant la flûte. C'était un peu réducteur comme geste à mon avis.
- J'aime beaucoup lire. Je pense que le style et l'architecture de l'endroit sera un peu dans l'esprit d'une grande librairie moderne
Je m'y voyais déjà.
- J'ai songé à carrément y installer une librairie pour encourager l'accès à la lecture et à la culture
- Vous aimeriez construire un centre culturel, c'est exact ?
L'homme musclé et chaleureux me posa la question en fronçant les sourcils.
- En quelque sorte
- Mais beaucoup plus personnel et intime à elle-même, compléta Ace
- J'achète ! Je vois totalement l'esprit. Tenez ma carte. Quand votre projet se précisera, n'hésitez pas à me contacter... quel est votre nom ?
- Lucia.... Lucia Fernandez, dis-je en prenant sa carte, un sourire éclatant au visage
- Je suis aussi dans l'art, la culture et le tourisme poursuit l'homme Enthousiaste. Votre projet me semble original, donc c'est avec plaisir que je ferais affaire avec vous pour vous faciliter les démarches.
- Merci beaucoup, dis-je réellement touchée
Ace serra ma taille encore plus fort comme pour silencieusement me témoigner son soutien.
- Moi aussi, me sourit doucement la vieille ;
- Oh, dis-je en essayant de canaliser ma joie
- Si j'ai un terrain qui se libère pour construction, je t'en informerai. Tiens ça
Elle sortit une carte noire, de sa pochette vert émeraude, le même vert que celui de ma robe, et me la tendit. Je la pris des deux mains en m'inclinant vers elle. Victory rit, contente pour moi.
- Entre-temps, tu peux me contacter. Certains de mes projets pourront attendre
- Ne vous dérangez pas, dit Ace mal à l'aise face à leurs gestes
Il m'amusa. Depuis quand s'essayait-il à la politesse ? Je n'avais ni poche, ni pochette, je ne savais donc pas où glisser ces cartes. Pourtant, je savais que pour le reste de la soirée, elles seraient les favorites de la reine.
- Mêle-toi de tes affaires, Scotten dit fermement le tas de muscles. Je ne suis peut-être pas dans l'immobilier ou dans l'art ou le droit, mais je serais volontiers l'un de ses investisseurs.
Il me tendit sa carte, en arrachant un rire à Ace.
- Merci beaucoup, dis-je
- C'est un plaisir de pouvoir apporter notre pierre à ton édifice, conclut-il avant d'à nouveau me prendre dans ses bras
Je les sentis approuvés son geste. Quand il me repoussa, je les remerciais tous gracieusement. La conversation se poursuit sur un échange de banalités et d'anecdotes sur le monde de la bourse. Une envie pressante me vint tout à coup, je finis par me retirer, après une bonne dizaine de minutes à faire comprendre à ma vessie, que ce n'était ni l'heure, ni le jour.
- Excusez-moi ? Demandais-je à d'autres invités. Vous auriez une idée de l'endroit où se trouvent les toilettes ?
J'enjolivais mes phrases, ce qui me demandait beaucoup d'efforts. Il fallait que je pense à tout. Que je ne fasse pas d'écart, pas de maladresse. Le couple m'indiqua gentiment où était ce qu'ils avaient eux appelés la '' salle de bain '', avant de mettre fin à notre échange, en reportant leur attention sur leur discussion. Après avoir joué des coudes dans cette grande salle, en essayant de garder les trois cartes que j'avais récoltées plus tôt, je finis par arriver. Je me glissais dans l'une des cabines en tentant de ne pas me précipiter. On ne savait pas qui pouvait me voir.
- Enfin... me chuchotais-je à moi-même en soupirant ;
J'avais laissé tous les autres à leur conversation et le temps de trouver cet endroit, j'avais bien dû mettre au moins cinq minutes. Je sortis mon téléphone avant de pianoter, encore assise sur le trône. Alex surgit brusquement sur la conversation, comme si elle avait attendu ce moment depuis le début de la soirée.
« Trois cartes !! »
Elle comprit immédiatement. Et se lança dans un envoi de messages tous plus excitants les uns que les autres. Elle acheva son monologue en me demandant si j'avais rencontré les parents d'Ace, ce à quoi je répondis non. Ce qu'en y réfléchissant, je trouvais un peu étrange. J'avais pu rencontrer ses amies, des entrepreneurs qu'il semblait connaître, mais pas sa famille.
Je me relevais en tirant la chasse. Je glissais les trois cartes précautionneusement dans mon soutien-gorge, après avoir hésité à les glisser dans la coque jaunie de mon téléphone.
J'arrangeais ma robe du plat de la main quand des voix attirèrent mon attention. Deux filles...
- Je ne pouvais plus la supporter, je ne la sentais pas dès le début
La deuxième fille rit.
- Je ne sais pas comment est-ce qu'elle a réussi à se mettre BigHand dans la poche aussi facilement
- La vieille l'a aimé ?
- T'as pas idée. Je ne l'avais jamais vu rire autant. Petite salope, termina t - elle sa phrase
Est-ce que c'était Victory ? L'hypocrisie, m'avait prévenu Ace. Était-elle vraiment jalouse ? Moi qui avais eu l'impression qu'elle se réjouissait pour moi.
- J'aurais dû te suivre dès le début
- Tu es toujours trop gentille, rétorqua méchamment l'autre fille
- Et puis, elle est d'un snob cette pute
- Pourquoi ça ? J'entendais une boîte claquer, certainement une palette à maquillage
- « Je ne suis pas très alcool » gnia gnia
Je tirai sur la chasse et sortis alors dans un calme impressionnant, en leur souriant.
- Je suis encore moins pour tout ce qui est hypocrisie
Je quittai la pièce en les ignorant. Je sentis le visage de Victory se décomposer. Une femme passa devant moi, et se dirigea vers les toilettes. La tête haute, fière de moi, mes cartes de visites tout près de mon cœur. Aujourd'hui, j'avais eu beaucoup de chance.
C'est donc sur un pas décidé, ignorant les deux idiotes que je me lançai à la recherche de l'endroit où la conversation avec ces hommes et ces femmes d'affaires avait eu lieu. Après un chemin beaucoup moins long à emprunter, je finis par arriver, mais ils n'étaient plus là. J'avais certainement dû mettre fin à la discussion en m'en allant, sans m'en rendre compte.
Je regardais autour de moi à la recherche d'Ace, mais rien. Je prenais un en-cas que je glissais dans ma bouche ; je ne suis pas snob sale pute. Je me dirigeais vers l'escalier de l'étage qui surplombait la pièce dans laquelle la majorité des invités se trouvait. Ace n'était plus ici, j'en étais sûre et ce qui m'énervait avait été le fait qu'il n'avait même pas jugé bon de me prévenir, l'enflure.
Je marchais lentement vers l'escalier, quand un vigile se précipita vers moi, me faisant presque trébucher. Je levais les yeux sur lui en colère.
- Interdit de monter pour les inviter n'ayant pas une autorisation, excusez-moi
Ces excuses avaient eu l'air de lui écorcher la gorge, tant il me les avait sorties avec rapidité.
- Je cherche mon... compagnon, dis-je en déglutissant
- Vous devez chercher ailleurs, il ne doit pas être ici, me dit-il en me reluquant de haut en bas
- Si
- Non
- Laissez-moi passer
- Non, refusa t-il
- Scotten, prononçais-je le nom d'Ace
- Le tient ;
Je ris quand il se mit à me tutoyer. Ils me faisaient chier ces gorilles qui avaient été engagés. Je me tournais vers le monde autour de moi, démunis quand l'homme musclé de tout à l'heure se rapprocha.
- Tu cherches Ace peut-être, Lucia ?
- Oui, mais il refuse de me laisser passer
- Elle est la belle-fille des Scotten
Je le regardais surpris, qu'il sache qui étaient les parents d'Ace. Le vigile à l'allure dure, me regarda de nouveau, hésitant :
- Si tu ne veux pas perdre ce job, laisse-la passer
Sa voix était ferme, mais restait poli. Le vigile s'écarta.
- Je ne sais pas dans quelle pièce Ace est allé se réfugier, mais cherche un peu partout, tu finiras par trouver
- Merci, lui souris-je en ignorant celui qui m'avait regardé, un air de dégoût dans les yeux
- Pas de problème
Il leva sa coupe de champagne, tandis que je montais, une main à la rambarde, et l'autre tenant ma robe et mon téléphone. Il était temps pour moi de faire le tour de la dizaine de pièces qui se dressaient en haut, devant moi. Quand j'atteignis la dernière marche, je lus ce qui avait été écrit en noir sur la moquette rouge : Privé.
ACE
Salon privé :
- Elle me plaît bien cette petite
Je hochais la tête en écoutant à peine mes parents, parler de Luchita.
- Moi aussi, répondit ma mère
Je sortis une bouteille de champagne du seau exagérément rempli de glaçon. Ce moment était un véritable calvaire pour moi et le pire dans tout ça, c'est que je n'avais pas le choix de supporter la lenteur avec laquelle cette soirée se déroulait.
- Et toi mon chéri ? Parle-nous de ce que tu ressens pour elle ?
- Que voulez-vous savoir ? Je demandai sèchement
- Je ne sais pas moi, rit bêtement ma mère. Est-ce qu'elle fait partie de ta nouvelle vie ? Comment est-ce que vous vous êtes rencontrés ?
- Si tu veux mon avis MAMAN, ce ne sont pas tes oignons
- Du calme, dit mon père en se levant
Il m'arracha la bouteille, avant de se servir pour la cinquième fois aujourd'hui. Il me regarda dans les yeux tout en remplissant son verre. C'était du Scotten tout craché ça. Il voulait toujours installer un rapport de force avec tout le monde, et même si je l'avais trouvé très agréable avec Lucia tout à l'heure, je savais que viendrait vite le moment où il allait devoir lui montrer qu'il était supérieur, que ce soit en pouvoir, en sagesse, en tout, quels que soient les domaines.
- Et arrête un peu avec cet air agressif, ça ne te va pas
- Au moins l'un d'entre nous a conservé sa dignité, c'est le plus important
Je lui arrachais la bouteille des mains, avant de remplir ma coupe de champagne.
Je détestais cette pièce sombre. J'avais toujours eu un grand rejet pour les salons privés que je devais partager avec mes parents, celui-ci au-dessus de la liste. Tout était en obsidienne noire. Tout. La couleur aussi était la même pour tous les objets de cette pièce.
Rien n'avait été fait au hasard, il fallait que la personne qui rentrait dans cette pièce, se sente mal à l'aise. C'était bien joué, car Alex et moi n'étions pas passées à côté de ce sentiment dès notre début de pré-adolescence.
- Ta nouvelle vie à l'air de te plaire, rit ma mère en s'asseyant en face de mon père, autour de la table basse dont les pieds était en cuir noir comme le fond du support en verre
Voilà ce que je déteste le plus chez elle. Ce déni constant était là, mais par-dessus, s'était rajouté son envie maladive de constamment échanger des banalités sans intérêt.
- Ce n'est pas ma nouvelle vie, mais la vie que j'aie toujours eue, contrairement à certains...
- On apprécierait que tu arrêtes ;
- Arrêter ? De dire la vérité ? Non merci
Je m'assis au bord du canapé avant d'avaler une gorgée de champagne :
- Si vous voulez tout savoir, je compte bien continuer. Je ne vais pas abandonner ma sœur. Je ne vais pas être un lâche, pour une maigre dizaine de m-
- ASSEZ
Mon père hurla.
- Mon chéri...
- ON T'A TOUJOURS TOUT DONNÉ SALE VAURIEN
- Ne me dis pas que tu continues cette chasse ?
Ma mère avait posé cette question, alors qu'elle le savait très bien. Je ne l'avais jamais dit clairement, mais c'était évident. Je n'avais pas quitté notre ville de naissance. Je rôdais toujours dans les pattes de Johnson et elle, elle se comportait toujours autant comme si elle était dans l'incapacité de puiser dans le peu de logique qu'elle avait.
Flashback :
- Tu crois que papa et maman vont bientôt arriver ? Je me sens mal à l'aise
Ma sœur retira son serre-tête qu'elle posa délicatement sur la table. Elle était moins âgée que moi, et avait des tendances anxieuses. Moi, en revanche, la seule chose qui m'angoissait, était la nana qui me trottait dans la tête ces derniers temps. Karen. Il fallait que je me la tape.
J'avais oublié le traditionnel repas de Thanksgiving que l'on avait à supporter depuis l'âge où mon père avait décidé que l'on n'avait plus besoin de nounou.
Karen était ce genre de fille, fine, mais avec deux gros sacs de noix pendant à sa poitrine. Je devais me faire tout son groupe d'amies avant la semaine prochaine, et elle était la plus bonne, mais aussi la plus difficile à avoir. J'avais donné rendez-vous à la binoclarde ce soir, et je savais que si je ne me pointais pas à temps chez-moi, elle me bloquerait à jamais et mon pari tomberait à l'eau.
- Tu peux arrêter avec ton briquet ? Je hais les cliquetis
Je me tournais vers ma sœur, une clope entre les lèvres.
- Tu n'as qu'à te boucher les oreilles. On est deux dans la merde là, je te rappelle
Elle soupira avant de chercher son téléphone. Je ris. On nous les prenait. Tout mineur assistant à ce gala devait le rendre aux vigiles, moi y compris. La seule chose que l'on avait dans cette pièce était de quoi boire, une horloge, de quoi s'asseoir, mais rien pour appeler à l'aide.
- Tu veux seulement te faire cette Karen, rien de plus, alors arrête de stresser
- Je perdrai contre les autres
- Comme c'est dommage
Elle se leva.
- Je t'ai déjà dit que fumer ne la ferait pas apparaître ici ?
- Si tu savais à quel point mon engin me fait mal
- Aussi droit que ta clope
Elle rit aux éclats.
- Aussi droit que la clope
Je passais mon bras autour de son cou, heureux.
- Tenons encore un peu. Je suis plein de ressources. Si ça dur encore longtemps, je m'interrompis en tirant une de ses épingles à cheveux, on crochètera la serrure
- En espérant que ça marche
Je rangeais ma clope. Mon briquet ne marchait plus et je ne voulais pas faire croître son stress en forçant les choses. Je me jetais sur le canapé en cuir, mes chaussures aux pieds, et Jane se rassît à sa place
- Bordel, soupirais-je exténué
- Vivement le jour où ils cesseront de nous enfermer
- Tu peux rêver
Elle ne dit rien. Elle vida son verre de champagne. Pas de soda. Ma mère lui en donnait de temps en temps, mais pour mon père, aussi aimant et bienveillant soit-il, il fallait qu'on apprenne à choisir nos boissons en fonction du moment et de l'endroit où nous étions.
- Encore un peu de patience... On n'en a plus pour très longtemps
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