45.
ACE
Je lisais un message d'Hudson qui me fit tressauter de rire. Ma très chère prisonnière soupira avant de retirer sa fourchette de nourriture de cette belle bouche, qui j'en suis sûre, savais faire plus que ce qu'elle voulait le laisser croire à force de brailler comme une petite fille. Elle repoussa le chariot, je levai alors les yeux sur elle. Son geste m'avait semblé plus qu'agressif, ce qui m'arracha un froncement de sourcil. Lucia se dirigea vers moi, par la force de ses pieds nus, je quittais alors mon siège, curieux, quand je sentis ma tête valser sur le côté. Je fus sonné quelques secondes quand je m'en pris une deuxième.
- Tu sais ce que j'ai dû endurer depuis mon arrivée à cause de toi ?
Je me tenais là, devant elle, en train de l'observer avec à la fois un mélange d'incrédulité dans le regard, et d'envie. Pas une simple envie, mais plus je sentais ses poings s'enfoncer dans mon torse, plus je me sentais durcir. Elle donna de nouveaux coups :
- Tu n'es vraiment qu'un connard sans cœur, me hurla t - elle de sa voix qui me paraissait de plus en plus désagréable
J'imaginais qu'elle avait besoin de vider son sac, j'allais la laisser faire, si elle refusait de comprendre que se rebeller n'allait rien changer à sa situation, alors c'était son problème, elle allait tout de même m'aider.
Elle se tut, le visage baissé, ses poings toujours sur ma poitrine. Je l'entendis fortement respirer. Cette situation était si ridicule. Elle finit par s'arrêter, l'air ahuri par son propre comportement. Je fis claquer ma langue avant d'agiter lentement la tête. Elle avait l'air perdue, faible, et tout ce qui se rapportait à une sorte de perte de conscience. Je savais cependant à qui j'avais affaire, Luchita avait des choses à dire :
- Continúa (Vas-y), dis-je à son intention, en prenant sur moi, du mieux que je pouvais
Je voulais une Luchita conciliante. Si je devais me taper Lucia colérique, Lucia malade et Lucia dépressive, je n'allais pas avancer et donc, par conséquent, à mon plus grand dam, j'avais intérêt à lui faire cette Faveur à la con.
Elle cessa de respirer. J'observais sa poitrine qui avec difficulté tremblait pour se remettre en marche. Je sentais la pièce de réchauffer, et c'est avec un léger amusement que je la fixai, bien que sa peine commençait de plus en plus, à déformer son joli minois de princesse mexicaine. Dans un certain sens, lier « princesse » et « mexicaine » était quelque chose qu'Hudson aurait désapprouvé. Il m'aurait dit de ne pas me laisser berner, que je perdrais tout ce que j'avais de plus cher, comme si cela n'avait pas déjà été le cas. Il me dirait que je m'y perdrais moi-même, mais quant à se perdre, pourquoi ne pas tenter le coup, l'instant de quelques soirs.
- Batard ;
Elle me sortit de mes pensées.
- Je te demande pardon ?
- Tu n'es qu'un batard
Je ris, amusé. Un bâtard qui la soignait. Pouffiasse ingrate.
- Regarde - moi dans les yeux, Luchita
Elle leva vers moi un regard brûlant avant de m'envoyer un coup sur la poitrine, avec ce qui lui servait de poing :
- Jamais. Je. Ne. T'aiderais... Tu m'entends ?
Elle tenta de sourire en me disant ça.
- On en reparlera Luchita
- La seule chose qui aidera, seront les restes de mon cadavre qui guideront la police, jusqu'à mon ravisseur
- Comme j'ai peur, poupée
- Mes études... tu m'as gâché mes études, en plus de m'avoir déjà fait virer une fois
Elle sembla fouiller dans ses souvenirs, pour trouver tout ce qui avait trait à moi, et à ses malheurs.
- Tu- elle soupira. Tu m'as fait perdre ce deuxième boulot bordel de merde !
Elle leva les bras au ciel, n'en revenant pas, s'éloigna, avant de pointer son index sous mon nez. Je détestais ce geste, alors je l'avertis de façon silencieuse, mais rien. Elle ne le retira, m'offrît un sourire, inondé de larmes et de son mucus de merde, comme pour me défier.
- Luchita, tu n'as pas envie de jouer à ça
- Et si en réalité, c'était tout le contraire ? SI TOUT ÇA ÉTAIT DANS L'UNIQUE ET SEUL BUT, DE TE POUSSER À BOUT
Et comme pour illustrer ses propos, elle me poussa violemment, et manqua de me faire perdre l'équilibre. Je me redressai, la mâchoire serrée. Salope.
- ABUELA !!
Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas ce changement de sujet soudain.
- Tu as détruit la seule chose qu'il me reste d'elle. Rien n'est plus important à tes yeux que toi, MAIS TU N'AVAIS PAS CE PUTAIN DE DROIT !
Elle hurla, d'une voix que je ne lui connaissais pas, m'administra un nouveau coup que je sentis jusqu'au plus profond de mes poumons.
Pour la première fois, celui-là m'avait fait un mal de chien. Elle continua de frapper, encore et encore.
- Tu as détruit la seule chose qui me liait encore à eux et à elle ! Tu avais la possibilité de m'atteindre... Elle renifla. Mais pas de cette façon !
Elle me coupa le souffle.
- Ma grand-mère... j'ai fait ce buste alors qu'elle mourait ! Tu t'en es soucié ?! Mes peintures, mes sculptures, mes poteries, tout ce qu'elle m'a légué, tout ce temps, merde ! Et mon matériel... Tout...
Ses mots se mélangeaient.
Elle était rouge de colère, quand elle se prépara à m'enfoncer ses beaux petits poings de nouveau. Je les attrapais facilement avant de l'attirer à moi.
A force de gueuler comme ça, je sentais un léger filet de sueur sur sa peau. Elle tenta de se débattre, mais je la serrai contre ma poitrine.
- Qu'est-ce que tu fais !?
Je resserrai mes bras autour d'elle, jusqu'à ce qu'elle ait du mal à respirer. Elle posa sa main sur mon torse, sans même s'en apercevoir. Je me collais contre elle, de façon à ce qu'elle puisse sentir l'effet que son mignon petit discours avait sur moi, je la sentis se crisper, réagir, vu la manière avec laquelle ses cuisses se serrèrent sur elles-mêmes. Elle ne pouvait plus bouger le haut de son corps, je me penchai sur son oreille :
- J'ai perdu bien pire qu'un buste, connasse. Cri, braille, enfuis-toi même, si tu le veux, mais saches que je te retrouverai toujours, et en fin de compte, tu finiras par m'aider Fernandez
Je m'éloignais, réellement en colère cette fois-ci, avant de la repousser, un peu trop brusquement si je devais en croire la manière avec laquelle elle venait de s'étaler contre le carrelage de sa chambre attitrée.
Elle me jeta un œil rempli de rage, je reculai d'un pas :
- J'ai un vol à ne pas rater, je reviens dans 48 h si tu n'as toujours pas terminé ton assiette, je brulerais jusqu'au dernier membre de ta famille
LUCIA
J'étais allongée dans ce qui me servait à présent de lit. La tête en bas, les jambes dans la largeur du lit. Je continuais de regarder des vidéos de filles, racontant leurs malheurs quand après une bonne dizaine de minutes, des pas se firent entendre. Ils étaient lents et légèrement traînant. Les pas d'une personne exténuée. Je levai lentement les yeux vers l'endroit où était inscrite l'heure, dans le coin supérieur droit de l'écran : 22 h 26. Un lourd panache d'air quitta les poumons déformés à cause de ma position.
La fille parlait du fait que l'homme qu'elle aimait, s'était révélé violent, manipulateur et très jaloux, alors que celui-ci la trompait avec sa meilleure amie. Je revis Daniela dans les tréfonds de ma mémoire. Quelque chose m'anima, et je ris légèrement. Ace rentra et sans surprise, il m'apparu à l'envers, ses mains dans ses éternelles poches.
- Quel honneur tu me fais de te pointer là, alors que tu es fatigué
- Tout le plaisir est pour moi, me dit-il à ton égal
Je n'avais pas d'abdos pour soulever le lourd poids de mes os, je roulais alors simplement sur moi-même, avant d'être sonnée par une violente céphalée, accompagnée d'un léger vertige. Il m'apparut plus clair, moins déformer.
- Tu es seul ?, demandais-je en laissant tomber l'objet électronique
J'avais entendu du bruit, j'avais alors compté le temps que mettraient ses invités ici, avant de s'en aller. Quatre minutes tout pile. Ils auraient d'ailleurs pu être pour moi une chance de m'échapper, mais rien n'avait réussi à me motiver. Je devais sans doute être en plein processus d'acceptation de la situation.
- Je t'ai entendu discuter avec des gens
Il referma la porte derrière lui, avant de s'installer à mes côtés.
- Tu n'es pas habillée ?
Je m'assis, observant ses cernes. Il m'avait l'air de revenir d'une guerre, l'opposant lui, seul, contre un Morphée.
- Je ne pensais pas que tu rentrerais ;
J'attrapai un coussin, que je mis sur mes cuisses rosées, sans doute dû à mon ancienne position.
- J'avais dit quarante-huit heures Lucia
Il me sourit, le regard vide, j'acquiesçai sans réellement le lui rendre. Je n'avais pas oublié. Rien de tout ce qu'il m'avait fait n'avait été pardonné.
- Qui était ces gens ?
Il s'allongea sur mes draps défait tout en fermant ses yeux noirs. Je l'observai à la fois inquiète, mais aussi dégoûté. Comment un aussi bel homme pouvait faire preuve d'une telle cruauté.
Il tendit son bras exposé aux yeux de tous, mais surtout aux miens. Il avait retroussé ses manches, jusqu'à mi-triceps, ce qui lui rajoutait cet air encore plus débraillé, mais aussi terriblement sexy. Ace m' attira spontanément à lui, sans ouvrir les yeux, et en un clin d'œil, j'étais sur sa poitrine.
- Des emmerdeurs, dit-il franchement
Je ris contre toute attente.
- Ton langage dis-je amusée par autant de franchise
- C'est le cas
Je posai ma main contre son torse et eu la sensation qu'il avait l'air vraiment crispée. Je n'insistais donc pas plus. Un silence s'installa et au bout d'une bonne demi-dizaine de minutes, il reprit la parole, d'une voix enrouée, mais attirante.
- Tu vas mieux ?
- A peu près
- Bien, sembla t - il conclure
J'avais l'impression que cette question était plus qu'orientée, ce que je détestais. J'avais peur, et je ne voulais pas savoir ce qu'il avait encore en tête. Parfois je me disais « ah bien... il s'intéresse à moi », puis devait venir la suite. Il mettait soit fin à la conversation, soit il me donnait une réponse fermée.
- Tu devrais y aller, dis-je en me redressant déçue
Il ne demanda pas à rester, ce qui dans un certain sens amplifia ma déception. Je voulais avoir la sensation qu'il tenait un minimum à moi, qu'il avait besoin de moi. En fait, je le voulais lui. Il se redressa, la tête visiblement alourdie.
- Demain soir, nous sortons
Je le suivis du regard, essayant de retenir un rire.
- Comment ça ?
Était-ce le début de ma voie vers la liberté ? Cette liberté perdue ? Mon cœur s'enflamma, la conversation devenait de plus en plus intéressante.
- J'ai un gala
Un second rire s'empara de moi, mais cette fois-ci, pas dans le bon sens. J'étais dépitée. Moi qui pensais qu'il aurait réfléchi... c'était en fait tout le contraire.
- Sans moi, me levais-je tout en m'appuyant sur sa cuisse galbée
- Désolée Lucia...
- Quoi ? Tu vas me dire que je n'ai pas le choix ?
Je dis cela, d'un ton moqueur, en m'asseyant sur le siège qu'il avait occupé quarante-huit heures plus tôt, en attendant une quelconque réponse, mais rien. Je n'en revenais pas.
- Dis-moi... commençais-je, ressens-tu au moins une once de compassion à mon égard ? Et mon libre arbitre ?
- Pour le moment, tu n'es pas en position de me le réclamer, je m'en excuse
J'agitais la tête.
- Tu t'en « excuse » ?! Dis-moi que c'est une blague
- Je ne suis pas d'humeur ma belle, désolé
- Et moi ? Est-ce que tu as pensé à moi ?
Un lourd silence s'installa entre nous. Je l'observais, avant d'incliner la tête sur le côté, en attente d'un signe de vie de sa part. Il se passa grossièrement les deux mains dans ses cheveux emmêlés, d'ailleurs inutile de préciser que je ne l'avais jamais vu de la sorte.
- C'est un gala de Thanksgivings
- Et ?!
Je ris, ne comprenant pas ce qui n'avait pas été clair dans ma réaction.
- Tu n'as pas le choix, mais pour que cette expérience soit la plus plaisante pour chacun de nous deux, Alex t'aidera
- Alex sait que je suis là ?
Il se leva, agita la main comme si ma question n'en valait pas la peine, je ramenai mes jambes à moi, sur cette petite place, me demandant si elle était vraiment au courant de tout, sans avoir essayé de m'aider.
- Il y aura ma famille. C'est un peu compliqué, mais tu dois être là Lucia. Il fit une pause, je ne vais pas t'embêter avec ta tenue, soit bien habillée, c'est tout ce que je veux
Mon cœur se serra. Pourquoi était-il si calme ? Que s'était-il passé lors de son départ ? Il semblait si déconnecté de ses propres mots. Je fronçais légèrement les sourcils en le regardant faire les cents pas.
- Habille-toi comme tu le souhaites, ton amie t'aidera, Bridget aussi, peu m'importe, mais tout sera dans la villa. J'ai demandé de l'aide à Alex qui va arriver avec les robes. Tout ce que je veux, c'est que tu sois là...
Je me levai lentement avant d'aller vers lui.
- Je ne sais pas ce que tu as prévu pour demain... mais je n'ai pas envie de le faire
- C'est une faveur que tu vas devoir me faire
Il prit mon visage dans ses mains gelées, me procurant un frisson qui remonta jusqu'à mon cou.
- Alex arrive. Demain, tu auras la journée pour te faire belle, à ta guise avec l'aide de Bridget et demain soir, on sortira.
Il déposa un lent baiser sur mon front, et sans que je ne puisse répondre, il s'en alla. Il m'avait pris tous mes mots, en un seul instant. Il n'avait pas l'air d'aller bien, et je me demandais bien pourquoi ce gala était si important. Il claqua la porte derrière lui, et après quelques secondes, à fixer la porte par laquelle il venait de passer, je retirai les sous-vêtements qui cachaient le reste de peau que j'avais gardé secrète. S'il fallait faire des essayages avec Alex, il me fallait être propre. Et surtout, je comptais avoir une belle et longue discussion avec elle, sur le pourquoi, du comment je m'étais retrouvée ici.
En un temps record, j'étais vêtue d'un ensemble en dentelle noir, un paréo de la même couleur autour de mes hanches. La buée dans la salle de bain me faisait presque suffoquer, par conséquent, il fallait que je me dépêche. C'est donc presqu'en courant que je rejoins la chambre, avant de tomber sur Alex, fixant la vue extérieure.
Elle se tourna vers moi, et comme si elle était sur la retenue, elle vint vers moi, toujours avec ce même sourire, bien que celui-ci se faisait plus discret. Elle se jeta dans mes bras avant d'inspirer profondément mon odeur.
- Désolée pour ta voiture 'Lex
Je me souvenais très bien d'avoir lâchement abandonné sa voiture devant mon immeuble en feu. Quelle amie indigne je faisais, elle avait tous les droits de m'en vouloir. Cette étreinte me surprenait d'ailleurs légèrement. Je finis par la repousser.
- Il est du genre à tenir ses promesses, je me suis réveillée avec la vue sur ma petite voiture, poulette. No worries (Ne t'en fais pas).
- D'accord, lui souris-je
Je regardais légèrement par-dessus son épaule, mon regard croisa un filet de lumière en contre-bas, je fis quelques pas vers la baie vitrée quand le filet disparu.
- Il travaillait. Il a trempé ses pieds rapidement, mais j'imagine que le stress l'a emporté.
J'appuyais sur le bouton à gauche de la fenêtre. Un grand volet blanc descendît, je me tournai alors vers mon amie en lui souriant.
- J'ai dit à Bridget de nous laisser, je pense que l'on y arrivera bien toutes les deux
Elle me caressa les cheveux, tandis que je réprimais une larme rebelle.
- Je t'ai emmené une boîte de Donuts
- Oh ! Mes préférés !!
Je me jetai sur la boîte qu'elle avait laissé sur mon lit à côté de son sac Chanel
- Je me disais aussi... rit-elle
La boîte de Dunkin' était littéralement pleine d'une demi-douzaine de beignets.
- Je t'aurais bien remboursé mais...
- Oh ne t'en fais pas, mange ;
Elle pouffa de rire face à ma retenue mal masquée. J'avais tellement faim, et depuis que j'avais découvert ces petits avant-goûts de paradis, je ne pouvais plus m'en passer.
- Évite de te goinfrer, demain... gala, me sourit-elle
- M'en parle pas ! Je dis en mâchant le premier Donut's aux Oreos
- Cette histoire lui tient à cœur, s'assît - elle sur le lit, jambes croisées
- Eh bien, pas à moi
- Ce sera l'occasion de te faire des contacts ! Pense à toi ma chérie !! Tu vas à ce putain de gala, tu te montres à son bras, éventuellement, tu salues sa famille, et puis basta cosi, tu vas parler à un peu tout le monde !!
Son plan diabolique me plaisait beaucoup, mais elle venait d'apporter un détail intéressant auquel je n'avais pas prêté attention plus tôt avec Ace. Je rangeai la moitié du beignet dans la boîte :
- Je reviens bientôt à vous mes amours, mais avant... Comment ça sa famille sera là ?
- Ses parents. me corrigea t - elle. Il ne t'en a pas parlé ?
- À vrai dire... je ne comprends rien. Pourquoi es-tu ici pour commencer, j'aurais aimé que ma soi-disant amie, me sorte de cet endroit
Elle se tut. Je me demandais bien ce qu'elle avait encore à me cacher.
- Tu me dois au moins ça, je pense
Elle passa une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille.
- Quand il m'a rendue la voiture, ou plutôt, son chauffeur, j'imagine... il y avait un mot
Je m'assis légèrement tremblotante. Je n'étais vêtue de rien d'autre qu'un simple paréo, et comment dire que nous n'étions pas réellement en pleine canicule, pour que ma peau, épaisse soit-elle, supporte un tel manque de vêtements.
- Il me disait que si je ne te voyais pas, je n'avais pas à m'en faire, qu'il s'occupait de toi et qu'il n'avait pas besoin, je cite « que je ramène ma fraise », mais qu'il viendrait à moi au besoin... et me voilà ici !
Je n'en revenais pas... Était-elle réellement fière d'elle ?
- Il t'a dit de ne pas t'en faire... et tu l'as cru, sérieux ?! Dis-moi que c'est une blague
Elle devint blême, son visage pâlit et elle afficha une mine incrédule.
- Je pensais que nous étions amies !
- Mais nous le sommes Lucia !
- Et tu ne te préoccupes de mon sort que maintenant Alex....
Elle s'agenouilla sur le lit, sous le choc.
- Tu me déçois tellement... lui crachais-je au visage
- Écoute-moi s'il te plaît ;
- Quoi ? Tu vas me dire que je dois faire comme vous, vous voulez ?! C'est ça le plan si j'ai bien compris ? La petite Mexicaine, docile et obéissante
- Non... je ne fais partie de rien de tout ça... Crois-moi, pourquoi est-ce que je te ferais ça ? Tu es ma seule amie Lucia !
- Non ! Faux ! Tu as tous-... Toutes ces autres personnes et-
- JE TIENS À TOI... COMME PERSONNE DANS CE PAYS
Je ne l'avais encore jamais entendue crier... je l'observais. Sa voix était claire. Elle ne pleurait pas, mais voulait capter mon attention.
- Ace... Ace, je le connais depuis des années. On a peut-être des différents, mais j'ai grandi avec lui, comme mon frère, et tous les autres. Il n'a jamais eu plusieurs paroles. Il m'a dit de ne pas m'inquiéter, et de ne m'en mêler seulement quand il me ferait signe, je pensais que je le connaissais assez pour ne pas m'en faire pour ta vie. Et regarde ! Tu es en vie. Il m'a appelé et je suis là
Elle se leva, fit le tour du lit et s'assit à mes côtés, avant de reprendre :
- Tu n'es pas seule.
Je repensais à ses mots. Elle lui faisait confiance. Si elle lui faisait confiance, je la croyais. Je reposai mon regard sur la boîte de Dunkin', me sentant mal, alors qu'elle s'était démenée à tout prendre avec elle, c'est-à-dire ces Donut's et ces belles robes.
Je regardais autour de nous, et vis une sorte de paravent avec, juste à côté, un portant à roulette, surchargé de robes toutes aussi belles, les unes que les autres.
- Désolée, Alex
- Pas de problème, me poussa t - elle de l'épaule
Un nœud de culpabilité s'empara de moi, quand la blonde me pointa le portant d'un doigt droit et autoritaire.
- Dépêche ;
Elle fronça ses sourcils épais, je ris alors tellement fort, qu'un léger cri s'échappa de ma poitrine.
- Il n'y en a que dix... je n'ai pas pu faire mieux
Je me mis devant le portant, en passant mes doigts sur chacune d'entre-elles. J'étais indécise, même si mon choix se précisait déjà très rapidement. Je souris au contact de la robe, avant de me tourner vers Alex.
- Deuxième chose... En quel honneur est-ce que ce gala se tient-il ?
Elle fit mine de réfléchir quelques secondes puis répondit :
- Thanksgiving, dit-elle gênée
- Tu peux me dire la vérité, tu sais, croisais-je les bras
Elle se mit à m'observer. Je descendis alors jusqu'au sol, avant d'ouvrir l'une des deux boîtes à chaussures. J'étais tombée sur la paire parfaite, je l'aimais tellement que je n'allais pas regarder le reste. Mon idée, intacte, se devait de rester gravée dans ma mémoire.
- Il a dû aller voir ses parents. C'est toujours comme ça. À chaque fois qu'il se rend à Miami, pour revoir ses parents, il revient avec une nouvelle recommandation
- Par recommandation... Tu entends le fait qu'il présente une fille à ses parents ? Dis-je apeurée
- Il a toujours réussi à éviter le point de non-retour, mais j'imagine que tu dois être spéciale à ses yeux
Alex rit aux éclats, mais pour une raison inconnue, moi, non. J'imagine que dans un certain sens, j'aurais aimé qu'elle me dise cela, lors d'une conversation sérieuse, que je sache comment me comporter.
- Tu souris, me lança t - elle son sac dessus, que je rattrapais au vol
- Bordel, fais gaffe, dis-je paniquée. Ce sac représente quatre mois de salaire pour quelqu'un comme moi
- Ce sac comme tu dis, je l'ai depuis longtemps, se leva t - elle avant de me rejoindre devant le portant
Elle se mit à me pousser, en enfonçant ses doigts dans mon ventre pour me chatouiller :
- Alors !? Tu as le béguin pour Monsieur Détestable ? Pouffa t - elle
- Non ! D'ailleurs, je ne m'y rendrai pas avec lui Alex
- Comment ça ?
Elle afficha une mine déçue tout en reprenant son sac, qu'elle lança sur le lit derrière nous.
- Il y aura sa famille, je n'ai pas envie d'être mêlée aux Scotten. J'ai encore moins envie de fricoter avec celui qui me garde captive chez lui, ne serait-ce que le temps d'une soirée, Alex... Laisse tomber
Je m'éloignais quand elle me rattrapa en me devançant.
- J'ai fait de la route ma belle ! Tu vas m'essayer ces pièces de créateurs. Il s'est ruiné pour toi, dit-elle envieuse. Je sais que c'est compliqué, mais quelle fille raterait une si belle occasion de se mêler aux grandes fortunes New-Yorkaise juste quelques heures !
J'inspirai profondément avant de me tourner vers les robes. Elles étaient si belles.
- Va te faire un nom. Pense à ton rêve. Ton café... avec cette belle galerie d'art. C'est l'occasion bébé !
Un sourire de connivence s'afficha sur mes lèvres glossées.
- Je ne vais pas être comme les autres, dis-je déterminé. Je pense qu'elles seront toutes en dorées, dis-je en repoussant quatre robes. En noir, et rouge pour l'effet chic et sexy, repoussais-je encore une robe noire et trois rouges.
- Enfin, elle se réveille !
J'étais enfin déterminée à me montrer.
- On enlève l'argentée. Pas pour moi
- Etttt.... Il n'en reste plus qu'une.
- Je l'adore, dis-je en fixant la robe sous mes yeux
Alex s'appuya de son menton sur le portant en m'observant, fière de son speech. J'allais me servir d'Ace Scotten, du mieux que je le pouvais
- Mes cheveux bruns..., ces Louboutins... La robe ! Tout. Tout sera parfait, dis-je joyeuse
Alex tapa dans ses mains, j'éclatai alors de rire.
- Tu vas tous te les manger Lucia Fernandez !
- Sois en certaine
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