42.




Ce matin, Dani et moi nous étions levés tôt. On avait eu du mal, mais on y était finalement arrivés. On était toutes les deux très épuisées, mais on se força. J'avais eu besoin de courir, sauf qu'en me préparant, je l'avais réveillée. Elle se joint alors à moi, je lui prêtai un de mes t-shirts débraillés et un legging, puis on sortit, laissant Sofia endormie.
Au bout d'une demi-heure de course silencieuse, dans ce froid glacial, Daniela commença :

- Ta sœur ronfle comme un tracteur, dit-elle, et elle m'a bavé dessus toute la nuit

Je ne ris pas, j'étais à bout de souffle.

- Qu'est-ce que j'ai dû subir durant toute notre enfance à cause d'elle

Elle se tut. On continua de slalomer comme ça dans Central Park. Le temps se faisait humide, et je comprenais mieux pourquoi il y avait peu de gens dans le parc. Il allait bientôt pleuvoir.

- On ne devrait pas aller plus loin. Faisons une pause ici, puis rentrons

- Si (d'accord)

Je me jetai alors sur le banc le plus proche, inspirant profondément l'air gelé.

- Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?

- J'ai déjà quelques idées. Mais ce sera à l'intérieur

Je levai la tête vers le ciel gris, au-dessus de nous :

- Regarde, il va pleuvoir, concluais-je

- C'était ici que tu as transgressé à ta règle avec lui ?

- Oh pitié, grognai-je en me levant

Je me revis, dans le même parc, quelques bancs plus loin, fumant.

- Comment tu le vis ?

Elle demandait cela comme si j'étais sortie traumatisée de l'expérience, ce que je comprenais dans un sens, mais j'allais assez bien.

- Assez mal, parce que je ne respecte pas mes propres promesses... mais finalement...

Je haussai les épaules, perdue.

- Fumer une fois m'énerve, mais je sais que je n'irais plus plus loin

Elle rit alors, et je savais qu'elle ne me croyait pas.

- No es necesario negar tu verdadera naturaleza, Lulu (Pas besoin de nier ta véritable nature, Lulu)

Je pouffai en me frottant les bras, il fallait absolument que l'on rentre.

- Ta nature n'est pas mienne, très chère

Elle éclata de rire, un rire étrange et étranglé. Je partis alors dans un fou rire extrême, en regardant ses épaules se secouer. Je détachais mes cheveux, puis les rattachaient.

- On y retourne, lui dis-je dans un signe de tête

Elle se releva, et se remit à courir, me dépassant de plusieurs foulées. On se lança dans une course, et je sentis mes poumons brûler. J'avais hâte de rentrer, et de me plonger sous une douche embuée.
En une trentaine de minutes, peut-être plus, nous étions devant mon appartement. De l'autre côté de la porte, je pouvais déjà entendre ma sœur s'énerver.

- Ah...

Dani, grimaça quand je poussai la porte, effrayée et curieuse.

- So' ??

Elle se précipita sur nous :

- VOUS ÊTES SORTIES SANS MOI !!!

Elle avait les yeux rougies. Est-ce qu'elle avait vraiment pleuré ?

- Tus ojos.... (Tes yeux...)

- Je suis venue pour passer du temps avec toi, se détourna-t-elle, y tu vas (et tu t'en va !)

- Sofia...

Je posai mon téléphone sur mon minuscule plan de travail, et essayai de la rattraper. Daniela nous observa en silence, puis se dirigea vers les verres. Elle se tut, nous laissant parler.

- Vous auriez pu me réveiller !

- Mais on a pensé que tu voudrais dormir So'

- Ne m'appelle plus comme ça

Je soupirai avant de la prendre par le poignet pour la tirer contre ma poitrine, cachée par une simple brassière violette.

- La journée n'est pas terminée, nous avons encore beaucoup de choses à faire.

- Mais je voulais courir avec vous !

- Désolée

Je la serai dans mes bras la comprenant.

- Tu aurais dû savoir que je te vois tellement peu maintenant que ne pas dormir aujourd'hui, ne m'aurait pas dérangé

- Je suis désolée So'

Elle s'éloigna rouge.

- On va toutes se préparer, puis sortir, dis-je en frottant son dos. J'ai prévu des trucs pour nous trois.

J'ébouriffai ses cheveux bruns qui étaient encore décoiffés. Je jetai un regard rapide sur le lit derrière, elle venait de se réveiller.

- Tu étais au téléphone ?

- Rapidement. Mamà nos ha llamado (Maman a appelé)

Je hochais la tête, sans réagir. Elle avait certainement dû raccrocher en m'entendant arriver. Tant pis pour celle qui me servait de mère, ce n'était pas grave. Avant que ma gorge ne se contracte, je me jetai sur mon carton, signé Ace, et en sorti un inhalateur. Après une grosse bouffée, je le rejetais où je l'avais pris :

- On se douche, puis on y va ?

- D'accuerdo, me dit Dani

- D'ailleurs, commença ma sœur tandis que je commençais de me déshabiller sans me préoccuper de leur présence

Daniela avait déjà tout fait avec moi, ce n'était pas surprenant pour elle de voir une paire de seins, - encore moins la mienne - se dandiner devant elle. Et Sofia... Eh bien, Sofia était ma sœur...

- Ton amie, Alex

- Alex ? Je fronçais les sourcils me demandant pourquoi est-ce qu'elle parlait d'elle

- Attrape !

Je lâchai mon legging, surprise par l'objet qu'elle me lança. Les clés de voitures s'échouèrent sur mes orteils vernis. Je gémis avant de me baisser sur le petit objet.

- Elle a dit que c'était pour que tu puisses nous accompagner

Elle dit cela sur un ton frustrée mais je ne m'en préoccupais pas. Ça lui passerait, pour l'instant, il fallait que je voie à quoi ressemblait la voiture. Je me dirigeai alors vers la fenêtre de mon salon-chambre, et observai. J'appuyai sur la clé, et aperçu deux phrases clignoter. Je le refis pour être certaine. Un rire me traversa malgré moi :

- Daniela, tu vas adorer, être raccompagnée dans cette voiture, tu vas pouvoir jouer les richards

Je jetai les clés sur le lit en dépassant Dani qui couru vers la fenêtre comme une malade. J'avais reconnu le logo de Porsche sur la clé... mais ne m'étais pas attendu à cela pour autant. Je les laissaient là, et allais enfin participer à la chute de milliers de petites gouttes sur mon corps.

J'avais tout fait pour utiliser le moins possible, la voiture d'Alex, forçant les deux autres filles à faire sans et à prendre le bus comme beaucoup de personnes ici, dont, moi. J'avais peur de me retrouver dans un accident et d'avoir à payer les frais d'une voiture qui coûtait davantage que toutes les choses que je possédais, et puis, le centre-ville new-yorkais allait être assez plein aujourd'hui. Nous étions en plein week-end, et cela, rajouter à cela l'approche de la Thanksgivings et de ses préparatifs que tout américain se devait d'être en mesure de respecter, me faisait encore moins avoir envie de traîner en voiture dans tout ce bazar.

En fin de soirée, après avoir dépensé tout l'argent que Dani s'était mis de côté pour venir, on décida qu'il était temps de sortir de l'endroit infernal qu'était devenu le marché aux puces de Brooklyn. Après cela, on s'était rendu à un événement qui venait d'arriver en ville. Une compagnie diffusait des films d'époques, en plein air ! Ça avait été avec une immense excitation que nous avions commencé à prendre les billets regarder le premier film, entouré d'une foule de personnes venue comme nous, à cette heure tardive.


'''


- 3 places ?

- Oui, confirmai - je, sûre d'en être à ma deuxième et dernière dépense de la journée.

Il faisait un sale temps quand on s'installa à nos places. On s'était mises, un peu à l'écart de tous les autres amateurs de Baseball. Sofia commençait à ne plus supporter le monde qui nous entourait. Je devais avouer que la journée avait été rude et pleine en émotion. On avait fait le tour de tous les attrapes - touristes de Manhattan. Nous étions donc maintenant devant un terrain de Baseball qui avait affiché incomplet à cause de quelques annulations, raison pour laquelle nous avions pu trouver ces places. Le match commençait dans 5 minutes, d'après ce que disait l'écran géant juste en face de moi.

- Vous avez pensé quoi du ciné à l'extérieur, demanda Dani ?

- Personnellement, un jour où il fera plus beau me donnera peut-être un avis sur l'expérience

- Il faisait bon, je trouve

Je mentais. Nous nous étions littéralement mises à geler là-bas. Je voulais simplement défendre, cette activité, que je ne voulais pas voir rabaisser, même si elle ne s'était effectivement pas passé comme prévu.

- Et toi Dan' ?, Demanda t - Sofia en tournant la tête vers son interlocutrice

- Dommage qu'il n'y ait pas tout ça à Mexico

Je ris. Elle avait raison. J'avais toujours voulu connaître ce genre de choses dans mon pays natal. Malheureusement, ça n'avait jamais pu être le cas. Cependant, maintenant que j'étais ici, que j'avais vu autre chose que ce à quoi j'avais été habitué, j'avais une frénétique envie de retourner à Mexico. J'aimais beaucoup New-York, mais Mexico avait aussi ses avantages.
Si j'avais pu, je me serais acheté une île, que j'aurais nommée New-Mexico, où il n'y aurait eu que des avantages de ces deux belles villes. Donc les avantages, sans Ace, sans drogue ni cartel. Juste ce qui me faisait me sentir vivante.
Les filles continuèrent de discuter tandis que moi, je vérifiais notre heure de départ. Il fallait que l'on soit rentrées à temps, pour que je puisse, pour le plus grand bonheur de ces deux-là, prendre la voiture d'Alex et les raccompagner. Puis, je rentrerai, sachant déjà pertinemment que j'aillais ressentir un vide énorme

- J'ai beaucoup patienté aujourd'hui, pour pouvoir vous annoncer le début.... DE CE NOUVEAU MAAATCHH !!!

Un commentateur hurla dans les hauts parleurs du stade et tout le monde se mit à hurler.
La foule était en ébullition. Nous étions à un match des Yankees !!! Rien d'étonnant donc. On se mit toutes les trois à taper des pieds, imitant les autres supporters, quelques pop-corn s'échappèrent de notre seau qu'on avait gardé de notre séance de cinéma extérieur et que je sauvai des mains maladroites de ma petite sœur.

- ¡ DIOS MIOS !

Daniela hurla en voyant l'effervescence, monter. On afficha toutes un sourire ravi en nous regardant, essayant alors de profiter un maximum. Je sortis mon téléphone et tirais les deux filles vers moi. Daniela sourit de toutes ses dents blanches et parfaites. Ce qui me surprenait toujours d'ailleurs, c'était cet éclat qu'elles avaient, malgré la tonne d'alcool et de cigarettes que cette fille engloutissait par semaine. Sofia, donna ce sourire malin et timide qui incitait encore plus à se méfier d'elle. On s'éloigna, je rangeai mon téléphone satisfaite, et le match commença.

~~~

Ma sœur était allongée sur mon canapé, me racontant ses histoires de garçons à rallonge, et ses potins d'adolescente.

- Paula !! Cette vipère !! Elle va tellement être jalouse.

Elle poussa un rire diabolique, qui me fit m'inquiéter de son état mental.

- Sofia, guarda tus cosas ! (Sofia, range tes affaires), cria Daniela, de la salle de bain

- Je l'ai fait en vous attendant, quand vous étiez sorties ce matin sans moi

Je quittai ma kitchenette, vérifiant ses dires, sans plus prêter attention à son pique que ça. Elle avait effectivement tout rangé. On n'attendait plus que Dani, qui rangeait ses affaires et son maquillage, et puis, on s'en irait.

- Et qui est cette Paula ?

- Une salope de première

Je n'en revenais vraiment pas qu'elle parle comme ça. Elle et moi avions eu les mêmes parents, et donc, la même mère. Nuestra madré, n'aurait jamais permis à quelqu'un de parler comme ça, dans sa maison. Je la fixais comme si je venais de voir un ovni, elle se redressa.

- Le terme est amplement mérité !

- Elle t'a piqué un garçon que tu voulais ?

- Non

C'était évident qu'elle mentait.

- Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même So' ! Si tu arrêtais de jouer avec tous les garçons que tu rencontres, et si tu montrais un peu plus ta réelle personnalité, il n'aurait certainement pas changé d'avis

- Elle était mon amie Lu'

- Et ?

- ET ELLE SAVAIT QUE JE L'AIMAIS BIEN !!

- Tu as laissé passer ta chance, intervint Dani en éteignant derrière elle. Dans la vie, c'est comme ça beauté ! Tu as le béguin pour quelqu'un ? Grand bien t'en fasse, maintenant c'est à la personne qui lui mettra le grappin dessus, en premier.

- Non

Elle se leva, avant d'agiter ses bras dans un geste théâtral. Elle n'a rien de plus que moi.

Je ris.

- Si... Elle a quelque chose de plus que toi, herma, je dis en pivotant mon pied dans ma chaussure afin de l'enfiler

- Super, dit-elle en levant les yeux au ciel. Et quoi alors ?

- Le garçon que tu veux, me moquais-je

Elle poussa un long soupir et se laissa tomber dans le canapé. Daniela s'assît sur sa valise, de tout son énorme postérieur, et se lança à la quête de la fermeture du bagage.

- Tu sais... Sois vicieuse, commença de dire Daniela

Je ne le sentais pas.

- Oh non... hors de question ! Dis-je en passant à mon second pied pour le faire rentrer

- Quoi ?

Ma sœur était maintenant curieuse, super... Et je savais d'ailleurs très bien qu'elle allait prendre les conseils de ma meilleure amie, au pied de la lettre. Si Dani, lui avait dit de jeter la fameuse Paula, d'un pont, elle l'aurait fait.

- Reprend ce qui t'appartient

La scène était hilarante. Ma meilleure amie, sautant sur sa valise, pleine à craquer, donnant des conseils à ma sœur rouge de colère.

- Comment ?

- De la même façon qu'elle te l'a pris. Si tu ne te bats pas pour ce que tu veux, personne ne le fera pour toi

Sa phrase tomba à pique, car au même moment, elle réussit à boucler sa valise.

- Sofia, tu trouveras un autre garçon, laisse tomber

- Je veux la rendre jalouse

Je compris alors. Tout son séjour, depuis deux jours, avait été minutieusement filmé. Elle avait tout posté sur internet, pour donner un aperçu de sa vie, sans cette fille. Elle voulait donc effectivement la rendre jalouse. Je souris, attendris par les efforts de ma sœur.

- On passe un deal, me levai-je en même temps que Dani

Ses yeux brillèrent alors d'une flamme rouge comme la braise. Elle voulait savoir ce que j'avais à lui proposer.

- La voiture d'Alex..., je souris

Les filles comprirent alors. On allait lui faire une séance photo, digne de ce nom.

- Tu as bien fait de t'habiller comme ça, complimenta Daniela heureuse

Même si je détestais le dire de cette façon, je trouvais que le choix de vêtements de Sofia était effectivement parfait. Elle savait se mettre en valeur.

- Tu vas faire une magnifique petite séance photo, dans et à l'extérieur de la voiture !

- Cool ! Enfin, je me fais comprendre

Elle soupira comme si elle venait de courir un 100 mètre et je ris, quand quelqu'un sonna à la porte.

- Ne me dit pas que c'est encore cette vieille voisine ?!

Dani se plaint, je lui dis alors de rester derrière la porte, histoire de ne pas envenimer la situation.

- J'espère que c'est Alex

Ma sœur dit cela avec un entrain visible.

Je commençais à vraiment en avoir assez de cette vieille chouette. On ne pouvait même plus, se permettre de rire un instant. Je voulais bien entendre le fait qu'elle était déjà âgée et qu'il n'y avait pas de bruit habituellement, mais pour deux jours merde !
Je marchais lentement vers la porte, quand la vieille femme sonna de nouveau. On ne pouvait même pas faire semblant d'être absent, à cause du filet de lumière qui passait sous ma porte d'entrée, qui devait nous trahir.
J'ouvris la porte avec douceur, craignant tout de même la femme. Elle ne dit d'abord rien. J'ouvris alors plus grand, pour mieux l'apercevoir avant de refermer immédiatement la porte et me tournai vers Sofia et Daniela :

- Prenez vos affaires

La personne sonna de nouveau. Je soupirai alors. Mon crâne allait exploser. Je passais un moment beaucoup trop beau, pour qu'il vienne tout gâcher.
Elles me suivirent sans rien dire et se mirent derrière moi quand j'attrapai mes clés d'appartement et celles de la voiture, que je fourrai dans mon trench-coat, acheté en friperie.

- Luchita

Il le dit quand je rouvris ma porte. Le rouge me monta aux oreilles : elles étaient derrière moi, et il était devant. Il me fixa, puis son regard se balada par-dessus mon épaule. Il était trop tard, et comme ça, en un clin d'œil, il rentra, referma la porte derrière lui. Quelques minutes plus tard, on était assis, tous les trois autour de ma table.

- Je ne t'ai pas invité ;

- Je n'ai pas non plus besoin de ton accord, Lucia

Je soupirai, instable sur le bord du canapé. L'horloge au-dessus de la télé indiquait que l'heure de notre départ était passée de cinq minutes, raison pour laquelle j'étais légèrement sur les nerfs. Au bout de quelques minutes silencieuse, comprenant très bien ce qu'il voulait, je me levai, glaciale. Il fit de même, et me reluqua de sa hauteur. Je hochais la tête agacée par son attitude désinvolte et hautaine :

- Je sais ce que tu veux

- Alors fais ce que je te demande

Il dit cela sous le regard de ma famille, je regardai de nouveau l'heure. Sept minutes de retard.

- Ace... je m'avançai vers lui.

Il mit ses mains sans ses poches.

- Il faut que tu comprennes... Je.Ne.T'aiderais.Pas

Il me fusilla.

- C'est terminé maintenant. Trouve-toi une autre personne à faire souffrir

- Luchita, il s'approcha à son tour, rompant l'espace qui nous séparait

Je reculai. Non pas par peur, mais plutôt par dégoût, il ne me faisait ni chaud ni froid.

- Prenez vos affaires, on y v-

- Oui, mais tu pourrais peut-être écouter ce qu'il a à dire ?

Je sentis un sourire mesquin apparaître sur ses lèvres. Je me tournai vers Daniela qui venait de l'ouvrir, au mauvais moment.

- J'ai dit on y va !

- Enchanté, dit-il à Dani.

Super, il venait de se trouver une alliée, et pas n'importe laquelle : une alliée de taille.

- Moi de même

- Très belle tenue, dit-il devant moi pendant que je regardai la personne que je détestais le plus et celle que j'aimais le plus rire et s'échanger de belles paroles.

En observant Daniela, je vis qu'elle aurait très bien pu tomber amoureuse de lui, s'il n'avait pas été lié à moi de cette manière.

Il était totalement son genre

- Merci, rit-elle

Après un long silence de la part de ma sœur qui me semblait avoir disparu, elle finit par se lever, laissant tomber sa valise. Il ne lui accorda même pas un regard et se tourna de nouveau vers moi, son plus beau sourire aux lèvres.

- Tu t'es décidée Luchita ?

- Vas t - en

- Pas sans réponse

- On a un putain de vol à prendre, alors fais-moi plaisir, et part

- Je ne suis pas là pour faire plaisir à quelqu'un

- Besoin d'aide pour quoi ?

Daniela passa son regard de lui à moi, d'un air interrogateur.

- Pour rien ! Daniela s'il te plaît arrête de lui poser des questions

- Je ne me r-

- Luchita j'ai appelé un taxi pour tes charmantes amies, elles seront à l'aéroport en un rien de temps, toi tu vas venir avec moi

Il dit cela avec autorité, et passa sa main derrière ma nuque avant de m'attirer derrière lui vers la porte.
Sofia, rouge, fondit sur lui :

- Alors, déjà elle s'appelle LUCIA, PAS LUCHITA, ENSUITE PERSONNE NE T'A APPRIT QU'ON NE FORCE PAS LES GENS À FAIRE QUELQUE CHOSE QU'ILS NE VEULENT PAS FAIRE SALE FILS DE PUTE ,

Daniela, estomaqué, les valises à ses mains, secoua les épaules de ma sœur qui la repoussa. Ace fit de même et se mit à genoux devant ma sœur, lui, beaucoup trop grand pour elle.

- Petite fille, tu vas vite changer de ton... Va jouer avec les gamins de ton âge et ne te mêle plus jamais des affaires de ta grande sœur d'accord ?

Il lui sourit avec arrogance, ma sœur s'approcha de lui :

- Eh... connard, tu vas vite oublier ma sœur. Elle ne sera jamais à toi, ni pour t'aider ni pour d'autres raisons, alors trouve-toi une autre occupation

Elle lui décocha un coup de poing et à ma grande surprise, elle avait réussi à lui fendre la lèvre, certainement parce qu'il ne l'avait pas vu venir. J'écarquillai les yeux. Daniela ouvrit la porte d'entrée et précipita toutes les valises à l'extérieur. Sofia était à la limite de lui cracher dessus, je la rappelai alors à l'ordre, elle me jeta un regard noir avant de me dépasser. Ace sourit et essuya la goutte de sang qui perlait au coin de sa lèvre.
Il se releva avec une facilité déconcertante et fixa ma sœur s'éloigner.

- Je vais te pourrir la vie Lucia Fernandez, me chuchota t - il à l'oreille

Il ne le dit pas au hasard. Sa phrase résonnait davantage comme une promesse, et il allait la tenir. Je me sentis tout à coup mal à l'aise. Ma sœur me détestait... et lui aussi. Seul Daniela l'appréciait en fait, et pour une raison qui m'échappait, cela m'énervait, ou me peinait ? Je ne savais pas trop quel terme employer.

- Ce connard..., je commencerais par lui

- Qu-

Trop tard, il était déjà sorti. Il ne regarda même pas ma meilleure amie, déçue. Ma sœur me rappela une fois de plus et l'on finit par nous en aller. On prit immédiatement la route, et cette ambiance bonne enfant qui régnait auparavant entre nous, n'était plus que l'image d'un souvenir lointain et nostalgique.

Personne ne parlait.

Au début, ma sœur voulue m'expliquer qu'il me fallait plus que des mots pour le surmonter, mais j'avais du mal à m'expliquer, le fait que j'aimais l'avoir à mes côtés. Je le détestais pour tout ce qu'il m'avait fait, mais j'étais sûre et certaine qu'il se passait quelque chose. Malgré tout, il ne fallait pas que je craque. J'avais réussi à me venger, tout allait bien maintenant, je pouvais tourner la page. Sauf que c'est un autre détail m'inquiétait à présent. Il avait dit qu'il commencerait par ce '' connard '', je comprenais donc qu'il parlait de Jonathan.
À cause de mes actions passées, il allait lui faire du mal, alors qu'il n'avait rien fait. J'en tremblais, rien qu'à l'idée de savoir, qu'il allait faire quelque chose à ce garçon qui n'avait rien demandé, et qui n'avait jamais voulu être mêlé à nos histoires.
Une fois à l'aéroport, c'est dans de grosses embrassades que je quittai ma sœur et ma meilleure amie. Je pleurais même légèrement tant elles allaient me manquer. Mexico me manquait tellement que je vivais leur départ comme une nouvelle séparation de mon ancienne vie. Trop de choses me tiraillaient, ce séjour que j'avais tant adoré avec elles, la peur de leur départ, et leur réel départ. Tout cela, ajouté au fait qu'Ace, malgré tout, continuait de me pourchasser me faisant savoir que ma vie n'allait être que malheur maintenant, et tous ces sentiments, contribuaient à me faire me sentir mal.

Je quittais le parking de l'aéroport au bout d'une quinzaine de minutes, quand Dani me confirma qu'elles étaient bien en attente, en salle d'embarquement.
Je m'engageais sur l'autoroute, sentant les larmes monter. Je n'allais plus voir ma sœur et ma meilleure amie. J'allais de nouveau de me retrouver seule et cela me peinant d'être si loin de chez-moi. C'était donc ça le mal du pays...
Ma mère aussi me manquait. J'avais entendu une conversation entre ma sœur et ma mère, quand So' était aux toilettes, et d'après ce que j'avais compris, elle lui faisait un rapport de nos activités. Sofia lui donna quelques informations superflues et j'entendis Sofia lui dire qu'elle pensait que maman devait peut-être me faire un chèque pour que je puisse bien manger. Tant de sollicitude me touchait... J'avais une famille si aimante.
J'avais donc besoin de combler le manque que ma présence loin d'eux occasionnait, et grâce à Alex, cela allait un peu mieux. Cependant, si Ace avait été plus doux, plus positif et moins toxique qu'il ne l'était déjà, j'aurais mieux appréhendé cette vie à New-York. J'aurais été beaucoup moins mal en ce moment, mais ainsi était la vie.
Je pris la sortie vers mon quartier, quand en tournant le volant, je sentis une couche d'humidité sous mes doigts. J'avais tant pleuré. Je passai mes doigts sur mes joues, mais les larmes ne cessaient de couler à flots, et ce, sans même que je ne m'en rende compte.

- Super...

J'accélérai, j'avais besoin de dormir pour que tout n'empire pas. La manche de mon trench était à présent elle aussi trempé, et cela me contrariait tellement. Je pleurais pourquoi ? Pour qui ? Ace ? Le Mexique ? Ma vie seule ? Loin de tout le monde ? Le problème, c'est que j'aurai aimée que notre relation soit moins compliquée, moins violente. Je n'avais pas besoin d'être mise au plus bas. Je méritais mieux.
Je tournai sur droite, en veillant à bien mettre le clignotant. Le pire, c'était que l'habitacle, était maintenant imbibé du parfum de ma sœur, qui étrangement, commençait à être imprégné d'une odeur âcre de fumée. Tout en gardant les yeux sur la route, je me levai légèrement pour avoir une vue sur le capot imposant. Ça ne venait pas de là. Mes larmes de tristesse, commençaient à se transformer en larme d'agacement et de contrariété.

- Fais-chier ;

Je reniflais réellement inquiète quand alors que j'approchais de mon immeuble. Je saisis alors immédiatement :

- Mon Dieu

J'accélérais, la peur au ventre.

- No... no... no es poss- (Non... Non... Non, ce n'est pas poss-)

Je braquai sur le côté opposé à mon immeuble, et levai le frein à main, une voiture de pompier fonça en contresens.

- Porque... (Pourquoi...)

Je sortis en courant, laissant la portière ouverte et fondant dans le froid glacial de cette nuit sombre : Mon immeuble était emprisonné dans les flammes.

Mon.

Immeuble.

Brûlait !

J'avais littéralement le reflet des flammes sur mon visage. En une soirée, j'avais tout perdu.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top