40.
Le lendemain, je fus réveillé par une alarme. J'entendis des pas. Ceux de pieds nus précisément. Quelqu'un était avec moi. La personne couru avant d'éteindre l'appareil. Je ronchonnais, ennuyé d'avoir à me lever aussi tôt un week-end.
La pluie battante, à l'extérieur me sortit définitivement de mon sommeil. J'avais un mal de crâne atroce et je ne gardai que quelques bribes de ma soirée.
Je sentis les couvertures à côté de moi s'enfoncer, puis ma couverture glissa contre mes mollets nus, signe que la personne revint s'allonger avec moi. Je me revoyais la veille, en train de me déhancher sans réelle retenue. Je voyais Ace, Alex pleurer, des joints, des lumières aveuglantes. Rien que de petits détails ci et là.
Le point positif aujourd'hui, était cependant qu'il pleuvait. La pluie avait pour bienfaits, de m'apaiser, et puis il faisait sombre. Mon réveil n'était pas brutal.
La personne derrière, se mit alors à chuchoter mon prénom. Je peinais à ouvrir mes yeux, collés. Je les frottais bien décidés à voir qui partageait mon lit en ce moment.
- Je t'ai faite à manger.
Je m'étirai, émergeant peu à peu. J'avais reconnu la voix, c'était Alex.
- Tu vas mieux ? Lui demandais-je sans lui faire face. J'avais une haleine à en faire mourir un rat
- Oui, beaucoup mieux. Je me suis douchée et comme je ne savais pas trop quoi te faire à manger, j'ai cuisiné les deux derniers œufs que tu avais. Il y a aussi des toasts et du lait
- Un petit déjeuner de champion
- Championne de la drague, oui
J'essayais de rire avec elle, mais le son que je produisis ressembla plus à celui d'un âne à l'agonie. Je me redressais encore dans le flou et me raclais alors la gorge.
- Merci, je conclue
- De rien, cette soirée a dû être épuisante pour toi
- Tu peux le dire
- Tu as reçu un appel il y a vingt minutes, une certaine Daniela. Elle avait l'air surexcité à l'idée de t'annoncer une nouvelle. Je lui ai dit que tu la rappellerais
- Dani a appelé ?!
Je sursautai, complètement réveillé.
Merde, merde, merde.
Alex rit et me tendit mon téléphone.
- Mange d'abord un bout Lu'
Je m'emmêlais dans mes draps. Il ne restait plus qu'une semaine de cours, elle devait m'annoncer si oui ou non, elle viendrait pour la Thanksgivings. Je finis par trébucher au pied de mon lit.
- On fait les deux en même temps, j'ai une faim de loup, souris-je à Alex
Pas étonnant avec tout ce que j'avais bu la veille.
- Si tu veux
Elle m'offrit le sourire qu'une grande sœur offrait à sa petite sœur. Elle se leva, porta les assiettes à la table basse tandis que je lançais l'appel en posant mon téléphone contre l'un de mes bases bon marché. Mon téléphone sonnait quand je volai un câlin à Alex.
- Merci pour ce petit déjeuner, il a l'air vraiment délicieux
Elle me répondit au moment où Daniela et Sofia décrochèrent
- Luciiaaaaa
Dani hurla cela dans un accent mexicain très marqué.
- Hablamos en Ingles (Parlons en anglais !) ! Je vous présente à toutes les deux mon amie, Alex. Tu l'adorerais certainement So'
- Salut, cria ma sœur sur-excitée
Alex le lui rendit alors sur le même ton.
- Tu m'as appelé ? Dis-je impatiente
- Si !! ( Oui !! ),Commença t - elle en espagnol avant de se reprendre après un coup de coude de Sophia
Je pris alors ma fourchette dans les mains, immédiatement imitée par Alex et l'on entama notre « petit déjeuner des champions ». Championnes de la drague.
- Je nous ai trouvé un billet d'avion
- Vraiment ?!
Je m'exclamai la bouche pleine. MON DIEU. Ma meilleure amie, et ma petite sœur allaient toutes les deux venir. Elles allaient toutes les deux découvrir ma nouvelle vie. Mes prochaines semaines s'annonçaient magiques. J'en avais fini avec Ace, ça allait être les vacances, et j'allais les passer avec des personnes que j'adorais.
- Elles viennent du Mexique ?
- Oui ! Tu te rends compte, annonçais-je
- C'est super cool ! Vous viendriez quand ?
Alex demanda cela, aussi enthousiaste que nous.
- Eum... Vendredi soir, celui du début des vacances
- Ça tombe bien, ce vendredi - là, on termine un partiel à midi puis on est libre pendant une semaine
- On atterrit à 18 heures
- Ça te va ? On pourrait aller les chercher toutes les deux
Alex acquiesça en avalant une autre gorgée de son verre de lait. Maintenant que je savais que la visite de Dani et de Sofia était confirmée, je me sentais déjà un peu mieux. J'allais pouvoir passer de bonnes vacances. Après cette soirée épuisante, je pouvais dire, heureuse, que j'étais libre de toutes histoires liées à Ace, et je savais que leur venue allait sans aucun doute me requinquer.
"'
La semaine qui suivit cette belle nouvelle, se déroula sans embûches. Je ne vis pas Ace, une seule putain de fois. Je recommençais à retrouver ma petite vie, me promettant de ne plus jamais céder à ce genre de désir de vengeance, aussi destructeur et pressant soit-il.
Je fus contente de passer autant de moments que possible, en compagnie de mes amies, en fonction du temps qu'ils m'offrirent. Alex fit de moi sa directrice de casting ce que j'avais refusé à de nombreuses reprises, ne me sentant pas légitime de décidé qui était assez belle ou non. Je finis cependant par m'en occuper, voyant à quel point cela lui tenait à cœur. Elle avait déjà des modèles prototypiques de ses tenues, et tenait à voir le rendu sur des modèles humain.
Je n'avais certes plus de travail, mais mes économies m'avaient permis de trouver comment m'occuper de mes deux invités. Vendredi après-midi, après avoir fait quelques courses ensemble, on se rendit à l'aéroport, Alex et moi. Avant, on avait été à notre sortie café habituelle avec Meori et son frère jumeau, avant de les raccompagner sur le campus. Contrairement à nous, ils n'avaient pas encore terminé leur journée.
- Quel terminal ? Me demanda Alex
On laissa sa voiture sur une place de parking en Kiss and Fly. On avait une quinzaine de minutes pour les récupérer avant de nous en aller. J'attachai mes cheveux avant de remettre mon sac sur mon épaule. Je suivais Alex qui d'après ce qu'elle m'avait dit, connaissait cet endroit comme sa poche. Elle avait souvent voyagé, depuis ses trois ans et demi, jusqu'à maintenant. Comme elle le disait d'ailleurs, elle avait presque grandi dans un aéroport.
La route avait été longue et vraiment ennuyeuse. J'avais tellement hâte que je m'étais montrée très impatiente. J'avais oublié de prendre un livre ce matin, et l'ennui, plus l'impatience chez-moi, ne faisaient absolument pas bon ménage.
- Terminal 3, lui souris-je en contournant un taxi suivi d'une foule de voitures.
On se dirigea à grands pas vers le fameux terminal. J'avais reçu un message de Daniela, qui me hurlai de la rejoindre. Je passais mon bras autour de celui de mon accompagnatrice, et après avoir monté une tonne d'escaliers automatique, on finit par tomber devant une porte de débarquement, quand sans que je m'y attende, une fille me couru dessus et se jeta dans mes bras.
Mon souffle se coupa, je soutins le petit corps.
- Herma' !!
- Lucia !!!
- Te extrañé (Tu m'as manqué)
Elle tressailli tandis que je couvris sa joue toujours vierge de cicatrices d'acné, de bisous. Mon regard survola son épaule et je rencontrai pour la première fois depuis des mois, celui de ma meilleure amie. Sofia réatterrie sur ses jambes et je me jetai dans les bras de Daniela. Ses joues froides s'entrechoquèrent contre les miennes, bien plus chaudes.
Je m'éloignai au bord de larmes, et me tournai vers Alex qui avait glissé ses mains dans son trench.
Avant que je n'aie le temps d'entreprendre quoi que ce soit, Sofia se jeta dans ses bras.
- Tu as déjà pensé à faire mannequin ?
Je ris alors. J'étais contente qu'elle l'adore autant.
- Je vous présente Alex
- Eres tan guapa (Elle est si belle)
- Anglais, dis-je à Dani
J'avais peur qu'elle ne paraisse impolie en ne faisant pas l'effort de parler en anglais.
- J'ai compris pas de problème ma belle
Elle nous contourna et attrapa les petites valises de mes amies. Je refis un câlin à Sofia, sentant mon cœur se réchauffer. J'avais tellement vécu avec ma sœur. On était si proches, j'adorais ce contact et la joie intense que j'avais en ce moment en moi. Plein de souvenirs se précipitèrent dans ma tête quand on sortit.
Ma sœur inspira profondément avant de s'écrier :
- Je viens de respirer l'air New-Yorkais !!!
- Tu respires l'air New-yorkais depuis déjà une heure
- Vous nous avez attendues une heure ?
C'est Alex qui posa la question, les deux valises en main. Elle nous avait bien fait comprendre qu'elle ne voulait pas laisser des invités s'en charger. Elle les chargea alors dans le coffre de sa voiture, avec un empressement visible.
- Non mais un petit malin à décider que pour quitter l'avion, nous n'avions pas besoin d'escaliers. Et...
- On a dû attendre une bonne demi-heure que tout se passe, franchement certains mériteraient qu'on leur apprenne à faire leur travail
- Ne parle pas comme ça, sermonnais-je Sofia
Ma Sofia avait toujours eu la fâcheuse tendance de se mettre à égal avec les adultes, ne se gênant pas pour les insulter, ou pour leur dire le fond de sa pensée. Son problème, c'était qu'elle n'était même pas discrète, donc je devais toujours la reprendre.
Elle leva les yeux au ciel, avant de sourire de toutes ses dents parfaitement blanches, un air innocent au visage.
Elle était déjà si grande, et pourtant encore si jeune à mes yeux.
- Et ensuite ?
- Eh bien... il fallait qu'on quitte la zone d'embarquement, puis on vous a attendu
- Oh, se raidit Alex quand on rentra toutes à l'intérieur
- Rien de très long, se reprit Dani
Alex s'excusa alors tout de même, ce que je trouvais très hilarant. J'étais certaine que c'était dû au fait qu'elle avait toujours été éduquée dans une certaine rigueur.
- Bon allez ! C'est fini comme ça ! On retourne à Manhattan
Elle tapa joyeusement dans ses mains et l'on quitta l'endroit. Je restais nostalgique quand on s'éloigna. J'aurais adoré être à la place de ces deux filles qui étaient comme des membres de ma famille. Prendre l'avion me permettait d'avoir des sensations incroyables, je rêvais de pouvoir le reprendre.
Alex mit alors le volume à fond, tandis que Daniela gérait la playlist. Je leur racontais toutes mes péripéties, en veillant à bien dégrader l'image d'Ace. Ma sœur ne fit que l'insulter et me conforta dans mon idée qu'il était vraiment un enfoiré de première.
Daniela, enquêta sur la taille de ce qu'il avait entre les jambes, et lut même quelques études loin d'être sensées, sur la taille des hommes New-yorkais. Malgré tout ce que je lui avais raconté, elle s'obstina à me faire comprendre que c'était le bon pour moi, que c'était l'homme qu'il me fallait. Et, Alex, resta neutre. Elle nous dit à toutes son point de vue. Il n'était ni gentil, ni méchant, c'était juste... Ace. Je finis par couper court à la conversation, et on se rendit à Central Park. Alex et moi avions tenu à aller à la patinoire avec nos amies, et quoi de mieux que d'aller à la légendaire patinoire de Central Park.
- Merci pour tout, remerciais-je rapidement Alex, tandis que je laçai mes patins
- Tout le plaisir est pour moi, j'aime beaucoup aider
- Oui, mais quand même. Je ne peux ne pas ne pas te remercier
Elle me sourit.
- Le prochain coup, et même pour plus tard, je pourrais même te prêter ma Jeep
- Me prêter ta Jeep ?, demandais-je incrédule
- Oui, c'était le premier cadeau de mon père à mes dix-huit ans, mais elle ne vaut plus grand-chose
- Oui, Alex. Mais, c'était son premier cadeau comme tu l'as dit, et puis pas la peine d'en faire trop
Je me demandais bien d'où venait cet amour des cadeaux à offrir. Je ne lui avais rien réclamé, et on parlait d'un cadeau de son père.
- Je n'en fait pas trop
Si, totalement
- Si, totalement, je dis cette fois-ci à haute voix
Je me levai conquérante et observai la place bondée.
- Moi je la prendrais volontiers ta Jeep
Sofia dit cela, en sautant sur ses pieds, avant de sourire à Alex. Elle voulait lui extirper un cadeau
- So'
- C'est bon
Elle se plaint comme à son habitude et je m'avançais vers Daniela qui matait un groupe de garçons, qui, je devais l'avouer, avaient tout pour eux.
Alex se leva et sautilla elle aussi, avant de prendre la main de ma petite sœur, et c'est dans cette ambiance chaleureuse et fraîche, qu'on se lança sur la glace. Daniela prit une tonne de photo des décorations qui je devais l'avouer en valaient le coup.
- Tu me les enverras
Alex et moi venions de dire cela en chœur. On pouffa alors avant de nous glisser sur nos jambes.
J'aimais beaucoup cet endroit, car nous n'étions pas dans une patinoire normale. Celle-ci était au beau milieu d'un grand marché de noël. On pouvait aussi entendre les enfants hurler contre leurs sorts après que leurs parents leur aient refusé une dizaine de minutes de patins à glace. Je riais alors pleinement satisfaite. Mes vacances commençaient bien.
- Qu'est-ce qui t'amuse ? Me demanda So'
- Rien, herma'
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