36.
- Oh, merde, merde merde
Je courais encore une fois. Je remontai à pied les escaliers vers mon appartement. Il était 14h09, et j'avais reçu une notification trente minutes plus tôt de Mayse, me demandant d'être là à 14h30. Je n'avais pas su gérer mon temps, mais en plus de cela, il avait fallu que juste au moment de rentrer dans mon taxi, je m'aperçoive que j'avais oublié mes clés d'appartement. SUR LA PORTE. En ce moment, je commettais oublies sur oublies et je commençais à réellement douter de mon état mental.
- Fais - chier, me plaignis-je
Je repassai devant la porte de la cage d'escalier, avant de m'assurer que j'avais tout. Je n'avais eu que deux heures de cours ce matin, cours durant lequel Alex et moi avions obtenu nos notes pour notre travail. J'en étais d'ailleurs assez fière. Seize partout, à la fois pour mon travail personnel, et pour notre travail de groupe. Mais, bien évidemment, il fallait toujours que quelque chose de négatif suive, ici, mon retard. J'avais à peine eu le temps de rentrer, de manger quelques restes de nouilles thaï qu'il avait fallu que je voie que j'étais en retard.
Je dévalais ces satanés escaliers, espérant ne pas finir ma course par terre, dans le mur en face. Une fois dehors, après mûre réflexion, je décidai d'abandonner l'idée de prendre un taxi. Les bouchons, à cette heure - ci, n'allaient certainement pas me porter chance, je me précipitai à l'arrêt de bus le plus proche. J'avais un bus qui partait dans deux minutes.
- Excusez -moi, criais-je en rentrant dans une jeune femme portant plusieurs sacs à ses bras
Elle soupira grossièrement, mais je ne l'entendais plus, j'avais un bus à prendre. Quelques mètres plus loin, je finis par grimper de justesse dans le transport en commun, espérant alors vivement arriver ne serait ce que trois minutes avant l'heure requise.
J'essayais de m'asseoir à côté d'une femme âgée, un mal de côte flanquée à ma poitrine. J'inhalai alors rapidement la ventoline que j'avais prise par avance dans ma main au cas où ma peur d'être en retard prenne le dessus, et dix minutes plus tard, j'étais devant Mayse, cachée au niveau de l'entrée, essayant de me calmer, et surtout, de sourire.
- Oh, bonjour Lucia, c'est ton premier jour c'est ça ?, Me dit la Manager en sortant de sa voiture qui comme par hasard était garée juste devant l'entrée du magasin
- Oui, je suis un peu stressée, mentais-je cachant en fait mon retard
Je regardai par-dessus son épaule. Elle conduisait une très belle Mercedes. J'étais assez surprise d'ailleurs de voir qu'elle avait pu se l'offrir sans nécessairement avoir un métier prestigieux tel que médecin, ou avocate.
- Ne le sois pas me, sourit-elle, je suis sûre que tu vas assurer
Elle passa son bras dans mon dos avant de m'attirer à l'intérieur.
- Tu as déjà travaillé dans une boutique avant ça ?
- Non, jamais
Je grimaçai en entrant dans la réserve. J'avais vraiment peur de ne pas y arriver.
- Ne t'en fais pas, je suis sûre que ça se passera bien. Tu as déjà bien respecté le code couleur vestimentaire, c'est très bien
Elle rit, tandis que je baissais les yeux sur ma robe légère qui était bleue clair à petites fleurs blanches. J'avais acheté cette robe exprès, et j'avais vraiment espéré que quelqu'un le remarque. Mon torse se gonfla alors de fierté, mon premier objectif était atteint. J'étais aussi assez contente des deux petites tresses qui nichaient sur le haut de mon crâne, tout était réuni pour que je passe une après-midi, confiante de ma propre beauté.
Elle se mit derrière une table blanche et nous enferma dans cette pièce, pleine de vêtements.
- Ici, c'est la réserve. Comme tu peux le voir, il y a encore beaucoup de vêtements à sortir et à aller préparer
Elle sortit quelques sacs plastiques de vêtements.
- Là, ce sont les vêtements bébé, sexe Masculin, me dit-elle en pointant un écriteau derrière le bac en fer. Ici, les vêtements bébé, sexe Féminin. Si on te demande de venir prendre des vêtements en réserve, on te précisera toujours quel type, et tu n'auras qu'à lire les inscriptions au mur
J'acquiesçai alors sans réellement lui répondre, espérant simplement tout retenir. On quitta la pièce et nous rendîmes en cabines.
- Toi, tu travailleras derrière ce comptoir. Tu seras accompagné aujourd'hui et demain en fonction de comment ça se passe, on verra si on peut te laisser seule d'accord ?
- Oui, je souris en regardant autour de moi
Il y avait déjà quelques clients, surtout des familles, accompagnants leurs enfants.
- Ici, c'est la salle de prépa.
Elle ouvrit une petite pièce, fermée d'un rideau gris.
- Tu n'auras pas beaucoup besoin de travailler ici. C'est plutôt réservé à la couturière. Elle n'est pas tous les jours là, mais voilà. Avant tes pauses, si tu n'as pas terminé de préparer les vêtements, tu les mettras ici
- D'accord, approuvais-je de manière scolaire
On quitta les cabines et je la suivis à travers les grands rayons de vêtements.
- Les vêtements à préparer seront en réserve, n'oublie pas. Et en cabine, surveille toujours bien que tout est propre. Ouvre toujours les rideaux des cabines vides et sourit aux clients. C'est tout ce que tu as à savoir pour l'instant
Je souris quand on atteignit une grande porte blanche, qui se voulait peut-être discrète au vu de son emplacement .
- Le code est A2020
Une fois m'avoir fait faire le tour de la salle de pause, et du magasin, elle me laissa travailler avec l'une de mes collègues : Tracy. La fille, d'assez petite taille, essaya du mieux qu'elle pouvait de m'expliquer comment correctement plier les jeans en fonction de l'âge et du sexe, ce qui avait vraiment du mal à rentrer.
Je commençais à réellement me demander pourquoi est-ce qu'il était nécessaire d'être aussi minutieux, surtout pour des vêtements qui allaient forcément finir déplier à cause des clients peu soigneux.
J'eus une pause à 16h45, pause durant laquelle Tracy et une Cera qui portait assez bien sa queue de cheval, me racontèrent leurs mésaventures depuis qu'elles avaient commencé à travailler ici.
- Et sinon, toi, tu aimes pour l'instant ?, Bu l'une d'elles
- Ça va pour le moment. J'aime beaucoup parler aux clients ou les aider, surtout avec le Pocket
- Ah oui, moi aussi, j'étais comme ça à mes débuts, dit Tracy qui allait sur sa trentaine d'après ce qu'elle m'avait dit
- C'est vrai que scanner et aider les clients avec ce petit appareil est super
J'avalai alors un verre d'eau rapide avant de le lever.
- Tu reprends ?, M'interrogea Tracy
- Oui, je dois y aller, j'ai commencé ma pause un peu avant vous
- D'acc, dit - elle tandis que Cera nettoya elle aussi son récipient
- Pour le reste de la soirée, je ne serais pas avec toi, ça devrait le faire ?
- Oui, pas de problème ;
J'employais un ton amical, car comme je l'avais déjà dit, je voulais me faire de nouvelles connaissances. Oublier Ace et compagnie, et peut-être même me trouver un bon copain, peut-être Jonathan ? Je n'en savais rien. Je voulais améliorer ma vie sociale, maintenant que je ne travaillais plus dans ce foutu bar.
Je me retirais de la salle, et descendis une bonne dizaine d'escaliers avant de retourner en cabine. J'avais un sac de vêtements à plier, à étiqueter, et surtout, à ranger.
Je sentais aussi que mon dos commençait à se plaindre, alors il fallait que je me dépêche. Le plus tôt je serais rentrée, le mieux ce serait.
- Bonsoir, souris-je à un jeune couple armé d'une poussette
- Bonsoir, auriez - vous celui-ci, en trois ans ?
Je baissai alors les yeux sur le petit vêtement, me demandant comment est-ce qu'un humain correctement construit pouvait rentrer dans ce machin.
- Non désolée, c'est un article en déstockage, il ne reste plus d'autres tailles, avouais-je contrariée pour eux
- Alors tant pis, dit-elle. Je le prends quand même. J'aime beaucoup ce T-shirt, il ne le portera que quelques mois, mais on fera avec
- Au revoir, dit son mari en riant, voulant certainement empêcher sa femme ou sa copine, je n'en savais que trop rien, de poursuivre dans sa lancée
- Bonne journée, encore désolée, riais-je à mon tour avant de saluer le petit garçon qui me disait lui aussi au revoir de sa minuscule main
Je posais un dernier pantalon sur mon chariot que je sortais ensuite de la pièce réservée à la couturière absente aujourd'hui. Je me retournais ensuite vers la fameuse pièce avant de la refermer.
Quand je me retournai sur mon chariot, je vis un homme poser des articles pour bébés sur mon comptoir, m'arrachant alors un sursaut.
Joder ! ( Putain ! )
- Tous ces vêtements sont bien pour fille ?, me demanda t - il
- Quoi ?
Je levai les yeux sur lui, les sourcils froncés.
- C'est quoi ton problème putain ?
- Je te l'ai dis, j'ai besoin de toi
Je contournais le comptoir blanc et me mettais face à lui, essayant de ne pas regarder ses lèvres dont mon clitoris gardait un souvenir très mémorable.
- Lâche-moi, tu comprends ça ? Je ne t'aiderai pas.
Je tirai mon chariot à roulettes avec difficulté derrière moi. J'avais du mal à me dire qu'au lieu de discuter avec lui, j'aurais déjà pu en ranger au moins cinq.
Il m'attrapa alors le poignet, me forçant à lâcher ma prise.
- Je continuerai d'insister ;
- Comment est-ce que tu as trouvé cet endroit ?, croisais-je les bras
- Je te l'ai dit, tu auras beau me fuir princesse, je te retrouverais toujours
Je levai les yeux au ciel, ennuyé par son discours.
- Je travaille, laisse - moi tranquille Ace
- Jamais, dit-il avec assurance. Tant que je n'aurais pas ce que je veux, je continuerais, encore et encore
- Tant mieux, si tu as aussi peu de choses à faire de ta vie, c'est ton problème, mais ce n'est pas le cas de tout le monde vois-tu. Alors maintenant, fous-moi la paix, et vas t - en
- Tu seras payée mieux qu'ici Luchita, et tu n'auras même pas à te tuer à la tâche de cette façon
- Garde ta bienveillance pour toi
Je me retournais vers mes vêtements et commençais à m'éloigner vers un rayon pour les ranger. Il se mit alors à me suivre, me consternant encore plus : allait-il vraiment insister à ce point ? Il me courait après de manière très surprenante. Même si j'étais d'ailleurs surprise de le voir tout mettre en œuvre pour me parler, j'étais aussi très déçue de voir que sa seule raison de venir vers moi, était encore et toujours seulement pour obtenir quelque chose de ma part. J'en avais marre d'être utilisée.
- Luchita, cria t - il en chuchotant derrière moi
- Je travaille
Je me cachai derrière un rayon sur lequel je me mis à disposer, un à un, de manière très maniaque, - ce qui n'était pas surprenant venant de moi - tous les T-Shirts.
- Comment fais-tu pour travailler ? Tu as arrêté les cours ? Si tu m'aides, tu pourras faire les deux
- Tu m'as dit le contraire la dernière fois
Il jura alors avant de s'approcher de moi, essayant de se faire discret. Il m'arracha un rire moqueur.
- Tu as donc vraiment arrêté les cours ?
- Qu'est-ce que cela peut bien te faire ?
- Luchita, j'apprécie très peu ton ton
- Alors fous-moi la paix Ace
Il serra la mâchoire de manière très démonstrative et mit fin à la distance qui nous séparait.
- Luchita
- Non ! Je n'ai pas arrêté les cours, Ace
- Alors qu'est-ce que tu fiches ici ?
- Tu sais ce que l'on appelle '' travailler en fonction de nos disponibilités '' ? Ou alors, oh, excuse - moi, c'est vrai, j'oubliais que c'était quelque chose d'assez abstrait pour toi, le travail et tout ça tu sais
- Lucia, je ne te laisserais pas me parler comme ça, dit-il avant de se mettre derrière - moi, et de caresser mes cuisses qu'il venait de dénuder, d'un simple geste de la main.
Un frisson me parcouru alors, et je levai les yeux vers la caméra au - dessus de nous.
- Laisse - moi tranquille ! Tu vas me faire virer, le repoussais-je
Il s'éloigna, un sourire satisfait aux lèvres tandis que moi, je m'éloignais de lui à la recherche de l'endroit où je devais ranger le vêtement suivant.
- Je te paie pour venir vivre chez - moi quelques temps et pour que tu m'aides
Un soupir me quitta, il n'allait donc pas lâcher.
- Non, merci
- Ne fais ta capricieuse Luchita, toutes les jeunes - femmes de New - York rêveraient d'être entretenues dans une belle villa, et payer pour ne pas faire grand-chose
- Je ne suis pas '' toutes les jeunes femmes de New - York '' !
Il ne dit rien, et enfouit ses mains dans ses poches.
- Je te trouve vachement égoïste tu sais
- Trouve - moi comme tu veux, je n'en ai rien à faire, j'ai juste besoin que tu acceptes de m'aider
- Et pourquoi est - ce que je ferais ça tiens ? me tournais-je violemment. Pour encore être humiliée ? Ou utiliser ? Pour subir les insultes xénophobes de ton meilleur ami ? Pour que je finisse brisée après que tu aies obtenu ce que tu voudras ?
Il ne dit rien, me lorgnant de son regard distant et froid.
- C'est donc très clair. Arrête d'insister, j'ai du travail, reniflais - je avant le planter là
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