3.




Appartement - Manhattan
11:16am

- Alors ? bien ta première nuit dans la ville qui ne dort jamais ? me demanda Daniela à l'autre bout du fil

- Plutôt pas mal. Sauf que ce matin je me suis faites réveiller par les bruits des klaxons de voitures... je ne suis pas encore habitué ballais - je

- Tu verras, tu t'y feras vite. Au début c'est chiant puis tu finis par ne même plus y prêter attention.

- Tu dois avoir raison

- Et ton appart' du coup ?

- Assez correct. Il est grand comme il faut, et j'aime bien la petite déco. Bon petit bémol, y'a pas d'ascenseur dans l'immeuble mais bon je m'y ferais, je n'ai pas le choix riais - je tout en ouvrant toutes mes valises, transformant alors peu à peu mon salon en débarras

- C'est cool ça ! Tu vas devenir une vraie américaine, une vraie petite Manhattanienne rajouta t - elle dans un fou rire.

'' Manhattanienne '' ne se disait pas, mais je savais qu'elle le faisait exprès alors je me mis à rire avec elle.

- Je ne suis pas convaincue. Pour le devenir, il faut aussi que je m'entende avec mes voisins et je crois que le voisin de l'immeuble d'en face ne m'apprécie pas trop annonçais - je tristement

- C'est dans ta tête ça

- Je t'assure ! Hier, j'ai surpris une conversation entre lui et sa copine fin son ex plutôt et elle le larguait de façon.... Pas très sympathique disons. Et moi, pour montrer de la bienveillance, je lui ai souris mais je pense qu'il n'a pas apprécié vu le regard qu'il m'a jeté

- Ouch... se moqua t - elle car pour elle ce n'était certainement rien de bien grave, on s'en fout du voisin d'en face qui vient de se faire larguer, c'est pas à cause de lui que tu vas finir sans amies à New - York. Tu verras, des connaissances tu t'en feras plein surtout à la fac

- Essaie de me comprendre, c'est mauvais signe de parler à notre premier voisin et de ne pas s'entendre avec, ça n'annonce rien de bon

- Mais si ! Tu verras, je suis sûre que tu rencontreras pleins de gens, tu rencontreras l'homme de ta vie au passage. Un bad boy, assez sexy de préférence et tu verras que la vie n'aura jamais été aussi belle dit-elle en essayant de me réconforter

Elle avait peut-être raison. Du moins je l'espérais. Peut-être que ce qui s'était passé hier ne me condamnait pas. Mais bon je voulais que tout soit parfait dès mon arrivée. Mais visiblement, je ne pouvais pas tout avoir. Il ne me restait plus qu'à espérer le meilleur pour l'avenir.

- J'espère que tu as raison dis-je en poussant un petit soupire. Bon... J'ai un long programme pour aujourd'hui, je sens que je vais devenir folle. Je te rappelle quand je peux ?

- Courage Lu' ! Et oui pas de problème, je suis là pour ça, tu me raconteras ta journée dit - elle un peu trop enthousiaste

- D'accord ! Passes une bonne journée

- Toi aussi me dit - elle avant de raccrocher

J'avais prévu de me trouver un job, dès aujourd'hui, un truc facile à décrocher, rien de très extravagant. Donc je ne pouvais pas me permettre de faire durer la conversation, surtout que je savais qu'on finirait par parler des mecs de Daniela et on ne pourrait plus s'arrêter.

Il fallait aussi que je fasse des courses, parce que rester ici, sans manger, allait être difficile pour moi. Heureusement il me restait des barres chocolatées que j'avais piqué à Sofía avant mon départ. Mais mon régime n'allait pas se limiter plus longtemps à ces trucs bien trop sucrés à mon goût.

Donc il fallait que je sorte, que je passe une journée productive, que je suive mes plans : rester organisée.

Cependant, avant de sortir, il fallait que je vide ces quatre valises. Je m'étais déjà organisé à Mexico donc chaque valise contenait les affaires d'une pièce précise.

Je quittai alors cette position allongée que j'avais prise à même le sol, et me mis à vider les deux premières valises en face de moi. Elles étaient pleines de vêtements et de chaussures car je ne comptais pas en racheter ici, j'avais besoin de beaucoup d'argent pour manger et pour mon loyer et non pour des vêtements. Donc j'avais simplement repris mes vêtements de Mexico qui devaient aussi le faire pour New - York.

Je vidais ces valises de manière presque maniaque dans la petite penderie encastrée dans le mur, en veillant à mettre mes affaires les plus précieuses comme les robes, les pulls et sweats et certains t - shirt sur un cintre et mes quelques pantalons et d'autres T - shirts correctement pliées sur la planche en face de moi et qui était juste au - dessus de la tringle à cintres.

Aussi, je déposais mes chaussures juste à l'entrée, sur le petit meuble à chaussures qui avait visiblement été lui aussi abandonné comme la télé.

L'une des deux autres valises qu'il me restait à vider, contenait mes affaires de toilettes et quelques draps. Que je vidais dans ma commode de salle de bain, juste sous la vasque.

Étrangement, je me sentais assez fière de moi. Me dire que tout ça était à moi, que je commençais une nouvelle vie, dans un appartement qui me plaisait et qui était assez correct me fit ressentir un sentiment d'accomplissement.

Je me relevais alors du sol froid de la salle de bain sur lequel je m'étais assise, un sourire aux lèvres et me dirigeai vers mon dernier bagage.

Celui-ci, contenait mes affaires d'art. Je faisais certes des études de tourisme, mais personnellement l'art avait toujours été ma petite passion.

Donc cette valise - là, contenait quelques toiles et de la peinture car je m'y étais mises depuis peu. Mais aussi le plus important : mon matériel de sculpture.

J'en faisais depuis petite, c'était abuela qui m'avait apprise. Elle m'avait montrée les bases, tous les jours après les cours elle m'apprenait quelque chose de nouveau. Petite, elle m'avait d'abord enseigné la poterie, mais en grandissant j'avais développé un attrait pour la sculpture émotionnelle comme j'aimais bien l'appeler.

Cet art consistait à sculpter des visages exprimant diverses émotions mais pas seulement. Je pouvais aussi à travers mes sculptures mettre une émotion sur un endroit. Je pouvais sculpter New - York par exemple en exprimant une certaine émotion sur le visage de la sculpture qui allait définir New - York. Je sculptais aussi des personnages, et tout ça, grâce à ma petite abuela.

Je sortis alors mes affaires. Je n'en avais pas beaucoup mais c'était suffisant pour que ce que je sculpte sans me vanter conquise ceux qui les regardaient.

Il y'avait un petit coin à côté du canapé où il y'avait une lampe sur pied que je déplaçai à côté de la télé pour faire de la place à mes toiles, et à mes caisses contenant mes tubes de peinture ainsi que mes pinceaux. Je sortis aussi mes outils de sculpture. Avant de fixer l'objet le plus précieux de cette dernière valise.

Les larmes me montèrent alors instantanément aux yeux...

- Abuelita... dis-je triste en repensant à celle qui m'avait tout appris

Elle était morte il y'a cinq ans quand j'avais quinze ans d'une maladie qu'on n'avait pas pu guérir.

J'avais continué à sculpter devant elle pour lui redonner le moral quand elle était dans son lit de malade.

Tous les soirs après avoir fait mes devoirs, je me faufilais dans cette chambre sombre avec une petite veilleuse pour ne pas avoir à allumer la forte ampoule du plafond. Et je lui racontais ma journée, lui racontais mes disputes avec Daniela, tout en sculptant des visages ou des personnes. Elle m'écoutait attentivement, me souriait toujours. Malgré cette maladie qui l'emporterait forcément sans qu'on ne sache vraiment quand et surtout quoi faire.

Elle était faible ce soir - là, particulièrement faible. Plus qu'à son habitude. Elle ne pouvait même plus parler. Je lui racontais une autre de mes nombreuses histoires. Ce jour-là, j'avais été en colère contre mi mamá, qui m'avait empêché de sortir avec Daniela pour une raison franchement débile.

J'étais tellement en colère que le pot que je sculptais s'était cassée entre mes mains, ce qui ne m'étais encore jamais arrivé.

Cela n'a pas arrangé mon état. Et j'avais honte d'avoir cassée un pot que je sculptais devant abuela. Je me suis donc mise à pleurer tout en retournant rechercher une nouvelle boule d'argile. Ma dernière de la journée en fait, car mon sac d'argile atteignait sa fin.

J'ai recommencé à sculpter cette fois - ci un visage d'un côté triste et de l'autre côté en colère mais alors que je touchais la fin, je le cassai de nouveau.

Je m'étais donc sincèrement mise à pleurer de plus belle. J'étais en colère.

- Pourquoi c'est si dur ! M'étais - je presque écrié en larme devant abuela

Je n'avais plus de terre. C'était finis. De ses petites forces, abuela me dit alors :

- Ça va aller ma petite Lucia, ma petite lumière sourit - elle. Tu vas y arriver souffla t - elle difficilement. La vie n'a pas été facile, mais je sais que tu as toujours été courageuse. Me sourit - elle. Reprend ces deux boules d'argile que tu as mises de côté et réutilises - les
Je n'aimais pas recommencer en réutilisant les mêmes boules. Mais j'écoutais alors ma grand-mère qui était si douce dans ses conseils.

- La vie ne sera plus jamais comme avant commença t - elle pendant que j'assemblais les deux boules. Tu as toujours été une petite fille lumineuse, courageuse et bienveillante. Tu n'as jamais eu besoin de personne. Tu m'as toujours époustouflée, Lucia. Saches qu'abuelita est fière de toi... ma petite - fille chérie sourit - elle. Continue de faire ce qui te plaît mi amor ! Avances toujours dans la vie, persévère. N'abandonne jamais finit - elle à bout de souffle

- Merci abuela... dis-je tristement ne comprenant pas trop ces recommandations soudaines. Repose - toi tu dois être fatiguée lui souriais - je à présent calmée.

Je repris alors cette nuit - là, ma sculpture. Et décidai de sculpter le visage de ma petite abuelita chérie. La sculpture ne serait pas très grande, dix centimètres tout au plus.

Pendant que je faisais ça, elle se mit à chantonner la berceuse qu'elle avait l'habitude de me chanter enfant.

J'avais certes quinze ans, mais je l'adorais toujours cette chanson. Je continuais alors à sculpter sous ces mélodies quand au bout d'une demi - heure à sculpter son visage, elle s'arrêta de chanter et me dit d'une voix presqu'inaudible :

- Tu as toujours eu un talent pour ça.... Je t'aime ma petite lumière, ma Lucia... avant de s'endormir.

Je lui souris alors. Elle était si belle. Je me tue et arrêtai de chanter. Je continuais de sculpter toute la nuit, ce visage doux qu'étais celui de ma grand-mère avant de m'arrêter.

Je posai le petit buste d'argile dans le four fais pour mes sculptures, l'allumai et le réglai, avant de le refermer. Je finis par m'endormir plus tard que d'habitude.

Mais cependant, le lendemain à mon réveil je fus accueillis par les cris et pleures stridents de mamá et de papa. Je couru alors vers l'endroit d'où ceux-ci provenaient et vis mamá secouer abuela en pleurs, avec papa qui essayait de la calmer. Il me demanda de m'en aller, de réveiller Sofía et de sortir avec elle pour qu'elle ne voit pas ça, mais c'était trop tard... elle nous avait rejoint.

J'étais sonner. Est-ce qu'elle était morte hier avec moi ? Est-ce qu'au lieu de profiter avec elle, de ses derniers instants, je n'avais fait que ruminer ma colère ? Même si elle avait réussi à me calmer, comment est-ce que je n'avais pas pu voir plus tôt que c'était bientôt la fin ?

Je m'effondrai alors en larme. Ce jour-là, j'avais perdu ma abuelita. Au moins j'avais passé cet instant douloureux avec elle mais c'était trop dure... je n'étais pas prête, pas préparé.

Quelques jours après, pour ne jamais l'oublié, j'étais allée faire la plus grande bêtise que je n'avais jamais faites. Sofía et Dani était là. Mamá et Papa n'était pas au courant et ces deux - là étaient restée dans la confidence par rapport à ce tatouage. J'avais décidé de me tatouer sur le poignet : Tu eres mi luz, abuela.

Sur le poignet car c'était grâce à cette partie du corps et grâce à ses mouvements, que sculpter était possible mais aussi parce qu'abuelita m'avait toujours tenue la main par le poignet pour une raison inconnue.

Étrangement et surtout miraculeusement, mamá n'avait jamais vu ce tatouage ou alors elle faisait semblant et l'ignorait.

En venant ici à New - York, j'avais donc évidemment pris ce buste que j'avais sculpté et qui montrait le magnifique sourire de ma abuela. Ses yeux, sa belle peau que j'avais toujours aimé pour sa perfection.

Je pris alors le petit buste, un petit sourire aux lèvres qui imitait un peu le sien, et le posai sur le meuble de la télé, juste sous celle-ci, comme ça, abuela me verrait à chaque fois que je regarderais la télé au lieu de travailler pensais - je en riant.

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