20.
Quelle ne fût ma surprise quand, en me redressant, je me rendis compte que l'homme avec qui je parlais n'était autre qu'Ace. Comment est-ce que cela se faisait ? Donc, depuis tout à l'heure c'était lui qui me souriait ?
- C'est toi... dis-je faiblement
Il ne dit rien, continuant de me fixer.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- On est dans un parc public ma belle me dit-il en reprenant une énième taffe
Je l'observais alors calmement, mes yeux me piquant. Je soupirai doucement avant de fixer la clope, ce qu'il remarqua.
- Tiens me tendit-il
- Merci dis-je sans rechigner
Je prenais alors ma première taffe, de la clope qu'Ace avait déjà bien entamé.
- Je pensais que tu dirais non, madame parfaite
- Ne m'appelle pas comme ça
- Je suis simplement surpris rit-il en me regardant fumer
Moi aussi j'étais surprise. Ça faisait longtemps que je n'avais pas fumé. C'était Daniela qui m'avait entraînée là-dedans. Raison pour laquelle maman la détestait encore plus.
- Qu'est-ce qu'il y'a ?
- Rien... lui répondis-je sortant de mon flashback
- Tu fumes maintenant ?
- J'ai toujours fumé dis-je agacée par le double sens de sa question
Qu'est-ce qu'il insinuait ? Que les filles comme moi ne fumait pas ? Que c'était pour me donner un genre ?
- Je ne l'aurais jamais cru rit-il. Tu viens même de me finir ma clope
- Désolée
- Il n'y a pas de mal dit-il en continuant de rire comme si ça faisait longtemps qu'il n'avait pas rit comme ça
- Si tu es là pour te moquer de moi, tu peux t'en aller, je n'ai pas besoin de toi dis-je en me levant avant de me mettre en face de la poubelle la plus proche afin d'y jeter le mégot
Papá n'avait jamais aimé que je fume mais il avait fait comprendre à ma mère que quand un ado voulait faire quelque chose, qu'il pleuve ou qu'il vente, il le ferait. Alors il m'avait discrètement dit qu'il voulait qu'au moins je devais faire attention à la planète à défaut de faire attention à mon corps, et que je ne devais jamais rien laisser par terre.
C'était d'ailleurs comme ça que les premières disputes entre mamá et papá avait commencées. Quand il avait commencé à s'agir de mon éducation.
- T'en mets des plombes pour jeter un ridicule mégot
- Ferme - la dis-je en retournant à ma place
- Qu'est-ce que tu fiches là Luchita ?
- « On est dans un parc public ma belle »
- Pas mal
Je fixais le soleil à l'horizon qui commençait peu à peu mais vraiment légèrement à pointer son nez.
- Tiens
Je le regardais alors d'un air renfrogné. Qu'est-ce qu'il me voulait ?
- Une deuxième ? Insista - t - il
Je ne dis rien en fixant le petit bâtonnet blanc. Il sortit alors son briquet, tandis que je mettais mes mains sous mes cuisses pour me rappeler que j'avais déjà largement transgressé à ma règle. Cet homme était dangereux. Comment m'avait-il fait craquer aussi facilement ? Quoi que... ce n'était pas vraiment sa faute. Je l'avais voulu.
Il sortit son briquet et alluma sa cigarette, tandis que je ne disais rien, avant de la porter à sa bouche.
- Rupture brutale ?
- Quoi ? Dis-je en le regardant, irritée, les sourcils froncés
Il prit sa clope entre ses doigts avant de me montrer avec :
- Qu'arrive t - il à ma Luchita ? Je suis le seul à pouvoir te faire pleurer, tu as oublié ?
Je soupirais alors en me forçant pour ne pas rire.
- Alors ?
- Et toi pourquoi est-ce que tu es là ?
J'évitais de répondre.
- Insomnie habituelles, je suis venue courir avant d'aller bosser
- Tu veux dire « avant d'aller en cours » ? Demandais-je suspicieuse
- Si on veut
- Tu as souvent des insomnies ? Dis-je curieuse en fixant le sol
- On parle de moi maintenant ?
- Je n'ai rien à te dire
- Je n'en suis pas si sûr
- On n'est pas amies toi et moi
Il soupira alors visiblement agacé par ma remarque.
- Je n'ai jamais dit le contraire
- Pourquoi est-ce que tu es là, va courir, je vais bientôt rentrer
- Tiens, me tendît-il de nouveau le petit bâtonnet
- Non merci...
- Tu es ennuyante
- Je sais... On me le dit souvent dis-je en le quittant des yeux
- J'imagine que le naturel revient au galop
- Effectivement
- Ta répartie est nulle
- Hum
- Qu'est-ce qu'il y'a ? Pourquoi est-ce que je te retrouve en plein parc en train de pleurer comme une madeleine ?
- Tu sais que certain ont des problèmes dans leurs vies ? Sauf si ça aussi c'est un concept que tu ne peux pas comprendre
- Si tu parles de mon argent, je te rassure, l'argent ne met pas à l'abris des problèmes
- J'ai du mal à te croire
- Tu pleurais car tu n'as pas d'argent Luchita ? Dit-il en crachant sa fumée sur moi
- Non
- Ah oui ? dit-il un petit sourire aux coins de ses lèvres parfaites
- Je sais encore pourquoi je pleure, merci
- Donc c'est une question de rupture ? Qui a osé dégager une fille aussi intéressante que toi, mon Dieu dit-il en prenant un air faussement compatissant
Sentir qu'il se moquait de moi m'énervait au plus au point.
- Je t'écoute dit-il en me tendant de nouveau la cigarette
- Ça fait longtemps que j'ai arrêté
- Tu veux dire que ça fait cinq minutes ?
- Je me suis fixée des règles strictes, parmi elle : ne pas refumer.
- Je vois se retint-il de rire
- Alors tu n'es pas très rigoureuse
- C'était un petit dérapage. Ça ne compte pas riais-je
Mon rire me surpris. Pourquoi est-ce que je me mettais à rire avec lui.
- Bon dit-moi ce qui ne va pas, je peux m'avérer plus utile que tu le penses
- Ce n'était rien
- Ça n'en avait pas l'air
Je ne dis rien, sentant que ça revenait. Je détournais alors la tête faisant mine d'admirer le parc autour de nous.
- Luchita
Je ne répondis pas. Ce n'était même pas mon prénom alors je n'allais pas faire comme si je me reconnaissais.
- Tu n'as pas intérêt à te remettre à pleurer, je ne supporte pas les pleurnicheries
À la minute où il finit sa phrase, une nouvelle goutte tomba sur mon legging.
Il la vit certainement car il soupira.
- Je n'ai pas de mouchoir princesse
Quand il prononça ces mots une vague d'émotions, se bousculèrent dans mon ventre.
Putain. Qu'est-ce qu'il me faisait ?
- Pas grave, dis-je toujours sans le regarder, car en plus des larmes, maintenant, je me sentais rougir
- Ta famille te manque ?
Je restais blême de surprise. Comment...
- Ma famille dis-je en me passant mes doigts sur ma joue avant de me tourner vers mon compagnon d'insomnies
- Tu as une sœur ?
- Comment tu le sais ?
- C'était une simple question, vous les filles avez souvent des sœurs j'ai l'impression
- Oui j'en ai une
- Vous vous êtes disputées ?
- Tu es psy ?
- Non m-
- Alors tu ne pourras pas m'aider le coupais-je
Je faisais tout pour qu'il veuille s'en aller.
- Mais je pourrais t'écouter, rétorqua-t-il du tac au tac
- Personne ne me manque
- Ça n'a pas de rapport même avec tes parents ?
- Non...
Il ne dit rien attendant la suite.
- J'ai essayé d'appeler ma meilleure amie mais elle m'a fait comprendre que je la réveillais. Et je me sens mal de l'avoir appeler
- Pourquoi ? Ce n'est pas censé être ta meilleure amie ?
- Oui mais-
- Alors tu ne l'as pas dérangé
- Si tu le dis répondis-je
- J'ai toujours raison, sache-le me dit-il très sérieux
Je fus surprise par son naturel quand il prononça ces mots, un peu comme s'il y croyait réellement. Il sentait le mec égocentrique à dix kilomètres, mais j'imagine que je n'avais que ça pour me confier.
- Continue. Pourquoi est-ce que tu repleures ?
- Parce que je ne sais pas ce qu'il se passe ! Écoute, arrête de me poser des questions. Je ne sais pas ce qui cloche chez-moi. C'est comme ça depuis que j'ai dix-sept ans alors stop, on n'en parle plus, ça me passera. Et puis je ne sais pas ce que le mec le plus exécrable de la planète pourrais bien me dire
- Tu as finis ?
J'étais consternée par sa réponse. C'était donc vraiment tout ce qu'il trouvait à dire ?! « Tu as finis » ?!
- Tu as le droit d'être mal. Moi je ne sais pas quoi te dire à part que tu devrais consulter ma vieille. Il écrasa son mégot qu'il rangea dans une petite boîte sortit de je ne sais où
- Tu te moques de moi ?
- Ne prend pas tout pour de la provoc'
- Venant de quelqu'un comme toi
- Tu n'es pas la seule à avoir des problèmes tu sais, croisa t - il les jambes
- Cool me levais-je, je vais y aller, j'ai finis de me plaindre
Il se leva à son tour comme s'il comptait partager sa route avec moi.
- Je te raccompagne
Il ne me le proposait pas. Il m'informait.
- Ça ira, je n'ai qu'un demi-heure de marche
- Je suis garé là-bas, je ne voudrais pas que tu te jettes d'un pont dit-il en commençant à avancer ignorant complètement ma remarque
Je commençais à faire quelques pas dans la direction opposée à la sienne avant de m'arrêter, me demandant si j'avais vraiment envie de marcher trente minutes dans ces rues New-Yorkaise qui allaient peu à peu se remplir. Je me retournais, voyant Ace et sa proposition s'éloigner. Je réfléchissais alors à la meilleure option qui s'offrait à moi, et bientôt, je me tenais à ses côtés, en train de le suivre.
« Ne jamais suivre quelqu'un en qui tu n'as pas confiance ». J'imaginais que c'était déjà trop tard.
Alors que je marchais à ses côtés dans un silence effrayant, je me mis à discrètement regarder l'homme qui se tenait à mes côtés. Je me détestais de le trouver si beau, si attirant. Dangereusement attirant. Je m'en voulais d'apprécier le geste qu'il faisait à mon égard car pour une raison que j'ignorais, je savais qu'il allait avoir un truc en retour de ma part, et je n'allais pas tarder à savoir quoi. Rapidement, on se rapprocha d'une très belle voiture. Une voiture de sport, plus précisément, une Ferrari Purosangue. Le nouveau modèle SUV du constructeur Italien. Je fixai alors Ace en lui faisant les gros yeux, avant de soupirer en agitant la tête de désespoir.
- Monte ! Ne me regarde pas comme ça
Je m'exécutais mal à l'aise. Il n'était ni galant ni gentil. Il ne m'ouvrit pas ma portière. Après tout, nous n'étions rien l'un pour l'autre donc je n'avais rien à espérer de sa part. Mais j'aimais son côté « demerde-toi, tu es grande ». On commença alors le trajet en silence, alors que la fatigue commençait peu à peu à me gagner. J'avais très peu dormi, et franchement, pour aujourd'hui, exceptionnellement, je n'allais pas me rendre en cours.
- Bon... Sérieusement tu devrais peut-être consulter, faire un truc, te trouver un psy
- Je n'ai pas les moyens baillais-je, tout mon argent passe dans mon loyer et mes courses
- Tu as eu une bourse ? C'est ça ?
Je ne dis rien.
- Venant de toi, évidemment que tu as eu une bourse
- Heureuse d'être aussi haute dans ton estime, quel honneur
- Alors je suis déçu de moi même, mon estime doit être bien bas dans ce cas
- Ferme - la
Il ne dit rien, ne rit pas, ne réagit même pas. Il se tut. Tout simplement. Après un long moment dans le silence, je repris :
- Et toi ?
- Quoi ?
- Tu as une sœur ?
Il marqua une pause.
- Ou un frère ? rajoutais-je somnolente
- Tu es bien curieuse serra - t - il sa mâchoire
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