10.




Putain.
Je savais qu'il était un con.
Mais je ne m'attendais pas à ça.
Mes yeux me piquaient, une envie de pleurer me vint soudainement s'alliant alors à la colère.
Il ricana doucement avant de glisser ses mains dans ses poches.
Le conducteur de la voiture qui avait failli littéralement me rouler dessus, sorti, avant... d'éclater de rire ??
Je tournai alors la tête vers lui, tout en essayant d'ajuster ma vue obstruée par la pluie battante.

- On a fini de batifoler, la mexicaine ? Rit Hudson

- Laisse - la tranquille la pauvre rajouta Ace, avant de se diriger vers la Mercedes arrêtée plus loin, tandis que certains élèves ricanaient doucement face à ce spectacle sans nom.

J'étais humiliée pour la seconde fois par lui... une première fois m'avait largement suffi. Quand lui et ses amies s'étaient moqués de moi. Et maintenant, comme si ça n'avait pas suffi, une fois de plus, il fallait qu'il me pousse de nouveau à bout.


ACE


Lucia, cria un truc indescriptible dans mon dos, pendant que je me dirigeai vers la voiture. Je me glissai à l'avant, avant de refermer ma portière sur une dernière insulte incompréhensible de sa part.

- T'es vraiment un salaud, la laisser tomber comme ça dans la flaque s'esclaffa Hudson tout en démarrant dans un bruit atroce.

Je soupirai sans rien répondre.
Cette fille était insupportable et me faisait franchement chier. Me la coltiner toute la journée avait été un vrai calvaire pour moi. Et je vivais ce moment comme un véritable instant de libération.

- Alors ? Comment c'était ? Me questionna Michael

- Infernal

Je soufflais, les yeux rivés sur la route devant moi. Il pleuvait des trombes d'eau, et tout à coup je repensais à Lucia qui trempait sous ces pluies torrentielles. Un léger sourire m'éclaircît alors le visage.

- Ça ne me surprend pas, franchement venant d'une mexicaine, à quoi est-ce que tu t'attendais ? rit - il

- Arrête Hudson, maugréa Michael

Michael était le moralisateur. Il nous canalisait un peu tous, du moins il canalisait surtout Hud' et Matt' car moi je n'avais pas besoin de lui. Ils étaient les plus instables mais s'il fallait choisir le pire des deux, Hudson surpassait largement Matthew.
Et donc, Michael était celui qui les remettaient sur le droit chemin. Il faut avouer que depuis la mort de Jane il avait pris en maturité en même temps qu'il s'était renfermé sur lui-même.
C'était il y'a quelques années déjà et honnêtement, je ne pouvais pas dire s'il avait fait ou non son deuil. Il y'avait des moments où il semblait absent, comme déconnecté ou coincé dans le passé. Mais ce qui me frappait le plus était qu'il n'avait pas touché à une seule femme depuis. Rien, même pas l'une de ces filles qui le harcelait.
Michael avait pourtant tout pour lui, un visage parfait, un corps parfait, de l'argent, bref tout ce que les femmes aiment. Il avait aussi ce dont tous les hommes rêvaient. Mais jamais, jamais il n'a semblé retoucher à l'une d'elles.
Il était éteint.
J'en venais même à me demander s'il savait encore bander ou même se toucher lui-même.
C'était comme s'il restait fidèle à Jane, oubliant alors que c'était finit, et ce, pour de bon.

- C'est bon lâche - moi, je ne fais que dire la vérité, les mexicains il faut s'en méfier

- C'est xénophobe

- Tu la défend maintenant ? Siffla t - il le visage resserré de frustration

- Non, je te dis de faire attention

- Comment est-ce que ça s'est passé ? Coupa Hudson

Hudson détestait le côté moralisateur de Michael alors pour éviter une énième embrouille, parfois il savait faire preuve de maturité et coupait cours à la discussion. Pour la simple et bonne raison qu'il savait qu'il ne serait jamais d'accord avec Michael. On avait tous nos cicatrices que certains ne pouvait pas comprendre et souvent, on pouvait manquer de bon sens.

- Je ne vais pas la supporter longtemps

Ceci était la meilleure réponse que je pouvais faire pour répondre à la question d'Hudson. Je voulais que ce soit clair pour eux : que cette mascarade ne durerait pas longtemps.

- Il faut continuer ce qu'on a commencé me répondit t-il alors

- Ce n'est pas à vous de devoir rester avec elle

- Si tu veux que ce plan marche, fais des efforts et évites de la laisser tomber dans une flaque d'eau en pleine route asséna Michael
Je resserrai alors la mâchoire avant de me mettre à taper compulsivement sur mon genou, du coin de mon téléphone

- Raconte - nous ! Ça m'intéresse de savoir à quel point elle est tarée reprit Hudson

- Elle est malade cette fille dis - je en la revoyant devant moi

- C'est-à-dire ? Demanda Michael

- Elle adore dessiner des culs me moquais - je sans scrupule, un semblant de dégoût dans la voix
Michael pouffa alors à l'arrière pour la première fois aujourd'hui.

- Une obsédée sexuelle maintenant rit Hudson

- Tu es très mal placé pour faire cette remarque dit Michael

- Qu'y a t - il a aimé prendre du bon temps ? Rétorqua t - il avant de tourner le volant sur la rue adjacente.

- Rien, mais dans ce cas là ne joue pas au saint et ne la critique pas

Hudson leva les yeux au ciel tout en continuant d'avancer dans la petite ruelle.
Je regardai alors autour de moi. Ça faisait longtemps que je n'étais pas revenue dans ce quartier. J'avais acheté cinq penthouse dans l'immeuble en face duquel on était garé. Un pour chacun des garçons et un autre pour Jane. C'était plus pratique pour nous de travailler, sachant qu'on était tous à côté les uns des autres. Mais j'ai fini par m'en aller et me suis acheté un penthouse dans un autre quartier. Voilà pourquoi ce quartier me semblait si familier mais aussi lointain, comme les souvenirs que j'en gardais.

Ici, ne régnait que richesse et luxe. D'ailleurs la pluie qui s'était légèrement calmée et qui avait recouvert le sol habituellement sec, reflétait bien les gratte-ciels qui nous entouraient.
Les nombreux magasins de luxes tel que Louis Vuitton, Chanel, Prada et toute la clique des marques de luxe ne pouvait qu'appuyer ma remarque. Il fallait avoir les moyens pour être ici.
Hudson gara alors la voiture sur un petit bout de trottoir, loin d'être prévu à cet effet. Avant de se mettre à klaxonner comme un fou.
C'était bien Hud' ça. Il n'était pas discret, d'ailleurs il ne cherchait même pas à l'être. Il se faisait toujours remarquer et il n'en avait rien à faire.
Il s'arrêta tout à coup de klaxonner et alors qu'on croyait en avoir fini avec ses pitreries, il baissa sa vitre, avant de passer sa tête hors de celle - ci.

- PUTAIN DE MERDE, MATTHEW, DÉPÊCHE !!

Il criait comme un attarder en direction du penthouse dans le building qui nous surplombait, effrayant alors quelques passants au passage.
Tout à coup, la porte de l'immeuble s'ouvrît sur un Matthew en costume noir, une femme à son bras. Il héla alors un taxi qui passait par là et mit la fille aux faux cils inutilement long, au rouge à lèvres couleur sang, et aux ongles parfaitement manucurés, dans le véhicule jaune.
Il se pencha ensuite sur celle-ci et quand il se redressa finalement, il avait lui aussi, à présent les lèvres rougies.
Il claqua la portière, lui donna un signe de la main en guise d'au revoir, son sourire charmeur scotché à ses lèvres avant de regarder le véhicule s'éloigner.
Une fois que celui-ci fût suffisamment loin, son sourire s'effaça, il nous regarda avant de lever les yeux au ciel.
Hudson éclata alors de rire avant de remettre le contact afin de faire démarrer la voiture dans un vrombissement monstrueux.
Quelques secondes plus tard, Matthew était derrière à côté de Mick.

- C'était quoi ça ? Sourit son voisin de banquette

- Un très mauvais coup, soupira t - il

J'appuyai sur le bouton tactile de la boîte à gant devant moi et elle s'ouvrît alors lentement.
J'attrapai une petite boîte au fond de celle-ci avant de la lancer à l'arrière sur Matt.

- Essuies - toi la bouche

- Putain qu'est-ce qu'elles ont toutes à en mettre des tonnes dit-il en s'exécutant

- C'est pour que tu puisses mieux voir à quoi ressemble la bouche qui te suce tous les soirs rit Hudson

Matthew rit avant d'être interrompu par le moraliste.

- La semaine dernière c'était une autre à mon souvenir rit - il

- Elles sont trois

- Une seule t'aurai amplement suffit

- Oui mais Michael, on ne veut pas tous finir moine comme toi lança Hudson à celui-ci tout en sortant de sa place de parking improvisé

Je levai alors les yeux vers le miroir au-dessus de ma tête afin de voir sa réaction.
Aucune.
Il fronça simplement les sourcils avant de faire mine d'être dans ses dossiers.
Hudson avait en quelque sorte, raison. Michael vivait une vie plus que chaste depuis Jane. Il était le copain parfait il ne faisait rien avec personne et ça ne l'amusait pas ou plus de parler ainsi des filles.

- Et toi avec la Serveuse ? Qu'est-ce que vous avez fait ce matin ? Me demanda Matthew

- Elle m'a parlé d'un conte de fée à la con raillais - je

- Comment ça ?

- Comme ça faisait des heures qu'elle était restée à faire son dessin à la con pendant que j'étais en cours, en revenant j'ai voulu faire comme ces mecs romantiques que toutes les filles aiment

- Et donc ? Me demanda t - il impatient

- Elle a refusé ce que je lui avais acheté
J'abrégeai.

Cette histoire me tapais sur le système et je ne comptais pas en parler toute l'après-midi.
Ils éclatèrent alors tous de rire, tandis que je gardais la mâchoire crispée.

- Le rapport avec le conte de fée ?

- Justement, il n'y en a aucun, sauf pour elle. Elle m'a raconté l'histoire d'une certaine Blanche - neige et d'une pomme empoisonné

- Elle a dû se prendre une de ces barrettes qu'ils vendent dans son pays commenta Hudson

- Et laisse - moi deviner, elle a refuser de manger ce que tu lui as acheté car elle pensait qu'il y'avait un piège dit Matthew

- Un truc du genre, oui lâchais - je

- C'est bien les femmes ça, elles voient des pièges partout s'exclamât - Matt

- Comment vous faire confiance en même temps ?

Michael avait raison, on n'était pas digne de confiance et c'est ça qu'on adorait.

- On n'est pas si méchant tu sais, rétorqua Hudson

Cependant, cette discussion commençait légèrement à m'agacer, je coupai alors cours à leurs déblatérations pour les recentrer sur la raison de ce trajet en voiture. Je tendais la main vers Michael qui était derrière moi.
J'attrapai la petite pochette verte remplie de feuilles de contrat, de preuves contre Johnson et de papiers ayant le pouvoir de l'enfermer pendant un bon moment dans l'une des cellules les mieux gardés de l'état.
Hudson freina alors au feu rouge avant de me demander ce à quoi je pensais.

- Il faut que tout soit parfait. On va parler des derniers détails cette après-midi avec Spencer et on verra la suite

Il se remit à avancer sans ne rien dire de plus. Le son de ma voix avait dû mettre un froid dans l'atmosphère au sein de l'habitacle.
J'avais un objectif et il était fixe. C'était le même que celui de Michael : venger Jane.
On ne devait pas louper une seule preuve, toutes ses failles devaient être exploités. Je voulais venger celle qu'il m'avait arraché sans que je ne m'en rende compte, je voulais le mettre aussi bas qu'il l'avait fait avec mes parents.
Qu'il se sente mal, qu'il regrette, qu'il ait mal autant que moi j'avais eu mal ce jour-là. Qu'il vive ce que Michael vivait à présent.

Je voulais qu'il souffre.
C'est tout ce qui me faisait envie en ce moment.

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