1.



19h05

Aéroport international, John F. Kennedy

New - York


- Tu me montreras ton appart' ?

- Oui Sofía, promis ! Tu me demandes ça depuis que j'ai quitté Mexico et je n'ai toujours pas oublié, ne t'en fais pas, soufflais - je à la recherche de ma dernière valise sur le carrousel à bagages

- On ne sait jamais, tu sais, rit - elle

- Non, pour ta gouverne, changer de pays ne signifie pas perdre son cerveau hermanita

J'étais la dernière passagère. Tout le monde était parti. Tous les passagers de mon vol avaient récupéré leurs valises et dans des embrassades presque exagérées s'en étaient allés. Moi, je devais récupérer mon dernier bagage. Et à ce moment - là, seulement, je pourrais non pas aller embrasser quelqu'un de ma famille, mais le premier chauffeur à l'extérieur.

- Pourquoi est-ce que tu soupires Lucia ? gronda ma mère à l'autre bout du fil

- Sofía, je croyais que tu étais seule, me plaignis - je en attrapant enfin la tant attendue valise, qui avait certainement pris du poids dans l'avion. J'avais oublié que ce truc était si lourd merde

- Si, je suis seule. Je suis dans la chambre, là. Elle est juste venue prendre de tes nouvelles, mais elle est repartie en t'entendant râler

- J'ai passé un vol épouvantable, je suis fatiguée, c'est tout.

Ce n'était absolument pas une excuse. Mon vol avait été horrible, et ce, de A à Z. Au début, à Mexico, j'étais débordante d'enthousiasme et je le suis encore là... en quelque sorte.
Tout devait être parfait ce matin. Mais la voiture que Dani' venait de s'acheter et qui devait m'emmener à l'aéroport avait fait des siennes.
Ensuite, en arrivant, pour mon plus grand plaisir, j'avais appris que mon vol était en retard d'une trentaine de minutes, ce qui rattrapait en fait le retard que Dani et moi avions eu. À partir de là, la joie était revenue.
Mais, avait de nouveau vite disparu quand les trente minutes de retard étaient devenues DEUX HEURES !!!
Soit. J'ai finalement pris mon vol. Mais l'avion n'a pas pu décoller immédiatement sous prétexte que le pilote avait lui aussi droit à une pause-café.
Ok ! J'étais partante sur le principe mais sa pause-café, il pouvait se la prendre à un autre moment ! Je veux dire... ON AVAIT ATTENDU DEUX HEURES !! Mais comme si ça ne suffisait pas, il fallait attendre trente minutes de plus.
Bref on a finalement décollé, cependant, alors que j'allais enfin pouvoir m'endormir, un gamin s'était mis à hurler, car il voulait une sucette que l'hôtesse lui avait gentiment refusé parce que sa mère ne l'avait pas payé.
Bon, évidemment je n'ai pas pu dormir, donc j'en ai profité pour étudier les diverses manières qui s'offraient à moi pour l'égorger ! Nous avions eu quelques turbulences sur le chemin dû aux fortes pluies New - Yorkaises, mais on était finalement arrivés.
Donc j'en concluais que ma fatigue était totalement justifiée.

- Sofía, tu diras merci à Dani de m'avoir accompagné

- D'accord. D'ailleurs, tu sais que tu m'as laissé en enfer ? gloussa t - elle avec une certaine déception

- Ah oui ? Riais-je à mon tour, tout en poussant toutes mes valises que j'avais posées sur un chariot

- Totalement ! Maman n'a toujours pas digéré ton départ que tu n'as pas assez préparé à son goût.

- C'est surprenant, dis donc.

J'ironisais. Évidemment que ce n'était pas surprenant, elle ne me faisait pas confiance et la raison n'allait pas tarder à se faire savoir.

- Et puis, depuis tout à l'heure, elle ne cesse pas de faire des allers - retours devant ma porte pour t'entendre.

- Elle m'en veux encore ? Demandais-je, curieuse même si je m'en foutais royalement

- Bien - sûr qu'elle t'en veut encore Lucia Fernandez ! Tu ne l'as prévenu que trois jours avant ton départ. Tu lui as dit, je cite commença t - elle en se raclant la gorge « papa contrairement à toi me comprends et est d'accord. Il m'a soutenu lui ». Et enfin, le jour du fameux départ, bah... tu y es allée quoi

Avant qu'elle ne finisse, je savais déjà ce qu'elle allait dire alors, je complétais :

- ...avec Dani'

- Exactement ! S'exclama-t-elle

- Je ne sais pas ce qu'elle a contre Daniela, dis-je cette fois-ci frustrée

J'étais à fond dans notre conversation malgré les gens derrière qui me pressait. Je ne comptais pas changer de rythme. Alors, je continuai d'écouter ma complice de sœur déblatérer.

- Elle a tout pour ne pas plaire, rit Sofía. Fin je veux dire, je l'adore moi Dan'

C'est comme ça qu'elle appelait Daniela. Moi je l'appelais Dani' et elle Dan'.

- Elle est hyper drôle, elle est ce genre de fille, tu sais, qui ne respecte pas les règles, qui fait tout comme bon lui semble, qui dit à tout le monde, « allez-vous faire foutre, je fais de ma vie ce que je veux bande de cons » mais malheureusement, ça, maman ne l'a jamais accepté.

Je l'avais bien dit que la raison pour laquelle ma mère ne me faisait pas confiance n'allait pas tarder à se faire savoir. J'en avais rajouté une couche en allant à l'aéroport accompagné de Daniela. Voilà ce qui gênait ma mère : Daniela et sa fameuse mauvaise influence.

- Mais je ne comprends pas ! Elle devrait être fière que sa fille se soit trouver une amie aussi débrouillarde que Daniela. Elle n'a besoin de personne, elle me pousse constamment vers le haut et me pousse à faire des trucs auxquels je me serais interdit même juste de penser

- Oui... c'est vrai. Mais maman justement ne veut pas que tu deviennes comme ça. Mais on s'en fout. Sourit - elle à travers le téléphone. Tu es à New-York, dans la ville où tout est permis. Maman aura beau être en colère, ne pas vouloir que tu fréquentes Daniela ou autre, eh bien... on s'en fout osa t - elle dire un peu trop fort si je devais en croire le bruit de la porte de sa chambre qui venait de s'ouvrir dans un grand fracas

- oh hum... chère Lucia, je crois que je vais devoir te laisser

- ET VITE ! Hurla ma mère

- holà mamá. Au revoir Sofía, riais - je avant de raccrocher

Je continuai alors le reste du chemin en silence. Elle m'avait bien fait rire cette Sofía. Elle avait raison, j'étais à NYC, je n'allais pas m'abattre à cause d'une folle qui ne reconnaissait pas le bien chez les gens, mais s'arrêtait simplement aux apparences.
J'avais beau ne rien dire, cependant, ça me peinait. J'adorais mi mamá. Elle était tout pour moi, et grâce à elle, j'avais pu devenir celle que je suis. Mais elle m'énervait par moments. Alors comme on était en pleine guerre froide, je n'allais pas lui donner de nouvelles, sauf si elle en réclamait bien sûr.
Je finis par ranger mon téléphone dans ma poche, avant de soupirer doucement. Je m'étais perdue à force de téléphoner, sans regarder les indications. Où pouvait bien être cette sortie ? Je me mis alors sur le côté afin de ne plus gêner personne, enroulai machinalement mon écharpe en coton noir et rouge autour de mon cou avant d'essayer de trouver un panneau indiquant « Sortie » avec une flèche.
En parcourant le lieu du regard, je me rendis compte que c'était magnifique. Je ne m'étais pas attardée sur l'aéroport en lui - même, mais celui - ci témoignait de ce qu'on appelait « The American Dream ». D'ailleurs, c'était écrit sur l'un des nombreux panneaux publicitaires autour de moi.
Il y avait des lumières de partout. Une qui montait au plafond attira mon attention. C'était... UNE FONTAINE À EAU HOLOGRAPHIQUE ! Je n'en avais jamais vu sauf dans mes cours d'aménagements aéroportuaires que j'avais lu en avance. C'était beau. Tout ici était beau.
Un groupe d'enfants couru devant moi et leurs cris me sortirent de mes pensées. Il fallait que je sorte. Dormir ici ne faisait pas partie de mes plans. Je finis par jeter un dernier coup d'œil à mon environnement, qui s'avéra être bien utile puisque je trouvai l'écriteau m'indiquant la sortie.
Après une longue marche, de nombreux portiques traversés, des enfants agités évités, et des envies de pâtisseries repoussées, je finis par...

- Enfin Sortie !

Je venais de pousser un cri bruyant qui ne pouvait mieux exprimer ma joie. Surprise, je regardais autour de moi. Personne n'avait visiblement fait attention à la cinglée que j'étais.

- Merde ! Poussais-je de nouveau à voix haute

Il pleuvait ! IL. PLEUVAIT. Comme si les souffrances endurées à cause de mon vol en retard n'avaient pas suffi, il fait qu'il pleuve. Il fallait que le temps soit humide, frais et donc désagréable ! Moi qui pensais que ce pull un peu trop grand et cette veste que j'avais rajouté au - dessus, par sécurité, allait être trop, eh bien pas du tout. Au contraire, j'avais même un peu froid. Il faisait nuit noire, seuls les éclairages du bâtiment derrière moi éclairaient la chaussée humide. Le combo parfait. Et dans tout ça, il fallait que je trouve un taxi qui allait m'emmener jusqu'à mon appartement.
Je sortis mon parapluie, m'avançai alors d'un pas incertain, vers un mec adossé contre son traditionnel taxi jaune avant de lui demander jusqu'où il allait.

- Je vais partout moi, pas comme certains faux taxis, maugréa t - il en direction d'un autre de ses collègues

- Manhattan ? Demandais-je incertaine

- Tous ceux qui atterrissent ici pensent qu'on ne va pas à Manhattan, mais c'est quoi votre problème, nous sommes taximen, rit - il à sa propre... blague ?

- Bien. Alors est-ce que vous pouvez m'emmener à Manhattan s'il vous plaît ? Dis-je en ignorant son humour inexistant

- Oui, pas de problème ma belle, dit le barbu en gilet jaune. Ça fera cinquante dollars

Cinquante dollars... c'était énorme, mais au point où on en était j'aurais donné un rein pour être chez moi.

- D'accord lâchais - je

Il sourit à ses collègues, avant de se décoller de la carrosserie jaune du véhicule pour charger mes valises dans son coffre.
Je montais sans même attendre qu'il n'ait fini et commençais à sortir le reste de billets que j'avais.
Cinquante pile, me souriais - je.
J'avais bien fait les comptes et dépensé comme il fallait.
Il s'installa au volant avant d'enfin démarrer pour un trajet de trente minutes pour Manhattan si je devais en croire ce qu'il me disait.
Il me posa quelques questions et mon accent Mexicain le surpris visiblement. Cependant, il finit ensuite par se taire, sentant de plus en plus l'agacement dans mes réponses et je pus profiter d'un trajet en silence.

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