CHAPITRE I
[PDV Élio]
—J'comprendrai jamais comment t'arrives à avaler un truc aussi dégueulasse.
Tout en essuyant du pouce la commissure de mes lèvres, je portai un regard indifférent sur Caleb.
—T'y connais que dalle, rétorquai-je après avoir avalé ma bouchée. C'est pourtant la base, putain !
Sérieux, encore une réflexion sur ma pizza thon-banane et j'allais serrer.
Foutez-moi la paix bordel !
Il grimaça.
—Rien que pour ça tu mériterais de brûler en enfer, jefe.
Alors que je portai une troisième part à ma bouche, cette fois-ci, il mima une nausée. Je stoppai mon geste tout en arquant un sourcil réprobateur.
Ah non en fait, il allait vraiment gerber.
Cabrón...
Je levai les yeux au ciel puis m'apprêtai à croquer comme un mort de faim dans ma bouffe, quand des gémissements derrière moi m'arrêtèrent à leur tour.
Bordel mais qu'est-ce qu'ils ont tous avec ma foutue pizza ?!
Agacé au plus haut point, je me retournai vers ma victime qui gisait encore au sol.
—Tain... t'es pas mort, toi ?
Quelques sons incompréhensibles sortirent de sa gorge ensanglantée. Je crois qu'il essayait de communiquer.
Je pris enfin un morceau entre les dents et m'accroupis, tête penchée sur le côté. Tout en mâchant ma précieuse, je l'observai plusieurs secondes.
Ses paupières étaient si gonflées qu'elles recouvraient ses yeux. Sa jambe droite avait pris un angle à presque quatre-vingt dix degrés et son thorax, lui, nous offrait une vue plongeante sur ses chairs mises à nue.
Malgré tout, il respirait encore.
Costaud, toi...
—Tu te souviens d'où est passée ma marchandise, fils de pute ? le questionnai-je.
Sa bouche s'entrouvrit avec difficulté mais seul le sifflement de sa respiration en sortit. Concentré, je plissai le regard, tentant de déceler la moindre syllabe.
Mais non.
—Caleb, je dis en lui faisant signe d'approcher d'un mouvement de la main. Tu comprends c'que le monsieur veut nous dire ?
Cigarette au bec, il se pencha au-dessus de lui et tendis l'oreille à hauteur de son visage. L'instant d'après, il se redressa et haussa les épaules.
—Nada.
Je me relevai puis engloutis le reste de ma part tout en m'emparant du couteau qui trainait sur la table, dans la boîte à pizza.
Ma bouchée avalée, je revins en direction du traître, positionnai une jambe de chaque côté de ce qui restait de son corps, et léchai la lame où quelques résidus de thon et de bananes étaient collés.
J'aimais pas le gaspillage.
—Tant pis pour toi, soupirai-je en attrapant ses cheveux gras dans mon poing.
Il se mit à hurler.
—Ah ! m'exclamai-je. Tu vois que t'arrives encore à t'exprimer ! Dingue, ce manque de coopération... J'te repose donc une dernière fois la question : qu'est-ce que t'as branlé de la marchandise ?!
Mais toujours rien.
Je claquai la langue sur mon palais en guise d'exaspération.
Pas de bol pour lui, j'avais encore la dalle. Et quand j'avais faim ma patience partait en hibernation et le mode sociopathe s'enclenchait.
La bouffe c'est sacré, bordel !
Je fermai les yeux et commençai à me masser les tempes en ricanant.
—Caleb ?
—Mmmh ?
—C'est quand la dernière fois que les chiens ont eu un quatre heures ?
—Y a deux jours, avec l'américain.
—Bien bien bien... approuvai-je. Bah aujourd'hui ça sera mexicain, au menu.
Je ponctuai ma phrase en venant trancher sa gorge d'un geste sec. Le liquide sirupeux ne tarda pas à gicler de sa trachée, éclaboussant mes joues et entachant mes fringues.
—Et merde, râlai-je après l'avoir relâché. Voilà pourquoi j'aime pas les armes blanches. C'est grave salissant, putain !
—Patron...
J'ignorai mon bras droit.
Il fallait que je me nettoie un minimum. Je supportais pas la sensation que laissait le sang quand il séchait sur ma peau.
Ça, c'était vraiment dégueulasse.
Rien à voir avec ma pizza thon-banane, merde !
—Patron !
Je passai mon tee-shirt par-dessus la tête puis me mis à frotter mon visage de manière frénétique. Une fois chose faite, je le mis en boule et lui enfonçai dans la bouche.
—Petit souvenir, lui chuchotai-en tapotant sa mâchoire.
—Élio !
—Ragh, quoi ?! grondai-en en lui accordant mon attention.
—On a une petite spectatrice, souffla-t-il en me montrant du menton la seule fenêtre que comportait cette cabane abandonnée.
Mon regard dévia sur celle-ci.
Juste le temps d'apercevoir quelques mèches blondes et la silhouette disparut dans les ruelles de cette favéla de Bogota.
Inutile de courir, petite écervelée. Tu ne m'échapperas pas.
—Occupe-toi du cadavre avec José, ordonnai-je en sortant le calibre calé dans mon dos. Je reviens.
—Si jefe.
Une fois dehors, d'un pas lent mais résolu, je m'avançai vers mes hommes qui faisaient le guet. Sans grande surprise, l'imprudente était là. Se débattant sans grand succès des bras qui la maintenaient captive.
—Mais lâchez-moi, sales bourrins !
Lentement, je comblai le vide qui nous séparait.
Campé devant eux et mains sur les hanches, j'observai celle qui venait de réduire à néant la dégustation de ma pizza thon-banane.
Plutôt petite, les cheveux blonds et ondulés, elle fusillait de ses yeux noirs Carlos et Javier qui lui agrippaient chacun un bras.
Je devais avouer qu'à voir, c'était assez rigolo.
—On t'a jamais appris que la curiosité était un vilain défaut ?
La respiration saccadée, elle s'immobilisa au son de ma voix et me détailla de la tête aux pieds avant de cracher dans ma direction.
J'arquai un sourcil.
Doucement, mes yeux se posèrent sur le molard visqueux qui avait atterri à quelques malheureux centimètres de ma chaussure, puis remontèrent à son visage rougi par l'effort.
—Allez vous faire foutre ! hurla-t-elle.
J'esquissai un sourire mauvais en levant mon bras afin de pointer mon arme sur elle. Son expression changea du tout au tout.
Elle se décomposa.
Là, c'est mieux.
—J'dirai rien ! se défendit-elle de façon pitoyable. De toute façon je ne vous connais même pas !
Je ricanai.
Elle se foutait de ma gueule. Tout le monde ici sans exception savait qui j'étais. Cette favéla et ses alentours vivaient selon mes propres règles.
J'amorçai mon arme.
—J'ai une mauvaise nouvelle pour toi. Tu viens de débarquer au mauvais endroit au mauvais moment, chica.
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Hola, les bébés !
Bienvenues à celles qui ont eu la curiosité de venir découvrir ce premier chapitre. Un peu court, j'en conviens. Mais suis pas fan du concept : étoffer le contenu pour remplir et grossir. Les descriptions c'est comme tout, mieux vaut ne pas trop en abuser. Enfin, ce n'est que mon humble avis.
Une ou des remarques sur Élio (mis à part ses goûts de chiotte en matière de nourriture) ?🧐
Comme d'habitude, aucune fréquence de publication. Je ferai selon l'inspiration.
À bientôt ✌🏼
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