quatrième jour
La vessie compressée par une envie pressante, Namjoon avait quitté le confort rassurant de son lit à une vitesse presque surnaturelle et s'était empressé de courir jusqu'à la salle de bain. Ses pieds avaient glissé sur le parquet alors qu'il sortait de sa chambre et il avait failli tomber à la renverse contre le sol du couloir. Il s'était rattrapé de juste au chambranle de la porte de sa chambre et s'était précipité vers la salle de bain.
Assis sur la cuvette des toilettes, il tentait de reprendre son souffle et saluait sa bonne étoile pour ne pas s'être retrouvé effondrer sur le sol. Le bruit aurait certainement réveillé Seokjin - le décoloré avait un sommeil particulièrement léger - et il était trop tôt pour subir la moindre moquerie. Un soupir de bien-être quitta ses lèvres alors qu'il remettait son pantalon de pyjama en place. Il n'aurait pas tenu deux minutes de plus. Lavant ses mains sous l'eau froide, Namjoon en profita pour se rincer le visage à l'eau claire. Retourner dans sa chambre pour se recoucher était inutile. Jamais il ne pourrait se rendormir.
Les mains enfouies dans les poches de son magnifique pantalon de pyjama La Reine des neiges - un cadeau d'anniversaire de la part de Taehyung et Jungkook - et les pieds au chaud dans ses vieux chaussons Bob l'Eponge, le jeune adulte, de sa démarche traînante, vers la cuisine. Il n'était pas encore huit heures du matin et tous devaient encore être plongés dans les doux bras de Morphée. Ce n'était malheureusement pas le cas. Namjoon eut un léger mouvement de recul lorsque, arrivant en bas des marches, il aperçut une silhouette masculine dans la cuisine. Les cheveux poivre et sel de l'homme ne pouvaient pas être ceux de son ancien colocataire et Namjoon ne savait pas s'il était capable d'affronter son père sans théine dans le sang.
Inspirant une grande bouffée d'air pour se donner du courage et expirant l'intégralité de dioxyde de carbone de ses poumons pour évacuer son stress, Namjoon marcha lentement vers la cuisine. Il refusait de se dégonfler une nouvelle fois.
« Tu peux le faire, se murmura-t-il. »
Buvant une tasse de café noir tout en lisant le journal du jour, Kyunghong ne remarqua la présence discrète de son fils que lorsque celui-ci le salua timidement avant de mettre en route la bouilloire. Namjoon n'osait pas jeter un regard dans son dos où, les yeux posés sur sa ridicule tenue matinale, son père ne se gênait pas pour le détailler. Il sentait ses yeux inquisiteurs sur son échine. Fouillant dans les placards à la recherche d'une tasse propre et de son thé en vrac favori, Namjoon ne souhaitait pas découvrir le visage de son géniteur. Tant qu'il n'aurait pas bu sa première gorgée de thé, Namjoon ne se posait pas son regard sur lui.
L'eau chaude devint bouillante trop rapidement au jeune adulte. Buvant la première gorgée de son addiction liquide, Namjoon osa enfin poser son regard sur la silhouette de son père. Il avait abandonné sa tasse de café vide sur le plan de travail et avait posé le journal ouvert sur la surface plane. Les prunelles sombres de l'avocat détaillaient sans pudeur la dégaine ridicule de son unique fils.
« Le président lance un nouveau projet de loi, aborda l'avocat alors que le jeune adulte acquiesçait. Ce serait sur les crypto-monnaie. »
Les nouveaux projets de loi du gouvernement sud-coréen n'intéressaient pas le jeune adulte. La majorité ne le concernait pas directement et ne le concernerait probablement jamais. Ces sujets intriguaient cependant énormément le père de famille. Kyunghong n'avait cesse de répéter que la connaissance des lois était primordiale pour son métier et qu'il fallait absolument se tenir informé. Cela paraissait parfaitement logique. N'osant pas avouer sa méconnaissance des crypto-monnaies, Namjoon se contentait d'acquiescer sans prononcer le moindre mot. Son cerveau, uniquement focalisé sur l'absence miraculeuse de paroles blessantes, n'était pas réellement apte à converser sur un thème comme celui-ci. Lorsqu'ils se retrouvaient seuls dans une pièce, Kyunghong ne se gênait jamais pour s'en prendre verbalement à lui. C'était devenu une habitude toxique dont il ne semblait pas capable de se défaire.
Buvant tranquillement sa tasse pleine de thé et écoutant le monologue de son père d'une oreille distraite, le jeune adulte s'interrogeait sur les raisons qui avaient poussé Kyunghong à ne pas s'en prendre verbalement à lui. Après le fiasco de la veille et les larmes que le jeune adulte avait versé, Nayoung avait certainement dû faire une réflexion à son époux. Cela ne surprenait pas réellement Namjoon. Sa mère et sa grand-mère étaient probablement les seules personnes à pouvoir reprocher son comportement à Kyunghong. L'avocat détestait se faire réprimander et avait probablement décidé de se montrer moins désagréable pour cette raison. Et, tant que Namjoon n'avait pas à affronter de blessantes remarques concernant son orientation sexuelle ou scolaire, il n'allait pas se plaindre.
« Comment s'est passé le déménagement de tous tes colocataires ? »
Ne s'attendant pas à un tel intérêt de la part de son père, Namjoon manqua de s'étouffer avec sa boisson bouillante. Il ne savait pas comment le monologue de son père avait pu autant dévier et avait naïvement pense que l'avocat ne l'inclurait pas dans sa conversation solitaire. Il s'était trompé. Bien que ses anciens colocataires aient décidé de louer de nouveaux logements presque six mois auparavant, il n'aurait jamais pensé possible d'aborder ce sujet avec le froid Kim Kyunghong.
« Plutôt bien, répondit-il en laissant son dos reposer contre le réfrigérateur, sa tasse à moitié pleine réchauffant la paume de ses mains. Ils ont tous trouvé un nouveau logement. »
Namjoon aurait pu continuer de parler de ses anciens colocataires durant de nombreuses et longues heures. Ils étaient certainement les personnes dont il se sentait le plus proche et il aurait été capable de donner un rein pour leur bonheur. Il se sentait souvent disproportionner dans ses réactions, parfois un peu idiot, mais il savait qu'ils feraient certainement la même chose pour lui.
« Comment va le garçon qui t'a déjà accompagné ici ? lui demanda poliment son père.
-Hoseok ? il ne parvenait pas à camoufler sa curiosité. Il donne des cours de danses à des enfants et est toujours en couple avec une étudiante en droit. »
La conversation avait un aspect presque surréaliste. Cela faisait plusieurs années que son père s'intéressait plus réellement à lui. Tant que ses colocataires payaient le loyer de l'appartement à temps, Kyunghong se montrait relativement satisfait. L'étudiant en sciences n'était pas certain que son père ait remis les pieds dans cet appartement au cinquième étage d'un petit immeuble depuis qu'il avait investi dans les murs. Namjoon ne savait pas comment réagirait l'avocat s'il découvrait les merveilleuses œuvres que Hoseok avait dessiné sur les murs blancs.
« Comment les as-tu tous rencontrés ? »
Les paupières battantes sous le coup de la surprise, Namjoon baragouina quelques mots inintelligibles. Il avait l'impression de nager en plein rêve et ne savait pas si cela était une bonne chose. L'avocat avait certainement dû recevoir de nombreuses menaces de la part de Nayoung pour s'intéresser à la vie du jeune adulte. Celui-ci n'allait pas cracher sur cette opportunité en or et répondit calmement à la question de son père.
Il lui parla alors de sa rencontre à Seokjin et de ses liens particuliers avec le lunatique Min Yoongi, de son amitié avec Hoseok et des pas de danses gracieux de Jimin, de son alchimie avec Taehyung et de son envie de protéger le plus jeune de cette colocation. Ce fut seulement lorsqu'il commença à aborder sa rencontre avec Jungkook que le scientifique sentit un bref changement d'expression sur le visage de l'avocat. Il avait légèrement serré les dents. Cela avait duré moins d'une seconde, mais Namjoon avait perçu cette modification sur les traits neutres de son visage.
« Jeon Jungkook, murmura l'avocat. C'est le garçon qui était au lycée lorsque tu as menacé la direction de ton ancien lycée. »
Ce n'était pas une question, seulement une simple affirmation. Namjoon s'était cependant senti obligé de répondre par un simple hochement de tête. Le jeune adulte se souvenait encore parfaitement de ce jour où, subissant les violences de ses camarades de classe, Jungkook avait été alité dans un lit d'hôpital. Les souvenirs étaient encore persistants et il se rappelait encore parfaitement des menaces qu'il avait adressé au directeur de l'établissement. Il ne regrettait pas une seule seconde ses actions.
« Jungkook se faisait harceler par les autres garçons de sa classe, expliqua Namjoon, et le directeur ne voulait pas agir.
-Et tu es allé le voir ? s'étonna Kyunghong.
-Oui, répondit-il. Je ne pouvais pas fermer les yeux sur ça.
-Tu as bien fait, commenta l'avocat. C'est une très bonne façon d'utiliser sa notoriété. Je suis fier de toi. »
Surpris par de tels mots de la part de son père, Namjoon manqua de faire tomber sa tasse vide contre le sol carrelé de la cuisine. Il était parvenu à la rattraper in extrémis. Elle n'avait pas eu la possibilité de beaucoup s'éloigner des mains du jeune adulte et il était particulièrement heureux de ne pas s'être ridiculisé. Il ne pouvait cependant pas se montrer totalement neutre. Posant la tasse sur le plan de travail avant qu'il ne la fasse réellement tomber, le jeune adulte repensa à la dernière fois où Kyunghong avait prononcé cette simple phrase. Il ne connaissait pas réellement la réponse. Cela devait remonter au collège ou au lycée ; à une époque où il n'avait pas encore choisi de travailler dans un domaine scientifique. Namjoon ne pouvait donc pas garder une expression neutre alors que, dans sa cage thoracique, son cœur se gonflait de bonheur.
*
Les mains enfoncées dans les poches de son short en jean et une paire de lunettes de soleil protégeant ses yeux, Namjoon observait le paysage. Dans un arc de cercle rocheux, un étang turquoise s'étendait sous ses pieds. Et, quelques mètres plus haut, à l'endroit même où un lagon se jetait des falaises, des cascades naissaient. Le bruit de l'eau roulant contre les pierres et se jetant dans le bassin recouvrait le bruit des quelques touristes présents. Parmi ceux-ci se tenaient Seokjin. Son téléphone portable à la main, il prenait une myriade de photographies. Il laissait des exclamations impressionnées s'échapper de ses lèvres à chaque fois qu'il découvrait une nouvelle chose et Namjoon enviait sa capacité à s'émerveiller. Non loin de lui, Sunjoo lui racontait les différents mythes qui tournaient autour de ses cascades et forêts environnantes.
« On raconte que la forêt abrite l'âme de la déesse Gameunjang, raconta la vieille femme. Veux-tu que je te raconte son histoire ? »
Seokjin et Sunjoo s'étaient lentement éloignés de l'étudiant et, ne voulant pas rater une seule miette de l'histoire de sa grand-mère, il avait quitté l'eau limpide de l'étang pour les rejoindre. Ils s'étaient installés sur des rochers plats. Seokjin semblait réfléchir à la question de la vieille femme, son menton emprisonné dans ses doigts fins. Un sourire illuminant son visage, Namjoon s'installa aux côtés du décoloré et passa un bras amical autour de ses épaules.
« Halmoni est une merveilleuse oratrice, expliqua Namjoon. On est toujours transporté par ses histoires. »
Son argument sembla convaincre Seokjin. Laissant un fin sourire élargir ses lèvres, il demanda timidement à Sunjoo de lui raconter le mythe de la déesse Gameunjang (1). La présence de la vieille femme le rendait discret et l'étudiant s'en amusait.
« Cette histoire commence avec un couple de mendiants, conta-t-elle. Ils eurent trois enfants. Lorsque leur première fille naquit, des fermiers leur offrirent du riz dans un bol en argent et ils décidèrent alors de l'appeler Eunjang (nda : fille d'argent). Lorsque leur deuxième fille naquit, les fermiers revinrent avec du riz dans une coquille de laiton et ses parents nommèrent l'enfant Notjang (nda : fille de laiton). Et, lorsque la dernière fille vint au monde, les fermiers revinrent avec du riz dans un bol en bois noir. Cette dernière fille fut nommée Gameunjang (nda : fille de bois).
Les deux parents n'étaient pas vraiment satisfaits de cette dernière naissance, car ils voulaient donner naissance à un garçon. Ils oublièrent rapidement leur mécontentement, car la bonne fortune arriva dans leur pauvre maison. Devenus riches, les parents oublièrent qu'ils avaient été des mendiants un jour. Ils demandèrent alors à leurs trois filles à qui elles devaient une belle vie.
Les deux premières filles affirmèrent qu'elles devaient leur bonheur à Haneulnim, le dieu du ciel, à Jienim, le dieu de la terre, et à leurs parents. La cadette, quant à elle, répondit que, bien que son bonheur découle des mêmes éléments que ses aînés, elle devait son bonheur à son propre pouvoir. Rendu fou de rage par la réponse de Gameunjang, le père la jeta hors de la maison. Elle récupéra seulement quelques vêtements et de la nourriture avant de s'en aller à dos de buffle noir.
Les parents regrettèrent rapidement leur réaction disproportionnée et envoyèrent les deux sœurs ramener Gameunjang. Jalouses de l'amour que les parents portaient à la plus jeune, elles mentirent. Elles lui dirent que les parents viendraient la battre à mort. En guise de représailles, Gameunjang transforma ses deux sœurs. La première devint une scolopendre (nda : une sorte de mille-pattes) et un champignon. Les parents, quant à eux, devinrent aveugles et perdirent l'intégralité de leurs biens.
Gameunjang erra alors dans tout le pays et elle finit par trouver un abri dans l'humble demeure d'une famille qui avait trois fils. Ceux-ci rentrèrent à la maison avec des racines et les firent cuire. Les deux premiers gardèrent les racines pour eux. Le troisième fils, quant à lui, garda la plus mauvaise partie de la racine et offrit la meilleure partie à Gameunjang. Ils finirent par tomber éperdument amoureux et devinrent extrêmement riches après avoir trouvé de l'or au milieu de racines.
Bien que femme comblée et mariée, Gameunjang commença à s'ennuyer de ses parents. Elle organisa alors une fête pour tous les mendiants et aveugles du pays. Ils vinrent de chaque recoin du pays et, parmi la foule, elle ne put découvrir ses parents.
Lorsque la fête arriva à sa fin, un couple vint sur la place. Ils étaient d'aveugles mendiants. C'étaient ses parents. Heureuse de les revoir après tant d'années, elle leur offrit de la nourriture et se fit connaître comme étant leur fille. Abasourdis par cette nouvelle, le couple commença à retrouver la vue. Une fois l'eurent-ils intégralement retrouvé, Gameunjang leur avoua qu'elle était la déesse du destin et leur expliqua le fonctionnement du destin. »
Sunjoo termina de raconter la légende en jetant un regard sur la forêt. Certains racontaient que l'esprit de la déesse du destin vivait encore dans les forêts de l'île de Jeju. Namjoon n'avait jamais vraiment su quoi penser de cette information. Il savait cependant que sa grand-mère était une merveilleuse oratrice et était persuadée de la véracité de certaines parties de la légende. Elle avait gagné cette expérience de discoureuse dans son adolescence. Originaire de l'île et travaillant dans une petite librairie de quartier, Sunjoo avait passé de nombreuses heures à raconter les légendes de l'île aux enfants qui passaient dans la librairie. Puis, en vieillissant, elle avait perfectionné ses connaissances en étudiant les histoires et mythes de sa terre natale et avait finalement écrit une thèse sur ce sujet.
C'était aussi sur cette île que la jeune Im Sunjoo avait rencontré son futur époux. Jeune adulte né avec une cuillère en argent dans la bouche, Myungdae avait mis les pieds dans la petite bibliothèque où elle travaillait. Il était éperdument tombé amoureux de cette libraire passionnée. Elle lui en avait fait voir de toutes les couleurs et nombreuses étaient les personnes qui s'étaient interposées à leur relation. Ils s'aimaient et s'étaient battus pour vivre ensemble. Sunjoo avait souvent parlé du destin.
Bien que le jeune adulte ne croie pas en la destinée, Namjoon avait toujours énormément apprécié cette légende. Elle parlait principalement de pardon et cela résonnait en lui. Sa relation avec son père avait commencé à devenir réellement compliquée lorsque Hoseok les avait accompagnés sur l'île. Ce dernier avait annoncé que la morale de cette légende correspondrait un jour à son histoire. Il avait affirmé que son père n'accepterait certainement jamais son choix d'orientation, mais qu'il devrait lui pardonner ses paroles blessantes. Namjoon avait puérilement refusé l'idée de s'excuser et d'excuser son père. Mais, après les aveux que son père avait prononcé dans la matinée, il pensait que pardonner pourrait finalement être une bonne chose. Il ne voulait pas vivre en détestant son père.
« Vous êtes vraiment une très bonne conteuse. »
Les paroles de Seokjin le tirèrent de ses pensées et il put découvrir l'expression satisfaite de la vieille femme. Touchée par le compliment du blond cendré, ses oreilles et sa nuque s'était mis à rosir. Elle avait toujours eu tendance à rougir facilement et Eunji avait hérité de cette capacité à s'empourprer au moindre compliment.
« Le soleil commence à se coucher, remarqua Sunjoo en levant les yeux sur le ciel. Nous devrions rentrer à la maison. »
*
Fouillant frénétiquement dans les poches de son short à la recherche d'un briquet pour allumer la cigarette qui pendait de sa bouche, Namjoon se retenait de pester. Comment faisait-il pour toujours perdre son briquet ? Ses poches n'étaient pourtant pas si profondes. A seulement quelques mètres du jeune adulte, Seokjin et Sunjoo discutaient calmement. Ils ne lui prêtaient pas la moindre attention. Ce fut seulement lorsqu'il poussa une petite exclamation de joie en retrouvant son bien qu'ils quittèrent la route des yeux pour les poser sur sa silhouette.
« Tout ce boucan pour un briquet ? se moqua gentiment Seokjin alors que le bout de sa cigarette prenait une teinte rougeoyante.
-Oui ? risqua-t-il en levant un sourcil.
-Combien de fois t'ai-je dit que fumer n'est pas bon pour ta santé ? lui fit remarquer la vieille femme. Tu peux m'en passer une ? »
La réflexion de l'aïeul surprit les jeunes adultes. Et, alors que Namjoon dardait une œillade incrédule à sa grand-mère tout en lui tendant une cigarette, Seokjin l'observait de ses yeux ronds comme des billes. C'était particulièrement inattendu de la part de Sunjoo. Cette dernière laissa un léger rire moqueur s'échapper de ses lèvres et le scientifique ne put s'empêcher de se poser des milliers de questions. Sunjoo avait toujours été la première à lui reprocher de mettre sa santé en danger lorsqu'il fumait. Le jeune adulte se rappelait encore parfaitement du jour où elle l'avait surpris avec une cigarette entre les lèvres. Il s'était fait réprimander durant de longues heures. N'était-ce pas illogique qu'elle soit également une fumeuse ?
« Il y a de nombreuses choses que tu ignores sur moi, jeune homme, ria-t-elle.
-Je vous adore ! s'exclama Seokjin alors que le scientifique murmurait des paroles incompréhensibles. Vraiment ! J'aurais tout donner pour avoir une grand-mère comme vous.
-Mais tu es déjà de la famille. »
Un sourire resplendissant naquit sur le visage symétrique du blond cendré alors qu'il prenait conscience des mots de Sunjoo. Elle l'acceptait dans la famille Kim et, même si elle n'était pas une réelle opposante à sa relation avec l'étudiante en droit, cela gonflait le cœur du jeune adulte de bonheur. Namjoon ne put camoufler plus longtemps son sourire. Sa cigarette entre les lèvres, il infligea un léger coup de coude à son ancien colocataire. Seokjin lui jeta une œillade courroucée qui disparut aussitôt que Namjoon lui adressa un clin d'œil. Il avait été adopté par sa famille.
*
La télévision crachait les paroles d'un film d'actions médiocre alors que, avachis sur le canapé, les trois jeunes adultes contemplaient religieusement l'écran. Quelques minutes auparavant, Nayoung et Kyunghong avaient décidé de se rendre à une soirée dansante sur la plage. La vieille femme avait longuement insisté pour se faire escorter à cette petite sauterie. Ils leur avaient proposé de les accompagner, mais ils étaient déjà absorbés par la plastique des acteurs principaux du film. Les jambes reposant sur les cuisses de son frère jumeau et la tête callée contre les jambes de son petit-ami, Eunji ne cessait de commenter les actions irréfléchies des personnages et s'amusait à contempler bruyamment le physique avantageux de l'homme qui avait pour mission de sauver le monde. Seokjin n'était absolument pas jaloux des propos de sa copine et ne se gênait pas pour faire exactement la même chose avec la belle actrice coréenne qui l'accompagnait dans tous ses déplacements. Namjoon, quant à lui, affichait une moue agacée. Ils l'empêchaient d'entendre convenablement le film et, même si celui-ci n'était pas un chef d'œuvre du cinéma coréen, il avait envie de comprendre l'histoire.
« Laissez-moi suivre, se plaignit-il.
-Ne me dis pas que ce film t'intéresse, se moqua gentiment Eunji. Tu détestes les courses-poursuites et le film en est plein. »
Un grognement boudeur s'échappa des lèvres de l'étudiant en sciences alors qu'il quittait l'écran du regard. Depuis les jambes de son petit-ami, Eunji lui offrait un sourire mutin. Il eut une envie soudaine de lui jeter un coussin au visage. Il ne le fit cependant pas. Bien que confortables, ils étaient en cuir et faisaient extrêmement mal lorsqu'une personne en devenait la cible. Namjoon en avait déjà fait l'expérience et il ne souhaitait pas recommencer.
« C'est toujours mieux que vos commentaires sur les postérieurs avantageux des acteurs, répliqua-t-il.
-Chacun son point de vue, renchérit-elle. T'es juste frustré à mort parce que tu regoûtes au célibat après trois mois.
-C'était gratuit, souffla Seokjin. »
L'étudiant en sciences ne répondit pas un simple haussement d'épaules. Presque tous ses amis étaient en couple et être l'un des rares célibataires ne le dérangeait pas vraiment. Sa dernière relation amoureuse avait été catastrophique et Namjoon ne souhaitait plus réellement se poser avec quelqu'un. Et, même si une camarade de promotion l'intéressait depuis quelques mois, il ne voulait plus s'engager. Il ne se sentait pas encore prêt pour cela.
« Je n'ai jamais compris pourquoi Soyeon et toi aviez rompu, lâcha simplement Seokjin. Vous vous entendiez bien, vous formiez un beau couple et elle avait suffisamment d'humour pour supporter le tien.
-Elle était surtout homophobe, compléta Namjoon. Elle m'a foutu un coup de pieds dans les couilles lorsque je lui ai annoncé que j'étais bi.
-Aïe, commença Eunji. J'espère que tu lui as foutu une rouste après ça.
-Je ne frappe pas les gens, répondit-il.
-Menteur. »
Surpris par les derniers mots de sa sœur, Namjoon fronça légèrement les sourcils. Il avait toujours été contre la violence et tous en avaient parfaitement conscience. Ses proches s'étaient souvent amusés de sa capacité à garder son sang-froid et avaient souvent tout mis en œuvre pour le faire sortir de ses gongs. Cela fonctionnait rarement.
« Je me souviens parfaitement du jour où tu m'as frappé parce que j'avais accidentellement détruit ton Faucon Millénium en Lego.
-J'avais à peine dix ans et tu venais de réduire à néant douze heures de travail, lui fit-il remarquer.
-Mais tu m'as quand même frappé.
-J'aurais fait la même chose, commenta Seokjin.
-Tu es de son côté ? s'offusqua théâtralement la jeune femme en posant sa main contre son cœur.
-Exactement, renchérit-il.
-Es-tu certain de vouloir te ranger du côté de mon frère ? ajouta-t-elle. Tu pourras dormir par terre.
-Désolé Namjoon, prononça le blond cendré, mais tu l'as quand même frappé.
-Lâcheur. »
Le rire de son ancien colocataire couvrit le bruit des explosions du film et il entraîna rapidement les autres jeunes adultes dans son hilarité. Les menaces d'Eunji fonctionnaient toujours sur son petit-ami et cela amusait toujours Namjoon. Oubliant complètement le film qui défilait toujours sur l'écran de la télévision, le scientifique bougonna quelques mots incompréhensibles et infligea un léger coup de coude à Seokjin.
« Cette violence, s'offusqua Seokjin.
-Et tu disais que tu ne frappais jamais les gens, ria Eunji.
-Je peux faire des exceptions pour vous deux. »
Alors qu'Eunji et Seokjin laissaient échapper une exclamation faussement outrée, l'étudiant en sciences ne put se retenir de souffler d'amusement. Sa journée se terminait merveilleusement bien. Son père avait prononcé des mots que Namjoon avait longtemps cru ne jamais entendre de sa part, il avait flâné de longues heures près des cascades et avait regardé un mauvais film d'action avec Eunji et Seokjin. Oui. Cette journée ne pouvait décidément pas mieux se terminer.
(1) j'aime beaucoup ce mythe donc je l'ai inséré dans l'histoire. je ne sais pas si ma source est correcte, mais je vous la donne quand même. j'ai trouvé tout ça sur le site de mythologica.fr
Croyez-le ou non, mais j'ai beaucoup hésité à m'acheter un guide touristique de Jeju pour écrire cette fiction. J'ai économisé mon argent parce que je suis fauchée (#étudiant). Tous les lieux et informations sont issus de recherches sur internet.
Certaines parties de ce chapitre ne sont vraiment pas bien (surtout la fin), mais je n'avais vraiment pas d'autres idées. J'aime quand même beaucoup ce chapitre. Je le trouve intéressant.
Encore deux chapitres avant la fin de ce premier bonus.
N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce chapitre.
A dans deux semaines !
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