10. Zaya

10. Zaya

Zaya souffla. En ce samedi matin, Zaya se préparait pour aller au lycée recevoir sa punition. Se réveiller à huit heures un samedi n'était pas dans ses habitudes, elle trouvait ça bizarre. Toute sa famille était encore endormie, mais Zaya n'osa pas profiter de la situation pour sécher sa punition.

Ses parents avaient été furieux en apprenant que leur fille fut collée. Le plus étonnant c'est que la brune savait que ça aurait pu être dix fois pire si elle avait été punie à cause de devoirs non faits ou oubli de matériel. Contrairement à la plupart des parents, les siens s'en fichaient qu'elle vole de la nourriture au lycée. Il fallait juste pas qu'on la prenne la main dans le sac.

Zaya quitta sa maison et chevaucha son vélo. Sur son chemin, elle croisa Halsey, une fille de première avec qui elle avait commis le petit délit, et elles firent le reste du trajet ensemble. La blonde parlait de ce qu'on allait faire - apparemment c'était une habituée - et son interlocutrice se contentait de hocher la tête.

Une fois arrivées sur place, Isaac et une fille voilée attendaient déjà devant la porte.

  --  Bonjour, Isaac. Bonjour...


  --  Helen, se présenta la fille.

  --  Enchantée. Moi, je suis Zaya et voici Halsey.

  --  Hey, la salua cette dernière.

Zaya était quelqu'un de très sociable et qui aimait mettre les gens à l'aise. Mais son sourire permanent et sa bonne humeur contagieuse n'avaient pas suffi à la faire élire présidente du conseil des élèves. Pourtant elle avait essayé depuis son arrivée à FHS.

Le professeur responsable de les surveiller arriva équipé de serpillères et de quelques seaux d'eau.

  --  Bonjour, bande de criminels. Je suis monsieur Thomson, le professeur de sport de certains d'entre vos camarades. Le programme d'aujourd'hui est simple : vous allez nettoyer le lycée de fond en comble. Vous partirez quand vous aurez fini, ou au plus tard, à dix-huit heures.  Allez, au travail !

Helen et Isaac prirent des chiffons et des produits ménagers et partirent dans la direction des casiers.

Ne voulant pas se séparer de ses camarades, Zaya les imita. La voilée s'arrêta devant un casier où le mot "terroriste" était écris en rouge. Les deux adolescents commencèrent à nettoyer ce casier.

  --  Mon Dieu c'est horrible. C'est ton casier, Helen ?

Question stupide. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que ce message s'adressait à la seule fille ouvertement musulmane de tout l'établissement. Zaya connaissait tous les élèves du bahut - pour augmenter ses chances de gagner les élections - et à part Helen, personne d'autre n'était de religion musulmane.


  --  Oui, murmura-t-elle.

  --  Et pourquoi ils te le font nettoyer ? C'est ridicule !

  --  La CPE m'a parlé d'un manque de budget...

  --  Je l'avais dit que cette femme était une sorcière. Vous auriez dû m'écouter, chantonna-t-elle.

Zaya fut bouche bée. Depuis quand l'administration se permettait  de traiter les élèves de cette façon ? Donc en plus de vivre dans un monde où l'égalité d'entre les blancs et les noirs était loin d'être acquise, elle devait aussi vivre dans un monde où les opressés étaient fautifs de ce qui leur arrivait ?

L'adolescente était au courant que les personnes de couleur n'étaient pas les seules à souffrir de discrimination, mais ne connaissant aucune autre personne désavantagée par le racisme, elle n'avait jamais vu de ses yeux de la discrimination réligieuse. Et elle aurait préféré ne jamais le voir.

  --  C'est immonde, cracha-t-elle dégoûtée, tu ne devrais pas te laisser faire. Ce qu'ils font c'est interdit par la loi. Si quelqu'un essaye de te dévaloriser ou de te rabaisser, tu dois en parler !

  --  On dirait une de ces publicités contre le harcèlement, chuchota Isaac à l'intention d'Halsey.

Monsieur Thomson regardait Zaya d'un mauvais œil, il irait sûrement répéter tout ce qu'elle a dit à la directrice ou à madame Annie-Laura mais la jeune fille ne s'arrêta pas pour autant.

  --  Je n'ai personne à qui parler. Et puis je m'en fiche de nettoyer ce casier, laisse tomber.

  --  Si personne ne veut t'écouter, moi je t'écouterais ! Moi aussi, je suis victime de la société raciste, tu sais. Ensemble, on peut combattre...

  --  Je n'ai pas envie ! cria Helen, à la grande surprise de tout le monde.

Un silence long et pesant plana dans le couloir jusqu'à ce qu'elle continue sa tirade.

  --  Je n'ai pas envie de me battre pour ma vie. Les blancs chrétiens n'ont pas à le faire. Pourquoi je devrais le faire ? Je veux juste vivre ma vie tranquillement et des choses comme ce putain de graffiti ne va pas m'abattre. Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi.

 Tout le monde, même Isaac qui semblait proche de la fille, était bouche bée.

  --  Si, je m'inquiète...

  --  Je ne suis pas une victime ! hurle-t-elle.

Helen se leva et courut dans la direction opposée du professeur. Zaya ouvrit la bouche encore une fois mais rien ne sortit. Avait-elle dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

  --  Tu sais, Helen est humaine. Les humains n'aiment pas qu'on rabâche sans cesse leurs problèmes, ou qu'on les expose. Chacun a sa manière de gérer sa vie.

  --  Depuis quand tu dis des trucs intelligents, toi ? lui demanda Halsey.

Zaya se fit toute petite et commença à frotter le casier de la voilée. Monsieur Thomson qui était parti chercher Helen revint sans elle. Il affirma que cette dernière courrait trop vite et que si elle était un garçon, il lui aurait recruté pour l'équipe de basket.

  --  Vous pouvez toujours le faire. Ce n'est pas parce que c'est une fille qu'elle ne peut pas jouer au basket !


  --  L'équipe est uniquement masculine, lui répondit-il sans plus de discours.

  --  Et pourquoi il n'y a pas d'équipe féminine, d'ailleurs ?

  --  Ta gueule et frottes !  lui ordonna Halsey.

Zaya lui obéit. Pourquoi personne n'agissait en voyant ce comportement sexiste, raciste et discriminatoire qui n'était pas normal ? Pourquoi il n'y avait qu'elle qui se révoltait pour changer les choses ? Elle ne pourrait pas tout changer toute seule.


Zaya souffla. Elle n'aurait jamais pensé que les choses se passeraient comme ça, dans ce cas-là, elle aurait séché tant qu'il était encore temps.

°°°

Encore un chapitre en retard, mais c'est parce que je voulais vous retrouver le jour de la saint-Valentin *kof* s'enfonce dans son mensonge *kof*.

Alors ce chapitre n'est pas du tout romantique mais il est super important. La partie une de cette histoire s'apelle "la punition du samedi". Ce n'est pas pour rien 😏.

Je pourrais enfin participer su concours (Alleluijah !!) car j'ai mes 10 chapitres, si vous voulez vous inscrire ou juste me soutenir c'est le concours de ChantillyAwards. Il est valable jusqu'au 20 février.

Le prochain chapitre arriveras le mercredi prochain (si Dieu le veut).

Alors, à mercredi !

14/02/2019

Page 10

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top