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               La femme fit irruption dans le salon, agitée :

« Il n'est pas ici, Franck. »

Assis dans un fauteuil, le dos voûté comme pour mieux se rapprocher de la cheminée allumée, son mari ne réagit. Son visage, creusé de rides d'expressions qui lui donnaient un air grave, semblait aussi figé que celui d'une figure de cire. De grosses gouttes de sueurs glissaient sur son front, comme si sa peau fondait à la chaleur des flammes, et sa bouche se tordait dans une moue sérieuse. Il se redressa et sa femme s'approcha avec nervosité, enfonçant ses doigts tremblants dans sa large robe :

« Tu sais ce qui se passerait s'il arrivait à partir ? Tu sais ce qui se passerait ? »

L'homme remua à peine les lèvres :

« Oui, je le sais Helena.

— On ne le verrait plus du tout et nous... »

La femme se tut et expira profondément, rejetant un souffle nerveux et profond, comme pour essayer de contrôler sa panique.

« Nous... »

Elle n'arriva pas à finir sa phrase et baissa la tête, abattue.

Pendant une interminable minute, le couple resta silencieux et inactif, comme deux statues sans aucune énergie, dépitées. Le bois claquait, les horloges résonnaient et même les murs semblaient chuchoter dans l'immensité de la bâtisse. Doucement, la tension s'installait dans les cœurs, évoluant, se développant, grandissant encore et encore pour finalement prendre l'ampleur d'une terrible angoisse intérieure. On pouvait l'entendre dans les profondeurs de la demeure, étouffée par le parquet, cachée derrière une lourde porte en bois. C'était des larmes, des gémissements, des cris et des grattements hystériques, une cacophonie de terreur qui essayait en vain de surgir aux oreilles du couple immobile, des lamentations tourmentées qui n'arrivaient pas à se libérer de ces murs froids et effrayants.

Finalement, Franck se leva en faisant sèchement craquer ses doigts.

« Bon, s'il n'est pas là, il doit être dans la forêt. »

Après avoir épousseté son pantalon, il se tourna vers sa femme :

« Il a peur du noir ? »

Helena, les bras croisés comme pour se réconforter, hocha la tête. L'homme haussa les sourcils dans un geste de satisfaction et s'approcha d'un coffre en maugréant :

« Bien, il n'a pas dû aller bien loin dans ce cas. »

Il ouvrit le couvercle, se pencha pour attraper un objet et se redressa :

« On va le retrouver, ne t'inquiète pas. »

La femme soupira une nouvelle fois, l'air peinée :

« Tu es sûr qu'on a vraiment besoin de tout ça ? Après tout, il va peut-être revenir de lui-même... »

Franck inspecta ce qu'il avait entre les mains.

« Tu sais très bien qu'il ne le fera pas. »

L'objet claqua quand l'homme l'ouvrit pour y insérer des cartouches.

« Et puis, si c'est pas nous qui le retrouvons, c'est les autres. Tu sais que les temps sont durs, Helena, on ne peut pas se le permettre. »

La femme, repoussant une mèche de cheveux pour la remettre dans son chignon en bataille, plissa le front pour montrer son désaccord mais resta silencieuse. Son mari lui adressa alors un regard profond et referma sèchement la carabine :

« Prend une lanterne. »

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