chapitre 9 - 2015

L'homme qui me bloquait la porte sentait l'alcool à plein nez. Mais bon, ce n'était pas si surprenant puisque c'était le cas de tous les hommes ici présents.


Je sortais du bureau de Dante avec une enveloppe remplie de billets. Je ne me sentais pas très a l'aise d'avoir une si grosse somme en ma possession. En avait-il après mon argent?


— Laisse-moi passer. Je lui dis tout simplement, mais d'une voix que j'espérais ferme.


— Je vais aller te reconduire et tu me remercieras de la façon tu voudras. Promis, je ne te ferais pas de mal. Ajoute-t-il la main en l'air comme s'il s'apprêtait à jurer sur la bible.


Il sourit et continue de me détailler de la tête au pied avec un regard lubrique de vieux cochon. J'ouvris la bouche pour lui dire de se payer une pute, mais encore une fois, un superman vient à la rescousse de la pauvre serveuse en détresse. Je leur faisais si pitié?


— Casse-toi Jim! Ordonne Chris derrière moi. Je croisai les bras sur ma poitrine et ne me retourna pas. Ignorant délibérément mon sauveur.

Chris sembla avoir paru assez, menaçant, car ça marcha assez bien, l'homme se tassa de la porte sans attendre.


— Oh allez Chris, je blaguais. On ne peut même plus s'amuser ou quoi?


Je ne me fis pas prier et quittais l'endroit au plus vite, les laissant décider entre eux si oui ou non, s'amuser était permis. Rendu au trottoir alors que je vérifiais si je pouvais traverser sans me faire renverser par une voiture ont m'attrapas par la main.


Je sursautai, retenant un cri, et recula avec violence en tentant de me défaire de la prise de mon assaillant.


— Ey! tout doux tigresse. Me dit Chris en riant.


— je... t'es pas drôle connard. Tu as failli me faire mourir de peur. Lui dis-je en lui assenant une bourrade sur l'épaule.


Il ria de plus belle et attrapa ma main pour me tirer vers lui. Il me prit dans ses bras. Comme il l'avait fait le soir du rassemblement.

Je posai ma tête sur sa poitrine sans trop comprendre ce revirement de situation. Il soufflait le chaud et le froid et ça, plusieurs fois dans une même soirée, ça devenait franchement déroutant.


Je me défis de son accolade et le regarda dans les yeux. J'eus envie de l'embrasser à nouveau, mais ma petite conscience me rappela à l'ordre juste au bon moment.


— Je vais y aller, je reste... heu... j'eus un moment d'hésitation, mais comme Dante savait tout sur moi, je me dis que mon adresse était bien peu et sans doute la première info sur laquelle ils avaient mis la main. Juste la dis-je en pointant mon quadruplex de l'autre côté de la rue.


Il semblait être déjà au parfum. Ça confirmait mon soupçon, à savoir que Tout les Hadès étaient au courant. Évidemment puisqu'ils avaient le pedigree de chacun de leurs employés.


— ouais, je sais ce contenta-t-il de me répondre en passant sa main dans ses cheveux.


— bonnes soirées alors, lui dis-je en le saluant de la main. Un geste d'ado puérile et quand je m'en rendis compte ,je baissai aussitôt ma main que j'enfouis dans la poche de mon jeans histoire qu'elle ne soit pas tentée de ressortir.


— Ivy? M'appela-t-il


— oui? Je répondis trop rapidement , pleine d'espoir.


— tu ne devrais pas aller déposer le contenu de cette enveloppe? Il pointa de l'index l'enveloppe que j'avais glissée bien au chaud dans ma brassière. Au lieu de la trainer avec toi?


Zut, pas tout à fait ce que j'avais en tête.

OK, j'avais envie de coucher avec lui.

Bon d'accord, c'était un connard arrogant, mais un connard super sexy quand même.


Il faut que j'arrête de toujours penser à ça me sermonnai-je, mais mon petit diable de conscience me rappela gentiment que ça serait plus facile s'ils arrêtaient de me chauffer tous les 2.

De toute façon, depuis Derek, je n'avais couché que par envie, écoutant seulement mes pulsions ou encore mes intérêts. Alors tant qu'il fermait sa gueule, je pouvais faire semblant que c'était un mec bien.


— Oui, je sais, tu n'as pas tort, je vais y aller demain. En plein jour tu vois, c'est un peu plus sécuritaire pour faire un dépôt me justifiai-je.


— attend moi ici une minute me dit-il tout sourire.


Je restai planté là comme une nunuche, les minutes passèrent et je me demandai s'il ne se foutait pas de ma gueule à me faire attendre sur le coin d'une rue ainsi.


Je devais avoir l'air d'une pute attendant son prochain client et le tout devant un bar de danseuses. Hum très classe tout ça.


Un vrombissement se fit entendre dans toute la rue. J'eus une petite pensée pour les quelques voisins qui dormaient sans doute vu l'heure qu'il était. En même temps, je me dis que s'ils avaient choisi cet endroit il fallait s'y attendre non? Personnellement, moi, j'avais eu besoin d'un temps d'adaptation. Les motos la nuit, le bruit du boum boum qui sortait du bar d'en face, les sons des klaxons et les chicanes d'ivrognes ne faisait pas bon ménage pour vaincre l'insomnie.


La moto se stationna devant moi. Et L'homme déposa le casque qu'il avait dans ses mains, sur le siège arrière de la moto.

Le conducteur enleva son casque je pus voir le visage maintenant familier de Chris.


Il me tendit le deuxième casque en souriant. Je hochai la tête par la négative. S'il comprenait le langage non verbal, le message serait facile à capter.


— vraiment, je peux y aller demain, en voiture. Criai-je pour me faire entendre par-dessus le bruit du moteur.


— ta peur princesse? demanda-t-il d'un air de défi.


Il n'en fallut pas plus pour me convaincre de monter sur son engin de la mort. Bien que je trouvais la moto très belle avec sa peinture de cerbère (oui, J'ai dû googler pour connaitre la signification du chien a 3 têtes sur leurs écussons) je n'avais aucune confiance avec ses engins.


La vitesse, le bruit et la témérité étaient ce qui pour moi symbolisait les motos, alors embarquer dessus? Jamais! Mais là, je considérais l'option de réviser ma position, je refusais rarement un défi. J'y trouvais toujours une façon de flatter mon ego. Et de faire fermer la trappe a ceux qui doutaient de moi.


Elle était belle, et l'idée d'être collé sur lui n'était pas pour me déplaire, mais je ne souhaitais pas mourir dans un accident de la route. Sauf que son ton de défi et son insinuation finirent par avoir raison de ma peur.


Je pris le casque que je le posai sur ma tête. Il me faisait comme un gant sauf que j'eus plus de misère à l'attacher. Il le vit et me donna un coup de main. Sa main chaude sur ma peau déclenchait de petits papillons dans mon estomac. Il finit de placer les attaches et donna une petite tape sur mon casque avec un regard malicieux. À ce moment précis, sans les tatouages et le cuir, il aurait presque l'air d'un jeune homme normal pensai-je.


Il leva ses pieds du sol et sembla tourner la poignée puis nous démarrons.


Le départ faillit se faire de la pire façon qui soit, c'est à dire moi sur le dos, les fesses dans la rue. Mais au bon moment, j'avais entouré sa taille de mes bras et je me cramponnais littéralement après lui.

Si ce n'avait pas été de l'air froid qui fouettait ma peau, cette ballade aurait été parfaite. Une fois passer, le moment de panique qui m'avait envahi. Une liberté sans pareil emplit mon esprit. Je ne m'étais pas sentie aussi légère depuis longtemps. Je sentais chacune des vibrations qu'émettait le moteur. J'appuyai ma tête sur son dos et respirai lentement sans ce poids sur mon cœur. Waouh, si j'avais découvert ça avant, j'aurais peut-être acheté une moto au lieu d'échafauder un plan de vengeance.


Nous arrivâmes à un guichet dans un autre coin encore plus mal famé que le mien, me sembla-t-il. Les immeubles étaient délabrés, certaines fenêtres barricadées par de grands panneaux de bois étaient pleines de graffitis, un immeuble sur cinq sembla avoir été la proie des flammes et malgré l'heure très tardive ou très matinale c'est au choix, des hommes étaient sur leurs balcons et fumaient ce qui ne devait pas être des cigarettes.


J'enlevai mon casque et regarda Chris l'air un peu apeuré. Il le sentit sans doute, car il tenta de me rassurer


— va s'y, ya aucun danger ici, et je suis la si jamais. En disant ça, il toucha son flanc gauche et je compris que ce que je sentais en me tenant après lui pendant la ballade n'était pas un truc dans sa poche de manteau, mais bien dans un étui à la ceinture.


Je frissonnai à cette idée. Les flingues me rendaient mal à l'aise depuis, enfin... depuis mon père.


Je le laissai à la porte et entra à l'intérieur pour déposer cette rondelette somme qui me faisait me sentir comme si j'avais une cible dans le dos. Je devais tellement avoir l'air bizarre, et pas naturel que c'est probablement ça qui aurait attiré l'attention d'un voleur potentiel.


Je m'assurai qu'il restait dehors et qu'il ne verrait pas mon code. Ridicule au fond, car s'il trempait dans les combines de Dante comme je le pensais, il devait être capable de m'acheter et de me vendre plusieurs fois. Je déposai la somme en un temps record.


Quand je fus prête, je me dirigeai vers la porte et je vis plusieurs hommes autour de la moto de Chris. Ce dernier ne semblait pas le moins du monde intimidé. Mais moi si, je devais passer devant une dizaine d'hommes pour aller m'assoir avec Chris. Je connaissais le genre de mecs, j'aurais droit à des commentaires sexistes ou encore sexuels et, là, pour ce soir, j'avais assez donné.


Chris me vit sortir et me fit signe. Les autres se tournèrent instantanément vers moi. Un homme à la peau très foncée siffla quand je passai devant lui. Je l'ignorai et alla m'assoir directement sur la moto. Prenant soin de tenir mon sac sur mes genoux au lieu de le remettre sous le banc comme me l'avait conseillé Chris.


— Ey Chris, tu ne nous présentes pas ton amie? dit le siffleur avec un fort accent. J'aimerais bien faire plus ample connaissance.


Chris lui fit un demi-sourire.


— Ivy je te présente Mo.

Chris me pointât de la main et il fit de même avec le dénommer Mo.


— Mo je te présente Ivy. Mo s'avança vers moi pour me faire une accolade et à ce moment Chris ajouta une information de la première importance, semble-t-il.


— c'est la nouvelle serveuse du purgatoire, engagé par Dante lui-même.


Mo stoppa net son geste et les bras qu'il tendait vers moi se levèrent plus haut, il croisa ses longs bras derrière ça tête.


— bonnes soirées les mecs ce contenta-t-il de nous dire avant de faire un signe de tête a ses hommes et de partir.


Quand il nous tourna le dos, je remarquai qu'il avait une veste de cuir lui aussi, mais pas comme celle de Chris ou de Dante.

Prospect était marqué dans son dos. Donc dans la hiérarchie il était plus bas que Chris? Mais en quoi me parler était mal et pourquoi Chris avait l'air de le menacer sous couvert?


— engagé par Dante hein? Ça leur fait toujours cet effet? C'est comme si tu lui avais dit: Ey salut mec, voici Ivy, au fait elle a la peste.

Il rigola,

— wais ,bien tu me remercieras plus tard. Ajoute-t-il visiblement content de détenir une information qui m'échappait.


Il me déposa devant chez moi et me souhaitais me bonne nuit avant de redécoller dans un nuage de fumée. Je montai les quelques marches et entra dans mon appartement. Enfin chez moi.

Et surtout, enfin seule.


Je me rendis dans ma chambre et me déshabillais avant d'enfiler un t-shirt blanc et un short de yoga gris. Le summum du confort selon moi. Je détachais mes cheveux et senti cette étrange douleur salvatrice quand on est resté trop longtemps les cheveux attachés.


Le soleil commençait à se lever et je tirai les couvertes pour entrer dans mon lit. Je me glissai dans mon drap qui sentait bon la lessive. Ce moment de plénitude. ce ahHHH presque jouissif qui sortait de notre bouche en posant la tête sur l'oreiller quand on se couche après une journée éreintante. J'étais au comble du bonheur.


Je fermai les yeux, prête à dormir, mais j'entendis mon portable sonner dans la cuisine. Je tentais de l'ignorer, mais en vain, s'il était arrivé quelque chose? Je sortis du lit en courant pour avoir le temps de répondre et après m'être cogné l'orteil sur un coin de mur . En retenant mes lamentations et en sautillant jusqu'au téléphone, je décrochais enfin.


— oui? Oui? Allo? Pff je ne mettais pas rendu à temps et visiblement ce n'était même pas assez important pour laisser un message... Je pris mon téléphone avec moi cette fois et en tournant le coin de la chambre à coucher, la sonnette de la porte d'entrée retentit.


Qui était assez matinal pour être ici à 6 h du mat pensai-je. Je décrochai le téléphone de l'entrée.


— oui! demandai-je avec un ton bourru.


— c'est Chris, ouvre-moi!


— je dormais, je te signale! Tu parles d'une heure pour venir visiter les gens.


— s'il te plait? J'entendis un rire dans sa voix.


-arggggg, grognai-je avant d'appuyer sur le bouton qui ouvrait la porte.


J'ouvris la porte de mon logement et me planta dans le cadre, les bras croisés avec la plus mauvaise mine donc j'étais capable.


— Je l'entendis monter les marches et il arriva à ma hauteur.


— bonjour princesse, me dit-il d'une bonne humeur presque agressante.


— ques que tu veux ?


Il me reluqua quelques instants en silence et je me rappelais d'un seul coup que le pyjama que je portais ne cachait pas grand-chose. Le haut était mince et usé, ont voyais un peu en dessous, surtout quand je n'avais pas de soutien-gorge oh putain! Je montai mes bras déjà croisés au niveau de ma poitrine. Il continua de me lorgner sans gêne et un petit malaise s'empara de moi.


— Chris, je peux t'aider? lui demandai-je. Plus doucement cette fois.


— en fait, c'est moi qui peux t'aider. Il fouilla dans sa poche et sortit une petite carte bleue avec mon nom et le logo de ma banque.


— c'est ma carte? m'exclamai-je. Mais comment avait-elle bien pu tomber de mon portefeuille? Je voulus la lui reprendre, mais il la retira de ma portée.


— merci Chris, sympa de t'être déplacé en voyant la carte et de me l'avoir ramené pour que je puisse payer mes trucs de filles. Singea-t-il a mon intention avec une voix ridicule.


— merci, Chris, lui répondis-je

— de rien princesse.


Il se retourna, mais je l'interpellai.


— pourquoi m'appelles-tu comme ça?


— quoi? Princesse?


— oui, princesse confirmais-je


— ben, parce que tu en es une.


Je m'attendais à plein d'autres réponses que celle-là, du genre cucul la praline : parce que tu es une princesse, parce que je veux faire de toi une reine. Bref tout ce que les princes charmants disaient aux princesses habituellement. Mais dans son ton, je savais qui y avait là bien plus une insulte qu'un petit mot amical.


— selon toi ,c'est quoi être une princesse demandait-je en essayant de garder mon calme.


— une fille, possiblement avec une enfance trop heureuse. Il regarda en l'air faisant mine de réfléchir. Avec des parents riches qui vont à l'Église toutes les semaines. Et puis elle tombe amoureuse du Bad boy, ses parents la mettent dehors, le gars la rejette.

Elle tombe enceinte, se fait avorter et quitte la ville natale pour ne pas être reconnue. Puis en manque de sensation forte et elle se fait engager par une bande de motards.

Elle pourrait même frimer à Noël devant ses parents en leur annonçant ça pour les faire paniquer.


Il me scruta à mesure de ses énumérations. Je contiens ma fureur avec difficulté.

Il mériterait une bonne paire de baffes. Mais je ne dois rien laisser transparaitre, c'est même primordial de ne pas réagir. Je le sais, pourtant, j'ai envie de m'effondrer, en pleurs.


Envie de lui crier que j'aimerais tellement que ça soit ma vie qu'il décrit, car au moins comme ça j'aurais encore une famille. Je me calme, je respire de grande bouffé d'air tout le long de sa tirade. Et surtout, j'affiche je ne sais pas trop comment, un sourire de façade.


Quand il eut fini, je garde ma voix normale, sans trop d'émotions avant de lui lancer;

— wais, c'est en plein ça, tu m'as percé à jour. Dis-moi, tu veux le numéro de la clinique d'avortement pour la prochaine pute que tu mettras enceinte?


Il resta bouche bée. Comme il tardait à ajouter quelques choses, je profitais de cet instant pour reprendre la carte et me débarrasser de lui.


— merci dit-je en agitant la carte devant lui avant de refermer la porte, de laisser mon portable, sonnerie fermée sur le comptoir et d'aller me coucher.

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