XII.

«—Dans ce cas, nous avons un accord, n'est-ce-pas?»

Un rictus ornait la bouche de Kylo Ren. La fin de la Rébellion s'accompagnait en prime d'un très joli –et inespéré– cadeau. Byron Faaren, indigné, protestait vigoureusement.

«—Suprême Leader, ce vaisseau est un prototype très coûteux et nous n'avons pas encore mené tous les essais! Nos ingénieurs ne peuvent garantir au Premier Ordre la fiabilité et la sécurité des utilisateurs à l'heure actuelle.»

Le Suprême Leader haussa un sourcil qui se voulait interrogatif.

«—Vous nous pensez incapables de terminer les recherches de développement pour cette excellent vaisseau que vous avez appelé –je crois– le Cyclone?
—Enfin non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, je m'inquiétais de votre sécurité et de celles de vos troupes.»

Le Cyclone était un projet qui avait mobilisé trop d'énergie et d'argent. Les investisseurs seraient furieux, les banquiers s'affoleraient et ce serait sans aucun doute la fin de sa carrière. Pas question de se faire exproprier.

«—Mes hommes et moi-même nous vous remercions pour votre sollicitude, mais nous acceptons de courir le risque. A moins bien sûr que vous ne refusiez la réquisition, ce qui nous conduirait à prendre des mesures pour le moins déplaisantes. Surtout vous concernant, Sénateur.»

Le Sith fit un signe de la main et deux chevaliers de Ren apparurent quasiment instantanément. Faaren déglutit en voyant les soldats et surtout les mains posées bien en évidence sur les blasters.

«—Très bien, nous allons vous confiez la clef de contrôle. Mais nous exigeons un dédommagement pour le préjudice subi!
—Faites donc ça. En attendant, donnez moi la clef.»

Il tendit son épaisse main gantée de cuir noir. Malgré lui, Faaren déposa un objet plat et rectangulaire dans la paume de Ren. Ses derniers espoirs de sauver son travail de ces derniers mois, ainsi que son argent, disparaissaient en même temps que la clef dans la poche du Nouvel Ordre.

«—Encore une chose, Faaren. Si je découvre encore que vous fabriquez des armes pour les vendre en douce, je vous enverrai une escouade vous rappelez que la Loi Martiale l'interdit. Est-ce bien clair?»

Le poing serré, ses yeux glissèrent de la poche où avait disparu le précieux sésame vers les armes des soldats d'élite.

«—Oui, Seigneur, limpide. Soyez assuré de notre soutien le plus inconditionnel contre la lutte terroriste.»

Il s'inclina assez bas pour cacher sa fureur. Il avait tout fait pour ne pas se faire repérer et agir dans le feutré pour finalement offrir sur un plateau d'argent l'une des meilleures armes jamais conçue au Nouvel Ordre. Alors que Kylo Ren s'éloignait, très content de lui, Faaren pianota sur l'intercom fixé à son poignet.

«—Préparez ma navette de toute urgence. Dès que l'état de siège est levé, nous partons vite et loin. Le Nouvel Ordre est en possession d'une nouvelle arme de destruction massive et plus personne n'est là pour les arrêter.»


Totalement concentrée sur le pilotage, Zeitgeist restait muette et regardait devant elle. Ce silence soudain, mis à part le ronronnement du moteur pesait énormément à Djeb. Il se sentait terriblement troublé, maintenant qu'il était un peu plus calme. Il s'était passé des choses, il avait senti un puissant trouble. 

«—Peut-on savoir où nous allons?»

Kay semblait redevenir un peu plus lui-même. Djeb voyait cette espèce d'aura bleu-vert autour de son frère d'adoption et ne savait pas trop quoi faire pour le soulager de sa tristesse et de son inquiétude.

«—Faites moi confiance et tout sera bientôt fini. Chacun de nous aura ce qu'il veut, sans embrouille.
—J'ai beaucoup de mal à le croire. Nous avons passé le blocus sans aucun problème. C'est très bizarre.
—Et pourquoi je chercherai à vous tromper? Vous croyez que je suis une esclavagiste, peut-être?»

La réponse était clairement «oui», mais Djeb préféra garder le silence. Il valait mieux ne pas trop se dévoiler devant elle. Elle était vénale, ses intentions pour le moins très troubles et son but mystérieux. Elle tourna brièvement la tête et son sourire ironique étira de nouveau ses lèvres.

«—Vous ne me faites pas confiance, je crois. Et bien dans ce cas, je vais vous montrer. Ca tombe bien, on a un peu de temps pendant le calcul des coordonnées de saut.»

La pilote releva le commutateur du pilote auto, détacha sa ceinture et leur fit signe de la suivre, d'un geste.

«—Vous ne serez pas obligés de me croire sur parole, comme ça.
—Nous montrez quoi, au juste?
—Oh trois fois rien... Juste un petit enregistrement des caméras de sécurité du casino pendant l'assaut des troupes du Nouvel Ordre. Je n'ai que les images sans le son, mais je pense que ça suffira.»

Énigmatique, elle sortit de sa veste de cuir un holocron qu'elle plaça dans le lecteur. Djeb et Kay s'exclamèrent en même temps alors qu'ils reconnaissaient Færenza, cachée sa table de casino, peu avant qu'ils ne la rejoignent.

Sur les images, on la voyait clairement parler avec deux personnes et les orienter vers la sortie. Les deux étaient bel et bien partis en la laissant là derrière. Aucun doute possible sur les images. Zeitgeist se pencha et coupa l'enregistrement.

«—Je crois que c'est suffisant. Alors, si vous marchez avec moi, faudra me faire confiance.
—Mais c'était qui ces gens? Et pourquoi elle les a aidés?
—Pourquoi ils ne l'ont pas aidée, tu veux dire!»

Kay semblait bouleversé par ces images. Il s'était à peine remis du choc qu'il replongeait tête la première dedans. Cette fois, il y avait un coupable à blâmer autre que lui-même et cela semblait galvaniser sa colère.

«—Je ne sais pas pour toi, Djeb, mais j'ai pris ma décision. Je vais aider Zeitgeist. Tu es avec moi?»

Le regard farouche de Kay braqué sur lui, il n'y avait qu'une seule réponse possible.

«—Toujours et jusqu'au bout. On est avec toi, Zeitgeist, même si tu embarques à l'autre bout de la galaxie.»

La femme afficha un large sourire de satisfaction.

«—Dans ce cas, plus une minute à perdre. On doit localiser ce qu'il reste de la Résistance. 
—La Résistance?
—Oui. Les deux personnes que vous avez vu en faisaient partie. La Résistance n'existe plus, c'est devenu un nid à criminels et à terroristes. Vous l'avez bien vu. On doit les arrêter une bonne fois pour toute, sinon la tragédie qui vous est arrivée va se répéter.»

Les deux se regardèrent, un peu surpris et choqués par la révélation. Ils avaient toujours cru en la Rébellion et ses idéaux. Ils avaient longtemps attendu la liberté, qui n'était jamais venue. 

Peut-être avait-elle raison. Ne compter que sur soi-même. Djeb retira la chevalière de son doigt et la rangea dans une poche. Il ne pouvait pas se résigner à jeter au loin un souvenir de Renz.


«—Vous avez prévenu le Seigneur Ren?»

Zan Shato regarda droit dans les yeux l'officier de communication qui transpirait à grosse goutte. Ce qu'il avait entendu lui paraissait inconcevable et devait en avoir le cœur net. Bredouillant, l'homme répondit d'une voix mal assurée.

«—J'ai bien essayé de le lui dire, mais il n'écoutait pas. 
—Cependant, vous êtes absolument sûr de ce que vous venez de me dire, lieutenant?
—Affirmatif, Monsieur. Pendant la poursuite des fugitifs, deux vaisseaux se sont échappés. Il nous a interdit d'intervenir, et nous pensions qu–
—Vous avez mal pensé, lieutenant.
—Mais Zeitgeist...
—Je sais. Vous ne savez pas qui s'est échappé dans le second transport. Ce pourrait être une très grave erreur. Retrouvez-moi la trace de ce vaisseau, pendant que je vais moi-même informer le Seigneur Ren. Rompez, lieutenant!»

Sans doute des contrebandiers ou des mercenaires. Ou peut-être pas. Il valait mieux en avoir le cœur net et jouer carte sur table avec le Suprême Leader. On ne sait jamais, ses réactions pouvaient être parfois... Imprévisibles.


«—Je n'arrive pas à croire qu'on ait fait ça.
—On n'avait pas le choix, c'était le seul moyen de nous échapper. 
—Oui, mais sacrifier le Faucon, Rey? C'était plus qu'un vieux tas de ferrailles, tu le sais bien. C'était un symbole de la Rébellion, une légende de la Résistance.»

Rey observa un moment de silence. Poe avait bien entendu entièrement raison, et l'approbation muette de Finn lui pesait tout autant qu'un long discours. Elle posa sa main sur le dôme de BB-8 qui s'était chargé du téléguidage du vaisseau.

«—Je comprends ce que vous voulez dire. J'ai beaucoup réfléchi ces dernières années et j'ai continué de croire en la Rébellion. Toujours. Et vous savez ce que j'ai fini par réaliser?
—Non, mais j'espère que tu vas nous éclairer?
—Le Faucon, c'était juste un vaisseau, mais ce qu'il symbolise, le refus de la tyrannie, la lutte pour ce qui est juste, pour la liberté, jamais ça ne disparaîtra. tant qu'il y aura un Empire ou un Suprême Leader qui voudra imposer ses volontés à la galaxie, il se trouvera toujours quelqu'un pour se dresser et se battre.»

Le discours de la jeune femme laissa les deux hommes complètement sans voix.

«—Je suis assez d'accord, mais tu sais très bien que la Rébellion n'est plus ce qu'elle était. Ca fait près de dix ans qu'on joue à cache-cache avec Kylo et on a besoin d'espoir, vois-tu. Quand la nouvelle se répandra, l'impact sera rude pour ceux qui nous soutiennent.
—Ou alors tous se léveront comme un seul pour s'opposer à la dictature.
—J'aimerais tant être d'accord avec toi, Rey. Vraiment.»

A la grande surprise de Poe, la Jedi lui adressa un sourire en pointant son doigt dans la direction devant elle. Elle les avait conduit vers une planète reculée de la bordure extérieure, dans un secteur non répertorié.

«—Dans ce cas, laisse-moi te présenter la nouvel Rébellion. Ca fait dix ans que je rassemble des partisans et il est temps de reprendre le combat. La fin de Faucon ne fait que marquer le début de la fin du Nouvel Ordre.»

Il fallait que les choses changent. Parfois, il fallait laisser le passé derrière et juste apprendre à trouver sa voie et ses nouveaux héros.

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