XI.
Zeitgest les avait menés à un petite navette de transport, rapide et discrète. Toujours mutique, Kay suivait le mouvement et Djeb commençait à sérieusement s'inquiéter.
Qu'est ce que j'aurais pu faire d'autre?
La culpabilité l'enveloppait de mauve. Toutes ces couleurs, intenses, puissantes d'où venaient-elles? Plus rien ne serait jamais comme avant, alors?
«—Attache-toi, gamin, j'ai pas envie de gratter ta cervelle tapissée à mon cockpit.
—Je ne suis plus un gamin!»
Il boucla rageusement sa ceinture et se tourna délibérément vers le hublot pour ne pas croiser le regard sardonique de Zeitgest. Il n'aimait pas cette femme, il n'y a rien qui allait dans son attitude ni dans sa manière d'être. Mais pour le moment, il voulait s'enfuir loin d'ici, mettre Kay à l'abri, le temps qu'il se reprenne et surtout se préparer pour la croisade qui l'attendait. Le mauve se teinta d'écarlate.
Je dois me calmer, pour Kay, pour Renz. Je dois venger l'une et protéger l'autre. Personne d'autre ne le fera à ma place.
Il expira pour tenter de se calmer. Alors que la pilote démarrait les moteurs et préparait le décollage, Kay reprit enfin la parole.
«—Vous comptez passer comment? Nous sommes encerclés.
—Disons qu'on a un "arrangement", le Premier Ordre et moi. J'ai fait quelques missions pour eux et en échange, ils me fichent la paix.
—Vous êtes une mercenaire.
—Garde tes jugements pour toi –Kay, c'est ça?– surtout quand tu connais pas la situation.»
Au moins, elle avait retenu le prénom de son camarade de toujours. Djeb se méfiait toutefois de la générosité subite de l'inconnue. En particulier venant d'une mercenaire. Il avait déjà entendu beaucoup trop d'histoires qui ne s'étaient pas bien terminées les concernant.
«—Vous travaillez pour eux?
—Je travaille pour ceux qui paient. C'est la vie. Mais je suis aussi une professionnelle. Je respecte mes engagements. On a un marché, t'as pas oublié, Djeb?»
Il avait l'impression d'avoir signé un pacte avec le diable. Sauf qu'il ne connaissait ni le diable, ni les termes du contrat. Ne dit-on pas qu'il faut préférer le diable qu'on connait à l'ange qu'on ne connait pas?
⁂
Poe, Finn et Rey se ruèrent dans le cockpit du vaisseau et s'installèrent chacun à leurs places respectives : Poe aux commandes, Rey à la navigation et Finn aux tourelles laser. Ils s'attendaient à des rencontres indésirables, non sans raison. Le pilote regarda la Jedi pianoter sur l'écran de vol.
«—J'espère que ton plan va marcher. Je ne suis vraiment pas à l'aise à l'idée de faire ça avec ce vaisseau.
—C'est notre meilleure chance. Et en plus, tu adores te faire remarquer.»
Elle s'interrompit, soucieuse, avant de reprendre.
«—Sérieusement, je ne sais pas l'expliquer, mais je sens que c'est ce qu'il faut faire. Tu comprends?
—Pas du tout, mais je te fais confiance, donc on fera comme tu as dit. BB-8, prêt?»
Le droïde répondit d'un bip affirmatif et volontaire. Rey sourit malgré elle et surtout malgré ce qu'elle s'apprêtait à faire.
«—Oui, BB-8, on sait. Mais on ne peut faire les deux à la fois et c'est pour ça qu'on compte sur tes compétences de radio-guidage.»
Elle ferma les yeux un court instant, avant d'envoyer la séquence dans l'ordinateur de navigation. Elle jeta un regard déterminé à Poe qui le lui rendit.
«—Un jour, un sage a dit : "Tuez tous vos héros".
—Mais pas aujourd'hui, Poe.
—Je sais.»
Il posa sa main sur celle de Rey et la pressa doucement.
«—Pour la Résistance. Et que la Force soit toujours avec nous.»
Il tendit la main et déclencha les propulseurs alors que Canto Bight était en proie aux flammes, saccagée par les stormtroopers.
⁂
Le Faucon Millenium s'éleva dans les cieux et son ascension fulgurante malgré son état piteux ne passe pas du tout inaperçue. Sous les regards des vigies et des troupes, l'antique cargo corellien se glissa dans les ténèbres filant à toute allure vers la stratosphère, vers le point de saut en hyperespace.
«—Bizarre, ils ne réagissent pas. Le Faucon est passé sous leur nez?
—Non, je ne crois pas : le Faucon est une légende. Ils l'avaient repéré, j'en suis certaine.
—Tu sais ça grâce à la Force?
—Oui, aussi.»
Comme prévu, une escadrille de Tie Fighter prit en chasse le Faucon. Celui de tête était un modèle personnalisé, celui du leader du Premier Ordre lui-même. Impossible de s'y tromper, la formation de vol indiquait clairement le rang du commandant.
Poe soupira quand il le remarqua.
«—Il est très prévisible pour un Sith.»
Rey se concentra sur son écran, faisant appel à toute sa clairvoyance.
«—Je sais que tu ne l'aimes pas, mais ne le sous estimes pas pour autant. Il se laisse aveugler par sa violence, c'est notre seule chance de parvenir à le manipuler suffisamment longtemps pour nous sortir de là. Il a mordu à l'hameçon c'est un bon début.»
Mais il peut très bien nous avaler tout rond avec.
Rey chassa ces pensées négatives pour se concentrer sur la réussite de la mission. C'était primordiale pour la survie de la Rebellion. Et pour la leur propre.
⁂
Le regard farouche, le doigt assuré sur la gâchette de tir, Kylo Ren observait le cargo louvoyer entre les tirs de batteries laser. Il avait donné des ordres clairs et nets à tous et toutes : le Faucon était à lui, et rien qu'à lui.
Les croiseurs étaient en position selon ses directives, l'escadrille était là uniquement pour les empêcher de fuir et de rester dans sa ligne de mire. Ce devait être lui qui mettrait un point final à cette rebellion qui n'avait que trop durer.
«—Tu hésites?
—Ce vaisseau ne représente plus rien pour moi.
—Qui essaies-tu de convaincre?»
Son index se crispa alors qu'il regardait la forme si familière danser dans la visée. Ce bref instant fut suffisant pour que le Faucon fasse une embardée et passe à coté du Croiseur Interstellaire sans que celui n'ouvre le feu, conformément à ses ordres.
«—Ils vont encore t'échapper et tu seras la risée des tes soldats.
—Il ne s'échapperont pas. Je les tiens dans le creux de ma main.»
Cette fois, c'était la bonne. Il le sentit. La présence de Rey, si familière et insaisissable. Sa signature dans la Force était caractéristique, si puissante. Elle le défiait. Il comptait bien lui montrer que personne ne pouvait s'opposer à lui sans en payer le prix. Une première salve de tir partit droit sur les stabilisateurs arrières du cargo.
Mais celui-ci se cabra, remontant en chandelle repassant par dessus son chasseur, pour le narguer encore un peu plus.
«—TU VEUX JOUER?»
Fou furieux et humilié, il suivit la manœuvre audacieuse du Faucon. L'intercom de bord s'alluma.
«—Seigneur, vous voulez qu'on les intercepte?
—NON! QU'ON ME LES LAISSE!»
Ses hommes ne le respectaient pas. Rey l'humiliait. Mais il allait leur montrer, à tous à quel point son pouvoir était incommensurable. Il poussa les gaz au maximum, ce qui rendait la visée encore plus difficile pour les calculateurs. Il avait décidé qu'il utiliserait la puissance du Côté Obscur pour l'assister dans cette exécution. Il voulait abattre ce vaisseau, le faire disparaitre, le réduite en poussière, le réduire à néant et ne plus jamais en entendre parler.
Il concentra toute sa volonté dans ce sens et deux traits rouges luisants vinrent percuter les boucliers du Faucon qui explosèrent sous l'impact, détruisant au passage la propulsion.
«—Je t'ai eue! C'EST FINI!»
Désormais immobilisé et dévié de sa trajectoire par la puissance des turbo-lasers, le Faucon dériva, attiré vers l'atmosphère de la planète. Savourant enfin sa victoire nette et surtout définitive, le Suprême Leader décida de donner le coup de grâce.
«—Adieu, Rey. Tu avais choisi le mauvais camp.»
Il déclencha une dernière salve de tir sur le cargo. Privé de ses boucliers, il explosa avant son entrée dans la mésosphère de Cantonica, envoyant des gerbes d'étincelles et des débris, semblables à des étoiles filantes depuis le sol.
Après tout, c'était la fin de la Resistance et ça méritait bien un petit feu d'artifice.
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