VII
Alarme. Cris. Messages d'évacuation diffusés dans plusieurs langues. La foule de spectateurs s'était changée en masse grouillante de fuyards cherchant à échapper aux soldats du Nouvel Ordre.
Profitant de la cohue et du chaos, Rey agrippa par le poignet son acolyte : il fallait empêcher Faaren de fuir par une porte dérobée. Il semblait avoir prévu le coup, ils devaient agir vite. Ils lui coupèrent toute retraite en se jetant entre lui et la sortie.
-Vous nous quittez déjà?
Elle ôta son masque pour que son interlocuteur comprît très vite la situation. A en juger par ses yeux, l'effet fut plutôt réussi : le message semblait très clair pour l'industriel.
-Des rebelles! Déployez la sécurité, immédiatement!
Un peu trop, pour tout dire.
Aussitôt, les batteries à turbo-laser descendirent du plafond pour passer en mode rechercher-détruire. Mais c'était sans compter l'intrusion des Hutts. Les trois compères s'étaient invités aux réjouissances et ils espéraient bien en profiter.
-Bon sang, Rey! Si on y passe pas, ce sera un vrai miracle!
-La Force est avec nous, tout ira très bien. Faaren, donnez moi le transpondeur. Maintenant!
Son pouvoir de persuasion ne marcherait pas avec lui. Elle le savait. Un esprit de rouages et de politique bien trop complexe pour se laisser subjuguer par un simple tour de passe-passe. En revanche, le blaster restait un argument percutant.
L'homme regarda la débandade dans le casino, les transports de troupes qui se posaient tout autour, visibles depuis les baies vitrées, les tourelles qui tiraient à l'aveuglette. Il plongea sa main dans la poche intérieure de sa longue veste chamarrée pour tendre l'artefact à la Jedi, la main tremblante.
-Prenez, mais laissez-moi partir, par pitié! Je n'ai rien à voir avec cette incursion, je le jure!
-On vous croit sur parole, Faaren!
Finn régla son blaster sur "assommer" et se contenta de le neutraliser.
-Au moins, au sol, il ne craint rien.
Ils enjambèrent le corps inanimé de l'ex-sénateur pour emprunter l'issue de secours en se protégeant des tirs de laser qui s'écrasaient sur les murs tout autour d'eux. Une tourelle les avait pris pour cible, les empêchant d'emprunter la porte.
A l'instant où ils se baissèrent pour éviter une rafale, ils tombèrent nez - nez avec une jeune rouquine dépenaillée, visiblement morte de peur, cachée sous une table de jeu.
Finn et Rey se regardèrent, abasourdis. Ce n'était visiblement ni une cliente ni une mercenaire.
-Hey, petite, ne reste pas là, c'est dangereux!
-Je sais! J'ai voulu les prévenir, j'ai voulu! Me faites pas de mal, s'il vous plait!
Elle se mit les mains sur la tête, recroquevillée sur elle-même. La chevalière brilla un instant au passage d'un laser. La jeune fille pleurait d'angoisse. Ce détail passa dans l'esprit de Finn comme le tir du blaster : quelque chose s'alluma dans son esprit, pour disparaitre aussitôt.
-Ecoute, reste à l'abri, et tout ira bien, d'accord?
Cette fois, les Hutts s'étaient barricadés derrière plusieurs machine à sous, sous le feu des tourelles de sécurité, qui semblaient les avoir oublié. Pour le moment.
-Indique nous la sortie. C'est nous qu'ils veulent. Une fois qu'on sera loin, tu seras en sécurité.
Rey mit toute la persuasion possible pour rassurer la jeune fille qui semblait sombrer dans les abimes obscurs du désarroi.
-Tout ira bien. Respire. Dis nous comment sortir, et tout va s'arranger. Promis.
La jeune rousse exhala un long soupir, avant de se reprendre un peu. Elle regarda d'abord Rey, puis Finn. Jugeant qu'ils n'étaient pas des ennemis, elle pointa un doigt à l'ongle crasseux vers le monte-charge de service. Rey fit un bref signe de tête à son ami et tous deux se précipitèrent sous le feu nourri des tourelles qui reprirent de plus belle.
⁂
Djeb déboula en trombe dans la salle de réception, Kay sur les talons. Bousculés, malmenés, les deux jeunes gens tentaient de remonter la marée vivante qui tentait de s'engouffrer vers toutes les issues disponibles.
-Qu'est ce qui s'est passé? Ou est-elle, Djeb?
Kay commençait à paniquer, et pas seulement par contagion. C'était une vrai zone de guerre. Djeb sentit quelque chose arriver sur lui, et se baissa. Le tir de blaster vint exploser l'applique murale, juste derrière sa tête.
-Et si elle est...?
-Non, je t'interdis de dire ça. On va la retrouver, sortir d'ici et ensuite, on s'en ira. Ensemble.
Plus facile à dire qu'à faire. Cette fois, les storms troopers investissaient les lieux, et commençaient à faire des prisonniers.
-Si ils découvrent qu'on a tué Shailoth, ils vont nous exécuter séance tenante!
-Tais-toi et aide-moi à la trouver.
Djeb s'était montré plus péremptoire et sec qu'il ne l'avait voulu. Mais il commençait à sentir sa propre peur lui tenailler le ventre, lui fouailler les entrailles, en plus de celle de son ami. La salle était pleine d'une tension muette, de menaces latentes et d'oppression. Toutes ces émotions rougeoyantes le brûlaient, menaçaient de le consumer. Il fallait tenir le coup et s'échapper.
-Djeb! Kay!
Un murmure rauque était sorti de sous un table massive de poker. Une fois engouffrés sous la table, ils s'étreignirent avec force et soulagement. Ce fut Kay qui parla le premier.
-J'ai cru que tu étais morte Renz'. Me refait jamais ça, ou je te tue!
Bien que les larmes avaient dessiné deux sillons sur les joues sales de Færenza, elle lui sourit chaleureusement.
-Je propose qu'on reparte comme les deux autres : par le monte-charge!
-Les deux autres?
-J'ai senti qu'ils ne me voulaient pas de mal, alors je les ai aidés. Je ne sais pas pourquoi.
Elle les regarda tour à tour, gênée, avant de désigner du menton le voyant lumineux du monte-charge.
-L'ascenseur est de nouveau libre.
Elle sortit de sa poche la télécommande et pressa le bouton d'appel. Le témoin s'alluma aussitôt. Puis le silence se fit soudainement, alors que les derniers crépitements des armes à énergie s'interrompirent.
Les trois amis risquèrent un coup d'œil depuis leurs inconfortables et surtout inutile position d'observation. Une paire de bottes noires s'avançaient au milieux des soldats en armures blanches.
-Très bien. Ou sont-ils? Le Seigneur Ren arrive, ils ne doivent s'échapper sous aucun prétexte.
C'était une voix métallique, déformée par un vocodeur. Sans voir l'officier, il était évident qu'il portait un casque. Le silence de mort se poursuivit, pendant que les trois se regardèrent, hésitant sur la marche à suivre. Un soldat s'approcha et se mit au garde-à-vous.
-Nous avons sécurisé le périmètre. Toujours aucune trace d'eux.
-Fouillez partout. Exécution.
Renz regarda les garçons et forma sur ses lèvres les mots "on y va". C'était un pari risqué. Mais moins risqué que de tomber dans les mains des militaires. Elle entama le compte à rebours, alors que les soldats se rapprochaient, en scrutant le moindre détail du carnage ambiant, attentifs aux moindres mouvements, à la recherche d'ennemis.
Un
Kay fixait les lèvres de Renz, l'air apeuré pendant que Djeb luttait contre les émotions qui menaçaient de le submerger.
Deux
Les soldats s'approchaient de leur cachette. Le monte charge était en place, et n'attendait plus qu'eux. La voix métallique retentit.
-Qu'est-ce que c'est? Là dessous? Soldats! Feu!
Tr...
Ils sautèrent sur leurs jambes, comme jamais auparavant ils ne l'avaient fait, même pour échapper aux cruautés de leur ancien maître. Les tirs sifflèrent autours d'eux. Juste un effort...
Tassés dans l'ascenseur, la porte se referma d'un trait sur eux.
-On l'a fait! J'y crois pas, on l'a fait! Vous avez vu ça?
Kay était tellement au bord de l'émotion que sa voix déraillait. Djeb sentit le froid. Une main qui glisse. Une douleur. De la peur. Et de la tristesse. Une tristesse infinie, insondable. Un puit noir et sans fond.
-Renz?
La jeune rouquine tomba sur ses genoux, sa main laissa une trainée ensanglantée sur la paroi. Kay la rattrapa dans sa chute. Le laser l'avait transpercée, laissant un trou dans son abdomen.
-NON! T'AS PAS LE DROIT! TU VIENS AVEC NOUS! S'il te plait, reste avec nous...
La tête de Færenza sur ses genoux, Kay posa la main sur son front.
-Djeb, faut la soigner! On va te guérir. Promis, je ferais plus de bêtises!
Kay se mit à murmurer des choses sans suites, alternant suppliques et promesses. Puisant dans ses ultimes forces, Renz remua péniblement les lèvres.
-J'ai... accompli mon rêve... C'est à vous... Maintenant...
Un pâle sourire naquit sur ses lèvres, alors que ses yeux reflétaient la lumière blafarde de l'ascenseur.
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