Les étoiles se reflétaient dans l'eau en contrebas. C'était magnifique.

J'escaladais rapidement la rambarde et m'y assis, les jambes dans le vide. J'avais l'impression de voir le ciel s'étendre sous mes pieds, c'était véritablement magique. Un sourire étira mes lèvres pour la première fois depuis bien trop longtemps.

Je me laissai absorber par le reflet et me perdis dans mes souvenirs sans vraiment m'en apercevoir.

-Regarde, on voit le ciel dans l'eau ! fit une grande blonde en me tirant joyeusement vers la limite du pont.

Je me laissai faire à contrecœur. J'étais de mauvaise humeur depuis le matin et n'avais aucune envie d'aller admirer des copies de petits points lumineux dispersées sous nos pieds.

-Arrête de faire la tête et regarde en bas, m'ordonna-t-elle.

Je soupirai mais m'exécutai.

Ma mauvaise humeur s'envola à l'instant précis où mon regard se posa sur les reflets, remplacée par une joie enfantine.

La jeune fille à mes côtés perçut immédiatement le changement.

-Alors ? Ça valait le coup, non ? me sourit-elle en passant un bras autour de mes épaules.

Je me contentai de lui sourire en retour et de reporter mon attention vers le bas.

Après un long moment de contemplation, je finis par me détourner.

-Il est tard, on devrait rentrer, déclarai-je.

-Ouais. Je te ramène ?

-J'ai plus quatre ans, Lu, ris-je. Et puis si quelqu'un doit raccompagner l'autre c'est à moi de te ramener.

-Qui a décidé ça ?

-Moi, répondis-je simplement.

-T'as peur que quelqu'un m'enlève à cause de ma beauté ? me taquina-t-elle.

-Fais gaffe à tes chevilles, répliquai-je.

Nous restâmes de longues secondes à nous observer silencieusement et sans bouger, un sourire aux lèvres, jusqu'à ce que je finisse par m'approcher d'elle et par l'embrasser furtivement.

-Maintenant je peux rentrer. Bye ! lançai-je en me retournant.

Je n'avais pas fait trois pas que Lu était en train de me serrer contre elle. Elle me tenait trop fermement pour que je puisse me retourner et lui faire face, je dus donc me contenter de prendre ses mains qui se trouvaient sur mon ventre. J'adorais sentir la chaleur de son corps contre le mien ainsi que son souffle dans mon cou. À mes yeux, il était évident que cet instant serait éternellement le plus beau de toute ma vie.

-Je t'aime plus que tout, soufflai-je.

Sa seule réponse fut de me serrer encore plus fort dans ses bras.

Je levai les yeux vers les véritables étoiles. Connaissaient-elles l'amour ? Bien sûr que non, elles n'étaient pas plus capables de ressentir des émotions qu'un rocher ou un morceau de plastique... Ma propre bêtise m'arracha un léger rire.

-Si vous vous revoyez un jour, je te promets que je te le ferai regretter, siffla mon père à l'attention de ma petite-amie.

-Papa... tentai-je prudemment en prenant son bras.

Il fit un grand geste pour me repousser qui me fit tomber dans les graviers du jardin.

-Ça va ? réagit instantanément Lu en avançant les bras dans ma direction.

-Ne t'approche pas ! hurla mon père.

Elle se figea sur place, pétrifiée telle une statue.

Je me remis debout avant de lui adresser un petit signe de tête pour lui signifier que tout allait bien.

-Vas-t-en rapidement si tu ne veux pas que je te jette dehors moi-même, reprit-il.

-Papa, réessayai-je.

-Toi, tais-toi ! Je ne comprends pas ce qu'il t'est passé par la tête pour vouloir sortir avec elle... Je pensais t'avoir inculqué plus de valeurs que ça.

-Je...

-Tais-toi, j'ai dit ! s'époumona-t-il. Crois-moi, si j'avais d'autres enfants je n'aurais pas hésité à te jeter dehors avec cette fille alors évite de la ramener. C'est bien clair ?

-Je...

Il n'attendit même pas que je lui réponde avant de reporter son attention sur Lu.

-Toujours là ?

-Monsieur, je suis vraiment amoureuse de... commença-t-elle.

Elle ne put pas aller au bout de sa phrase, le poing de mon père s'étant écrasé sur son visage. Sous le choc, je ne réagis même pas, me contentant d'observer la scène, les yeux écarquillés.

-Sors, ordonna mon père. Sors tout de suite si tu tiens à voir le jour se lever demain. Si je te revois ne serait-ce que roder dans le quartier, je ne garantis pas d'avoir assez de self-control pour que tu t'en tires.

Le regard de ma petite-amie se posa sur moi. Il était empli d'une terreur pure comme on ne pouvait en ressentir qu'en de rares cas extrêmes. Elle avait véritablement peur pour sa vie. Et le pire était que je savais qu'elle avait raison.

Voyant le bras de mon père se lever à nouveau, je me précipitai pour m'interposer. La violence du coup me mit directement au sol. Je lui avais dit depuis le premier jour que je pouvais tout faire pour elle et elle m'avait promis la même chose des centaines de fois. Lorsqu'elle avait décidé de parler de notre relation à mon père et que je l'avais avertie qu'il risquait de vouloir sa mort, elle avait fièrement affirmé être capable de mourir pour moi. Pour nous.

Et pourtant, toujours au sol, je la vis s'enfuir sans un regard en arrière.

Être une étoile devait être agréable. Elles ne connaissaient pas l'espoir ni la déception.

Dès que j'avais pu m'enfuir de la prison qu'était ma maison, j'avais couru chez Lu. J'avais sonné. J'avais frappé à la porte. Je l'avais appelée. Mais rien. J'avais fini par me laisser tomber devant sa porte, l'abattement commençant à avoir raison de moi. J'avais tenté de garder espoir. Je m'étais dit qu'elle n'était peut-être pas chez elle pour le moment. Alors j'avais attendu, m'accrochant à ce petit bout d'espoir.

Jusqu'à ce que la porte ne finisse par s'ouvrir sur sa mère. Je me mis rapidement sur mes pieds.

-Je vais devoir te demander de rentrer chez toi, me dit-elle d'un ton sec. Je ne sais pas ce que tu lui as fait mais ma fille refuse de te voir.

-Elle... Pourquoi ? lâchai-je.

-Tu dois le savoir mieux que moi. Quoi qu'il en soit elle m'a demandé de te faire partir et de te transmettre qu'elle ne voulait plus jamais te revoir.

Sur ces mots, elle claqua la porte. Les larmes me montèrent aux yeux et se mirent à couler sans que je ne puisse les retenir.

Au final, rien n'était réel, tout n'était que mensonges.

Non, vraiment, les étoiles avaient la belle vie, elles ne connaissaient rien des difficultés humaines.

La peur était le pire des poisons, elle pouvait faire tellement de mal à une personne que celle-ci en oubliait toutes ses promesses, tous ses espoirs, tous ses rêves. Mais l'amour n'en était pas bien loin...

Moi, je n'avais pas peur. De toute manière, je n'avais plus de raison d'avoir peur.

Je levai la tête vers le ciel et souris aux étoiles, avant de faire de même pour leur reflet.

J'avais toujours souhaité être une étoile... Est-ce qu'elles voudraient bien de moi ? C'était ma seule interrogation.

-Bien sûr que oui, souris-je.

Elles avaient certainement une place qui m'attendait parmi elles...

Je sais pas pourquoi j'ai écrit un truc aussi déprimant mais en tout cas j'étais inspirée x) J'ai écrit cet OS en seulement une heure ! *fierté d'un instant*

J'espère que vous avez aimé, ça change de ce que j'écris normalement alors je voudrais bien avoir vos avis ^^

Merci d'avoir lu !