𝙻𝚎 𝚌𝚑𝚊𝚗𝚝 𝚍𝚎𝚜 𝚌𝚘𝚚𝚞𝚎𝚕𝚒𝚌𝚘𝚝𝚜

𝙄𝙛 𝙄 𝙝𝙖𝙙 𝙩𝙤 𝙗𝙚 𝙖𝙣𝙮𝙬𝙝𝙚𝙧𝙚 𝙬𝙞𝙩𝙝 𝙖𝙣𝙮𝙗𝙤𝙙𝙮

𝙔𝙤𝙪 𝙘𝙖𝙣 𝙗𝙚𝙡𝙞𝙚𝙫𝙚 𝙄'𝙙 𝙘𝙝𝙤𝙤𝙨𝙚 𝙮𝙤𝙪

― Tyler Ward

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Dix ans auparavant — chez Yoongi.

Une myriade d'étoiles peignait actuellement le plafond de sa chambre. C'était comme si un semblant d'univers se matérialisait sous leurs yeux. À cet instant, le monde n'existait plus, il n'y avait que lui, Hoseok et cette Voie Lactée lumineuse.

— Dis, tu as déjà voulu visiter l'espace ?

— Pas vraiment, ça m'effraie. Vivre sur Terre est déjà assez éprouvant.

— Mais hyung, tu es fan d'étoiles depuis que je te connais, tu n'as jamais voulu les voir de près ?

Yoongi se plaça sur son flanc gauche pour regarder Hoseok qui admirait le plafond avec un air émerveillé. Comment pouvait-il lui dire que ça n'avait jamais été les étoiles qui l'intéressaient à proprement parler, mais avec qui il les regardait ? Comment pouvait-il lui avouer qu'il s'était pris d'intérêt pour elles uniquement parce que Hoseok lui avait un jour dit qu'il aimerait voir une étoile filante, au moins une fois dans sa vie ? Yoongi ne savait pas comment le faire pour la simple et bonne raison qu'il en avait peur.

— Parfois, il vaut mieux se baser sur son imagination que d'affronter la réalité au risque d'être déçu.

— C'est vrai... J'ai été trop triste de voir que la personne que j'idolâtrais depuis petit s'avérait être le pire des connards.

— Je m'en veux toujours pour ça, d'ailleurs.

— Pourquoi ? Ce n'est pas de ta faute si cette pourriture s'est prise pour le roi du monde et pensait pouvoir faire ce qu'il voulait. Il n'aurait jamais dû te considérer comme il l'a fait. C'est à lui que j'en veux, pas à toi. Alors arrête de te flageller.

Hoseok avait beau lui dire tout ça, Yoongi ne se pardonnerait jamais d'avoir gâché sa rencontre avec Hukiyo, un célèbre écrivain de manga. Au fond, Yoongi savait très bien que son ami avait passé le chemin du retour à voir toutes ses illusions sur son auteur préféré s'effondrer comme un château de cartes.

— Hyung, arrête s'il te plaît. Je sais très bien ce que tu fais.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, marmonna Yoongi en se tournant de l'autre côté, feignant un intérêt soudain pour sa table de chevet.

Mais Hoseok ne sembla pas se contenter de sa réponse. Il l'obligea à le regarder, cependant Yoongi mit toutes ses forces pour lui rendre la tâche difficile. Tous deux savaient très bien que le blondinet avait du mal à lui mentir dans le blanc des yeux. Malheureusement, le brunet ayant bien plus de puissance, il réussit à faire ce qu'il voulait au grand dam de son aîné.

Bien qu'ils soient l'un en face de l'autre, Yoongi persistait à fuir son regard jusqu'à ce que Hoseok, fatigué de son attitude enfantine, réduisit considérablement l'espace entre leurs visages. Il pouvait à présent ressentir le souffle chaud de son ami se fracasser sur la pulpe de ses lèvres.

— Cesse de faire le gamin et promets-moi de ne plus t'accuser de ce qu'il s'est passé l'année dernière.

— Hobi...

— Promets-le moi.

Et comment pouvait-il résister à ce garçon qui le dévisageait comme s'il était le seul être humain sur terre ? Comment pouvait-il ne serait-ce qu'un instant envisager de le duper ? C'était impossible.

— Je te le promets.

Yoongi oublierait toute cette histoire avec Hukiyo. Toutefois, il n'oublierait jamais les larmes qui s'étaient échappées sur le visage d'Hoseok, le soir de cette journée horrible. À quel point il avait voulu le prendre dans ses bras pour lui montrer que les gens pouvaient bien penser de lui ce qu'ils voulaient, ça ne l'atteignait pas. Tant que Hoseok était dans sa vie, le reste lui importait peu.

***

Un an auparavant — aéroport d'Incheon.

Le temps était maussade, tout comme l'humeur de Yoongi et de la plupart de ses amis. Hoseok était sur le point de partir vivre à des kilomètres d'eux avec son fiancé.

Hoseok leur avait annoncé la nouvelle il y a quelques semaines, après leur remise de diplômes, autour d'un verre au bar branché que Jimin et Seokjin aimaient fréquenter. Au début, Yoongi avait eu du mal à le croire, à assimiler le fait que plus jamais il n'aurait l'occasion de voir le doux visage de son meilleur ami pour qui il avait des sentiments depuis très longtemps. Puis, quand il avait vu que Hoseok disait au revoir à ses collègues de sa troupe de danse, Yoongi avait compris que ce n'était pas une blague de mauvais goût.

— Tu n'as rien oublié ? demanda Namjoon en serrant (un peu trop fort) la main de sa copine, qui grimaçait sous la douleur.

— Non, ne t'inquiètes pas.

— De toute façon, il quitte le pays, alors tant pis s'il a oublié un truc, ronchonna Jeongguk qui était désagréable depuis qu'ils étaient arrivés ici.

Hoseok soupira, puis s'approcha du noiraud qui fit mine de l'ignorer, mais ce n'était pas ça qui allait l'arrêter. Yoongi l'observa prendre leur cadet dans ses bras pour le réconforter et se fit la réflexion que, lui aussi, n'était pas contre un câlin. Cela faisait bien trop longtemps qu'ils ne s'en étaient pas fait un. Depuis que Hoseok avait fait la rencontre de Donghee, pour être honnête.

— Gukkie, je reviendrai de temps en temps, je ne compte pas rester définitivement en Angleterre, le rassura Hoseok d'une voix douce.

— Alors, ne pars pas ! Reste ici, avec nous ! Si tu t'en vas, qui va prendre soin de moi quand je suis malade ?

— Euh... Je suis juste là, Jeongguk, bougonna Taehyung.

Le plus jeune regarda son petit-ami un instant, le temps duquel l'air se chargea en électricité. Puis, Jeongguk sauta dans les bras de Hoseok, exagérant à peine ses lamentations en feignant d'être au bord de l'agonie. La scène attira pas mal l'attention des autres personnes présentes dans l'aéroport. Yoongi se sentit mal à l'aise, mais il préféra laisser Jeongguk se taper la honte comme un grand.

— Emmène-moi avec toi, hyung. Toi seul sais comment prendre soin de moi, tu ne peux pas me laisser entre les mains de cet individu fait de testostérone et d'appétit sexuel insatiable ! Je ne vais pas y survivre.

Taehyung rougit fortement aux paroles de son copain. Yoongi aurait presque de la peine pour lui s'il n'avait pas déjà le moral dans les chaussettes.

— Gukkie, arrête ton cinéma, ça ne marchera pas.

Aussi rapidement qu'il s'y était mis, Jeongguk cessa de pleurnicher comme une diva dramatique et s'éloigna de Hoseok, pour venir se blottir contre Taehyung qui tentait de creuser sa tombe avec le bout de sa chaussure.

— Pff, il y a que Taehyung que j'aime, de toute façon.

— Je croyais que tu n'avais pas besoin de moi ? répliqua celui-ci en le repoussant.

— Tu sais bien que je ne le pensais pas, mon amour. C'est toi que je veux, les autres peuvent aller se faire voir.

— Sympa pour nous, pouffa Jimin en roulant des yeux.

— La ferme, Chim.

Yoongi soupira, un tantinet agacé par le comportement des plus jeunes de la bande. Mais, il se détendit en voyant le sourire affiché sur le visage d'Hoseok. Il supporterait tous les enfantillages de ses cadets si, au bout du compte, il voyait cette douce expression prendre place sur les traits délicats de son meilleur ami.

— Mesdames et messieurs, les passagers du vol A613 à destination du Royaume-Uni sont priés de se rendre aux portes d'embarquements. Ladies and gentlemen...

Les sept amis retrouvèrent leur calme à l'entente de l'annonce. C'était le moment où ils allaient se dire au revoir pour un temps indéterminé, où ils étaient tous ensemble pour la dernière fois. D'un geste las, Hoseok attrapa son sac près de lui et s'approcha d'eux.

— Vous allez me manquer les gars, énormément !

Seokjin fut le premier à lui dire au revoir, il lui souhaita un bon voyage. Mais lui assura qu'il attendait avec impatience leurs retrouvailles. Quant à Namjoon et sa copine, une bonne continuation et beaucoup de bonheur pour sa vie de couple. Jimin poursuivit en lui faisant promettre de ne pas oublier sa langue natale et de ne pas se faire marcher sur les pieds par des idiots d'anglais. Après lui, Taehyung et Jeongguk l'enlacèrent et le remercièrent pour tout ce qu'il avait fait pour eux (c'était en partie grâce à lui qu'ils s'étaient connus).

Quand ce fut son tour, Yoongi perdit ses moyens et fondit en larmes en prenant Hoseok dans ses bras. Aucun d'eux ne dit quelque chose, ils n'en avaient pas besoin parce qu'ils étaient ceux qui se connaissaient depuis le plus longtemps et le mieux. Hoseok resserra son étreinte avant de se détacher pour faire face à Yoongi, qui avait du mal à supporter la douleur lancinante dans sa poitrine.

— Bon courage pour ta première journée de boulot, hyung. Tu feras un super prof d'astronomie.

— Merci.

Les joues en feu, les yeux brûlants, Yoongi ne sut pas quoi dire d'autre. Ou peut-être que si. Mais ce n'était ni le moment, ni le lieu. Alors, il contint les hurlements de son coeur aussi fort qu'il le put au fur et à mesure que Hoseok s'éloignait de lui.

— Je vous aime les gars, prenez soin de vous !

Sur cette déclaration, Hoseok tourna les talons et se dirigea vers l'autre côté de l'aéroport. Les six amis le regardèrent s'en aller pour sa nouvelle vie, pour son avenir aux côtés de son fiancé. Avant de franchir les derniers mètres, Hoseok leur fit signe de la main, un grand sourire sur les lèvres. Lorsqu'il disparut, tout le monde se rassembla autour de Yoongi, qui ne put arrêter ses larmes de couler.

— On est avec toi, hyung, chuchota Jimin dans son oreille. On ne t'abandonnera pas.

Cela fit chaud au coeur de Yoongi de savoir ça, même si le seul qui pouvait éteindre le brasier qui consumait son âme se trouvait sur le point de le quitter.

***

De nos jours — au Silent Night.

La musique sortait des enceintes à un volume beaucoup trop élevé. Et s'il n'avait pas un petit coup dans le nez, Yoongi ne la supporterait pas .

C'était l'anniversaire de Jimin et celui-ci avait voulu le fêter ici, dans son club préféré. Si les autres n'avaient pas tardé à répondre présent, ce n'était pas le cas de Yoongi. Pour cause, la correction des copies de ses étudiants lui prenait un temps fou et il n'avait pas envie d'être pénalisé pour ses futures vacances. Il avait donc dit qu'il viendrait à condition qu'il ait terminé. Heureusement pour lui, il avait eu l'idée de faire un QCM.

C'était donc de bonne humeur que Yoongi avait rejoint ses amis au Silent Night vers 21:30 pour célébrer les 27 ans de Jimin. Tous sur leur trente-et-un, les six hommes étaient entrés dans le club avec la ferme intention de s'amuser comme s'ils avaient encore 18 ans. Ils avaient chacun leur tour commandé une boisson avant d'aller s'asseoir à la table réservée par le roi de la soirée, prêts à faire la fête.

Quelques shots de Tequila plus tard et une danse endiablée (il avait plutôt bougé son corps en essayant de ne pas toucher maladroitement quelqu'un d'autre), Yoongi regagna leur table, la gorge sèche. Mais sa tête se mit à valdinguer de gauche à droite un peu trop vite à son goût. Alors, au lieu de s'installer, il se dépêcha de se rendre aux toilettes avant qu'il ne risque de dégobiller sur un inconnu. Sans savoir par quel miracle, le professeur d'astronomie réussit à atteindre la cuvette pour vider son estomac à temps. Il attendit quelques minutes avant de se relever, tirer la chasse et sortir pour se nettoyer la figure au lavabo.

En observant les lieux, Yoongi se fit la réflexion que le Silent Night était bien la seule boîte de nuit qui prenait soin de respecter les critères d'hygiène. Tout était propre, rien ne traînait et c'était un vrai exploit qu'il n'y ait même pas un couple en train de baiser dans une des cabines. On était bien loin des clichés et c'était sans doute pour ça que le club était aussi apprécié.

Yoongi se lava les mains, se mouilla le visage à nouveau puis sortit. Il se sentait un peu mieux, du moins sa tête avait arrêté de tanguer. Il s'assit aux côtés de Taehyung dont l'épaule était occupée par un Jeongguk profondément endormi. Le châtain croisa son regard lorsque Yoongi pointa du doigt leur ami.

— Il passe de mauvaises nuits en ce moment, je préfère ne pas le réveiller au risque de me coltiner son humeur massacrante.

— Tae, s'il continue d'être désagréable comme ça, faut que tu lui dises. Tu ne vas pas le supporter encore longtemps. Il faut qu'il comprenne que toi aussi, tu as peur que votre demande d'adoption soit rejetée. Il n'est pas le seul à vivre ça.

Taehyung soupira, posant l'arrière de sa tête sur le mur.

— Je sais... Mais, hyung, Jeongguk a toujours été comme ça, le défendit-il. Il a toujours eu un caractère de merde et ça ne m'a jamais embêté plus que ça parce que je ne suis pas un cadeau non plus. Sauf que ces derniers temps, on ne se parle que pour se mettre sur la gueule et parfois, pour des broutilles. Je n'aurais jamais dû le pousser à faire ça. Par moment, je regrette de lui en avoir parlé.

Yoongi ne sut pas quoi lui dire. Cette situation était bien trop délicate pour qu'il s'en mêle, ça ne le concernait pas, quoi qu'en dise Taehyung qui se confiait à lui depuis quelques mois. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Taehyung et Jeongguk avaient toujours partagé un lien fort et incomparable. Personne n'arrivait à les séparer. Mais comme toute histoire d'amour, la leur avait connu de nombreux périples qui se terminaient parfois bien, parfois mal. Cependant ils s'aimaient toujours comme au premier jour.

Alors, Yoongi était persuadé que ces deux-là surmonteraient cette nouvelle étape. Ils avaient bravé des obstacles bien plus coriaces, bien plus difficiles et ils étaient toujours ensemble. Yoongi ne pouvait pas s'imaginer un seul instant ses deux amis se quitter. D'autant plus qu'ils comptaient adopter un chien.

— Parles-en avec lui, Tae. Je suis sûr qu'il a besoin que tu le rassures, lui conseilla Yoongi. C'est peut-être un grand gaillard plein de tatouages et de piercings, mais il reste un grand bébé d'amour qui ne demande qu'à se faire comprendre.

— Tu as sans doute raison... C'est vrai que c'est un bébé d'amour, c'est le mien, fit Taehyung en caressant avec tendresse la joue du noiraud qui dormait paisiblement sur son épaule.

Yoongi ne sut pas si c'était son imagination qui lui jouait des tours, mais il crut voir le temps d'une seconde un sourire se peindre sur les lèvres de Jeongguk.

— Hey les gars, je viens d'avoir une idée sensationnelle !! s'écria Jimin qui les rejoignit au même titre que Seokjin et Namjoon.

— Oh, vraiment ? Si c'est sensationnel, il faut que tu nous le dises ! le charia Yoongi, l'expression faussement impressionnée.

— Et si on organisait un voyage à Jeju pour qu'on se réunisse tous ensemble ? Ça fait trois mois depuis la dernière venue d'Hoseok en Corée ! Il me manque et j'ai pas envie d'attendre que monsieur Donghee veuille bien le laisser venir nous voir.

Yoongi fronça les sourcils à l'entente du nom de Donghee. Lorsque Hoseok était revenu les voir pour les vacances, il avait remarqué que quelque chose n'allait pas. Il ne savait pas quoi exactement, mais son instinct lui disait que son meilleur ami n'était pas aussi heureux qu'il le prétendait. Yoongi ne les avait pas vu dès leur arrivée, il avait été pris par les réunions pédagogiques, mais une fois libre, son sang n'avait fait qu'un tour lorsqu'il avait vu que Hoseok avait perdu du poids. Sa peau habituellement radieuse s'était ternie et blanchie considérablement. À ce souvenir, le professeur attrapa le verre de shot et se servit une bonne lampée de Tequila pour faire taire son envie de meurtre.

— Chim, ce n'est pas de la faute d'Hobi, expliqua Namjoon, haussant la voix pour se faire entendre. Il aimerait beaucoup revenir ici plus souvent, mais le travail de Donghee les empêche de voyager quand ça leur chante.

— Yoongi hyung, tu ne peux pas voir avec lui ? le supplia Jimin comme un enfant capricieux. Je suis sûr que si c'est toi qui lui demandes, il trouvera le moyen de venir.

— Je ne sais pas, je ne veux pas qu'il ait de problèmes avec son mec.

— Alleeeez, je suis sûr que toi aussi tu meurs d'envie de le revoir !

Jimin ne croyait pas si bien dire. Yoongi décomptait les jours jusqu'à la prochaine visite éventuelle de son meilleur ami. Après tout, il pouvait bien essayer d'en discuter avec lui. Ça ne lui coûtait rien.

— D'accord, je l'appellerai demain.

— Cool !!

Yoongi ne but aucun autre verre d'alcool le reste de la soirée, sa tête était beaucoup trop préoccupée par le souvenir de son meilleur ami. Un souvenir qu'il préférerait oublier.

Il entra chez lui vers 00:25, l'esprit envahit par l'idée de revoir Hoseok. En se couchant, Yoongi se fit une promesse à lui-même : s'il réussissait à faire venir son meilleur ami, il lui avouerait ses sentiments. Même si cela voulait dire de se prendre un râteau et de briser leur amitié qui ne tenait déjà plus qu'à un fil.

***

En se réveillant, Yoongi eut du mal à ne pas céder à la tentation de se rendormir. Il dut se lever, prendre une bonne douche et un bon verre d'eau avec un doliprane pour se maintenir éveillé.

Attablé face à sa tasse de café, il fixait son téléphone qui le narguait dangereusement. Il était 11:30, donc 3:30 à Londres. Peut-être ferait-il mieux d'attendre l'après-midi pour le contacter. Hoseok était sûrement en train de dormir. Décidant de repousser son appel, Yoongi finit son café, mais faillit s'étouffer lorsque l'écran de son téléphone s'alluma sur le nom d'Hoseok. D'une main tremblante, il saisit l'appareil et le porta à son oreille après avoir appuyé sur le bouton vert.

— Allô ?

— Hyung... Ta voix m'a manqué.

— Hoseok, tout va bien ?

Au son de sa voix, Yoongi sut que quelque chose clochait. Alerté, il arrêta presque de respirer pour écouter au mieux ce qu'il se passait de l'autre côté du combiné.

— Bof... Je viens de rompre avec Donghee.

— Merde... T-tu veux en parler ?

— Oh, bah il n'y a pas grand-chose à dire, tu sais, déclara Hoseok dans un soupir. On s'est engueulés, il a dit des trucs qui ne m'ont pas plu et je lui ai balancé sa bague à la figure en lui disant que c'était fini.

— Je n'ai jamais pu l'aimer de toute manière.

— T'aurais dû me le dire, ça m'aurait peut-être éviter de perdre cinq ans de ma vie.

— Parce que tu m'aurais écouté ?

— Bien sûr que oui, hyung. Tu n'imagines pas à quel point ton avis compte pour moi.

— Oh... Si j'avais su, je t'aurais dit de l'envoyer sur les roses.

— Et je l'aurais fait sans hésiter.

Yoongi se retint de rire. La situation l'en empêchait. Son meilleur ami avait besoin de lui.

— Tu es où pour l'instant ?

— Chez une amie de ma soeur.

— Je vois... Tu reviens quand alors ?

— Dans une semaine, le temps que je reprenne mes affaires de son appartement et que je me charge de les envoyer en Corée.

— Si tu as besoin d'aide, tu me le dis.

— Je sais, soupira Hoseok. Comment vont les autres ?

— Plutôt bien, d'ailleurs Jimin veut organiser un voyage à Jeju pour qu'on se retrouve tous les sept.

— Je trouve cette idée excellente, mais faisons-le une fois que j'ai terminé de me réinstaller.

— D'accord, je leur dirai ça.

— Non, ne leur dis pas que je reviens. Pas tout de suite en tout cas.

— Pourquoi ?

— Parce que j'ai besoin de mettre mes idées au clair.

— Alors pourquoi tu me l'as dit ? demanda Yoongi, légèrement confus.

— Parce que toi, t'es le seul que je veuille voir.

Yoongi déglutit, réprimant cette émotion qui lui donnait envie de sourire comme un idiot. Il savait que c'était parce qu'ils étaient meilleurs amis, mais son coeur ne pouvait pas se retenir de penser que peut-être, tout au fond de lui, il était possible que Hoseok le considère bien plus que ce qu'il croyait.

— Je vais te laisser, je suis mort de fatigue. Je te tiens au courant pour mon vol, l'informa Hoseok d'une voix évasive.

— D'accord, bonne nuit, Hobi.

— Bonne journée, Yoonie.

Pour le coup, Yoongi était sûr d'en passer une très bonne. Une fois qu'ils raccrochèrent, il déposa son téléphone sur la table et fixa le breuvage sombre présent dans le fond de sa tasse.

Une semaine.

Dans une semaine, il allait revoir Hoseok, il allait pouvoir le serrer dans ses bras et pourquoi pas lui caresser les cheveux. Dans une semaine, il allait prendre soin de lui et réparer ce que Donghee avait détruit. Il ne savait pas encore comment il allait faire, mais il verrait sur le moment.

Comme promis, Yoongi ne dit rien aux autres lorsqu'il les retrouva chez Seokjin dans l'après-midi. Quand Jimin lui demanda s'il avait parlé à Hoseok à propos de Jeju, il leur avoua seulement qu'il était partant. Cela suffit à Jimin, qui ne l'embêta pas plus que ça et reprit sa partie de Mario Kart avec Taehyung et Jeongguk.

D'ailleurs, ces derniers semblaient avoir retrouvé une complicité. Yoongi soupçonnait que son conseil avait porté ses fruits. Jeongguk était même plus tactile que d'habitude (quand ils étaient en présence des autres, il était plus timide). Ce qui n'était pas pour déplaire Taehyung qui raffolait de ce genre d'attention. Des deux, c'était lui qui était le plus démonstratif. C'était ce qu'avait remarqué Yoongi au fil des années passées à leurs côtés.

— Au fait, Yoon, tu as eu des nouvelles d'Hobi ?

Yoongi se tourna vers Seokjin, qui découpait un morceau de pomme en rondelle pour sa tarte.

— Pas grand-chose. On n'est pas restés trop longtemps, il était fatigué.

— Ah, mince, soupira le plus âgé. On m'a pourtant dit que Donghee et lui s'-

À la vitesse de l'éclair, Yoongi posa la main sur la bouche de Seokjin qui le regarda avec de gros yeux. Il observa pour voir si les autres les avaient entendus, mais ils étaient tous concentrés dans leurs occupations. Rassuré, il emmena son aîné dans le jardin, accessible depuis la cuisine. Yoongi le relâcha une fois qu'il fut sûr qu'ils étaient en sécurité, loin des oreilles indiscrètes.

— Comment tu l'as su ?

— L'amie de Jiwoo se trouve être la cousine de ma femme.

— Je vois... Ne dis rien aux autres, Hoseok ne veut pas qu'ils le sachent tout de suite.

— Je serai une tombe.

— Je suis sérieux, hyung.

— Moi aussi. Je sais tenir ma langue quand il le faut, pour qui me prends-tu ?

— Pour Kim Seokjin, 33 ans et qui a la fâcheuse tendance à dévoiler le secret des autres sans leur consentement.

— Oh, ça va hein ! Comme si l'histoire du poisson rouge de Madame Kim était une affaire d'État ! Tout le monde savait qu'il était remplacé tous les mois.

— Toujours est-il que c'est toi qui as fait courir le bruit que je l'avais volé !

— Je te le jure sur ce que j'ai de plus précieux que le secret d'Hoseok sera bien gardé.

— Je te fais confiance.

Sur cette parole, les deux amis se dirigèrent vers la porte.

— Juste pour être sûr, quand tu dis jurer sur ce que t'as de plus précieux, tu parlais bien de ta console ?

— De quoi pourrait-il s'agir d'autre ? s'interloqua Seokjin en actionnant la poignée.

— Ta femme ?

— Yoongi, j'aime ma femme de tout mon coeur. Mais ma console au moins, je peux la mettre sur pause.

Tous deux rirent comme à s'en décrocher la mâchoire tandis qu'ils regagnaient l'intérieur de la maison. Seokjin repartit aux fourneaux pour terminer de confectionner sa tarte aux pommes, pendant que Yoongi le délaissait pour s'installer sur le fauteuil. A côté de lui, Namjoon martyrisait la pauvre manette entre ses mains pour essayer de battre la Princesse Peach de Jimin, tandis que Taehyung et Jeongguk avaient abandonné le jeu pour se bécoter. Visiblement, aucun d'entre eux ne semblait avoir remarqué leur courte absence, ce qui le soulagea.

***

Hoseok lui avait envoyé par mail toutes les informations de son vol pour qu'il puisse venir le chercher. Chaque jour de la semaine, Yoongi et lui s'étaient échangé des messages via Instagram pour se tenir au courant de la situation. Que ce soit pour le voyage sur l'île de Jeju ou pour le retour d'Hoseok au pays. Ça n'allait pas plus loin que ça. De toute façon, il préférait attendre de voir son meilleur ami face à face pour parler.

Yoongi était actuellement à l'aéroport d'Incheon, faisant les cent pas dans le hall des arrivées. Toute la matinée, il s'était occupé l'esprit en essayant de trouver une tenue correcte et confortable, fouillant dans son dressing afin d'en sortir des vêtements qui s'harmonisaient. Yoongi voulait faire bonne impression, même s'il se doutait grandement que son meilleur ami lui fasse un compliment.

Alors qu'il observait le panneau où les nombreux vols étaient affichés, le monde autour de lui commença à s'agiter. Il détailla avec plus d'intérêt les informations qui défilaient sur l'écran digital, puis la tension ayant élu domicile dans ses épaules se dissipa lorsqu'il vit que le vol en provenance de Londres avait atterri. Yoongi se tourna ainsi vers les portes coulissantes du Terminal 1, patientant aussi calmement qu'il le pouvait.

Les passagers commencèrent à affluer, épuisant le self-control de Yoongi qui ne savait plus comment tenir en place sans se ronger les ongles. Ce fut au moment où ses yeux virent le visage d'Hoseok qu'il comprit qu'il s'était retenu de respirer depuis leur dernière séparation. Cette impression se renforça d'autant plus lorsque son meilleur ami s'approcha de lui et le prit dans ses bras.

— Tu m'as manqué, murmura le nouveau venu d'une voix rauque.

— Tu m'as manqué aussi.

Yoongi savait qu'ils gênaient la circulation des autres personnes, mais il n'en avait que faire. À cet instant précis, seul Hoseok comptait. Il ne sut même pas combien de temps leur étreinte dura. Il était avec lui et c'était le principal. Cependant, au bout de la dixième fois qu'on leur râla dessus, ils se détachèrent l'un de l'autre et se mirent un peu plus loin pour ne plus embêter le monde.

— Le voyage s'est bien passé ? demanda Yoongi en s'abstenant de faire une quelconque remarque sur la trace d'oreiller esquissée sur sa joue.

— Ouais, mais je t'avoue que j'ai hâte de rentrer chez ma soeur et pioncer jusqu'à ce que les étoiles soient la seule chose que je vois en me réveillant.

— Oui, donc tu t'es retrouvé avec un voisin casse-couilles.

— Le mot est faible. Bon, allons-y, noona m'a dit qu'elle me laissait son double de clés dans sa boîte aux lettres.

— Elle ne sera pas là pour t'accueillir ?

— Non. Elle est partie à Busan pour les affaires, expliqua Hoseok en marchant vers la sortie de l'aéroport. J'ai donc l'appartement pour moi tout seul pendant deux semaines.

— Tu vas pouvoir te reposer comme il faut alors.

— Ça, tu l'as dit.

Ils montèrent dans la voiture de Yoongi avant de s'éloigner de l'aéroport d'Incheon pour se rendre dans le quartier où habitait Jiwoo, la grande soeur du brunet. Le trajet se fit en silence, premièrement parce que Hoseok dormait comme un loir, deuxièmement parce que Yoongi ne voulait pas l'embêter plus que ça. Ce fut alors accompagnés d'un petit fond musical que les deux hommes roulèrent dans les rues de Séoul.

***

En entrant dans l'appartement, Hoseok lâcha son sac promptement avant de se ruer dans la chambre d'amis. Là, il s'écroula dans le lit sans plus attendre. Yoongi se retint de sourire face à cette scène qu'il trouvait adorable.

— Tu veux que je te laisse tranquille ? demanda-t-il en posant les valises dans un coin de la pièce.

— Non, reste. Je vais aller prendre une douche, puis on se commandera à manger.

— T'es sûr ? Je peux y aller.

Hoseok se hissa hors du lit avant de s'approcher de lui d'un peu trop près. Tellement près qu'il recula au point de se cogner le dos dans le chambranle de la porte. Yoongi ne comprit pas pourquoi il agissait de la sorte, encore moins lorsque Hoseok déposa un baiser à la naissance de son cou.

— Et si tu ne partais pas, hyung ? Et si tu restais avec moi et qu'on faisait enfin ce que tu attends depuis toujours ?

Yoongi ne sut pas quoi répondre, bien trop choqué de l'attitude d'Hoseok. Qu'est-ce qui lui prenait ? Il espérait que ce soit simplement la fatigue du voyage qui lui embrouillait l'esprit.

— Tu ne penses pas ce que tu dis.

Yoongi le repoussa, puis sortit de la chambre. Il s'apprêtait à s'en aller quand Hoseok surgit devant lui, forçant le contact entre leurs deux corps. Quelque chose n'allait pas, à présent il en était sûr et certain. Ça lui fichait une peur bleue, mais il n'en montrait aucun signe. Yoongi tenta de le maîtriser, de rejeter la moindre avance un peu trop intime à son goût. Cependant, plus il le faisait, plus Hoseok s'énervait.

— Pourquoi tu ne veux pas ?? s'écria celui-ci en s'écartant, le souffle court. Je ne te plais pas ?

— Hoseok, pourquoi tu fais ça ?

Yoongi ne l'avait jamais vu aussi mal en point. Son physique ne semblait pas être le seul à être impacté, son mental l'était également. Cette constatation fut comme un coup de poing violent dans le thorax.

— Allez, hyung, je sais que t'en as envie, minauda Hoseok en se rapprochant.

— Ça suffit ! tonna Yoongi. Arrête ça, ce n'est pas toi.

— Alors je suis qui ?

Hoseok prononçait ses mots avec une telle fragilité que c'en était horriblement triste.

— Je suis qui ?! cria-t-il en tapant contre le mur. Je suis qui putain, hyung ?

— Hoseok...

— Je sais... Je suis qu'une pute qui ouvre ses cuisses comme une bonne chienne.

— Non, Hobi. C'est faux !

— Comment peux-tu en être si sûr ? cingla Hoseok, l'air fou furieux. Tu n'étais pas là, Yoongi. Je ne suis qu'une pauvre merde qui ne mérite rien d'autre que de se faire traiter comme elle le mérite.

Impuissant, Yoongi ne trouva plus la force de répondre quoi que ce soit. Il souffrait de voir son meilleur ami dans cet état. Alors qu'il pensait que la situation ne pouvait être plus pire que ça ne l'était, Hoseok lui prouva le contraire lorsqu'il le vit exploser de rire tout en pleurant.

— Je suis la petite putain de monsieur Kang Donghee, hein hyung ? Ou peut-être que je suis juste un moins-que-rien ?

— Arrête ça, tu n'es ni l'un ni l'autre. Tu es Jung Hoseok, mon meilleur ami depuis des années. Voilà qui tu es.

Il n'y avait que quelques centimètres entre eux, Yoongi pouvait sentir le souffle d'Hoseok ricocher sur son visage. Peut-être aurait-il dû s'éloigner avant que le brunet ne lui saute dessus pour forcer à nouveau le contact. Mais Yoongi résista jusqu'à ce que Hoseok, épuisé, s'écroule sur le sol.

Un torrent de larmes s'échappait de ses yeux. Sa poitrine, sous l'assaut des sanglots, se soulevait à un rythme trop rapide pour que Yoongi le lâche. Hoseok pleurait encore un bon moment avant qu'il ne retrouve son calme.

À ce moment-là, Yoongi comprit enfin les horreurs que Donghee avait causées chez son meilleur ami, bien loin de ce que celui-ci lui avait fait croire. Ce n'était pas son Hoseok qu'il avait en face, mais un Hoseok brisé et torturé par ce monstre qu'il aurait pu tuer s'il avait pu. Bouffé par la culpabilité d'avoir été absent lorsqu'il avait le plus besoin de lui, Yoongi attrapa ses poignets afin d'attirer son attention.

Des perles salées sillonnaient ses joues creusées. C'était la première fois que Yoongi assistait à cette facette d'Hoseok et c'était dur pour lui de garder son sang-froid. Mais il n'avait pas le choix. À ce moment précis, il devait lui apporter son soutien et son aide, quitte à se faire insulter. Il ne l'abandonnerait pas.

— Va prendre une douche et ensuite, tu iras dormir. Je resterai jusqu'à ce que tu fermes les yeux.

Hoseok ne répondit rien, mais il hocha positivement de la tête et s'en alla vers la salle de bain. Yoongi retrouva le fonctionnement de ses poumons. Jamais, ô grand jamais, il n'aurait pensé vivre ça un jour. Voir son meilleur ami détruit et dévasté à cause de son ex-fiancé. Il avait envie de tout brûler, d'envoyer tout valser, toutefois il n'avait qu'une seule chose à faire et c'était d'être là pour lui. C'était la seule manière de lui faire comprendre qu'il n'était plus seul dans ce calvaire.

Quelques minutes plus tard, Hoseok réapparut dans la chambre, l'air absent. Yoongi l'aida à s'allonger sous les couvertures, puis d'une main délicate, il lui caressa les cheveux. Le silence retrouva ses droits, ce qui n'était pas plus mal pour influencer le sommeil du brunet qui avait du mal à s'endormir.

— Pardonne-moi, hyung, s'excusa-t-il d'une petite voix. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je suis tellement en manque d'affection et d'amour que dès qu'on m'en donne, je disjoncte.

— Ne t'en veux pas pour ça, d'accord ? Ça arrive à tout le monde de péter un câble.

— Merci d'être là.

— T'es mon meilleur ami, je le serai quoi qu'il arrive.

Hoseok se laissa emmener doucement au pays des rêves tandis que Yoongi veilla à ce qu'il soit confortable, avant de quitter la chambre et se diriger vers la sortie. Il l'appellerait tout à l'heure pour savoir si tout allait bien.

En sortant de l'immeuble de Jiwoo, son téléphone vibra dans sa poche. Yoongi l'extirpa de celle-ci et décrocha lorsqu'il vit le nom de Jimin apparaître sur l'écran.

— Ouaip ?

— Hyung, t'es où ?

— Euh, j'étais dehors. Tu veux quoi ?

— Est-ce que tu pourrais venir chez Taehyung et Jeongguk ? Ces deux-là sont à deux doigts de se déclarer la guerre.

— OK... J'arrive.

Quand un problème se réglait, il fallait qu'un autre fasse surface. Yoongi commençait à regretter le temps où il n'y avait que lui, Hoseok et les étoiles. Arrivé dans sa voiture, il démarra en trombe et se rendit le plus vite possible (et en sécurité) au domicile de ses cadets.

En entrant chez eux, il ne fut pas surpris de trouver Jeongguk dans un coin à jouer avec ses pieds sur le sol et Taehyung, dans le canapé, les bras croisés sur le torse, le visage on ne peut plus courroucé. Yoongi se demanda si ça valait vraiment la peine de rester, il pouvait repartir ni vu ni connu à l'appartement de Jiwoo et s'allonger près d'Hoseok. Malheureusement, Jimin le vit et l'interpella comme s'ils étaient à 2Km de l'un de l'autre.

— Hyung !! Tu peux dire à ces deux idiots qu'ils n'ont pas besoin de se faire la tête pour un truc aussi puéril ?

Yoongi soupira, fatigué de leurs jérémiades interminables. Il partit s'asseoir à côté de Taehyung qui ruminait dans sa barbe inexistante.

— Bon, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Jeongguk a passé la matinée à jouer à la console, alors qu'on devait ranger et nettoyer la maison pour la visite du centre d'adoption. Mais nooon, monsieur s'est dit que tuer des Templiers était plus important.

— Bordel, mais pour la énième fois je te dis que je suis désolé ! Quand est-ce que tu vas arrêter de me prendre la tête pour ça ?

— Moi, je te prends la tête ? s'offusqua Taehyung. Bah pourquoi tu restes avec moi si je te casse les couilles autant ?

— Fermez-la tous les deux, ordonna Yoongi d'une voix calme. Jeongguk, pose ton cul sur ce fauteuil avant que je vienne le faire moi-même.

Le plus jeune s'exécuta non sans baragouiner quelque chose (sûrement une insulte) que Yoongi ne comprit pas.

— Quand est-ce que vous allez arrêter vos enfantillages ? Je croyais que tout s'était arrangé ?

— C'était le cas jusqu'à tout à l'heure, rétorqua Taehyung, les joues en feu.

— Mais vous en avez pas marre de vous comporter comme des collégiens prépubères ? tonna Yoongi, l'air agacé. Merde quoi, vous êtes en couple depuis bientôt sept ans et vous allez peut-être accueillir un chien chez vous. Il est temps que vous mettiez les choses à plat une bonne fois pour toutes !

Jeongguk triturait ses doigts tandis que Taehyung n'en menait pas large non plus. Quant à Jimin, il observait la scène sans émettre le moindre commentaire. Un ange passa, amenant l'atmosphère électrique à s'adoucir peu à peu. Yoongi n'aimait pas jouer les moralisateurs, surtout qu'il n'avait aucune expérience dans les relations de couple. Fallait dire qu'il n'avait jamais avoué ses sentiments à Hoseok et qu'il les gardait pour lui depuis trop longtemps. Il était mal placé pour prodiguer des conseils. Toujours est-il qu'il était celui auquel les autres faisaient appel quand ça tournait au vinaigre.

— Est-ce qu'on peut maintenant vous laisser sans craindre une troisième guerre mondiale ? demanda-t-il en regardant ses cadets tour à tour.

— Oui, merci hyung, répondit Taehyung d'une voix plus légère.

— Bien ! fit Yoongi en se levant. Toi, tu viens avec moi.

Il emporta Jimin sur son passage et tous deux quittèrent la maison de leurs amis. Il était hors de question que monsieur j'adore-les-potins assiste à cette discussion qui ne le regardait surtout pas.

— Pourquoi tu ne m'as pas laissé là-bas ??

— Parce que c'est leur vie, Jimin, répliqua-t-il en grimpant dans la voiture. Et puis, je suis sûr que c'est toi qui as mis le feu aux poudres.

— Toi et tes expressions de grand-père, vous me fatiguez.

Cependant, Yoongi remarqua qu'il n'avait pas nié, ce qui voulait dire qu'il avait raison de le ramener avec lui. La voiture s'engagea sur la route, puis dans un silence complet, Yoongi raccompagna Jimin chez lui.

***

Hoseok allait mieux. Yoongi s'en assurait tous les jours. Après sa crise de nerfs, il venait le voir à l'appartement de Jiwoo pour manger avec lui et passer la journée pour qu'il sache qu'il n'était pas seul. La plupart du temps, ils regardaient un film et c'était soit un de ceux qu'ils adoraient depuis leur enfance, soit ceux qui les intéressaient tous les deux. Mais si Yoongi les visionnait jusqu'au bout, ce n'était pas le cas de son meilleur ami qui s'endormait dès les dix premières minutes écoulées.

Ils n'avaient pas reparlé de ce jour-là. À vrai dire, Yoongi préférait oublier cet épisode pour ne se concentrer que sur le principal : la santé de son ami.

Si au début de son retour, Hoseok était amaigri et avait le teint pâle, à présent il avait retrouvé l'appétit, ce qui lui redonnait ses couleurs habituelles. Hoseok resplendissait de jour en jour. Yoongi eut du mal à résister à l'envie de le complimenter sur la beauté de ses yeux, sur la courbe de sa taille, ou encore sur la forme arrondie de son postérieur. Malgré le fait qu'il soit principalement à ses côtés pour l'aider à remonter la pente, il restait quand même un homme sous l'emprise de son amour.

— Tu es prêt ? Ils nous attendent.

— Oui, j'arrive.

Hoseok avait pris la décision de revoir le reste de ses amis maintenant qu'il se sentait plus en forme. Yoongi ne lui avait rien dit lorsqu'il lui avait demandé d'organiser un rendez-vous au café. C'était son choix et il n'avait pas le droit de l'en empêcher. Même si leur bulle allait lui manquer, il savait que son meilleur ami avait besoin de retrouver sa vie d'avant, celle qu'il avait avant Donghee.

D'ailleurs, ce dernier avait tenté de reprendre contact. Yoongi dut prendre un maximum sur lui pour ne pas lui hurler d'aller se faire mettre en lui souhaitant de crever en Enfer, mais Hoseok avait tenu à le faire lui-même. Ça avait été le moment le plus sexy que Yoongi ait connu jusque là. Il était retombé une nouvelle fois amoureux de lui, avec une érection gênante en prime.

— Si tu n'as plus envie, tu me le dis et on repart direct.

— Merci Yoonie, mais ça va aller.

Alors Yoongi ne broncha plus et démarra la voiture.

Ils arrivèrent au café quelques minutes plus tard, le coeur battant la chamade. L'un parce qu'il allait devoir expliquer à ses amis pourquoi il ne leur avait pas dit qu'il était de retour depuis longtemps. L'autre parce qu'il marchait aux côtés de l'homme qu'il aimait.

Cependant, à un mètre de l'établissement, Hoseok s'arrêta. Confus et gagné par l'inquiétude, Yoongi s'approcha de lui pour déceler un quelconque signe d'angoisse.

— Ça ne va pas ? demanda-t-il en le dévisageant sérieusement. Tu veux qu'on y aille ?

— Non, hyung, soupira Hoseok en souriant. Tout va bien, je me disais juste que je me sentais enfin vivant.

Yoongi ne rétorqua rien, en revanche les larmes lui montèrent aux yeux. Il ne sut pas pourquoi ces mots le touchaient autant. Mais cela le rendit tellement heureux qu'il ne réfléchit pas et enlaça son meilleur ami contre lui. Il pouvait sentir la douce odeur de vanille émaner des cheveux d'Hoseok et ça lui donnait envie de stopper le temps.

— C'est grâce à toi, Yoonie. C'est toi qui m'as sauvé la vie.

— Non, Hobi. Tu t'es sauvé tout seul, je t'ai juste poussé dans la bonne direction.

— Merci de m'avoir guidé alors.

Yoongi resserra son étreinte en guise de réponse avant de le lâcher. Ils échangèrent un sourire chaleureux, puis entrèrent dans le café, attirant l'attention des clients, mais surtout celles de leurs amis qui eurent l'expression la plus drôle qu'ils n'avaient jamais vue auparavant.

Jimin fut le premier à se lever en rouspétant sur Hoseok.

— T'allais nous le dire quand que t'étais revenu ? Tu sais que tu nous as manqué comme pas possible ? Pourquoi tu nous as rien dit ?

Cependant, Jimin fut aussi le premier à éclater en sanglots dans les bras d'Hoseok. Yoongi se retint de justesse de lever les yeux en l'air. C'était quoi ça ? Depuis quand étaient-ils aussi proches ces deux-là ?

— Je suis désolé, mais j'avais besoin d'un peu de temps.

— T'es tout pardonné Hobi, chouina Jimin qui se reprit. Par contre, toi, je te déteste pour nous l'avoir caché aussi longtemps.

Yoongi feignit d'être outré pendant quelques secondes, puis haussa les épaules pour montrer qu'il s'en fichait. La terre entière pouvait bien le détester, si au bout du compte, Hoseok était le seul dans sa vie. Ils finirent par s'installer à table après le cinéma de Jimin, qui se calma après que Namjoon lui ait dit d'arrêter ses simagrées qui n'avaient pas lieu d'être.

— Tu es venu avec Donghee ? demanda Jeongguk, la main tenant fermement celle de son compagnon.

Le visage d'Hoseok se rembrunit légèrement, mais cela ne suffit pas à déloger le sourire présent sur ses lèvres pour le plus grand soulagement de Yoongi. Il avait horreur de voir la tristesse se peindre sur ses traits, ça le rendait à la fois malheureux et colérique. Mais il savait que tôt ou tard le sujet allait être abordé et il espérait du plus profond de son coeur que Hoseok se sente apte à leur dire la vérité.

Cependant, son stress s'évapora lorsqu'il comprit que son meilleur ami était bien plus terrifié par la situation que lui. Alors Yoongi observa autour d'eux, s'assurant que personne ne voyait ce qu'il allait faire : d'un geste lent, il amena sa main vers celle d'Hoseok et la serra. À ce contact, celui-ci se retourna vers lui. Les yeux brillants, il semblait le remercier de lui apporter ce soutien.

— On s'est séparés. Donghee n'était pas celui qu'il prétendait être... admit Hoseok d'une voix tremblante. Au début, quand on s'est installés, il était adorable avec moi. Il faisait en sorte que tout soit pour le mieux. Mais au fil des mois, j'ai remarqué un changement dans son comportement. Il était plus...

Hoseok s'arrêta dans son récit, la gorge serrée. Personne ne parlait, tous concentrés sur ce qu'il leur disait.

— Il était plus violent. Dans ses mots. Dans ses gestes. Il m'insultait beaucoup, parfois de « pute » ou encore de « salope ». Il lui arrivait de le faire devant ses amis. Ça m'embarrassait, mais je me disais que c'était l'angoisse du travail qu'il tentait d'extérioriser.

Yoongi bouillonnait de colère. Entendre ça une nouvelle fois le rendait dingue. Savoir par quoi son meilleur ami était passé le révulsait au plus haut point. Il n'arrivait toujours pas à réaliser comment un homme soi-disant de bonne famille pouvait agir de la sorte envers une autre personne.

— Mais ce que je pensais vivre comme un cauchemar s'est vite transformé comme le pire des Enfers, continua Hoseok, des larmes roulant sur ses joues. Il a commencé à être plus blessant dans ses paroles, il me faisait croire que je ne valais rien du tout. Il m'obligeait à coucher avec parce que je n'étais que bon à me faire baiser selon lui. Au début, il forçait les choses et puis... Plus je me débattais, plus ça l'énervait, alors au bout d'un moment pour me punir, il baisait d'autres mecs devant moi en m'obligeant à regarder. Tout en me disant que c'était de ma faute s'il faisait ça, que je n'avais qu'à m'en prendre à moi-même pour ce qu'il nous arrivait.

Hoseok n'osait regarder aucun de ses amis durant ses explications. Sans doute que la honte de ne pas être parti dès les premiers signes lui ôtait tout courage.

— Quand je suis venu vous voir la dernière fois, j'avais envie de vous en parler, admit-il. Mais ce fils de pute me l'a interdit en me faisant comprendre que si j'ouvrais la bouche, il me tabasserait à mort. C'est à ce moment-là que j'ai eu le déclic. Il fallait que je me sauve. Donc à mon retour à Londres, j'ai attendu qu'il soit au travail pour faire mes valises et faire des cartons avec mes affaires pour les renvoyer en Corée une fois que je l'aurais quitté. Ça n'a pas été simple, j'buvais presque tous les soirs pour me donner le courage de le supporter encore et bizarrement, il s'adoucissait, comme s'il savait que j'allais partir.

Tandis que sur les autres tables, on buvait et discutait avec joie. Sur celle du groupe, plus personne ne semblait intéressé par les boissons qui leur faisaient face.

— Mais le soir où j'allais lui dire que c'était fini, il est rentré du travail complètement sur les nerfs. Il a commencé à me crier dessus, m'accusant d'être allé voir ailleurs. D'avoir ouvert les cuisses pour un autre. Tout était faux et pourtant, il a continué à m'insulter. Puis, pour la première fois depuis le début de cet Enfer, je lui ai tenu tête. Fallait dire que la demie bouteille de Whisky m'a vachement aidé. Je lui ai jeté la bague de fiançailles à la figure, en lui hurlant que tout était terminé et que plus jamais il ne me verrait.

Hoseok prit une pause pour s'essuyer le visage et renifler un bon coup afin de se dégager le nez.

— J'ai obtenu une ordonnance restrictive contre lui grâce à l'amie de ma soeur qui est avocate. Elle ne connaît pas toute l'histoire, mais elle a compris par elle-même le danger qu'il était lorsqu'il m'a suivi jusque chez elle et qu'il a tambouriné à la porte comme un fou pour me voir. Voilà, vous savez tout à présent.

Yoongi ne regarda personne d'autre que Hoseok, mais il savait que, tout comme lui, ses amis avaient envie de réduire en pièces ce monstre. Il pouvait même sentir la colère de Jeongguk gronder sourdement.

— Par la suite, j'ai appelé Yoonie pour lui annoncer que Donghee et moi, c'était fini. Il ne savait pas encore ce que j'avais vécu, je ne voulais pas qu'il le sache... expliqua Hoseok en accordant un triste sourire à Yoongi. Puis, j'ai pris un vol pour la Corée et il est venu me chercher. Sachez que depuis mon retour, il prend soin de moi.

— Un seul mot de ta part et je le tue, ce fumier, osa Jeongguk, l'air tout à fait sérieux.

Hoseok le regarda avec cette bienveillance que Yoongi lui avait toujours trouvée adorable.

— Merci, BunBun, mais ça va aller. Il s'en mordra les doigts, le karma s'en chargera.

— J'espère qu'il ne remettra jamais un pied en Corée, parce que si je le croise, je ne vais pas me retenir.

— Et pour lui faire quoi ? intervint Taehyung. Tu n'es même pas fichu de punir Yeontan quand il fait une bêtise !

— Mais t'as vu sa petite bouille ? Je suis un homme sensible. Je ne peux pas faire de mal à mon enfant.

— Voilà pourquoi tu ne feras rien à Donghee, le taquina Taehyung.

— Ce fils de pute ne mérite pas ma sensibilité. Pour qui tu me prends ? Je sais me battre, se défendit Jeongguk en bombant le torse de fierté.

— Ça, je le sais. Pourquoi je suis amoureux de toi à ton avis ?

Yoongi crut mourir d'ennui face aux deux plus jeunes. Ils étaient obligés de flirter aussi ouvertement devant tout le monde ? Il existait des chambres pour ça et en l'occurrence, ils en partageaient une. Alors, rien ne les empêchait d'y aller et de reprendre leur bécotage sans dégoûter les autres.

— En tout cas, Hoseok, si tu as besoin de quoi que ce soit, sache qu'on est là pour toi, fit savoir Namjoon, l'air bouleversé.

— Je sais, mais ne vous inquiétez pas. Yoongi m'a aidé à remonter la pente, je vais beaucoup mieux depuis que je suis de retour.

Le silence s'installa peu à peu autour de la table. Yoongi jeta un coup d'oeil sur ses amis et remarqua la profonde tristesse en chacun d'eux. Puis, il croisa le regard de Jimin et d'un commun accord silencieux, ils décidèrent de changer de sujet.

— Sinon... Vous êtes toujours partants pour Jeju ? demanda Jimin, le visage fermé.

— Toujours, assurèrent Seokjin et Namjoon.

— Nous aussi, répondit Taehyung.

— Et vous ?

Jimin s'adressait à Yoongi et Hoseok. Tous les deux se regardèrent, communiquant dans un langage qu'eux seuls comprenaient. Les mains toujours accrochées l'une à l'autre.

D'un côté, Yoongi en avait fortement envie parce que ça leur changerait les idées et puis ça leur permettrait de respirer un nouvel air. D'un autre, il se demandait si c'était le bon moment pour Hoseok de s'en aller. Il venait seulement de retrouver une stabilité.

— On sera là, répondit Hoseok à sa place.

Ainsi, le voyage était officiel. Dans quelque temps, les sept amis se rendraient sur l'île de Jeju pour vivre de belles vacances, et pourquoi pas se créer de nouveaux souvenirs.

***

Les rayons du soleil illuminaient les rues de l'île, donnant ainsi un effet paradisiaque à chaque endroit que le groupe d'amis traversait pour se rendre à leur hôtel. Yoongi était fatigué, il avait très peu dormi les nuits précédentes, bien trop stressé à l'idée de vivre deux semaines entières aux côtés d'Hoseok. Alors qu'ils passaient le plus clair de leur temps ensemble. Soit à l'appartement de Jiwoo, soit chez lui. Il ne comprenait donc pas pourquoi il était si angoissé.

— On y est, annonça Seokjin.

Les deux voitures se garèrent sur le parking de l'hôtel. Tout le monde descendit, récupérant pour beaucoup le fonctionnement de leurs jambes endormies.

— Bon, avant que vous ne vaquez à vos occupations, on se répartit les tâches ! ordonna le plus âgé du groupe. Sungi et moi nous irons nous occuper de nos réservations à l'accueil ; Taehyung, Jeongguk, Namjoon et Jimin, vous vous chargez des bagages. Quant à vous deux, dit-il en regardant Hoseok et Yoongi. Vous allez voir s'il y a des choses à faire. L'office du tourisme ne se trouve pas très loin.

À présent que tout le monde savait ce qu'il avait à faire, chacun se mit au travail, non sans quelques plaintes de la part des plus jeunes qui ne comprenaient pas pourquoi Yoongi et Hoseok étaient épargnés de corvées. Yoongi voulut leur dire d'aller chouiner ailleurs, mais il se retint et suivit son meilleur ami en silence.

Le long du trajet, Yoongi admira le champ de coquelicots qui bordait l'allée menant à l'office. Cependant, si la couleur rouge des fleurs lui coupait le souffle, c'était la silhouette d'Hoseok qui lui fit perdre ses moyens. C'était fou à quel point Hoseok pouvait être beau sans même faire d'efforts.

— C'est fermé, s'enquit celui-ci d'une voix douce. C'est ouvert demain à partir de 8:30.

— On reviendra alors, répondit Yoongi.

Ils retournèrent donc sur leurs pas, toujours accompagnés des rayons du soleil qui réchauffaient leurs corps. Yoongi porta son regard vers le visage d'Hoseok. Son teint était illuminé, soulignant encore mieux ses traits délicats. N'était-ce pas le moment idéal pour confesser ses sentiments ? se demanda-t-il. L'endroit était idyllique, la température agréable et Hoseok était redevenu lui-même depuis quelques jours.

Malgré la peur qui lui sciait les entrailles, Yoongi décida de se jeter à l'eau. Tant pis s'il se prenait un râteau, tant pis s'il allait devoir supporter le reste du voyage avec le coeur brisé. C'était maintenant ou jamais.

— Hobi ?

Hoseok se retourna vers lui, un sourire plaqué sur les lèvres.

— Oui ?

— Il faut que je te dise quelque chose et si je ne le fais pas tout de suite, je risque de ne jamais le faire.

Curieux, son meilleur ami se rapprocha de lui tandis que le champ de coquelicots se mettait à chanter sous les brises du vent. Yoongi sentit son coeur sur le point de s'arracher de sa poitrine tellement il redoutait la réaction d'Hoseok.

— Je t'écoute.

— Voilà... On se connaît depuis qu'on est gosses et jamais de ma vie je n'avais prévu ça, mais... Je suis complètement fou amoureux de toi depuis la première fois que je suis devenu celui que tu considérais comme ton chevalier protecteur. Si tu savais comme ça me rendait heureux de te raccompagner chez toi, ou comme tu l'appelais : « ta forteresse ». Je sais que nous sommes amis et peut-être que je suis en train de faire la pire erreur de ma vie, mais je-

Un bruissement dans les arbres. Des ailes d'oiseaux qui battent l'air. Les lèvres d'Hoseok sur les siennes. C'était tout ce que Yoongi perçut avant que les battements de son coeur reprennent la normale.

— Je t'aime aussi. J'ai bien cru que tu n'allais jamais me le dire.

— Tu... Tu le savais ?

— Oui, hyung. Tu as étudié les étoiles alors que petit, tu confondais Sirius et Canopus quand on les regardait.

— Hobi... soupira Yoongi, la voix riche en émotion.

— Si seulement t'avais pu comprendre que si je m'intéressais aux étoiles, c'était uniquement parce qu'il y en avait sur le tee-shirt que tu portais quand on s'est rencontrés.

Yoongi ne sut pas quoi dire, profondément touché par la situation et les aveux d'Hoseok. Alors, à la place de mots, il s'avança un peu plus de son meilleur ami, glissa sa main sur son visage et l'embrassa une seconde fois, trouvant enfin la raison de son existence. Tout en écoutant le chant des coquelicots, Yoongi et Hoseok laissèrent enfin libre cours à leur amour.

***

FIN

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en espérant que ce petit cadeau t'ait fait plaisir ma sopestan préférée <3

merci à Astelya0o1 pour la correction avec la discrétion digne d'un Assassin 😌

© 𝒕𝒂𝒆𝒎𝒐𝒕𝒔