OS 2 - TAEKOOK
𝙶𝚘𝚘𝚍 𝚏𝚘𝚛 𝚢𝚘𝚞
Kim Taehyung. Ce nom était sur toutes les bouches et même sur la mienne. Pas un jour ne se passait sans que le lycée ne parle de ce grand idiot à la beauté renversante. Ce mec avait la capacité de mettre tout le monde sous son charme ; un petit sourire et l'affaire était jouée. J'en faisais moi-même les frais chaque jour étant donné que j'étais dans sa classe. Et ça me faisait chier, parce que j'avais beau me foutre de la gueule des gens qui lui disaient amen à tout, je n'étais pas mieux qu'eux.
Pour ma part, je n'étais qu'un type lambda de seconde année qui aimait jouer au basket avec ses amis tout en essayant de tenir le rythme scolaire qu'on nous imposait. Si j'avais la moyenne ce trimestre, cela tenait du miracle vu mes grandes difficultés à comprendre la plupart des matières, et c'était pas faute de m'y mettre. Ça ne rentrait tout simplement pas. Tout ça pour dire que Jeon Jeongguk, à part mes amis, on ne le connaissait pas vraiment.
Au bahut, il n'y avait que trois personnes qui retenaient l'attention : la Kim Line formée de Kim Taehyung, Kim Seokjin et Kim Namjoon. Ils n'avaient pas le même âge et pourtant, ils avaient une sorte de connexion que l'on ne pouvait pas décrire avec des mots simples. Ils dégageaient à eux trois une aura puissante, au point de faire dévisser le cou de mes camarades chaque fois qu'ils défilaient dans le couloir. Cependant, ce n'était pas mon cas. Leur pseudo-célébrité me filait de l'urticaire plutôt que de m'avoir à leurs bottes. Je faisais partie des résistants, mais ça commençait à devenir rudement compliqué.
— Jeon, tu m'écoutes ? demanda Jimin en repositionnant ses cheveux pour la quatrième fois de la matinée.
— Non, admis-je honnêtement. Qu'est-ce qu'il y a ?
— Je te disais qu'avec Hobi hyung, on se rend à la bibliothèque après les cours pour réviser. L'examen de mathématiques risque d'être salé d'après la tête d'enterrement que tirait Monsieur Choi ce matin en arrivant, expliqua-t-il de nouveau, légèrement irrité.
— Ah. Et pourquoi tu me le dis ?
— Pour te proposer de venir, triple buse. Faudrait peut-être passer moins de temps la nuit à te branler et te mettre enfin à travailler, s'agaça le blondinet en me donnant une pichenette sur le bras.
— Excuse-moi, mais on n'a pas tous la chance d'avoir une ribambelle de personnes à ses pieds prêtes à satisfaire nos moindres petits désirs, rétorquai-je d'un ton las.
Bien que Jimin soit mon meilleur ami depuis le jardin d'enfance, il avait le don de me casser les pieds comme personne, encore plus quand il jouait l'aveugle alors qu'un garçon se battait littéralement pour gagner son coeur. Il avait beau savoir se servir de sa caboche pour terminer deuxième de la classe – le premier étant Kim Taehyung – il ne comprenait subitement plus la notice d'utilisation des commandes quand il s'agissait de remarquer les yeux dégoulinants d'amour d'Hoseok hyung ! Je commençais à penser que Jimin faisait exprès. On ne pouvait pas être naïf à ce point et le rester aussi longtemps (ça allait faire tout de même un an que hyung trimait pour que mon meilleur ami accepte d'aller en rencard avec lui et rien qu'avec lui, sans Yoongi hyung et moi dans l'équation).
La sonnerie retentit enfin, marquant la fin de la première pause. J'entrai dans la salle de cours et me dirigeai vers ma place attitrée depuis le début de l'année : tout au fond, à gauche de la fenêtre, derrière celle de Jimin. À cette heure-ci, on avait Anglais et franchement, si je pouvais me passer de cette langue étrangère, je l'aurais fait depuis bien longtemps ! Malheureusement pour moi, c'était impossible.
Tandis que je sortais mes affaires pour les poser sur ma table en attendant la venue de madame Jeong, le silence se fit dans la pièce : le troisième membre de la Trinité Kim venait de franchir de faire son entrée.
Mon regard croisa celui de Taehyung. Avec sa belle chevelure argentée, sa peau hâlée et ce sourire indéniablement irrésistible, je ne faisais pas le poids. Personne ne le faisait, ou peut-être Seokjin. Il s'approcha de sa table qui se trouvait pile à côté de la mienne, glissa sa chaise sur le sol et comme un idiot, mes yeux suivirent les mouvements de son corps quand il prit place. Je remontai aussitôt mes pupilles lorsque j'estimais les avoir laissés assez de temps sur le fessier de mon voisin – voisin qui me dévisageait, un sourire narquois affiché sur sa belle bouche pleine. Super, je m'étais fait prendre en flagrant délit...
— La vision t'a plu, Jeon ?
Mes yeux s'agrandirent et je détournai la tête pour la rentrer dans mes épaules, totalement gêné. J'avais l'air hyper malin maintenant. Mais pour qui je me prenais en disant être insensible au charme de cet Apollon des temps modernes ? Je me mentais à moi-même.
— Hello everyone ! Let's begin, shall we?
Jamais de ma vie je n'avais été aussi reconnaissant envers madame Jeong d'être arrivée.
— Qu'est-ce que t'as ? me demanda Jimin à voix basse.
Je ne pris pas la peine de répondre, secouant la tête de droite à gauche pour lui signaler qu'il n'y avait rien. Parce que c'était le cas. Bon, peut-être que j'avais maté Taehyung, et il se pourrait aussi que j'avais réagi comme une fille face à son crush. Mais ce n'était rien de significatif. Ce n'était pas comme si j'avais les joues et le corps en feu. Pas du tout.
Le cours avait commencé depuis une bonne dizaine de minutes déjà et je n'avais toujours pas repris un semblant de contenance. Encore moins lorsque Cheveux d'Argent fit tomber son stylo qui atterrit entre mes pieds. Je feignis de ne pas l'avoir remarqué en faisant mine d'être concentré sur ce que disait la professeure. Mais honnêtement, aucune information n'arrivait à parvenir jusqu'à mon cerveau. J'étais bien trop occupé à paniquer à l'idée que Taehyung ne vienne chercher son bien.
— Jeongguk-ah, m'interpella-t-il dans un chuchotement.
Je luttais littéralement pour ne pas dériver le regard vers le sien. Si je le faisais, j'étais fait comme un rat et je pouvais dire adieu à ce petit peu d'indifférence qui me tenait hors du troupeau amoureux de ce garçon. Ainsi, pour ne pas détruire ma couverture, je notai la phrase qu'écrivait madame Jeong sur le tableau. Cependant, pile à l'instant où je posai la pointe de mon crayon sur mon cahier, ma respiration se coupa. Taehyung s'était levé discrètement pour récupérer son stylo. Et alors qu'il avait plusieurs possibilités de le faire sans avoir aucun contact avec moi : posté derrière ma chaise, une de ses mains s'appuya sur mon épaule et l'autre se faufila entre mes jambes comme s'il s'agissait de la seule façon d'atteindre l'endroit où était son plume. À ce moment-là, je ne pus me retenir de rougir comme une écrevisse, d'autant plus lorsque Taehyung se redressa et s'approcha de mon oreille pour me chuchoter :
— J'adore ton prénom et je ne serai pas contre de le crier dans un autre contexte. Mais m'ignorer comme ça, c'est très méchant de ta part.
Puis il retourna se rasseoir, me laissant dans tous mes états. Le son de sa voix se rejoua dans ma tête, encore et encore, me repassant le contenu de ses mots jusqu'à me l'imaginer. C'en eût fini pour moi dès que cela me provoqua une réaction beaucoup trop gênante. Je serrai les cuisses tout en repositionnant mon pantalon d'uniforme, me cachant le mieux possible. J'étais à deux doigts de faire une syncope quand madame Jeong m'apostropha.
— Mister Jeon Jeongguk? Will you be able to give me an answer?
Interdit, je la fixai sans savoir quoi dire. De quoi parlait-elle ? Bon sang, n'arriverai-je donc jamais à rester concentré ? Je sentais la crise d'angoisse grimper à vive allure lorsqu'une voix retentit dans le silence.
— Love is mutual.
Madame Jeong me délaissa pour porter son attention sur mon sauveur qui n'était autre que mon voisin aux cheveux argentés. Je le remerciai silencieusement du regard une fois que la professeure reprit son cours. Taehyung me sourit, et pour le restant de l'heure, il me laissa tranquille.
Lorsque midi sonna, je rangeai rapidement mes affaires et quittai la salle sans plus attendre. Sur le chemin, j'entendis Jimin m'appeler mais je ne lui répondis pas, j'avais plus urgent à faire. Arrivé aux toilettes, je m'enfermai à double tour dans une cabine, débouclai ma ceinture, déboutonnai mon pantalon et le fis descendre sur mes cuisses. Je me sentais déjà un peu mieux. La bosse que je traînais depuis tout à l'heure me narguait joyeusement, me rappelant sans mal le pourquoi du comment elle était là.
— Jeongguk ?
Cette voix. La même qui m'avait mis dans cet état venait de faire irruption avant que je ne puisse me soulager. Je ne fis aucun mouvement, comme paralysé sous la peur de me faire surprendre. Avec un peu de chance, il s'en irait.
— Jeongguk, je sais que tu es là. Tout va bien ?
Non, tout allait mal et c'était de sa faute ! Pourquoi avait-il fallu qu'il fasse tomber son stylo ? Pourquoi avait-il dû me toucher, me parler d'aussi près ? Pourquoi diable devais-je être aussi réceptif ? Énervé contre moi-même et contrarié à cause de lui, je me mordis la lèvre inférieure avec force pour m'empêcher de pleurer.
— Jeongguk ? m'appella-t-il d'une voix étrangement douce. Ouvre-moi.
— Va-t'en, ordonnai-je avec le peu de courage qui me restait.
Ma gorge se nouait encore plus, me faisant atrocement mal tandis que je retenais un sanglot.
— Pourquoi ?
— P-p-parce que c-c-c'est de ta f-faute, craquai-je.
— Jeongguk, ne pleure pas, s'il te plaît. Laisse-moi t'aider.
— À faire quoi ?
— Te soulager.
Mes yeux s'écarquillèrent sous la surprise. Mais comment avait-il su ? Honteux, je remontai mon pantalon et essuyai mes larmes. J'ouvris la porte et m'éloignai de lui rapidement. Je n'allais certainement pas accepter sa demande. Cependant, Taehyung ne fut pas d'accord puisqu'il s'approcha de moi, ne laissant que peu de centimètres entre nous. Son regard sur moi m'intimidait plus que je ne pouvais l'admettre.
— Regarde-moi.
Je n'obéis pas tout de suite, mais plus je résistais, plus son aura me clouait sur place, dominant la mienne en l'envoyant se terrer dans un coin. Je levai alors la tête. Les yeux de Taehyung se fixèrent aux miens, manquant de me faire louper un battement de cœur. Bordel, pourquoi était-il si beau ? Sans que je ne contrôle quoi que ce soit, ma main se dirigea sur son visage et à ce contact, il ferma les paupières. Sa peau était incroyablement douce, pile ce à quoi je m'étais attendu. Mes doigts continuèrent leur chemin et mon pouce frôla la peau meurtrie de sa lèvre. Il ne m'arrêta pas lorsque mes phalanges parcoururent, avec une lenteur infinie, le grain de sa peau. Soudainement, il m'empêcha d'aller plus loin ; mon dos se fit plaquer contre le mur.
— Jeongguk, pourquoi tu me fais ça ? demanda-t-il à voix basse.
— Désolé, fut ma seule réponse.
Il n'était pas le seul à vouloir savoir ça. Moi aussi je ne comprenais pas ce qu'il se passait, ce qu'il m'arrivait. Pourtant, c'était comme si momentanément, je ne voyais que Taehyung et son putain de visage parfait. Lui et sa peau tannée soyeuse. Pourquoi je m'étais mis à le caresser ?
Il allait de nouveau prendre la parole quand la porte principale des toilettes pour hommes émit un bruit. À cet instant précis, mon cœur se mit à battre comme un dingue dans ma poitrine, influencé par la panique qui paralysait progressivement mes membres. Taehyung dut le ressentir pusqu'il nous fit entrer à la vitesse de l'éclair dans la cabine pour handicapé et la verrouilla. Aussitôt, sa main recouvrit ma bouche pour me contraindre au silence. Là, dans cette position pour le moins suggestive, mes yeux analysèrent le garçon face à moi. Je remarquai pour la première fois ses nombreux grains de beauté : celui sur sa paupière inférieure droite, un sur le bout de son nez, un autre sur sa pommette et enfin un sur sa bouche. Aussi fou que cela pouvait-il paraître, je mourrais d'envie de poser mes lèvres à cet endroit-ci. Le temps que je me fasse à son toucher, à son odeur, à sa présence, les personnes avaient quitté la pièce et nous étions de nouveau seuls.
Il fallait que je sorte, que je me remette les idées en place, ou j'étais bon pour finir comme ces imbéciles qui rampaient à ses pieds. Je le repoussai vivement et ouvris la porte pour me ruer vers un lavabo, prêt à me jeter sous l'eau froide du robinet. Mais quand je pensais être enfin tranquille, Taehyung sortit à son tour et me tourna face à lui.
— Pourquoi t'as fait ça ? demanda-t-il avec une fragilité que je ne lui soupçonnais pas.
— Je... Je sais pas, bafouillai-je. Oublie ça.
— Oublier ? Que veux-tu dire par là ? Ça te rebute à ce point de me toucher ? T'es homophobe ou t'es juste un gay refoulé ? enchaîna Taehyung en s'avançant un peu plus près de moi, me bloquant le passage vers la sortie.
— Arrête, s'il te plaît.
— Non. C'est toi qui me caresses le visage, c'est toi qui as la gaule en pensant à moi.
— Et alors quoi ? crachai-je, agacé par son insistance. J'ai eu la trique par ta faute et quoi ? Tu penses avoir un droit en accès illimité sur ma personne ? Désolé de te décevoir mon ange, mais on n'est pas tous sous ton charme.
J'avais signé ma damnation éternelle en osant ce mensonge. Il me plaisait. Énormément. Bien plus que je ne l'avouerais. Le visage de Taehyung se durcit ; il n'avait visiblement pas aimé ce que j'avais dit et à juste titre. Je me serais mis une claque à sa place. Il s'éloigna en direction de la porte, avant de subitement rebrousser chemin et s'arrêter à dix centimètres de moi.
— Je ne vais pas oublier ça. Je n'en ai pas envie et tu sais pourquoi ? Parce que tu me plais, putain. Tu me plais depuis le jour où je t'ai vu franchir le hall de ce foutu lycée. Tu me plais depuis que tu m'as demandé où se trouvait la salle de classe. Je me souviens du premier jour où tu m'as adressé la parole, et toi ?
— Je... tentai-je vainement, mais c'était le flou total.
— Moi, je m'en souviens, parce que je suis tombé pour toi dès lors que tes yeux si purs m'ont regardé sans une once de dégoût, sans la moindre méchanceté, poursuivit-il d'une voix plus douce, plus nostalgique. Grâce à toi, je me suis repris en main, j'ai arrêté de faire des nuits blanches, de manger n'importe comment et j'ai arrêté de m'occuper de l'opinion des autres. Deux mois après, on ne me reconnaissait plus comme le gros Kim, j'étais devenu quelqu'un de différent, de plaisant à regarder. Mais je m'en fichais des gens parce que celui qui m'intéressait, c'était toi.
Taehyung se tut, baissant la tête et bientôt, sa poitrine fut secouée de spasme. Je visualisais maintenant sans problème le garçon que j'avais vu il y a presque sept mois de ça. Celui qui portait un pull ample et un pantalon de survêtement, et qui avait de grosses lunettes rondes sur le nez. Je n'avais même pas remarqué son absence à l'époque tant j'étais obnubilé à réussir à tenir le rythme des cours. La culpabilité s'insinua dans mes veines, me faisant sentir comme le pire des idiots. Face à moi, Taehyung était en proie à ses larmes, l'envie de le consoler me gagna, mais elle s'affaiblit lorsqu'il leva son regard pour le plonger dans le mien.
— Au bout d'un moment, quand tu réagissais bizarrement quand je te parlais, j'ai vite compris que toi aussi, tu ne savais plus qui j'étais. Je me suis dit que c'était une bonne chose, que j'allais pouvoir nous offrir un nouveau départ. Puis, il y a eu ce jour ; j'ai voulu t'adresser la parole, tu m'as snobé en me disant que tu n'avais pas le temps pour les pseudo starlettes dans mon genre.
Je me rappelais de ça sans grande difficulté. Dieu que j'étais con à cette époque, je l'étais toujours mais là c'était effroyable. Si je lui avais dit ça, c'est parce que j'avais cru qu'il allait me foutre la honte devant ses adulateurs.
Un silence s'installa entre nous durant lequel il me fixait de ses yeux intensément noirs, analysant la moindre réaction de ma part. De mon côté, je tentai de digérer ses paroles.
— J'ai juste changé d'apparence, pas de personnalité. Parmi tout le monde, je pensais que toi t'aurais fait la différence. Visiblement, je me suis trompé, dit-il avec un petit sourire triste. Mais ne t'en fais pas, je ne franchirai plus la barrière, sois rassuré. Au revoir, Jeongguk.
Il tourna les talons pour se diriger vers la sortie et cette fois-ci, Taehyung ne revint pas vers moi. Je me sentais terriblement pitoyable. Comment avais-je pu devenir aussi détestable en si peu de temps ? La honte m'annihilait tout entier, je ne savais plus où me mettre. Je n'avais qu'une envie, c'était de courir après lui, mais cela aurait été déplacé de ma part alors que depuis le début j'agissais comme un vrai connard avec lui.
Je sortis des toilettes à mon tour, puis je me rendis directement dans la salle de classe. Je n'avais pas d'appétit.
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Désormais, lorsque Taehyung et moi nous croisions dans les couloirs, c'était à mon tour d'être ignoré. Il détournait rapidement la tête quand mes yeux cherchaient les siens, et jamais je n'aurais cru que ça allait me faire aussi mal.
Ce midi ne dérogea pas à la règle.
Sur les pas de mon meilleur ami, je me dirigeai vers le self pour aller manger quand j'entendis le rire mélodieux de Taehyung éclater dans les couloirs. Comme un enfant perdu sans son doudou, je regardai partout autour de moi et je finis par le trouver en compagnie de Seokjin et Namjoon. La joie lui allait merveilleusement bien au teint. Le hasard faisant bien les choses, ils étaient pile sur le chemin qui menait au réfectoire.
Au moment où je passai devant eux, le silence se fit curieusement. Mes yeux ne décrochèrent pas de sa personne, suppliant secrètement de se plonger dans les siens que Taehyung me refusa en fixant le sol, jusqu'à ce que sa silhouette ne devienne plus qu'un mirage. En entrant dans la cafétéria, je ne pus empêcher le méli-mélo de pensées se former dans mon esprit. Comment cela se faisait-il que je me sentais aussi fracassé alors qu'il avait simplement décidé de faire comme si nous ne nous étions jamais parlés ? Ce n'était pas comme si on avait rompu après des longs mois de relation. Toujours est-il que mon cœur était en miettes.
— Qu'est-ce que tu as à la fin ? demanda Jimin, me tirant de mes songes. Ça va bientôt faire deux semaines que t'es dans cet état et je crois t'avoir laissé suffisamment de temps pour me parler sans que je ne te force à le faire. Alors, pour l'amour du ciel et des petits oiseaux, dis-moi ce qu'il y a ?
— Tu te souviens de Taehyung ? Je veux dire... De comment il était avant maintenant ?
Jimin pinça ses lèvres, la mine concentrée. Il finit par secouer la tête négativement.
— Moi non plus, jusqu'à ce qu'il me le fasse rappeler dans les toilettes, après le cours d'anglais.
— Comment ça ?
— Il m'a fait bander sévère, alors je suis parti pour régler ce truc-là sans que personne ne le voie. Mais Taehyung m'a suivi et une chose en entraînant une autre, on a terminé dans la même cabine et-
— Putain de merde, il t'a masturbé ?? bondit Jimin sur sa chaise, rameutant l'attention de quelques lycéens.
— Bon sang, tu connais pas la discrétion ? claquai-je furieusement.
— Pardon, s'excusa-t-il. C'est juste que c'est énorme ce que tu me dis. Mais du coup, il t'a branlé ?
— Bien sûr que non ! Il voulait le faire, mais je l'en ai empêché.
— Alors c'est quoi le problème ?
Je lui expliquai de ce fait ce qu'il s'était passé entre Taehyung et moi ce jour-là. Le visage de Jimin passa par toutes les expressions possibles : l'effarement, la surprise, le jugement. Une fois que j'eus terminé mon récit, mon meilleur ami me fixa d'un air désemparé.
— Quoi ?
— Rien. Je trouve juste ça hyper con de ta part de ne pas l'avoir retenu ou d'avoir couru après lui. Le gars t'annonce clairement qu'il crush sur toi depuis le début, en mode il a eu un coup de foudre et toi, tu attends bêtement qu'il revienne vers toi. Je t'ai élevé mieux que ça, Jeongguk. Va le voir et arrange les choses.
Je savais que Jimin avait raison, mais j'avais peur. Et si Taehyung me repoussait ? S'il ne voulait plus de moi ? Ce serait le juste retour des choses, après tout... Quand bien même, il fallait que j'en aie le cœur net. Sur cette décision hâtive, je me levai en emportant mon plateau à peine entamé avec moi et me dirigeai vers les portes du réfectoire.
Arrivé dans les couloirs, j'aperçus la Trinité Kim au même endroit. Je ne perdis pas plus de temps et m'approchai d'eux d'un pas décidé. Le cœur battant à tout rompre, j'attrapai le poignet de Taehyung et le tirai malgré ses protestations vers une salle de classe vide faisant office de pièce de repos pour les lycéens. Je fermai le loquet avant que l'idée de s'échapper ne lui traverse l'esprit. Puis je lui fis face.
— Je peux savoir ce qu'il te prend ? fit-il, les bras croisés sur le torse.
— Il faut qu'on parle de ce que tu m'as dit il y a une semaine.
— Pour que tu m'envoies balader à nouveau ? Non, désolé. J'ai quand-même un amour-propre à respecter.
— S'il te plaît, Taehyung, quémandai-je d'une voix douce.
Un ange passa, puis deux avant qu'il ne lève les yeux au ciel, cédant à ma demande. Il prit place sur le canapé et je l'imitai. L'atmosphère était lourde, au point qu'elle pesait massivement sur mon corps. Ou alors peut-être s'agissait-il juste de mon anxiété ? C'était sûrement un mélange des deux.
— Je vais te poser une question et je voudrais que tu me répondes avec sincérité.
— Je pense que c'est dans mes cordes.
J'eus une subite envie de rire à cause de sa réponse, mais je me retins fortement. Peu à peu, le calme revint dans mon esprit. J'avais les mains moites et un besoin urgent de pisser ; le stress n'avait jamais été quelque chose de bon pour moi. Et son regard intense logé sur ma personne n'arrangeait rien du tout.
— Est-ce que tu... Tu es amoureux de moi ? demandai-je d'une voix si basse que je doutais qu'il puisse m'entendre.
Si ma question le troublait, il n'en montra rien du tout. Son visage était inexpressif et ça me faisait terriblement peur. J'avais peut-être dit quelque chose qui ne fallait pas. De longues secondes s'égrenaient durant lesquelles nos regards se livraient une bataille sans merci. Je crus un instant qu'il n'allait jamais répondre, mais ses lèvres s'entrouvrirent enfin.
— Et si je te disais que oui ? Si je te disais que je t'ai tellement dans la peau que je passe mes soirées à pleurer de m'être fait rejeter, est-ce que ça changerait quelque chose ?
— Oui.
La réponse m'avait totalement échappé. Je n'avais rien pu contrôler. Mon cœur avait décidé d'agir avant que ma raison ne vienne s'emmêler et peut-être qu'au fond de moi – dans un recoin que j'ignorais depuis le début – savoir que Taehyung était amoureux de moi me plaisait.
— Quoi ?
Taehyung paraissait surpris de ma réponse et je ne pouvais pas le lui reprocher, je l'étais moi-même.
— J'ai dit que oui, ça changerait tout.
— Pourquoi ?
— Parce que toi aussi tu me plais. Je suis juste beaucoup trop con et lâche pour ne pas me l'avouer.
Je baissai les yeux, légèrement gêné de m'être ouvert à Taehyung avec autant de transparence. Jamais de ma vie je ne m'étais confié à quelqu'un de la sorte, pas même à Jimin qui était pourtant mon meilleur ami depuis des années. En toute franchise, je n'avais juste pas envie de donner les clés de ma vulnérabilité à n'importe qui.
Je me faisais à l'idée qu'il ne me croie pas quand je l'entendis se racler la gorge. Je sentis tout à coup sa présence près de moi. Son souffle ricocha sur l'épiderme de mon cou et son parfum s'insinua dans mes narines.
— Regarde-moi, m'obligea-t-il d'une voix grave qui me donna des frissons.
Lentement, je tournai la tête vers lui. Nos visages étaient si près l'un de l'autre que je n'avais qu'à tendre mes lèvres pour les poser sur les siennes. Cette idée accéléra mon rythme cardiaque. Quel goût avaient-elles ? Quelle texture possédaient-elles ?
— Passons une semaine ensemble. Loin de tout le monde. Et si après tu te rends compte que je ne suis pas sincère, je te laisserai tranquille.
Pourquoi ses derniers mots ne me plaisaient pas ?
— D'accord, mais quand ?
Après tout, nous étions lycéens et notre emploi du temps ne nous permettaient pas de nous éclipser comme bon nous semblait.
— La première semaine de Juillet. Mes parents vont à Jeju dans notre maison de vacances. Ils ne seront pas là, donc tu pourras dormir chez moi.
— Mais je ne vais pas m'incruster comme ça chez tes parents, Tae
— Jeongguk, c'est moi qui t'invite, tu ne t'incrustes pas. Accepte, s'il-te-plaît.
Et là, je me sentis impuissant face à sa tête de chien battu. Comment avais-je fait pour ne pas avoir remarqué la gentillesse qui flottait perpétuellement dans le fond de ses prunelles ? La réponse ne fut pas difficile à trouver. Je m'étais laissé contaminer par les commérages sans chercher à démêler le vrai du faux.
— D'accord, cédai-je.
Un doux sourire se dessina sur ses lèvres et aussitôt mon stress fondit comme neige au soleil. J'avais hâte d'arriver au premier juillet.
✿
« Welcome Home »
C'étaient les mots écrits sur le paillasson devant la maison des Kim. Taehyung m'avait envoyé un message pour me dire de venir à 16 h 25 et pas une minute avant. Ses parents avaient bien entendu été mis au courant de ma venue, cependant mon hôte voulait éviter toute situation qui le mettrait dans une position gênante. Alors me voilà face à la porte de la maison, prêt à sonner. Pourtant, un doute persistait en moi. Et si tout se passait mal ? Et si, au bout du compte, Taehyung se rendait compte que je n'étais pas celui qu'il pensait ? Plus je tergiversais sur des questions qui n'avaient ni queue ni tête, plus mon estomac se tordait sous l'angoisse. Subitement, mon téléphone sonna dans la poche arrière de mon jean, m'extirpant de mes pensées chaotiques.
Le prénom de Jimin s'affichait sur l'écran.
— Allô ?
— Sonne à cette fichue porte, Jeongguk.
Les yeux écarquillés sous la surprise, je regardai autour de moi.
— Je ne suis pas là, pas la peine de me chercher.
— Mais comment tu-
— Parce que je suis ton meilleur ami et que personne ne te connaît aussi bien que moi. Bref, sonne.
— Chim...
— Jeongguk, je sais que c'est effrayant, mais si tu le fais pas, tu le regretteras. Crois-moi, c'est la bonne chose à faire.
— Et s'il finit par se dire que je ne suis pas aussi bien qu'il le pensait ?
— Mec, il a accepté de te donner une chance alors que tu le méritais clairement pas.
— Bah sympa.
— Y a que la vérité qui blesse. Bon, sonne ou je te fous mon pied au cul.
— C'est bon !
Je raccrochai, puis remis mon téléphone dans ma poche. Jimin avait raison (comme toujours), il fallait que je le fasse. Mieux valait avoir des remords que des regrets. J'appuyai alors sur le bouton de la sonnette et attendis que l'on vienne m'ouvrir. Une chose était sûre, j'avais envie de prendre mes jambes à mon cou tant le stress me faisait transpirer comme un porc.
— Je croyais que t'allais jamais le faire.
Mes yeux tombèrent dans ceux de Taehyung et je crus défaillir. Bien loin de son uniforme scolaire, son corps logeait dans un pantalon de survêtement ample et un t-shirt à manches courtes. Je ne saurais dire pourquoi, mais cet accoutrement lui allait divinement bien.
— Alors, tu entres ?
— Hein ? Euh, oui.
Je franchis le seuil de la maison et Taehyung referma derrière moi. Sa main glissa sur la mienne pour prendre mon sac de sport et le déposer près de l'escalier. Ce simple toucher m'électrisa. Je ne savais pas si c'était parce que j'étais sur le point de faire un malaise tant j'avais chaud, ou si c'était le fait de me retrouver seul à seul avec lui qui me rendait aussi sensible.
— Tu veux quelque chose à boire ? Un jus de fruit ? Ou alors un chocolat chaud ?
Face à moi, Taehyung ne cessait pas de bouger. Était-il aussi anxieux que je l'étais ?
— De l'eau, ça ira.
— D'accord, je t'amène ça. Euh, bah installe-toi hein ! Fais comme chez toi, débita-t-il avant de disparaître.
C'était bien la première fois que je voyais Kim Taehyung... gêné ? Je ne saurais dire. De toute façon, je ne pouvais pas trop le taquiner là-dessus, je n'étais pas non plus très serein. Avant qu'il ne revienne, je me débarrassai de ma veste pour la mettre sur le porte-manteau, puis je m'assis sur le canapé en observant le salon des Kim. Si on m'avait dit un jour que j'allais me retrouver dans la demeure d'un des plus beaux garçons du bahut, j'aurais ri comme une baleine. C'était sûr et certain.
— Je ne savais pas si tu avais faim alors j'ai préparé quelque chose à grignoter au cas où.
De retour, Taehyung avait un plateau dans les mains, sur lequel se trouvaient deux grands verres d'eau et trois petits bols remplis de chips aux différentes saveurs. Il le fit glisser délicatement sur la table basse, puis me rejoignit sur le canapé... Sauf que dans le processus, Taehyung atterrit sur mes cuisses et je le sentis se raidir lorsqu'il se rendit compte de ce qu'il venait de faire. Il se releva aussi sec et alla se plaquer à l'extrémité du canapé, le plus loin possible de moi.
— Pardon, je voulais pas... Je... Pardon, se confondit-il en excuses, entourant sa tête de ses mains.
— Hé, c'est pas grave Taehyung.
— Non, mais je suis hyper nul. Je t'invite et je fais n'importe quoi depuis le début.
Sa réaction me décocha un sourire. Il était adorable. Bien loin de l'image séductrice que j'avais aperçue au lycée. Je m'approchai de lui et glissai ma main autour de son poignet pour entrelacer nos doigts. Taehyung leva son regard et le fixa au mien. Je n'avais rien vu d'aussi beau que ses yeux joliment dessinés.
— Hyung, je suis tout aussi stressé que toi, alors souffle.
J'inspirai un bon coup puis expirai lentement pour que Taehyung m'imite.. Il le refit une seconde fois tout seul, et enfin, il parut bien plus apaisé.
— Merci, Jeongguk-ah.
Je lui souris en guise de réponse. Dans un silence religieux, nos regards s'accrochèrent l'un à l'autre comme si leur raison d'être en dépendait. D'une manière bien étrange, mon anxiété s'évapora, j'avais délaissé la peur de son jugement pour admirer la beauté qu'il dégageait. Je savais qu'il avait toujours été extrêmement magnifique, cependant, pour la toute première fois, c'était différent. J'avais l'impression de voir le vrai Kim Taehyung, loin de la figure d'Apollon que le lycée lui donnait.
— Tu es merveilleusement beau.
Je n'avais pas pu m'empêcher de le dire. Ç'avait été plus fort que moi.
— Si tu me dis ce genre de choses, préviens. Histoire que je ne fasse pas une crise cardiaque avant la fin de la semaine.
— Si tu me fais battre le cœur aussi fort que ça, c'est moi qui ne risque pas de tenir jusqu'à la fin.
Les joues de Taehyung arborèrent une jolie teinte rouge et je dus prendre sur moi pour ne pas le lui faire remarquer. À la place, je m'éloignai et piochai dans un des bols pour me distraire. Je devais occuper mon esprit à autre chose si je voulais survivre cette nuit.
— Tu souhaites regarder quelque chose ? demanda-t-il après un petit moment.
— Pourquoi pas, je te laisse choisir.
Ma réponse parut le satisfaire puisqu'il se leva joyeusement, comme un enfant ravi de pouvoir montrer son film préféré à ses amis.
Tandis qu'il cherchait dans le meuble que je soupçonnais être celui qui gardait les DVDs et les jeux vidéos, mes yeux se perdirent sur les photos présentes sur le buffet. Certaines montraient un petit garçon en compagnie de ses parents, d'autres représentaient un souvenir heureux. Mais il y en avait une qui se démarquait, volontairement placée au centre dans un cadre blanc à motif fleuri.
— C'est ma grand-mère.
Je tournai la tête vers Taehyung.
— Elle est décédée l'année dernière. Peu de temps avant que je te rencontre au lycée.
— Je suis désolé.
— Ne le sois pas, fit-il en s'asseyant sur le canapé. Je pars du principe que la mort n'est qu'une étape de plus pour arriver vers quelque chose de meilleur. Bien sûr, je suis triste de ne plus la voir, de ne plus pouvoir la prendre dans mes bras. Mais je suis convaincu que là où elle se trouve, elle est heureuse. Sinon, à quoi rimerait la vie si c'est pour continuer de souffrir une fois passé de l'autre côté ?
Je bus ses paroles comme s'il s'agissait du nectar le plus précieux. Ce soir-là, nous passâmes notre temps à parler de la vie après la mort, de ce que représentait l'humanité sur terre et pas une seule fois, le silence régna.
Je faisais connaissance avec le vrai Taehyung et sans m'en rendre compte, j'en tombais vertigineusement amoureux.
✿
J'étais réveillé depuis un bon quart d'heure, Taehyung dormait encore. Si je devais faire le compte-rendu de ce que j'avais appris sur lui, il se résumerait sans doute à ça : Taehyung était un gros dormeur, j'avais pu le remarquer au bout de la troisième nuit lorsqu'il n'avait toujours pas ouvert les yeux à 09 h 00 (j'avais même vérifié s'il respirait encore). Nous aimions tous les deux les mangas, Overwatch et les animés. Il était sensible aux chatouilles, surtout dans le creux de son cou. Il avait certains tocs comme celui de ranger la vaisselle dans un certain ordre, ou encore celui de classer ses livres du plus grand au plus petit en les alignant à la verticale au bord de son bureau. Il adorait le japchae, avait en horreur la nourriture épicée et avait une intolérance au lactose (tout aliment à base de lait était remplacé par des produits végétaux). Enfin voilà, je commençais à connaître sincèrement Taehyung, cependant il y avait une chose qui me faisait terriblement craquer chez lui ; son attitude d'enfant.
Taehyung détestait perdre. Il boudait souvent quand je le battais à Overwatch, alors j'avais pris la décision de le laisser gagner le plus souvent possible, il était le plus heureux du monde pendant quelques instants – et moi aussi par la même occasion. C'était incroyable à quel point son bonheur était communicatif, à quel point ses humeurs l'étaient. À vrai dire, j'étais clairement une éponge de ses émotions, même si je ne le montrais jamais clairement, préférant me cacher derrière une apparence vraisemblante.
— Bonjour Gukkie.
Et il y avait ça. Ce surnom dont il m'avait affublé par simple envie et qui me faisait fondre comme neige au soleil.
— Bonjour hyungie.
Alors, bien entendu, je le lui en avais donné un à mon tour et j'adorais le lui dire parce que ça le faisait rougir. Cette fois-ci ne dérogea pas à la règle. Je me retenais très fort de ne pas poser mes lèvres sur ses joues.
— Qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ? demanda-t-il, après s'être tourné vers moi, les yeux encore embrumés de fatigue.
— Je n'en sais rien, on pourrait aller au parc ? Il a l'air de faire beau.
— D'accord. Va te préparer, je vais m'occuper du pique-nique.
— J'avais simplement pensé à une promenade.
— Et moi, j'en ai fait quelque chose de plus amusant.
Je souris et secouai la tête. Plus les jours passaient, plus mon amour s'intensifiait.
— J'y vais alors.
Je sortis de la couette et me dirigeai vers mon sac de sport dans lequel se trouvaient mes vêtements. Je piochai un sous-vêtement propre, un jean et un pull noir, puis j'allais m'habiller dans la salle de bain. Je mis très peu de temps pour me préparer, à peine quinze minutes.
Au moment où j'ouvris la porte, Taehyung se matérialisa. Même dans un simple pyjama, il était irrésistible.
— Je suis prêt dans dix minutes.
— Prends ton temps.
Je lui laissai la place et descendis au rez-de-chaussée, après avoir récupéré mon téléphone en charge sur le bureau de Taehyung. Lorsque j'arrivai dans la cuisine, je fus agréablement surpris de voir les différentes choses posées sur la table : un bol de céréales, deux tartines briochées grillées, le pot de confiture à la fraise mis à disposition avec une cuillère et une pomme. Taehyung avait préparé le petit-déjeuner pour moi. Je ne pus réprimer le sourire qui me démangeait les lèvres.
Heureux, je pris place et commençai à manger. Je ne savais pas si c'était parce que j'avais passé une bonne nuit ou parce que c'était l'idée que Taehyung ait fait cela pour moi, mais les céréales n'avaient jamais été aussi bonnes. Lentement, j'appréciais mon repas du matin.
Une dizaine de minutes plus tard, mon hôte fit son apparition dans la cuisine. Pimpant et beau comme un sou neuf, il se joignit à moi pour manger.
— Merci, dis-je après quelques secondes de silence.
— Ça m'a fait plaisir. J'espère que je n'en fais pas trop.
Cette phrase me fit tiquer, pourquoi disait-il cela ?
— Comment ça ? demandai-je en reposant mon bol à présent vide.
— Je sais pas, mais j'ai peur que tu puisses penser que je fais tout ça dans l'intention de te plaire.
— Et ce n'est pas le cas ?
— Si, mais... Laisse tomber.
— Hyung, qu'est-ce qu'il y a ?
— Rien, je crois que le film d'hier soir m'a un peu trop chamboulé l'esprit.
Je voulus rire, mais je me retins. C'était quelque chose qu'il ressentait et je ne pouvais pas m'en moquer, ça lui ferait bien trop de mal. Alors, je glissai ma main sur la sienne. Il leva le regard et sans hésitation, je me perdis dans l'océan sombre de ses iris.
— Tout est parfait, hyung.
Taehyung me sourit et cette fois-ci, je ne résistai pas à l'envie de porter sa main à mes lèvres pour y déposer un baiser. Sous le regard ébahi, délicieusement rougis, de mon aîné, je lui rendis sa main.
— Dépêchons-nous, hyung. Il faut qu'on aille profiter du soleil.
[•••]
Il était bientôt midi quand j'installai la couverture sur le sol pour notre pique-nique.
Avant de partir de la maison, Taehyung avait voulu que l'on fasse un peu de nettoyage et au bout du compte, une machine fut lancée, la précédente fut étendue, l'aspirateur fut passé, puis la session de ménage fut terminée par le lavage du sol. Je n'avais pas pu refuser lorsqu'il l'avait proposé puisque de 1) je n'étais pas chez moi, ça aurait été impoli de ma part de ne rien faire, de 2) dire non à Taehyung était devenu très compliqué et difficile pour moi et de 3) j'aimais faire le ménage, ça faisait travailler tous les muscles et ça aidait à tenir l'équilibre des choses.
Enfin voilà, désormais, nous étions là où nous voulions. Le soleil rayonnait modérément dans le ciel, il y avait beaucoup de nuages, ce qui retenait assez bien la chaleur. Taehyung s'allongea de tout son long sur la couverture une fois qu'elle fut mise en place, m'obligeant à m'asseoir sur la petite parcelle qui restait. Autour de nous, le vent soufflait, mais c'était léger.
Quelques mètres plus loin, des enfants jouaient sur l'aire de jeux, surveillés de près par les adultes autour.
— Tu veux exercer quel métier plus tard ? demanda Taehyung inopinément.
— J'sais pas encore et toi ?
— Pédiatre. J'aime bien les enfants, ils sont peut-être turbulents ou casse-pieds, ils n'en restent pas moins des êtres vulnérables qui ont besoin de se sentir en sécurité.
— Qui t'as donné envie de le devenir ?
— Ma grand-mère. Elle était animatrice dans une garderie. Il m'arrivait parfois de la rejoindre après les cours pour l'aider à s'occuper des enfants, m'expliqua-t-il sur un ton empreint de nostalgie. Tu ne sais vraiment pas ce que tu veux faire ?
Taehyung se redressa et se mit en tailleur pour me regarder.
— J'ai une petite idée, mais j'suis pas sûr.
— Laquelle ?
— Pompier.
— Mmh, je vois.
Taehyung se tut et bizarrement, je me sentis mal à l'aise sous son regard. Est-ce qu'il m'imaginait torse nu avec le corps en sueur ?
— Oui.
— Hein ? m'interloquai-je avec de gros yeux.
— Oui, ce métier t'irait bien. T'es intrépide, très sportif et t'adore affronter le danger. C'est le métier fait pour toi.
— Mais comment tu...
— Je suis dans la même classe que toi, Jeongguk.
Un point pour lui. Le silence retomba mais ce n'était pas désagréable. Au contraire, dans cette atmosphère apaisante, Taehyung s'allongea de nouveau et mit sa tête sur mes cuisses. Je ne pouvais pas m'empêcher de passer mes doigts à travers sa chevelure et Dieu ce qu'elle était douce. Au fur et à mesure, l'extrémité de mes phalanges se promenèrent sur sa peau, ce qui provoqua chez lui, de façon tout à fait surprenante, un soupir d'aise qui me donna envie de faire glisser la pulpe de mon index sur ses lèvres pleines. Et pour la toute première fois depuis que nous passions la semaine ensemble, je laissai libre cours à mes désirs.
À cet instant, Taehyung rouvrit les paupières pour fixer ses pupilles dilatées dans les miennes. Il était irrésistible, séduisant, et je dus me faire violence pour ne pas l'embrasser sur le champ. Nous n'étions pas seuls et je n'avais certainement pas envie que l'on vienne nous gâcher un si beau moment. Alors je me contentais pour l'instant de la proximité qui nous liait et c'était déjà bien grandiose pour mon petit cœur.
Je ne savais pas quelle heure il était, mais lorsque la pluie tomba soudainement en trombes d'eau, je sus qu'il était temps de décamper. À contrecœur, on se releva et ramassa toutes nos affaires le plus vite possible. Taehyung n'habitait qu'à quelques pâtés de maisons du parc, on se dépêcha de ce fait afin d'attraper le bus qui allait passer dans quelques minutes pour n'avoir que quelques mètres à marcher sous la flotte.
Nous étions pratiquement trempés des pieds à la tête lorsque nous arrivions chez Taehyung. On déposa le panier qui contenait notre déjeuner sur la table, puis on monta rapidement à l'étage en direction de la salle de bain. Tandis qu'il cherchait des serviettes, je retirai mon haut qui me collait à la peau et le fichai dans le panier après l'avoir légèrement essoré. Taehyung me tendit une serviette en évitant de croiser mon regard (ce que j'adorais lorsqu'il se montrait timide, c'était ma plus grande faiblesse) et je me séchai les cheveux.
— Tu veux prendre une douche ? Ça va te réchauffer, me proposa-t-il, les yeux fixés vers ses orteils.
— C'est une bonne idée, répondis-je simplement.
Taehyung s'apprêtait à quitter la salle de bain, mais je le retins. Ma main autour de son poignet, je le ramenai vers moi, ne laissant que de pauvres millimètres entre nous.
— Je n'ai pas dit que je voulais la prendre seule, fis-je d'une voix que j'espérais séduisante. Après tout, tu es mouillé toi aussi.
Taehyung me regarda enfin dans les yeux, la timidité soudainement envolée. Je compris qu'à ce moment-là, tout allait changer entre nous et je n'avais pas tort, puisqu'il commença à se dévêtir face à moi dans une lenteur qui me rendit fou. Son t-shirt enlevé, on retira nos pantalons en même temps, galérant un peu à cause de l'eau qui s'y était imprégnée. Il ne restait plus que nos boxers.
— Tu es sûr de le vouloir ? demanda-t-il si faiblement que je crus l'avoir imaginé.
— Seulement si toi tu le veux.
— J'ai rêvé de ce moment-là un millier de fois.
Un sourire sur mes lèvres, je le plaquai contre le mur et l'embrassai enfin de tout mon soûl. Et c'était génial, merveilleusement génial. Mon cerveau explosait sous toute cette dopamine. Nos lèvres se touchèrent encore et encore, d'abord avec retenue, puis plus sauvagement. Taehyung se colla fièvreusement contre mon corps, remontant sa cuisse gauche sur ma hanche, laissant le champ libre à ma main de le caresser à ce niveau-là. Il était doux, chaud et ses poils s'apparentaient à de la soie. Entre deux baisers, j'imprimai la peau de son cou de baisers papillon et lorsque je décidai de faire glisser le bout de ma langue, je compris enfin pourquoi il était si chatouilleux à cet endroit : un frisson de plaisir s'était arraché de sa gorge. C'était l'une de ses zones érogènes.
— J-Jeongguk, amène-moi dans la chambre.
Ses désirs étaient mes ordres. Il se hissa pour venir enrouler ses cuisses autour de mes hanches, et tout en continuant de l'embrasser comme si ma vie en dépendait, je me dirigeai jusqu'à la chambre en me basant sur mes souvenirs.
On atterrit sur son matelas un peu maladroitement, Taehyung ne m'en tint pas compte cependant puisqu'il sourit et captura mes lèvres avec les siennes. Tandis que je venais lui titiller les tétons du bout de mes doigts, ce qui me valut des cris mélodieux et des tirages de cheveux, Taehyung se contorsionna pour atteindre sa table de chevet ; il en sortit une bouteille de lubrifiant et des préservatifs. J'attendis qu'il retrouve un semblant de respiration correcte puis je lui demandai :
— Tu préfères être au-dessus ou en dessous ?
— Les deux me vont, répondit-il les joues rouges.
Je m'approchai de son oreille et tout caressant son flanc gauche avec lenteur, je lui susurrai :
— Alors, fais-moi l'amour Kim Taehyung. De toutes les façons possibles.
Je ne savais pas d'où cette audace me venait, mais cela eut le don d'exciter le garçon qui se trouvait sous mon corps. Je n'avais jamais eu de relations sexuelles avec qui que ce soit, juste des fellations et je m'étais dit que pour ma vraie première fois avec un homme, je voulais être celui qui recevait. Je descendis alors de Taehyung, et fis glisser son boxer pour le jeter au sol. Le mien eut le même châtiment.
Taehyung se redressa lorsque je m'agenouillai face à lui, entre ses jambes. Je pris l'un des préservatifs, l'ouvris et le déroulai sur son membre que je trouvais plutôt bien monté. Impatient et appréhensif, je me penchai sur le sexe que je tenais dans mes mains. Mais au moment où j'allais le mettre en bouche, Taehyung me retint.
— Tu n'es pas obligé, Gukkie.
— J'en ai envie, hyung.
Je fis la moue et je ne savais pas si c'était ça qui lui fit mordre la lèvre, la position dans laquelle j'étais ou le mélange des deux, mais Taehyung soupira et serra le matelas des deux mains. Je repris alors l'ascension de mes mouvements et enveloppai enfin son gland de ma bouche.
— Putain, hoqueta-t-il sous mon geste.
Je continuai sur ma lancée jusqu'à ce que ma mâchoire n'en puisse plus et que ma salive soit devenue une seconde peau. Taehyung m'aida à me relever et m'allongea à mon tour. Il prit le tube de lubrifiant, en appliqua sur ses doigts et délicatement, m'ouvrit les cuisses pour commencer à me préparer. Je grimaçai sous l'intrusion, ça me fit mal, plus que je ne l'aurais cru.
— Arrête, s'il te plaît.
Taehyung le fit aussitôt et s'approcha de moi pour me bisouter la commissure des lèvres.
— On n'est pas obligés de faire tout d'un coup Gukkie, on y va à ton rythme. On n'est même pas obligés de le faire maintenant.
Ses mots m'allaient droit au cœur et ça me rassurait, bien que je me sentais pathétique parce que je l'avais chauffé et qu'au bout du compte, je n'étais même pas fichu de le satisfaire. Cette pensée me fit pleurer.
— Hé, non, ne pleure pas mon ange, dit-il en me caressant la joue. Je ne t'en veux pas d'accord ? C'est tout à fait normal, surtout si c'est la première fois que tu le fais.
— Je me sens hyper nul, avouai-je, prêt à me cacher loin de lui.
— Non, ne dis pas ça. La première fois fait toujours peur et ne se passe jamais comme on le souhaiterait. Tu n'es pas nul, me rassura-t-il de sa voix douce.
— Est-ce qu'on peut réessayer ?
— T'en as envie ? Je ferai en fonction de toi, d'accord ? Ne te force pas pour moi.
— J'en ai envie, mais vas-y plus doucement s'il te plaît.
— D'accord mon ange.
Ce nouveau surnom me fit battre le cœur à cent à l'heure.
Taehyung remit du lubrifiant sur son index et il massa d'abord mon entrée pour me détendre tout en m'embrassant. Cela marcha car lorsqu'il me pénétra de son doigt, je ne me crispai plus. Il continua de m'embrasser, de me chouchouter, d'être tendre et patient. Il tenta d'introduire un deuxième doigt et si, au début, ça me faisait mal, ses mouvements étaient doux, jamais brusques, alors je commençai à prendre du plaisir. Surtout lorsque sa main libre m'empoigna le sexe et le pompa. À partir de cet instant, je n'étais plus qu'un amas de gémissements et de soupirs d'aise.
Je m'étais fait à la présence de ses doigts en moi, à son rythme de plus en plus rapide et profond et quand il les retira, je sentis le vide m'envahir.
— Tu veux qu'on continue comme ça ou tu te sens prêt pour essayer plus gros ?
— Je pense que je suis prêt.
Je l'étais réellement. J'en avais non seulement envie, mais ça me rendait dingue l'idée de l'avoir en moi de façon plus intime. Cela changerait absolument tout entre nous et j'étais prêt pour ça aussi. J'étais prêt pour tout tant que c'était avec lui. Avec Taehyung. Parce que j'en étais tombé totalement, profondément, indiscutablement amoureux de lui.
Il appliqua du lubrifiant sur son pénis, puis il se plaça entre mes cuisses ; d'un geste sec presque autoritaire, il ramena mon fessier vers lui en tirant sur le haut de mes jambes. Je sentais le bout de sa verge taper contre mon entrée. Taehyung me consulta du regard afin d'être sûr que j'étais toujours d'accord.
— Vas-y, dis-je pour unique réponse.
Taehyung commença alors à entrer en moi, doucement et petit à petit. C'était clairement plus gros que ses doigts, plus imposant, mais ça ne me faisait pas aussi mal que je me l'étais imaginé. Il fallait simplement que je m'habitue au diamètre et à sa présence en moi.
— T'es magnifique mon ange, fit-il d'une voix terriblement douce.
Il s'arrêta lorsqu'il estima que c'était bon et attendit mon feu vert pour débuter ses va-et-vient. C'était drôle cette sensation : je me sentais empli, compris, aimé ; comme si dans ce simple acte charnel, j'avais trouvé un sens à mon existence. Je regardai Taehyung et le trouvai cruellement beau. Je l'aimais, c'était sûr et certain. Alors, j'exécutai moi-même le premier mouvement et cela alerta mon amant qui commença à bouger. Mon corps ne m'appartenait presque plus, il était à nous deux. Je me sentais partir, en proie à des vapeurs exquises de douleur mêlée au plaisir. J'accusai ses coups de rein qui se faisaient au fur et à mesure incontrôlables. Maintenant que j'y prenais goût, maintenant que l'acte ne m'effrayait plus, je lui demandai de se retirer et de me prendre en levrette. C'était mon fantasme le plus accessible pour le moment et je ne regrettai pas de lui avoir demandé. Taehyung me culbutait à la fois avec douceur et bestialité, avec rapidité et profondeur. Je gémissai, j'hurlai son nom, je quémandai plus, encore et encore.
— Je vais bientôt venir mon ange, je ne vais pas pouvoir tenir très longtemps.
Sur ces paroles, Taehyung empoigna mon sexe et pendant qu'il continuait de me marteler, il me branla. Je ne mis pas longtemps à éjaculer dans sa main, et lui dans le préservatif. Taehyung se retira de moi, enleva la capote, la noua et la jeta à la poubelle. Il s'essuya la main dans un mouchoir, puis il s'allongea à mes côtés.
— J'ai adoré te faire mien, fit-il de son timbre rauque.
— Mmh.
Je tombais de fatigue et certainement qu'il dut le comprendre puisqu'il nous enveloppa de sa couverture. Taehyung se serra contre moi et m'embrassa de manière langoureuse.
— Je t'aime Jeonggukie.
Mais je ne pus lui répondre en retour, je sombrai doucement vers le pays des rêves ; j'avais juste eu le temps de l'entendre.
✿
La fin de semaine était arrivée et je n'avais pas envie de quitter Taehyung. Lui encore moins. Depuis que nous avions fait l'amour, nous avions recommencé à deux reprises : dans la salle de bain et dans sa chambre, mais cette fois-ci, c'était lui qui était en dessous. Taehyung ne m'avait plus redit qu'il m'aimait et peut-être que c'était de ma faute.
Je ne lui avais pas parlé de ça. À vrai dire, les mots étaient là, sur le bout de ma langue, mais ils n'arrivaient pas à sortir. J'avais soudainement peur de tout foirer entre nous avec mes humeurs à la con et ma peur du regard des autres. Alors, jusqu'à aujourd'hui, je m'étais gardé de lui en parler, de lui dire que moi aussi, je l'aimais. Je l'aimais à en crever. Et peut-être que finalement, le fait que Kim Taehyung, un garçon aussi beau que le dieu Apollon sa beauté, puisse s'intéresser à moi me fichait la trouille.
Quand j'arrivai dans la cuisine après m'être préparé pour retourner chez moi, Taehyung était en train de faire la vaisselle du petit-déjeuner. Tout le long de ma douche, j'avais réfléchi à la manière dont j'allais aborder la discussion et je m'étais fait un plan imparable. Pourtant, lorsque nos regards se croisèrent, je n'avais plus aucun neurone en état de marche.
— Tu n'as rien oublié ?
Je secouai négativement la tête en guise de réponse. Il avait l'air blasé, à la limite de la déprime. Du moins, c'était l'impression qu'il dégageait. Il m'amena à la porte d'entrée qu'il ouvrit avec une certaine lenteur. Le vent nous accueillit en même temps que les quelques rayons de soleil. Taehyung se tourna face à moi, le visage peu expressif. Il fixa le bout de ses pantoufles et ne pipa mot.
C'était maintenant ou jamais.
Une grande respiration, puis je me lançai :
— Cette semaine a été géniale à tes côtés. Je me suis amusé comme je ne l'avais plus fait depuis un moment et je te remercie pour ça.
Je pris sa main et entrelaçai nos doigts.
— Je t'aime aussi, Taehyung.
Il releva soudainement la tête vers moi, ses yeux avaient retrouvé ses étoiles et c'était suffisant pour me donner l'assurance de faire ce qui allait suivre.
— Je ne te promets pas que ça sera parfait, mais je veux qu'on essaye. Par contre, je ne veux pas que les autres soient au courant, au lycée. Personne ne sait que je suis gay sauf Jimin et Hobi hyung et je souhaite que ça reste comme ça. Alors, si ça te va, si t'es d'accord, est-ce que... est-ce que tu veux être mon petit-ami ?
Taehyung me sauta au cou et n'attendit pas longtemps avant de m'embrasser, m'assommant de « oui » entre deux. Il se calma et me serra fort contre lui. Je lui rendis son étreinte, il sentait incroyablement bon.
— Ne pars pas tout de suite, tu veux bien ? Reste encore un peu, tu pourras partir ce soir, quémanda-t-il avec cette moue adorable qu'il faisait toujours pour avoir ce qu'il voulait.
— D'accord, je reste.
Taehyung sourit contre mon cou et l'on resta ainsi pendant de longues minutes. Je ne savais pas ce qui nous attendait, je ne savais pas combien de temps on allait tenir. Mais j'étais sûr d'une chose, Kim Taehyung était mon premier amour.
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bonsoir petite luciole, j'espère que cette petite histoire t'a plus et a pu te mettre du baume au cœur, je sais que j'ai mis du temps à la réécrire et à la republier. pardonne-moi.
un grand merci à Astelya0o1 d'avoir fait la bêta-lectrice de cet OS ! si vous saviez le taf que je lui donne la pauvre...
prenez soin de vous !
― TAEMOTS
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