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°" Parfois certaines choses sont plus belles à dire sur du papier... "


Losing your memory - Ryan Star


" Aliyah,


Ca doit être la première fois que je t'écris. Ou plutôt, la première fois que j'écris tout court. J'espère que tu es bien où tu es maintenant. Est ce qu'il fait froid, là bas ? Ici, il fait un froid glacial. On dirait que le monde a cessé de tourner, depuis que tu es partie. Ta chambre au foyer reste intacte. Personne n'y entre, sauf moi. Je crois que les autres n'arrivent pas à faire le deuil. Je n'y arrive pas non plus.. On se remémore le temps où tu étais encore là, quelques fois. Autour de la table, ou d'un feu. On se raconte nos anecdotes, nos souvenirs, avec toi. Comme cette fois où tu es tombée sur une famille d'accueil complètement dingue. "

~

" Hey ! " 


Aliyah referma violemment la porte derrière elle, s'adossant contre celle ci, haletante.


" Liyah ? "


" Ils sont.. complètement.. fous. "


Elle était essoufflée et ses cheveux partaient dans tout les sens.


" Qu'est ce qu'il t'arrive ? " rigolais-je en m'avançant vers elle.


" Ils sont juste complètement dingues ! " elle se dirigea directement vers la fenêtre " leur gamin m'a obligée à faire du spiritisme, putain ! "


J'éclatai de rire. Du spiritisme, et puis quoi encore ?


" Arrêtes de rire, il a égorgé une souris devant mes yeux ce con ! "


Mon rire ne fit que s'accentuer. La situation était vraiment trop drôle.


" Viens. "


Je n'avais qu'à ouvrir l'espace de mes bras pour qu'elle s'y loge sans discuter. Ma main passait de manière répétitive dans ses fins cheveux bruns.


" C'est bon, on va demandé à l'éducatrice de t'en retirer. "


" Merci. " 


" Ensuite on évoquera les esprit. "


Elle me poussa en rigolant.


" C'est pas drôle, Aiden, il m'a vraiment fait flipper ! "


" Quoi ? C'est amusant de parler avec les morts. "


" Tu sais que ça me fait peur, ces conneries. "


~

" J'en rigole encore. Après ça, tu n'as pas dormi de la nuit. Tu ne dormais pas souvent, de toute manière.. Je me rappelle de tes appels à 4 heures du matin, pendant tes séjours en famille d'accueil. Tu me disais que tu avais peur, que tu voulais rentrer. Et moi, je t'écoutais. J'écoutais ta voie, sans rien dire, et toi tu t'énervais parce que tu pensais que je dormais. "

~


" Aiden ! "


Je souriais faiblementcontre mon téléphone.


" Oui ? "


" Ne t'endors pas. "


" Je ne dors pas. "


" Menteur. "


Elle soupira de l'autre côté du combiné et marmonna des choses incompréhensibles.


" J'en ai marre, Aiden.. "


" Je sais. "


" Non, tu ne sais pas. Toi tu dors. "


" Dois-je te rappeler que tu m'appelles presque toutes les nuits ? " dis-je en rigolant.


" Et alors ? "


" Et alors, je ne dors pas non plus. "


Elle se tût un moment et je l'entendais respirer faiblement.


" Je suis désolée si je te dérange.. Mais je ne sais pas quoi faire d'autre. "


" Tu ne me déranges pas, petit cœur. "


" Pour l'amour du ciel, arrêtes avec ce surnom ! "


" Tu ne l'aimes pas ? "


" Biensur que non. "


" Raison de plus pour t'appeler comme ça. "


~

" Et à chaque fois, tu finissais par t'endormir. Et moi j'attendais derrière mon téléphone. Par ce que tu parlais dans ton sommeil. Et que j'aimais entendre ce que tu disais, même si ça restait incompréhensible. Puis je finissais par raccrocher, et c'est moi qui n'arrivait plus à dormir. Mais ne t'inquiètes pas, ça ne m'a jamais causé de problèmes. Même que parfois, je restais éveillé jusqu'au levé du soleil et Jamie venait me surprendre, réveillé, le regard accroché au plafond comme un imbécile. Jamie parle souvent de toi. Il me dit qu'il aurait aimé s'excuser pour toutes ces fois où il t'a manqué de respect, avant que tu partes. Il dit aussi qu'il aimerait te rendre visite, parfois, mais que ce n'était pas possible. Parfois j'appelle ton numéro, ne me demandes pas pourquoi. Comme si tu allais décrocher.. Le regard rivé sur mon téléphone, j'attendais. J'attendais quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Quelque chose qui n'arrivera sans doute jamais. Tu as changé de numéro en partant, mais je continu de t'appeler. Le soir, vers 4 heures, je parle au téléphone comme si tu me répondais que tu n'arrivais pas à dormir. Tu n'aimais pas l'insomnie parce que tu avais peur du noir, et du silence. Tu préférais les rires et les journées de soleil." 

~


" Arrêtes de faire ça ! "


Elle s'essuya le visage pendant que je vidais encore la bouteille sur elle.


" Aiden ! "


" Arrêtes, mec, ça suffit. " rigola Travie en me poussant doucement.


" Regardes la cette imbécile, elle déteste l'eau. " m'adressais-je à Travie avant de me tourner vers Aliyah " T'es un peu comme un chat qui veut jamais se mouiller, non ? "


" Je suis une fille, déjà. "


" Me fait pas dire ça, Liyah. "


Elle éclata de rire en s'essorant les cheveux.


" T'es dégueu. "


" J'suis un mec. "


" Tout les mecs ne sont pas pervers, imbécile. "


" Ils sont quoi, alors ? "


Elle fit la moue avant de s'asseoir sur la nappe. Il faisait bon, le soleil tapait quand même assez fort. Nous étions dans un parc, à faire un pique-nique. Travie, Juliette, Farah, Dylan, Aliyah et moi.


" Mets une casquette, tu vas attraper un coup de soleil. "


" Laisses la un peu, Aiden. " se moqua Juliette.


" Je dis ça pour elle. "


" Je suis plus une gamine.. " Aliyah se plaignait, marmonnant dans sa barbe en enfilant la casquette que je lui avais tendu.


" Biensur. "

~

" Ce jour là, tu as attrapé un coup de soleil parce que tu avais retiré ta casquette. Et j'ai dû m'occuper des tes fièvres toute la journée. Mais ça ne m'a pas dérangé. Ca ne m'a jamais dérangé. On peut dire que c'était l'habitude. J'aimais m'occuper de toi, comme je l'ai toujours fait, depuis qu'on est gamins. On était heureux, putain. Alors, dis moi, Liyah. Dis moi, pourquoi tout s'est écroulé comme ça ?"


"L'amour ne tient qu'à un fil. Alors qui a coupé le nôtre ?"

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