14 - ANASTASIA

[ Période : Avengers : Endgame ]

ANASTASIA — Anna pour faire court — avait eu de nombreux noms et surnoms au cours de sa vie. Anna Rider, Anya, Zia, Stark, Star. Mais ils ne lui ressemblaient plus.

Elle n'avait jamais réellement été Anna Rider, et Anya et Zia avait disparu en même temps que les personnes qui l'avaient surnommé ainsi. Anna Stark n'était plus exactement ça non plus, elle ne pouvait décemment pas se présenter sous le nom de la fille d'un super-héros avec ce qu'elle faisait la nuit. Et elle n'était définitivement plus Star, elle ne l'avait plus été depuis longtemps. Comme l'avait si bien remarqué quelqu'un, elle ne brillait plus.

Anna n'était plus qu'Anastasia, une jeune femme de vingt-et-un ans qui tuait des vilains la nuit avec un masque de dessin animé et un bras robotisé. Bien sûr, tout le monde continuait de l'appeler Anna. Même si ça installait un goût amer dans sa bouche. Ce n'était qu'un surnom, un pseudonyme même au point où elle en était.

Anna était la personnalité qu'elle enfilait le jour comme un t-shirt trop usé, la jeune femme qui n'avait jamais autant faussement souri, celle qui préférait se taire dans un coin de la pièce. Anastasia était la coquille vide qu'elle révélait la nuit, capable de tuer sans remords les personnes qu'elle-même jugeait méritante pour se venger d'un être quel ne pouvait plus atteindre, et qui voulait presque mourir à la tâche.

Anastasia céda la place à Anna alors qu'elle entrait dans le complexe de ce qui avait été les Avengers, ramenant ses cheveux roux dans une queue de cheval, et soufflant sur sa frange rousse, plusieurs teintes plus claires que lorsqu'elle était plus jeune. Elle ralentit en voyant Steve.

De tous, le plus récalcitrant à voir le changement chez Anna fut Steve. Même Tony avait vite compris qu'il ne pouvait rien y faire. Bien sûr qu'il n'approuvait pas, mais elle ne lui avait pas exactement laissé le choix. C'était ça, le truc. Steve pensait toujours que les gens pouvaient changer, qu'une mauvaise personne pouvait devenir une bonne personne. Il avait du mal avec le concept que, dans le cas d'Anastasia, l'inverse s'était produit.

Lui, essayait encore même après cinq ans de tenter de la raisonner. Ce qui ne faisait qu'agacer Anna. Le monde partait déjà en couilles, qu'est-ce qu'il en avait à foutre si elle butait des gens qui l'avaient mérité ? Elle n'avait pas pu arracher la tête de Thanos, elle comptait bien se rattraper maintenant. Au pire des cas, elle mourrait en le faisant. Ce n'était pas exactement un contre-temps pour elle. Dire qu'elle n'en avait pas un minimum envie, serait même un mensonge.

Ah, peu importe. À cet instant, elle était Anna, pas Anastasia. Elle remarqua Natasha manger en silence ses sandwichs, des larmes contenues dans ses yeux. Anna soupira.

— C'est pas la joie par ici, dit-elle en balançant ses clés de voiture sur la table et en retirant sa veste en cuire.

Son t-shirt à manche courtes laissait voir son bras blanc et lisse robotique. Elle avait fini par s'y habituer. Elle n'avait pas exactement eu le choix, mais de toutes façons la technologie de son père était sans faille. Il bossait encore sur des prototypes pour que les sensations dans sa main gauche redeviennent comme elles étaient. Anna n'avait pas d'espoir, mais peu importe. Son père en avait, et ça faisait longtemps qu'il n'en avait pas eu, elle n'allait pas gâcher ça.

   Natasha eut un rire sans joie alors qu'Anna se dirigeait vers la cuisine pour se faire un café.

   Anna était sûre à quatre-vingt-dix pourcents que la mal être de Natasha reposait sur l'absence et les actions de Clint. C'était dans les moments comme ça qu'elle avait un peu honte de son côté Anastasia. Natasha vivait déjà ça avec son meilleur ami, elle n'avait pas besoin de ça avec Anna.

   Mais d'un autre côté, merde quoi, le monde était injuste, pourquoi est-ce qu'elle le serait ? Elle l'avait toujours été, et elle n'avait définitivement pas été récompensé.

— Comment s'est passé ta mission ? demanda Steve.

Anna soupira, faisant mine de se gratter la tête. Elle se retourna, Steve lui lançant un regard inquisiteur alors que Natasha levait les yeux au ciel.

— Bien, bien. On n'a plus à s'inquiéter de ces espèces de spermatozoïdes d'Hitler.

Elle se surprit à sourire. Spermatozoïdes d'Hitler ; elle aimait cette description d'agent d'HYDRA.

Steve, lui n'avait pas l'air d'être fan.

— Anna...

Elle leva les bras, faisant mine d'être innocente.

— Les enfants, prévint Natasha. On essaye de pas se battre. J'ai deux moitiés de sandwiches que je n'hésiterais pas à utiliser.

Anna soupira, prit sa tasse et s'assit à côté d'elle. De toutes façons, qu'est-ce qu'elle aurait bien pu répondre ? "Ah oui, désolée, mais buter des gens me permet d'oublier qu'on a vraiment agi comme de grosses m—"

— Comment va Tony ?

Elle haussa les sourcils et se tourna vers Steve, étonnée qu'il ait lâché l'affaire aussi rapidement. Ah, peut-être que lui aussi était fatigué par tout ça. Elle prit une gorgée de café avant de tracer le contour de la tasse avec son index.

— Il va bien, dit-elle. Il est fatigué. Morgane fait des cauchemars en ce moment, on est obligés de la coucher deux fois pour qu'elle s'endorme. Enfin, c'est pas comme si elle nous réveillait, mais peu importe.

Morgane. Définitivement la seule bonne chose qui était arrivée depuis un sacré bout de temps. Anna n'avait jamais eu de frères et sœurs. Enfin, il y avait Harley, qu'elle voyait de plus en plus en ce moment et qui agissait comme un grand-frère avec elle — et il avait dix-huit ans ? Et était plus responsable qu'Anna qui en avait vingt-et-un ? C'était quoi ce bordel ? — mais c'était différent avec Morgane. Elle faisait partie intégrante de la vie d'Anna. Elle était sa responsabilité quelques fois. Elle était littéralement adorable.

— On devrait rendre visite à Tony, un de ces quatre, dit Natasha.

Anna hocha la tête, posant ses pieds sur une chaise en face d'elle. Elle remarqua distraitement les chaussons de danse de Natasha qui traînaient.

— Il aimerait ça. Il vous le dirait pas, bien sûr, mais bon.

Des bruits de clés atterrissant sur la table, à côté de celle d'Anna, firent tourner la tête aux trois personnes déjà là. Connie leur fit un signe de la main.

Anna aimait bien Connie. Elle trouvait ça toujours étrange d'être amie avec la meilleure amie de son père, mais Connie était ce genre de personne que tout le monde aimait. Et puis, elle comprenait Anna. Elle la comprenait très bien.

Elle avait perdu l'amour de sa vie, comme elle le disait. Elle accompagnait Steve au groupe de soutien pour aider les personnes qui avaient perdu des gens. Anna les admirait, tous les deux. Déjà qu'elle n'arrivait pas à gérer ses propres problèmes, alors ceux des autres ? L'affaire ce serait sans doute terminer par écoute "Susan, maintenant tu la fermes et tu sors, la prochaine fois que j'entends parler de ton putain de chien..."

Connie était une des rares personnes avec lesquelles elle se sentait à l'aise de parler de ce qu'il s'était passé. Il n'y avait qu'elle, Tony, Natasha, Harley et Steve. Ce qui aidait, avec elle, c'était qu'elle vivait exactement la même chose qu'Anna. Elles ne réagissaient pas de la même façon, mais elles ne jugeaient pas leurs moyens respectifs d'aller de l'avant.

Et Connie avait des pouvoirs de guérison. Si ça, c'était pas un truc de fou.

Je vous demanderais bien comment ça va, dit-elle en s'asseyant à côté de Steve, appuyant sa tête sur son épaule, mais vu vos têtes, je risquerais de me faire envoyer chi–

Elle s'arrêta quand Steve lui donna un coup avec son épaule, chuchotant un "Langage". Certaines choses ne changeaient pas. Anastasia trouvait ça bien, que les choses les plus banales n'avaient pas changé.

— Quelqu'un a des nouvelles de Banner ? demanda-t-elle.

Anna prit une gorgée de café avant de froncer les sourcils.

— Il fait cavalier seul, répondit Natasha. Comme beaucoup d'entre nous.

Le dernier commentaire était dirigé vers Anna, mais elle l'ignora ostensiblement. Elle ne travaillait plus en équipe. Plus depuis un bon moment.

— Vous savez, dit Steve d'un coup. On continue de dire aux gens de passer à autre chose. Certains le font.

Il regarda la petite attablée, avant d'avoir un sourire en coin.

— Mais pas nous.

Anna termina son café et se leva pour aller déposer sa tasse dans l'évier.

— Bah en fait, Cap, c'est quand même un peu de notre faute.

Connie soupira, se redressant en secouant la tête.

— On a fait de notre mieux.

Natasha prit une bouchée de son sandwich pour s'empêcher de parler. Ou peut-être de pleurer, Anna ne savait pas.

— On aurait dû faire plus, dit Anna, désirant arrêter cette conversation. Hé, Connie, tu rentres avec moi—

Elle s'arrêta, ses yeux oranges écarquillés et les constellations sur son nez et son bras brillant légèrement, comme à chaque fois qu'elle utilisait son pouvoir de localisation. La tasse explosa au sol. Steve fut le premier à se lever et à s'approcher d'elle.

Bon, Anna n'était plus du genre à espérer. Elle avait tout de même laissé la localisation de tous les disparus en stand-by, au cas où, on ne savait jamais. Ce n'était pas de l'espoir, non, pas du tout. C'était... de l'attente. Peut-être de l'impatience ? De la prudence ? Mais définitivement plus de l'espoir. Elle n'en avait pas eu depuis cinq ans, elle n'en aurait plus jamais. Elle en avait été sûre.

Elle se dit d'abord que son pouvoir disjonctait. Elle l'utilisait régulièrement, pour jouer avec Morgane à cache-cache. Oui, elle trichait à cache-cache en utilisant le pouvoir d'une pierre d'infinité. Peu importe, ce n'était pas le problème. Elle l'avait sans doute trop sollicité ces derniers temps, parce que ce que son pouvoir lui disait était totalement impossible.

— Anna ? fit Steve avec inquiétude.

Anna releva les yeux vers lui avant de se racler la gorge.

— Tu te souviens de Scott Lang, Ant-Man ? dit-elle avant de grogner devant leurs sourcils froncés. Le gars qui rapetissait !

Natasha la regarda étrangement.

— Pourquoi ?

— Il a disparu, non ? fit Connie.

Anna hocha la tête, les sourcils froncés.

— Ouais, c'est ça le truc.

Anna n'avait pas espéré depuis cinq ans, et elle ne savait pas quoi faire du sentiment qui lui étreignait la poitrine.

— Il vient de revenir.












AUTHOR'S NOTE ;

im like,,, real sad

anna adulte et mature et
suicidaire c'est pas très
heureux ça quand même

haha j'ai pas hâte pour
la suite d'endgame

merci d'avoir lu et j'espère
que vous avez aimé !

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