Chapitre 8
Nous entrons dans le jet privé et...je laisse échapper un « waouh » sous le coup de la surprise. M. Kenwood me jette un rapide regard d'étonnement avant d'aller s'installer confortablement, comme s'il était chez lui, c'est chez lui. Désolée mec, mais ce n'est pas tout le monde qui est habitué à un luxe pareil. C'est si beau ! L'intérieur est magnifique en blanc avec des nuances de couleurs rouges et vertes sur la décoration. Si je devais le décrire en termes de saisons, je dirais que c'est un contraste entre l'été et l'hiver. Il y'a peu de couleurs, mais le fond blanc les met si bien en exergue qu'on en distingue la pointe de raffinement. C'est ça, laisse ton âme d'artiste s'exprimer. A gauche, deux sièges en cuir blanc et noir font face et sont séparés par une petite table noire, aux rebords blancs, qui est assortie au reste. A droite, un canapé blanc en cuir qui a l'air tout douillet, avec les mêmes coussins rouges que sur les autres sièges. Au milieu, une grande table déjà dressée...
- Vous voulez rester debout pendant toute la durée du vol ? Je vous préviens on en a pour 10h, fit une voix qui me coupe aussitôt de ma rêverie et j'en sursaute presque.
- Euh...excusez-moi. Je me mets où déjà ?
Il ne me répond pas et se contente juste de regarder le siège en face de lui, l'air de me dire « je ne vais quand même pas te laisser t'asseoir dans les toilettes alors mets-toi là », avant de sortir son ordinateur et de le poser sur la table. J'en déduis qu'on va être en face pendant ces 10 heures. Je m'installe assez hésitante mais il ne me prête aucune attention, je bats « l'homme invisible » là.
- Le petit déjeuner sera servi dans deux heures mais si vous voulez quelque chose en attendant appuyez sur le bouton rouge au bras de votre siège et David sera là, dit-il sans lever les yeux de son écran.
- Euh...d'accord, merci.
Ce fut les seuls mots qu'on a eu comme discussion avant le décollage. Et franchement vu l'atmosphère il se pourrait fortement que ce soit les seuls mots qu'on ait de tout le voyage, à qui le dis-tu...
***
Cela doit faire à peu près cinq bonnes heures qu'on a quitté la terre ferme. M. Kenwood est toujours aussi glacial, les seuls moments où il a prononcé des mots étaient ceux du petit déjeuner et encore qu'il s'adressait à David, donc vous voyez l'ambiance de malade. Je me souviens soudain avoir emmené un livre, heureusement pour moi d'ailleurs car je commençais à m'ennuyer du fait d'écouter les mêmes singles qui sont sur mon portable personnel. Je le sors et devinez quoi ? Miracle:
- Hum...Paolo COELHO, je n'aurai pas imaginé que vous êtes une de ses lectrices, dit-il sans quitter les yeux de son ordinateur, je me demande d'ailleurs comment il a fait pour le voir.
- Et pourquoi donc ?, répondis-je un peu vexée. Je n'ai pas l'air d'être aussi intelligente pour lire l'un des meilleurs auteurs de la littérature contemporaine ?
- Je n'en ai pas dit autant Mlle Garner, veuillez modérer votre langage.
Je me tais quand je réalise que mon ton est plus haut que ce que je pensais mais ne pus me retenir de demander deux minutes plus tard :
- Puis je vous poser une question M. Kenwood ?
Il ne répond rien, cependant il abaisse l'écran de son ordinateur et me fixe dans les yeux, oulah la pression :
- Me détestez- vous ?, il semble être un peu choqué et lève un sourcil, mais ne tarde pas à répondre...
- M'avez –vous donné une raison de vous détester, Mlle Garner ?
- Euh... bah j'ai failli vous tuer...je suppose, dis-je honteuse.
- Alors vous avez votre réponse.
- Bien. Donc vous me détestez. Pourquoi m'avez-vous alors recruté ?
- Si je devais faire état de mes émotions dans mes affaires, je n'aurais pas le succès qui est apposé à mon nom. Contrairement à certains, je sais faire la part des choses entre le professionnel et le personnel. Je sais voir le potentiel chez quelqu'un et c'est une chose sur laquelle je ne me suis jamais trompé. Enfin, pas encore...
- Donc vous commencer à douter de mon cas.
- Le doute est le sel de l'esprit d'après Alain. Je ne vous connais que depuis une semaine et un jour et on n'a pas encore eu à vraiment travailler ensemble. Nous verrons à la fin de ce voyage si j'ai eu raison de vous prendre. En attendant ne m'en demandez pas plus à votre égard.
- Bien. Alors je vous montrerai que j'ai ma place dans cette entreprise, dis-je d'un air assuré et décidé. C'est bien, on peut dire ce qu'on voudra mais tu es une bosseuse, t'as eu tous tes diplômes avec mention honorable...
- Je n'en attends pas moins de vous, répondit-il un sourire en coin avant de rouvrir son ordinateur et de continuer ce qu'il faisait comme si de rien était. On a du pain sur la planche.
***
Point de vue de Alexander :
Je fixe mon ordinateur et fait semblant d'écrire mais ne peux m'empêcher de penser à l'interrogatoire de Mlle Garner depuis une heure. Est-ce que je la déteste ? C'est drôle de réaliser maintenant qu'en fait non, je ne la déteste pas. Même si au départ je voulais une mini vengeance, et j'avoue encore que c'est un peu le cas, ce n'est pas forcément de la haine. J'ai juste envie de la pousser dans ses derniers retranchements pour voir comment elle réagit. Elle est comme un diamant brut : il faut la polir. Quand on regarde son CV on sait qu'elle a beaucoup de talent mais manque peut-être un peu de confiance quand elle parle. Le milieu professionnel peut parfois s'avérer cruel, il faut qu'elle soit plus tenace. Mes partenaires sont coriaces et leur tenir tête n'est pas chose aisée, Henriette a eu sa dose durant ces années à travailler avec moi et est devenue une experte. J'aime avoir à me dire que c'est peut être un peu grâce à moi.
Finalement je décide d'engager un peu la conversation, histoire de briser un peu la glace mais quand j'éteins enfin mon ordinateur, je remarque qu'elle est entrain de dormir profondément sur son siège. Je me lève, prends une petite couverture qui était posée sur le canapé et la couvre doucement pour ne pas la réveiller, puis me dirige sur le canapé où je m'allonge pour dormir un peu. Hey, je n'allais quand même pas lui proposer le canapé, j'en ai plus besoin qu'elle, vous ne savez pas le mal de chien que j'ai ! Pas seulement au bras mais aussi au dos, aux côtes, bref je vous épargne mon bilan médical. Quoiqu'il en soit je préfère maintenir une certaine distance professionnelle entre nous. Les femmes s'accrochent trop vite pour des détails et je n'ai ni le temps des aventures ni le temps des amourettes...
Point de vue de Avannah :
Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi mais quand je me réveille j'aperçois M. Kenwood qui dort tranquillement sur le canapé. Comment peut-on être si sérieux même en dormant ? Bah tout le monde ne dort pas la bouche ouverte et en étoile tu sais ? Je ne dors pas comme ça...enfin juste quand je suis très fatiguée. Je l'observe, avec son attelle posée sur son torse qu'il soutient de sa main droite, on dirait un mort dans son cercueil, il est peut-être vampire tant que t'y es ? Je pouffe de rire à cette pensée, au moins cela expliquerait pourquoi il a un regard si ardent et pourquoi il est si se...
- J'espère que votre vol a été paisible même s'il a été long. Nous atterrirons dans 30mn, la chaleureuse voix de Stéphane me stoppe net dans mes pensées tordues et réveille M. Kenwood au même moment. Il se pince un peu les yeux et j'en profite pour détourner mon regard sur les nuages. Enfin au japon, Konichiwa mina !
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